— Dan Hewitt », dit Lennon.
Uprichard se leva. « Je ne vous ai pas entendu.
— Dan Hewitt travaillait pour Strazdas. Il a mis Connolly sur le coup.
— Des preuves, Jack. » Uprichard agita un doigt en direction de Lennon. « Des éléments à charge. À moins d’en détenir à profusion, on ne noircit pas le nom d’un bon officier de police.
— C’était lui, dit Lennon. Je l’aurai. Je le ferai tomber.
— Assez ! » Uprichard devint tout rouge. « Je refuse d’écouter ça. »
Il fonça tête baissée vers la porte. Là, il marqua une pause, les épaules tressautant sous l’effet de la colère, et daigna accorder encore un regard à Lennon.
« J’oubliais…, dit-il. J’ai quelque chose à vous remettre. »
Uprichard revint près du lit en évitant de croiser les yeux de Lennon. Il laissa tomber une enveloppe sur le drap. Lennon la prit, la tourna entre ses mains. La lettre était adressée à « Monsieur Policier Jack Lennon, Commissariat de Ladas Drive, Belfast, Irlande du Nord ». Le cachet de la poste indiquait « Kyyiv ».
« J’ai vérifié, dit Uprichard. C’est Kiev. La lettre est arrivée ce matin. Je me suis dit que vous voudriez la voir.
— Oui, dit Lennon. Merci. »
Uprichard hésita un instant. « Bon, je vous laisse lire. Rétablissez-vous, Jack. Vous aurez besoin d’être le plus en forme possible pour sortir de ce bourbier dans lequel vous vous êtes fourré. »
Une fois seul, Lennon examina l’enveloppe, l’écriture soignée et enfantine. Il voulut la décacheter, mais il se découvrit les yeux secs, incapable de soutenir le poids de ses paupières. Il regarda l’horloge en face de son lit.
C’était l’heure. Une infirmière entra pour ajouter une dose d’analgésique à la perfusion qui lui coulait dans la veine de la main. Quand ce serait fait, il sombrerait dans un sommeil sans fond où ne perçait aucune lumière.
« Qu’est-ce que vous avez là ? demanda-t-elle.
— Une lettre d’une amie, répondit-il.
— Vous voulez la lire avant que je vous envoie faire un gros dodo ? »
Il posa la lettre sur la table de chevet.
« Plus tard », dit-il.
Cher Jack Lennon,
J’écris cette lettre dans une ville au sud de mon ancien village d’Andriivka, près de Soumy. Je ne dis pas le nom. C’est là que j’habite maintenant, avec mon frère Maksim.
J’espère que vous êtes vivant. Je prie Dieu que vous le soyez. Je crois que non, mais j’écris quand même cette lettre.
Pour rentrer chez moi, je mets cinq jours. Un train de Cracovie à Varsovie. Ensuite de Varsovie à Kyyiv, et puis un autre pour Soumy. Je dors dans le train. Je rêve de l’homme qui m’a emmenée dans sa maison. Je crois que je ferai toujours des rêves, mais ils seront moins terribles.
Quand j’arrive chez moi, Maksim est heureux. Il avait peur pour moi, et maintenant la peur s’en va. Je ne lui raconte pas ce qui est arrivé à Belfast. Je lui explique que je n’ai pas trouvé travail. Je lui dis que j’ai eu accident de voiture.
Je dis à l’homme qui prête argent de prendre la ferme de Mama. Nous partons avec autobus pour venir ici. Aujourd’hui, je travaille dans café. Je ne gagne pas beaucoup d’argent mais je paye chambre pour nous. Bientôt Maksim aussi aura travail, et il ira à l’école pour apprendre anglais comme moi.
Nous serons en sécurité. Je serai en sécurité.
Parfois, quand je dors, je rêve de vous et Susan. J’espère que vous êtes vivant pour lui faire plaisir et elle vous fait plaisir. Soyez gentil avec elle et vos petites filles. Vous serez heureux.
Merci.
Galya Petrova
Merci à tous ceux qui ont permis l’aboutissement de ce livre :
Comme toujours, j’exprime ma profonde gratitude à Nat Sobel, Judith Weber et tous les membres de Sobel Weber Associates pour leurs encouragements, leurs conseils et leur amitié. Je ne pourrais pas naviguer dans ces eaux sans vous.
Caspian Dennis et le personnel de Abner Stein, pour tout ce qu’ils font pour moi.
Geoff Mulligan, Briony Everroad, Alison Hennessy, Kate Bland, Ruth Warburton, Vicki Watson et tout le personnel de Harvill Secker et de Vintage Books, pour leur gentillesse et leur soutien.
Bronwen Hruska, Juliet Grames, Justin Hargett, Ailen Lujo et tout le personnel de Soho Press, qui me traitent si bien et sont la preuve de ce qu’un éditeur passionné peut accomplir.
Betsy Dornbusch, qui est toujours mon amie même si parfois je ne montre pas combien je lui suis reconnaissant, et Carlin, Alex et Gracie, qui m’ont aidé à explorer San Francisco.
Mes compagnons de voyage chez Soho Press, James Benn, Henry Chang et Jassy Mackenzie, grâce à qui je me suis senti beaucoup moins seul en tournée.
David Torrans et tous ceux de No Alibis, qui continuent à continuer le combat.
Toutes les librairies indépendantes d’Amérique qui ont accueilli mes écrits autant que ma personne.
Les lecteurs et les auteurs en ligne qui persistent à battre pavillon.
Hilary Knight, pour son amitié et son travail acharné.
Sidney McKnight, qui m’a dévoilé le secret du panaché lait-citron. Mais non, merci, je n’y goûterai pas.
James et Louise Morrow, qui ont été là quand il le fallait.
Ma mère, et le reste du clan, pour à peu près tout.
Jim, Sally et l’ensemble de la famille Atkinson, qui m’ont permis d’enlever leur fille.
Et ma formidable épouse, Jo, qui me rend plus heureux que je ne pourrai jamais le mériter.
Enfin, le livre Selling Olga , de Louisa Waugh (Phoenix), qui m’a énormément aidé dans mes recherches.
Police Service of Northern Ireland. (Toutes les notes sont de la traductrice.)
Voir Collusion , du même auteur aux éditions Rivages.
Littéralement, « terres saintes ».
Médiateur qui enquête sur les plaintes déposées contre les agents de police.
Violent and Sex Offender Register.
Ulster Volunteer Force (Force volontaire d’Ulster) : groupe paramilitaire loyaliste luttant contre l’IRA et pour le maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni.