Fabrice Luchini - Comédie française — Ça a débuté comme ça…

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Comédie française — Ça a débuté comme ça…: краткое содержание, описание и аннотация

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Il nous a fait redécouvrir La Fontaine, Rimbaud et Céline. Il incarne l'esprit et le panache de la langue française.
En prose, en vers et même en verlan, il a donné sa voix à d'immenses auteurs, auxquels il sait faire respirer l'air de notre temps — en racontant la fureur du
à l'ère du téléphone portable, ou la sensualité de
sur l'air d'une publicité pour Dim.
Il a quitté l'école à quatorze ans pour devenir apprenti coiffeur. Il est aujourd'hui l'un de nos plus grands comédiens, célébré pour ses lectures-spectacles, couronné par la Mostra de Venise pour son rôle dans son dernier film, Dans son autobiographie, Fabrice Luchini livre le récit d'une vie placée sous le signe de la littérature, à la recherche de la note parfaite.
Fabrice Luchini est né à Paris en 1951. Comédie française — Ça a débuté comme ça…

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« Comme je descendais des Fleuves impassibles… » On apprend ça aux gosses à l’école. Ils n’y comprennent rien. Les adultes non plus. L’acteur encore moins. Je ne comprends pas, alors j’essaye de phraser. Les mots de Madeleine Robinson me hantent : « Jouer la comédie, ça n’est pas que ce n’est pas facile, c’est impossible. » J’ajoute : « Dire des textes, c’est impossible. » Maintenant que je sais que c’est impossible, je m’amuse de ce projet impossible. J’essaye de ne pas trop débaucher, surcharger, imposer mon lyrisme au chant propre du poète. J’essaie, j’essaie… Comment être sûr d’être dans la couleur ?

La poésie est un chant mais le compositeur n’a laissé ni partition, ni indication. Nulle part n’est indiqué où sont les notes noires et blanches. Rimbaud fait mine de le faire, « A noir, E blanc », mais c’est un délire. Où sont les blanches, les noires, les croches ?

J’en suis venu, hélas, écrit Paul Valéry, à comparer ces paroles par lesquelles on traverse si lestement l’espace d’une pensée à des planches légères jetées sur un abîme, qui souffrent le passage et point la station. L’homme en vif mouvement les emprunte et se sauve ; mais qu’il insiste le moins du monde, ce peu de temps les rompt et tout s’en va dans les profondeurs. [79] Paul Valéry, Monsieur Teste, op. cit., p. 89.

La vérité est que les universitaires dissertent et les « diseurs de profession » massacrent les textes. Les grands universitaires peuvent éclairer le texte de leur science mais l’exécutant ne peut pas être comme eux. Ce n’est pas par racisme, mais l’exécutant doit être bête. Que faire ?

La voix s’agrippe où elle peut. D’abord, il y a une attaque. L’attaque c’est « Comme ». Puis « des Fleuves impassibles ». J’ai mis du temps à comprendre qu’il fallait l’attaquer haut, « Le Bateau ivre ». Je cherche l’humeur réelle. Il faudrait que la partition s’intègre en moi pour que Rimbaud, chaque soir, surgisse. Les premières fois on l’aborde avec force et puis on comprend, avec le temps, le souci formel presque racinien. Racine revient plusieurs fois dans « Le Bateau ivre ». Souvenez-vous, Racine, selon Rimbaud, est le premier voyant.

Je ne me sentis plus guidé par les haleurs… [80] Arthur Rimbaud, « Le Bateau ivre », Œuvres I, op. cit., p. 184–185.

Les haleurs ! Il ne nous aide pas. Les haleurs, c’est les halos qu’il y a le long des rivières. Ces lumières qui éclairent le navigateur. Ce n’est pas évident, mais il considère qu’on doit le savoir. Les haleurs ? Ce sont les lumières d’autrefois, les grands écrivains qu’évoque Baudelaire dans son poème « Les Phares », les maîtres anciens. Il leur tourne le dos. Il ne veut plus les entendre, c’est la liquidation de l’héritage.

Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles… [81] Arthur Rimbaud, « Alchimie du verbe », Œuvres II, op. cit., p. 127.

La gigantesque arrogance de Rimbaud reprend ses droits. « Des Peaux-Rouges criards ? », il ne fait aucun effort pour être compris. C’est même l’inverse. Tout est fait pour que le lecteur se perde. Mais les Peaux-Rouges, c’est son inconscient agressif qui prime sur le reste, le monde ancien qu’il cloue définitivement.

Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs…

Première hallucination. « Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. » Ceux qui ne comprennent rien se consolent en disant que c’est musical. Ce n’est pas musical, Rimbaud. « Comme c’est musical ! » me dit-on souvent en arrivant dans ma loge. Non ! Ce n’est pas musical, c’est autre chose : une autre émotion.

Continuons :

J’étais insoucieux de tous les équipages…

Ça y est on est perdu, on se contente d’accumuler des bruits et des sonorités. Le comédien est complètement démuni. Aucune prise pour se raccrocher à la rationalité. Alors il cherche les branches qu’il peut attraper.

Porteur de blés flamands ou de cotons anglais […]
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Ouf ! On retrouve une forme de sens. Il y a de l’adolescence, il y a de la liberté, on respire.

Dans les clapotements furieux des marées…

On descend doucement avec lui.

[…] Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

« Tohu-bohus », c’est un peu plus sophistiqué. Mais on suit quand même. Et puis…

La tempête a béni mes éveils maritimes…

« La tempête a béni mes éveils maritimes ! » D’un trait, c’est du Pink Floyd, sous LSD. Un trip. Il est sous acide, comme un chanteur des années 1960, le Rimbaud. On dirait une pochette de disque. Ainsi, dans Une saison en enfer :

Je voyais très franchement une mosquée à la place d’une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d’un lac. [82] Charles Baudelaire, « Spleen », Les Fleurs du mal, GF, Flammarion, 2012, p. 116.

Mais revenons au « Bateau ivre » :

Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots.

Il flotte, petit bonhomme dans la mer infinie, et l’on plonge de nouveau dans l’obscurité :

Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots !

Quatre strophes où on n’a pas compris grand-chose, mais subsiste une certitude : il est impossible de dire Rimbaud. Baudelaire, oui. « Spleen », par exemple :

J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau…

« Baudelaire est le premier voyant roi des poètes, un vrai dieu », écrivait Rimbaud. Avant d’ajouter : « La forme si vantée en lui est mesquine. » [83] Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny, 15 mai 1871, Correspondance, GF, Flammarion, 2015, p. 73. Il a 17 ans. Dix-sept ans, et il trouve mesquine la forme du plus grand poète vivant ! « Sa forme est mesquine ! » : on n’est pas dans la conversation connivente, la séance d’admiration collective, la grande famille de la littérature. En 1870, on a un avis ! Passons.

Baudelaire, oui, on peut, mais Rimbaud, si tu te contentes de restituer le signifiant et que tu n’atteins pas son signifié, c’est raté. Que serait son signifié ? Son humeur. Jouvet écrit qu’une phrase est « avant tout un état à atteindre » [84] Louis Jouvet, Prestige et perspectives du théâtre français. Quatre ans de tournées en Amérique latine (1941–1945), Gallimard, 1945, p. 51. . Sans atteindre cet état, tu ajoutes à la mort de l’imprimé la mort de ton interprétation. Tout ça, encore une fois, est organique. C’est du nerf, du muscle. La flèche est tirée avec la force musculaire et elle est lâchée : quand elle arrive au but, ça s’appelle la « phrase ».

Et là, ça reprend :

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures…

Une sensation.

L’eau verte pénétra ma coque de sapin…

Ça tangue.

Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava…

On est paumés.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent.
[…]
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour… [85] Arthur Rimbaud, « Le Bateau ivre », Œuvres I, op. cit., p. 184–185.

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