Pierre Lemaitre - Robe de marié

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Robe de marié: краткое содержание, описание и аннотация

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Nul n’est à l’abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s’accumulent puis tout s’accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n’a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite, elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape… L’ombre de Hitchcock et de Brian de Palma plane sur ce thriller diabolique.
Avec
dont on comprendra le titre dans les dernières pages, Pierre Lemaitre livre un polar parfaitement orchestré où le mal n’épargne personne.
Allan Kaval, Marianne. Une fable cruelle et amorale sur le harcèlement et la vengeance. Philippe Lemaire

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Devenu un mari, Frantz ne correspond pas tout à fait à l’idée que Sophie s’est faite de lui « fiancé ». Il est plus fin, moins brutal dans ses propos. Comme il arrive fréquemment avec les êtres un peu rustiques, Frantz dit même parfois des choses très pénétrantes. Il est plus silencieux aussi depuis qu’il ne se sent plus dans l’obligation d’entretenir la conversation, mais il regarde toujours Sophie comme l’une des merveilles du monde, comme un rêve devenu réalité. Il dit « Marianne… » avec beaucoup de gentillesse, au point que Sophie a fini par s’habituer à ce prénom. C’est assez l’idée qu’on se fait d’un « homme aux petits soins ». Du coup, Sophie s’est presque étonnée de lui trouver des vertus. La première, et à laquelle elle n’aurait jamais pensé, c’est d’être un homme fort. Elle que la musculature des hommes n’a jamais fait fantasmer, a été heureuse, les premières fois où ils ont dormi ensemble, de sentir des bras puissants, un ventre ferme, des pectoraux développés. Elle a été naïvement émerveillée qu’un soir il puisse, en souriant, l’asseoir sur le toit d’une voiture sans même plier les jambes. Des envies de protection se sont réveillées chez elle. Quelque chose d’extrêmement fatigué, au fond d’elle, s’est peu à peu détendu. Les événements de sa vie l’ont privée de tout espoir de vrai bonheur et elle ressent maintenant un bien-être presque suffisant. On a vu des couples tenir sur ce modèle pendant des décennies. Il y a eu un peu de mépris à le choisir parce qu’il était simple. Il y a du soulagement à ressentir un peu d’estime. Sans s’en rendre tout à fait compte, elle s’est lovée contre lui dans le lit, elle s’est laissé prendre dans ses bras, elle s’est laissé embrasser, elle s’est laissé pénétrer, et les premières semaines se sont écoulées ainsi en noir et blanc, dans des proportions nouvelles. Pour le côté noir, les visages des morts ne s’estompaient pas mais revenaient à des intervalles plus longs, comme s’ils prenaient de la distance. Pour le côté blanc, elle dormait mieux, se sentait non pas revivre mais au moins des choses se réveillaient ; elle avait un plaisir enfantin à faire le ménage, à refaire de la cuisine — comme elle aurait joué à la dînette —, à chercher du travail, distraitement parce que la solde de Frantz, assurait-il, suffisait à les préserver de tout risque immédiat.

Au début, Frantz partait pour la base vers 8 h 45, il en revenait entre 16 et 17 heures. Le soir, ils allaient au cinéma où dîner à la brasserie du Templier, à quelques minutes de la résidence. Leur trajectoire était l’inverse des trajectoires ordinaires : ils avaient commencé par se marier, maintenant ils faisaient connaissance. Ils parlaient malgré tout assez peu. Elle serait incapable de dire de quoi tant les soirées semblaient couler avec naturel. Si. Un sujet revenait souvent. Comme dans tous les couples à leurs débuts, Frantz s’intéressait prodigieusement à la vie de Sophie, sa vie d’avant, ses parents, son enfance, ses études. Avait-elle eu beaucoup d’amants ? À quel âge avait-elle perdu sa virginité…? Toutes ces choses auxquelles les hommes disent n’attacher aucune importance mais qu’ils n’ont de cesse de demander. Alors Sophie a raconté des parents crédibles, leur divorce, largement calqué sur le vrai, elle s’est inventé une nouvelle mère qui a peu de rapport avec la vraie et elle n’a bien sûr pas dit un mot de son mariage avec Vincent. Pour les amants et la virginité, elle a puisé dans le stock des clichés, dont Frantz s’est contenté. Pour lui, la vie de Marianne s’interrompt cinq ou six ans plus tôt et elle reprend à leur mariage. Entre les deux, il y a encore un grand trou. Elle pense que tôt ou tard il faudra se concentrer sur une histoire recevable qui couvrira cette période. Elle a le temps. Frantz a des curiosités amoureuses, mais ce n’est pas un limier.

Gagnée par sa tranquillité nouvelle, Sophie a renoué avec la lecture. Frantz lui rapporte régulièrement des livres de poche de la maison de la presse. N’étant plus au courant des parutions depuis bien longtemps, elle s’abandonne au hasard, c’est-à-dire à Frantz, et il est très chanceux dans ses choix : il a rapporté quelques nullités bien sûr, mais aussi Portrait de femme de Citati et, comme s’il avait senti qu’elle aimait les auteurs russes, Vie et Destin de Vassili Grossman et Dernières Nouvelles du bourbier d’Ikonnikov. Ils ont aussi regardé des films à la télévision, et il en a rapporté du vidéoclub. Là encore, il a parfois eu la main heureuse : elle a ainsi pu voir La Cerisaie, avec Piccoli, qu’elle avait manqué au théâtre à Paris quelques années plus tôt. Au fil des semaines, Sophie a senti monter en elle une sorte d’engourdissement presque voluptueux, quelque chose de cette merveilleuse paresse conjugale qui saisit parfois les épouses sans emploi.

Cette ankylose l’a trompée. Elle l’a prise pour le symptôme d’une sérénité retrouvée alors qu’elle était l’antichambre d’une nouvelle phase de la dépression.

