Pierre Lemaitre - Cadres noirs

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Cadres noirs: краткое содержание, описание и аннотация

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Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

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Nicole commence à se méfier. Elle penche la tête sur le côté.

— Et c’est quoi, cette sélection ?

— Notre client doit évaluer quelques-uns de ses cadres supérieurs. Votre mission consistera à conduire cette épreuve d’évaluation. Vous serez testés… dans votre capacité à tester, si je puis dire.

— Mais… (Nicole ne voit toujours pas où il veut en venir), ça consiste en quoi ?

— Nous allons simuler une prise d’otages…

— Quoi ? demande Nicole.

J’ai l’impression qu’elle va s’étrangler.

— … et votre mission consiste à placer ces cadres dans une situation de stress suffisamment intense pour nous permettre de mesurer leur sang-froid, leur capacité à résister à des pressions violentes, à rester fidèles aux valeurs de l’entreprise à laquelle ils appartiennent.

Nicole est abasourdie.

— Mais, c’est dingue ! s’écrie-t-elle. On va faire croire à ces gens qu’ils sont pris en otage ? À leur travail ? C’est ça ?

— Il y aura des acteurs pour jouer le commando, des armes chargées à blanc, des caméras pour filmer les réactions, et vous conduirez les interrogatoires en dirigeant les actions du commando. Je vous conseille de vous montrer imaginatif.

Nicole est debout, outrée.

— C’est ignoble, dit-elle.

C’est tout Nicole, ça. L’âge venant, on aurait pu espérer que sa capacité d’indignation s’émousserait, mais pas du tout. Quand elle est scandalisée, c’est plus fort qu’elle et rien ne l’arrête. Dans ces cas-là, il faut essayer de la calmer tout de suite, avant que ça prenne trop d’ampleur.

— Faut pas voir les choses comme ça, Nicole.

— Il faut les voir comment ? Un commando armé fait irruption dans ton bureau, te menace, t’interroge, ça dure quoi, une heure ? Deux heures ? Tu penses que tu vas peut-être mourir, qu’on va peut-être te tuer ? Et tout ça, c’est pour amuser ton patron ?

Sa voix est vibrante. Il y a des années que je ne l’ai pas vue comme ça. Je tâche d’être patient. Sa réaction est normale. En fait, je n’ai pas vraiment réfléchi, je suis déjà dix jours plus tard, et tout entier tendu vers cette seule réalité palpable : quelle qu’elle soit, il faut réussir cette épreuve.

J’essaye d’arrondir les angles.

— Je reconnais, c’est pas très… Mais, il faut voir la situation autrement, Nicole.

— Parce que toi, tu trouves ça normal comme méthode ? Pourquoi on ne les fusille pas, juste pour rire ?

— Attends…

— Ou mieux ! On met des matelas sur le trottoir mais on ne leur dit pas ! Et on les balance par la fenêtre. Pour voir comment ils réagissent ! Mais, Alain… T’es complètement malade ?

— Nicole, faut pas…

— Et tu vas te prêter à ça ?

— Je comprends ton point de vue, mais il faut aussi que tu comprennes le mien.

— Ça, c’est hors de question, Alain. Je peux tout comprendre, mais je ne peux pas tout excuser !

Elle est debout dans la cuisine dévastée.

J’observe les deux jambages en plâtre qui, depuis des dizaines de mois, supportent l’évier de récupération. Le lino de cette année est encore moins résistant que celui de l’an dernier et se soulève déjà dans les coins de manière pitoyable. Furieuse, au milieu de ce désastre, Nicole porte ce gilet de laine éculé qu’elle n’a pas les moyens de remplacer et qui lui donne l’air étriqué. L’air pauvre. Et elle ne s’en rend même plus compte. Je prends ça comme une injure personnelle.

— Tout ce que je sais, bordel de merde, c’est que je suis encore dans la course !

Je me suis mis à hurler. Ma violence la cloue sur place.

— Alain…, dit-elle, paniquée.

