Fabrice Luchini - Comédie française — Ça a débuté comme ça…

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Comédie française — Ça a débuté comme ça…: краткое содержание, описание и аннотация

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Il nous a fait redécouvrir La Fontaine, Rimbaud et Céline. Il incarne l'esprit et le panache de la langue française.
En prose, en vers et même en verlan, il a donné sa voix à d'immenses auteurs, auxquels il sait faire respirer l'air de notre temps — en racontant la fureur du
à l'ère du téléphone portable, ou la sensualité de
sur l'air d'une publicité pour Dim.
Il a quitté l'école à quatorze ans pour devenir apprenti coiffeur. Il est aujourd'hui l'un de nos plus grands comédiens, célébré pour ses lectures-spectacles, couronné par la Mostra de Venise pour son rôle dans son dernier film, Dans son autobiographie, Fabrice Luchini livre le récit d'une vie placée sous le signe de la littérature, à la recherche de la note parfaite.
Fabrice Luchini est né à Paris en 1951. Comédie française — Ça a débuté comme ça…

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C’est toute l’adolescence que l’on trouve dans cet extrait du « Petit point du nez ». La déception. La désillusion :

Sur la figure parfaite et comme embaumée de l’autre (tant elle me fascine), poursuit Barthes, j’aperçois tout à coup un point de corruption. Ce point est menu : un geste, un mot, un objet, un vêtement, quelque chose d’insolite qui surgit (qui se pointe) d’une région que je n’avais jamais soupçonnée, et rattache brusquement l’objet aimé à un monde plat . L’autre serait-il vulgaire, lui dont j’encensais dévotement l’élégance et l’originalité ? Le voilà qui fait un geste par quoi se dévoile en lui une autre race. Je suis ahuri : j’entends un contre-rythme : quelque chose comme une syncope dans la belle phrase de l’être aimé, le bruit d’une déchirure dans l’enveloppe lisse de l’Image. [54] Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, op. cit., p. 33–34. © Éditions du Seuil, 1977.

L’état dont parle Roland Barthes est l’état délirant, amoureux, fusionnel, immature. La dissection sentimentale continue :

Une fois, l’autre m’a dit, parlant de nous : « une relation de qualité » ; ce mot m’a été déplaisant : il venait brusquement du dehors, aplatissant la spécialité du rapport sous une formule conformiste. Bien souvent, c’est par le langage que l’autre s’altère. [55] Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, op. cit., p. 33–34. © Éditions du Seuil, 1977.

Ce qui angoisse Barthes, au fond, c’est d’avoir honte de l’autre :

On dirait que l’altération de l’Image se produit lorsque j’ai honte pour l’autre (la peur de cette honte, au dire de Phèdre, retenait les amants grecs dans la voie du Bien, chacun devant surveiller sa propre image sous le regard de l’autre). [56] Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, op. cit., p. 33–34. © Éditions du Seuil, 1977.

On l’aura compris, la succession de points sur le nez débouche en général sur la rupture. La personne n’est pas aussi sublime qu’on imagine. Il y a le fameux rendez-vous, la convocation atroce : « Faut qu’on se parle, je crois qu’on est plus sur la même longueur d’onde. » Le mec commence à paniquer, puis la nana. On peut imaginer les SMS : « Trop de points sur le nez. Impossible de cristalliser, de projeter. Arrête de me gonfler. »

Moi-même, j’ai connu tous ces états. J’étais amoureux d’une jeune fille à 15 ans. Tout était parfait. J’ai attendu trois semaines le rendez-vous, c’était devant les Galeries Lafayette. J’étais comme un fou. Je crois que je n’ai jamais plus ressenti cet état-là. J’ai traversé Montmartre et j’ai tout vécu ce que dit Barthes dans son bouquin : l’attente, l’angoisse. Elle est arrivée avec une écharpe effrayante qui ne révélait pas que du mauvais goût, qui révélait une forme de folie. J’ai rompu.

La rupture, Barthes l’appelle « agonie ».

Écoutons-le : « Agonie : mot scientifique, angoisse. » Il y a Proust à Cabourg en arrière-plan.

Le sujet amoureux, au gré de telle ou telle contingence, se sent emporté par la peur d’un danger, d’une blessure, d’un abandon, d’un revirement — sentiment qu’il exprime sous le nom d’ angoisse .