Une nuit, elle a commencé à se débattre dans le lit, à s’agiter en tous sens. Et le visage de Vincent est soudain apparu.

Dans son rêve, Vincent est un visage immense, déformé, comme vu au grand angle ou dans un miroir concave. Ce n’est pas vraiment le visage de son Vincent à elle, le Vincent qu’elle a aimé. C’est le Vincent d’après l’accident, aux yeux larmoyants, à la tête éternellement penchée sur le côté, à la bouche entrouverte sur une absence de mots. Là, Vincent ne s’exprime plus par borborygmes. Il parle. Tandis que Sophie se tourne et se retourne dans son sommeil pour tenter de lui échapper, il la fixe et lui parle d’une voix calme et grave. Ce n’est pas vraiment sa voix, comme ce n’est pas non plus son visage, mais c’est lui parce qu’il lui dit des choses qu’il est seul à savoir. Son visage ne bouge pratiquement pas, ses pupilles s’élargissent jusqu’à devenir de grandes soucoupes sombres et hypnotiques. Je suis là, Sophie mon amour, je te parle depuis la mort où tu m’as envoyé. Je viens te dire combien je t’ai aimée et te montrer combien je t’aime encore . Sophie se débat mais le regard de Vincent la cloue dans le lit, les battements de ses bras n’y font rien. Pourquoi m’as-tu envoyé à la mort, mon amour ? Deux fois, t’en souviens-tu ? Dans le rêve, c’est la nuit. Cette première fois, c’était le destin, simplement. Vincent roule prudemment sur la route submergée par la pluie. À travers le pare-brise, elle le voit peu à peu saisi par le sommeil, dodeliner de la tête, la relever lentement, elle voit ses yeux papilloter, se plisser dans une tentative pour résister au sommeil tandis que la pluie redouble, inonde maintenant la route et que le vent tourbillonnant plaque de lourdes feuilles de platanes sur les essuie-glaces. J’étais seulement fatigué, Sophie mon sommeil, je n’étais pas encore mort à ce moment-là. Pourquoi as-tu voulu ma mort ? Sophie se bat pour lui répondre mais sa langue est lourde, pâteuse, elle remplit toute sa bouche. Tu ne dis rien, n’est-ce pas ? Sophie voudrait lui dire… Lui dire Mon amour comme tu me manques, comme la vie me manque depuis ta mort, comme je suis morte depuis que tu n’es plus là. Mais rien ne sort. Tu te souviens comme j’étais ? Je sais que tu te souviens. Moi, depuis que je suis mort, je ne parle ni ne bouge, les mots restent en moi maintenant, je bave simplement, tu te souviens comme je bave, ma tête est lourde mon âme, mon âme est lourde, et comme mon cœur est lourd de te voir ainsi me regarder cette nuit-là ! Moi aussi je te revois exactement. Le jour de ma seconde mort. Tu portes cette robe bleue que je n’ai jamais aimée. Tu es debout près du sapin, Sophie mon cadeau, les bras croisés, tellement silencieuse (bouge, Sophie, réveille-toi, ne reste pas ainsi prisonnière du souvenir, tu vas souffrir… ne l’accepte pas), tu me regardes, je bave simplement, je ne peux rien dire, comme toujours, mais je regarde avec amour ma Sophie, et toi tu me fixes avec une sévérité terrible, une rancune, une aversion, je sens que maintenant mon amour ne peut plus rien : tu as commencé à me haïr, je suis le poids mort de ta vie pour les siècles des siècles (n’accepte pas ça, Sophie, retourne-toi dans le lit, ne laisse pas le cauchemar t’envahir, le mensonge va te tuer, ce n’est pas toi qui es là, réveille-toi, quel que soit le prix, fais l’effort de te réveiller) et tu te retournes tranquillement, tu saisis une branche du sapin, tu me fixes, ton regard semble indifférent tandis que tu frottes une allumette, que tu allumes une de ces petites bougies (ne le laisse pas dire cela, Sophie. Vincent se trompe, jamais tu n’aurais fait cela. Il a de la peine, son chagrin est immense parce qu’il est mort, mais reste vivante, Sophie. Réveille-toi !), le sapin s’enflamme d’un seul jet vorace et à l’autre bout de la pièce je te vois disparaître derrière le mur de flammes tandis que le feu gagne les rideaux et que, cloué dans mon fauteuil, épouvanté, je bande inutilement tous mes muscles, te voilà partie, Sophie ma flamme (si tu ne peux pas bouger, Sophie, hurle !), Sophie mon mirage, te voici maintenant en haut de l’escalier, sur ce large palier où tu as poussé mon fauteuil. Tu viens terminer ton œuvre de justice, c’est cela… Comme ton visage est volontaire et déterminé (résiste, Sophie, ne te laisse pas envahir par la mort de Vincent). Devant moi l’abîme de l’escalier en pierre, large comme une allée de cimetière, profond comme un puits, et toi, Sophie ma mort, qui passes doucement ta main sur ma joue, voilà ton dernier adieu, ta main sur ma joue, tes lèvres se pressent, tes mâchoires se serrent et tes mains, dans mon dos, saisissent les poignées de mon fauteuil (résiste Sophie, débats-toi, hurle plus fort) et mon fauteuil, d’une brusque poussée, s’envole et je m’envole moi aussi, Sophie ma tueuse et je suis au ciel, pour toi, c’est là que je t’attends, Sophie, car je te veux près de moi, bientôt tu seras près de moi (hurle, hurle !), tu peux hurler, mon amour, je sais que tu es en route vers moi. Aujourd’hui, tu résistes, mais demain tu viendras me retrouver avec soulagement. Et nous serons ensemble pour les siècles des siècles…

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