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Stuart Neville: Le silence pour toujours

Здесь есть возможность читать онлайн «Stuart Neville: Le silence pour toujours» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 2017, ISBN: 978-2-7436-3860-3, издательство: Éditions Payot & Rivages, категория: Триллер / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Stuart Neville Le silence pour toujours
  • Название:
    Le silence pour toujours
  • Автор:
  • Издательство:
    Éditions Payot & Rivages
  • Жанр:
  • Год:
    2017
  • Город:
    Paris
  • Язык:
    Французский
  • ISBN:
    978-2-7436-3860-3
  • Рейтинг книги:
    3 / 5
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Après avoir été grièvement blessé dans une fusillade, l’inspecteur Jack Lennon voit sa vie partir à la dérive. Un jour, Rea Carlisle, une ex-petite amie, lui demande de l’aide. Rea, fille d’un politicien influent, a hérité de la maison d’un oncle qu’elle n’a jamais vraiment connu. En triant les affaires du défunt, elle tombe sur un album relié en cuir. Son contenu la remplit d’effroi. Page après page, elle découvre un catalogue de meurtres avec mèches de cheveux, ongles et autres souvenirs macabres. Impossible pour elle d’aller trouver la police vu la position de son père ; mais au moment où elle s’apprête à rencontrer Jack Lennon, l’album disparaît… Les terribles fantômes de Belfast n’ont pas fini de hanter les vivants. STUART NEVILLE Les Fantômes de Belfast « Il n’oublie jamais le cœur humain qui bat derrière la plus grande noirceur. » Val McDermid « Le thriller psychologique et la procédure policière se combinent en un roman haletant signé par un maître du genre. » Publishers Weekly

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STUART NEVILLE

Le silence pour toujours

À Ezra James Neville.

1

Raymond Drew voulait mourir sur le chemin de halage. Au bord de la rivière, même s’il n’y avait pas de soleil, pas de ciel bleu sous lequel en finir avec la vie. Et tant pis si la terre était détrempée par la pluie quand il s’effondrerait.

Mieux encore, il essaierait de tomber dans l’eau. Là, au moins, il était sûr de réussir. Survivre était impensable. On l’emmènerait à l’hôpital, on préviendrait sa famille, pour autant qu’on pût appeler cela une famille, sa sœur Ida irait chez lui.

Et là, elle verrait.

Il aurait dû tout détruire, mais il en était incapable, se sentait trop faible pour accomplir pareil geste et supporter ensuite les conséquences. Mourir était tout simplement plus facile. Disparaître, de sorte qu’il n’aurait pas à affronter cette terrible découverte. Le vrai Raymond Drew, la créature qui se dissimulait en lui et empruntait sa forme humaine depuis plus de soixante ans, allait être dévoilé.

En sortant, Raymond verrouilla la porte. Il avait vécu dans cette maison jumelée, avec trois chambres à l’étage, pendant trente ans. Semblable à toutes les constructions qui s’alignaient au long de Deramore Gardens, en briques rouges, datant du début des années 1900, le genre d’investissement que les couples de la classe moyenne et les promoteurs immobiliers avaient ardemment convoité jusqu’à la crise financière. Raymond y avait passé les deux premières années avec une épouse qu’il connaissait à peine, sans parler de l’aimer. Morte et enterrée maintenant, et elle ne lui avait pas manqué une seule seconde.

Il mit les clés dans sa poche. Sa pelouse clairsemée ressemblait à la barbe de trois jours qui salit le menton d’un ivrogne. Il ne s’en occupait plus depuis des années. Le voisin — Hughes, il s’appelait — avait renoncé à lui demander de la tondre et s’en chargeait lui-même de temps à autre. Avec le printemps, l’herbe commencerait bientôt à repousser.

Mais quelle importance, à présent.

Il laissa sa voiture dans l’allée, ferma le portail, et partit à pied. La Vauxhall Corsa n’avait plus ni vignette ni attestation de contrôle technique. Des mois qu’elle n’avait pas roulé.

Quelques minutes plus tard, parvenu au bas de Sunnyside Street, après les commerces et les petits restaurants chinois, il s’engagea sur le quai d’Annadale. Il évita de croiser les regards des étudiants et des ménagères en chemin. À l’entrée du pont, il attendit que le petit bonhomme vert l’autorise à traverser dans les clous. Sagement. Raymond avait appris depuis longtemps à se comporter en gentil garçon, à se montrer discret, obéissant et respectueux de toutes les règles à l’extérieur de chez lui. À ne pas attirer l’attention.

Lorsqu’il eut franchi les eaux sombres et lentes, il partit vers le sud sur la rive de Stranmillis plantée d’arbres aux branches encore dénudées. Il longea le nouveau Théâtre lyrique, puis les appartements résidentiels avec vue sur le fleuve. Le grondement de la circulation hivernale l’accompagnait sur sa droite, voitures, fourgonnettes et camions qui filaient vers le nord ou l’est de la ville.

Toujours cette terrible oppression, un battement furieux derrière ses côtes qui lui coupait le souffle. Il ne ralentit pas l’allure malgré les gouttes de transpiration sur son front. Le dos glacé, de la nuque jusqu’aux jambes.

Raymond était allé chez le médecin deux mois auparavant. La jeune femme à la voix douce et grave avait évoqué divers médicaments, cachets et remèdes pour soulager le muscle fatigué dans sa poitrine. Elle avait parlé aussi d’examens, de prises de sang, de fils auxquels on le brancherait, d’une consultation spécialisée à l’hôpital Royal Victoria.

C’était inquiétant, avait-elle dit. Une attaque pouvait survenir à tout moment, peut-être fatale. Des rendez-vous avaient été pris, une ordonnance imprimée sur un papier à en-tête.

Les symptômes s’étaient intensifiés au cours du mois dernier. S’y ajoutaient maintenant des étourdissements, des sueurs froides, la sensation que son torse était écrasé par une main invisible. Il se réveillait souvent la nuit, hors d’haleine, des chevaux galopant dans sa cage thoracique.

À tout moment.

Un grand froid lui étreignit le front, ses jambes faiblirent. Il s’agrippa à la rambarde pour ne pas vaciller, le temps que s’apaise l’affolement de son sang qui le secouait tout entier.

Un peu plus loin sur le quai, un pub, avec tables, bancs et parasols humides, pathétiques dans la grisaille. Un verre… Juste une dernière gorgée avant d’en finir.

Raymond entra dans le pub. Personne, hormis deux hommes d’affaires qui buvaient un café, penchés sur leurs documents. Ils ne le remarquèrent pas. Mais la fille derrière le bar l’aperçut aussitôt.

Il s’approcha. La fille sourit. Cheveux blonds attachés en queue-de-cheval, pantalon noir et chemisier moulant. Il se passa la langue sur les dents, sans rien dire, en la dévisageant.

« Qu’est-ce que je vous sers ? » demanda-t-elle.

Une étrangère, avec un accent d’Europe de l’Est.

Raymond s’était rendu plus d’une fois dans les pays de l’Est. Même avant la fin de la domination soviétique. Il avait goûté à bien des choses. Des choses que peu d’hommes ont l’occasion de connaître.

Il voulut répondre, mais sa gorge et sa langue refusaient d’obéir. La sueur lui picotait la joue. Une sourde palpitation emplissait son crâne.

« Ça va ? s’enquit la fille. Vous avez besoin d’aide ?

— Un whisky », dit-il, la voix rauque.

Elle hésita, une fine ride entre les sourcils. « Bush, Jameson, Jack Daniels.

— Un Black Bush. Double, sans eau. »

Elle versa le liquide couleur d’ambre dans un grand verre à bord droit qu’elle posa sur le bar devant lui.

Une pensée hurla dans l’esprit de Raymond et lui fit éprouver un moment de panique vertigineuse. Avait-il pris de l’argent ? Il fouilla ses poches l’une après l’autre, saisi d’une peur grandissante, jusqu’à ce que ses doigts effleurent le cuir du portefeuille contre sa hanche. Il l’ouvrit, et soupira de soulagement en découvrant un billet de vingt livres.

« Gardez… » Ses poumons lui firent défaut. Il aspira autant d’air qu’ils étaient capables de contenir. « Gardez la monnaie. »

Un sourire s’épanouit sur le visage de la jeune serveuse, vite balayé par l’inquiétude. « Vous êtes malade ? Vous avez besoin d’un médecin ? »

Raymond secoua la tête, toute parole impossible. Il alla s’asseoir à la table la plus éloignée, s’arrêtant en chemin pour laisser passer un autre étourdissement. Quand il leva son verre pour le porter à ses lèvres, il huma un parfum de tourbe tiède, de caramel, d’épices. La chaleur dans sa gorge, l’arrière-goût d’anis.

Tandis qu’il buvait son whisky à petites gorgées, la douleur lui enserra le bras gauche. Elle emprisonna ensuite son épaule, puis son cou, avant de cogner à l’intérieur de son crâne. Il agrippa le bord de la table.

Pas ici. Pas ici.

Raymond vida son verre d’un trait, toussa, et s’émerveilla de voir les constellations qui fleurissaient dans son champ de vision.

La serveuse approchait. « Monsieur ? Je peux appeler un médecin. »

À nouveau, il fit non de la tête, se leva et gagna la sortie, porté par son élan plutôt que par ses jambes.

Une fois dehors, il orienta ses pas vers le chemin de halage.

Ici ?

Trop près du pub et des maisons. Huit cents mètres plus loin, après le club nautique, l’alignement des édifices s’écartait de la rive, il n’y avait plus que l’herbe et les arbres. Il avait souvent emprunté ce trajet, dans l’air tranquille qui l’enveloppait comme un linceul, absorbant le calme par tous les pores de sa peau.

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