Ce soir je suis revenu seul à l’hôtel ; l’autre a décidé de rentrer plus tard dans la nuit. Les angoisses sont déjà là, comme le poison préparé (la jalousie, l’abandon, l’inquiétude) ; elles attendent seulement qu’un peu de temps passe pour pouvoir décemment se déclarer. Je prends un livre et un somnifère, « calmement ». Le silence de ce grand hôtel est sonore, indifférent, idiot (ronron lointain des baignoires qui se vident) ; les meubles, les lampes sont stupides ; rien d’ amical où se réchauffer […]. L’angoisse monte ; j’en observe la progression, comme Socrate […] sentait s’élever le froid de la ciguë. [57] Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, op. cit., p. 37. © Éditions du Seuil, 1977.

Et puis il y a l’attente. L’attente, on l’a tous éprouvée, on connaît, c’est merveilleux. L’attente qui se transforme en lapin c’est l’angoisse. C’est En attendant Godot . « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? — On attend. — Oui, mais en attendant ? » [58] Samuel Beckett, En attendant Godot, Minuit, 1952, p. 25–27. Et c’est là qu’Estragon, un des deux personnages, dit : « Si on se pendait ? » Vladimir lui répond : « Ce serait un moyen de bander. » Ce qui achève de convaincre Estragon : « Pendons-nous tout de suite. » Mais, lorsqu’ils arrivent devant un arbre, Estragon dit que si « Gogo mort » alors « Didi seul » :

VLADIMIR

Je n’avais pas pensé à ça.

[…]

Alors, quoi faire ?

ESTRAGON

Ne faisons rien. C’est plus prudent.

Mais l’attente pleine d’espoir, c’est sublime. Chez Barthes, ça s’appelle « tumulte d’angoisse suscité par l’attente de l’être aimé ». Et là, devant nous, il déploie la scénographie de l’attente :

Nous avons rendez-vous. J’attends. Dans le prologue, seul acteur de la pièce (et pour cause), je constate, j’enregistre le retard de l’autre ; ce retard n’est encore qu’une entité mathématique, computable (je regarde ma montre plusieurs fois) ; le Prologue finit sur un coup de tête : je décide de « me faire de la bile », je déclenche l’angoisse d’attente. [59] Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, op. cit., p. 47. © Éditions du Seuil, 1977.

Barthes continue :

« Suis-je amoureux ? — Oui, puisque j’attends. » L’autre, lui, n’attend jamais. Parfois je veux jouer à celui qui n’attend pas. J’essaye de m’occuper ailleurs, d’arriver en retard ; mais à ce jeu, je perds toujours. Quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L’identité fatale de l’amoureux n’est rien d’autre que : je suis celui qui attend. [60] Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, op. cit., p. 47. © Éditions du Seuil, 1977.

C’est donc ce Barthes-là qui écrit de Perceval le Gallois : « Ce film que j’admire, ce film que j’aime… » J’ai un chou énorme ! Je veux rencontrer Roland Barthes, je veux connaître Roland Barthes ! Je me débrouille pour prendre son adresse. Il habite rue Servandoni, petite rue qui part de la place Saint-Sulpice et qui va au Luxembourg. Je me précipite dans cette petite rue. J’arrive devant l’immeuble. La concierge m’empêche de rentrer : personne ne passe voir Roland Barthes. « Si vous voulez aller lui parler, allez le voir au Collège de France, il donne son cours le dimanche matin, comme Lévi-Strauss. » C’est une concierge très intello tout de même, mais on est dans le 6 eà Saint-Sulpice.

Le cours de Roland Barthes, c’est le dimanche matin, comme la messe. Tous les gens nocturnes, les déséquilibrés, les riches, les pauvres y vont. Il y a les mecs du Palace, cette boîte de nuit légendaire. On y danse toute la nuit. C’est l’époque de Saturday Night, Saturday Night . On se dandine. On crie d’une voix aiguë : Saturday Night . À neuf heures du matin, il y a encore des gens sur la piste qui dansent sans musique. Je leur dis : « Qu’est-ce que tu fais ? »

Ils répondent : « J’attends le cours de Roland Barthes. »

Et là, ils vont tous vers le cours de Roland Barthes. Une procession de 1 300 personnes, on se croirait chez Mick Jagger. La queue jusqu’au boulevard Saint-Michel. Julia Kristeva avec des lunettes étonnantes. Moi, j’arrive, je rentre dans le Collège de France. Je marche. Il y a des corps étendus. Des beatniks, des hippies. Je m’assois : je suis au cours de Roland Barthes ! Il est là, costume en tweed et chaussures en daim. La première phrase que j’entends est la suivante : « Aujourd’hui, c’est le concept du c’est ça , le concept du temps qu’il fait. » Je vois 1 300 personnes écrire. J’ai appris plus tard que dans une boulangerie Roland Barthes a assisté à une conversation. La boulangère aurait dit : « Quel sale temps ! », la cliente aurait répondu : « C’est ça », et Barthes aurait fini par expliquer la météo comme « activité fortement socialisante ».

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