— Quoi « Alain » ! Mais, putain de merde, tu ne vois pas qu’on est en train de devenir des clodos ? On crève à petit feu depuis quatre ans et on va finir par crever tout court ! Alors, oui, c’est dégueulasse, mais notre vie aussi, elle est dégueulasse ! Oui, ces gens-là sont des pourris, mais je vais le faire, tu entends ? Je vais faire ce qu’ils demandent. Tout ce qu’ils demandent ! Et même s’il faut leur tirer dessus pour avoir ce boulot, je vais le faire parce que j’en ai marre de crever et… que j’en ai marre, à soixante balais, de me faire botter le cul !

Je suis hors de moi.

Je saisis le meuble mural qui est à ma droite et je tire dessus si violemment qu’il se détache. Tout s’écroule, les assiettes, les tasses, dans un bruit terrible.

Nicole pousse un cri puis se met à pleurer entre ses mains. Mais je n’ai plus la force de la consoler. Je ne peux plus. C’est ça, au fond, qui est terrible. On lutte ensemble depuis quatre ans pour se tenir la tête hors de l’eau et un beau jour on s’aperçoit que c’est fini. Sans le savoir, chacun s’est replié sur soi. Parce que même dans le meilleur des couples, chacun voit la réalité à sa manière. C’est ça que j’essaye de lui dire. Mais je suis tellement furieux que je le fais mal.

— Tu as les moyens d’avoir des scrupules et de la morale parce que tu as du boulot. Moi, c’est l’inverse.

Ça n’est pas formidable comme phrase, mais dans la circonstance, je ne peux pas faire mieux. Je pense que Nicole a saisi le sens général, je ne prends pas le temps de le vérifier. Je sors en claquant la porte.

En bas de l’immeuble, je me rends compte que j’ai oublié de prendre ma veste.

Il pleut. Il fait assez froid.

Je relève le col de ma chemise.

Comme un clodo.

7

C’est le 8 Mai, jour férié. Chez nous, c’est fête des Mères parce que dimanche prochain, Gregory veut le passer chez sa mère à lui. Nicole a expliqué vingt mille fois à Mathilde que la fête des Mères était une occasion dont elle se foutait totalement mais rien n’y fait. Mathilde, elle, y tient. À mon avis, elle veut que plus tard ses enfants ne l’oublient pas. Elle s’entraîne.

Les filles doivent arriver vers midi, mais à 9 heures, Nicole est toujours dans le lit, tournée vers le mur. Depuis sa réaction scandalisée à l’épreuve de sélection que je m’apprête à passer, nous n’avons pas échangé trois mots. Pour Nicole, ça ne passe pas.

Je pense que ce matin, elle pleurait, je n’ai pas eu le courage de la toucher. Je me suis levé, je suis allé jusqu’à la cuisine. Hier soir, elle n’a pas ramassé les débris de vaisselle, elle les a simplement poussés en tas dans l’angle de la pièce. C’est très volumineux, j’ai dû casser une grande partie de la vaisselle que nous avions. Je ne peux pas ramasser maintenant, ça va faire un bruit d’enfer.

Je tourne et je vire sans trop savoir quoi faire, alors j’allume l’ordinateur, je regarde si j’ai des messages.

Je mesure mon utilité sociale au nombre de mails que je reçois. Au début, d’anciens collègues de chez Bercaud m’envoyaient des petits mots auxquels je répondais tout de suite. On papotait. Et puis, je me suis rendu compte que les seuls qui m’écrivaient encore étaient ceux qui s’étaient fait virer. Des copains de promo en quelque sorte. J’ai arrêté de répondre. Ils ont arrêté d’écrire. D’ailleurs, globalement, tout s’est raréfié autour de nous. Nous avions deux vieux amis, un copain de lycée de Nicole qui vit à Toulouse et un gars connu pendant mon service militaire avec qui je dînais de temps en temps. Les autres étaient des amis de boulot, de vacances, d’anciens parents d’élèves rencontrés à l’époque où les filles vivaient à la maison. Les gens se sont peut-être un peu fatigués de nous. Et nous d’eux. Quand on n’a pas les mêmes soucis, on n’a pas les mêmes plaisirs. Maintenant, Nicole et moi sommes un peu seuls. Il n’y a plus que Lucie pour m’envoyer encore des mails. Au moins une fois par semaine. Ce sont des messages à peu près vides de contenu, mais c’est histoire de dire qu’elle pense à moi. Mathilde téléphone à sa mère, c’est une autre manière de faire.

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