Tonino Benacquista - Les morsures de l'aube

Здесь есть возможность читать онлайн «Tonino Benacquista - Les morsures de l'aube» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1992, ISBN: 1992, Издательство: Éditions Rivages, Жанр: Триллер, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Les morsures de l'aube: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les morsures de l'aube»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Il est resté un bon moment devant le miroir sans tain pour assister à l'agonie de la fête. Le moment noir, détestable, l'heure des traînards impénitents, l'heure perdue ou les esprits dégèlent et ou la première lueur du jour est la pire des sentences. Ne jamais se lever. Ou ne jamais se coucher. Le doute le plus célèbre du monde. Est-il noble de se lever le matin en sachant déjà tous les emmerdements qui vont suivre ? Est-il lâche d'aller se coucher, de dormir jusqu'à en crever, et dire au revoir à tout ce qui nous bouffe l'existence ? C'est là la question.

Les morsures de l'aube — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les morsures de l'aube», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— J’ai pas le temps d’écouter tes conneries.

Un vieux rock nous parvient d’outre-tombe, de la cave, les mômes s’essayent à un morceau des Stones en faisant rapidement l’impasse sur le solo de guitare.

— J’en ai parlé à un pote du Magnétic , au 4 de la rue, Jean-Marc a confirmé. Va faire un tour. Demande Benoît. Je te garde les haricots sous le coude, je peux même te faire un doggy-bag pour la route.

Au Magnétic , le dénommé Benoît n’est pas encore arrivé. Je file au Baiser Salé , où je ne connais personne, où personne ne connaît Jordan. Le Pil’s Tavern , rien que de la bière et des tables en bois, je n’ai rien osé demander, Jordan ne doit même pas soupçonner l’existence d’un tel agglomérat de tatouages et de Guinness. Trois ou quatre cocktail bars en enfilade, tous sans saveur et sans style, sans imagination et sans succès. C’est là où l’on emmène un premier rendez-vous, persuadé que les filles n’aiment que les cocktails de fruits et que les voyous détestent ça. Ensuite j’ai jeté un œil sur deux ou trois restaurants, au Front Page , au Mother’s Earth , au Pacific Palissades. C’est au troisième que j’ai réalisé à quel point je faisais fausse route, que Jordan avait bien autre chose à foutre qu’à chercher à se nourrir, et que la base de mon sablier commençait à s’alourdir. Pour faire un break, j’ai bu, au Magnétic , en attendant Benoît. Un jeune saxo de trente berges qui jam avec deux potes, trois fois par semaine. Bertrand et moi, on ne court pas après le jazz. Les morceaux sont interminables, les verres coûtent cher, on voit peu de filles, et on sent en général une espèce de religiosité qui me pèse un peu. J’ai attendu la fin du set, au moment où il faisait la quête avec sa panière en osier au milieu des clients. Pas besoin de détailler Jordan longtemps.

— Il m’a laissé un souvenir extrêmement net. Vous voulez voir ?

Il a fait glisser le col de son tee-shirt jusqu’à l’épaule. Une cicatrice presque effacée, mais où l’ovale des mâchoires se dessinait encore. J’ai effleuré, du bout des doigts. Car voir ne me suffisait pas.

— Il a eu la clavicule, mais je crois bien que cette ordure visait la carotide. Il était avec une gonzesse, le genre poufiasse blasée qui fait la gueule, le genre qu’a tout vu à trente balais et qui pense que le monde n’est qu’un ramassis de merde dont tu fais forcément partie.

— Belle fille ?

— Vulgaire. Elle avait tout l’attirail, le tailleur noir, le porte-jarretelles qu’on repère sous la fente de la jupe, les talons aiguilles, le maquillage, tout. Une caricature de femme fatale, en gros. Ça tenait plus de la panoplie qu’autre chose. Et son jaloux avait l’air d’aimer ça. Des pervers bas de gamme. Cet enfoiré a vidé son Bloody Mary dans mon biniou, un Selmer t’imagines ? Je lui retourne une baffe, et c’est là qu’il a voulu m’arracher la gorge avec ses dents. Si t’as la chance de retrouver ce cinglé, tu te mets une minerve, tu commences à lui casser la gueule et j’arrive vers la fin pour l’achever à coups de santiag.

— On peut savoir pourquoi il vous a agressé ?

— Bah ! une connerie, comme d’habitude. Je passais avec mon panier, la fille lui embrassait la main, une honte, et j’ai ricané.

— Et c’est là qu’il vous a mordu ?

— Non, il a mis un billet de cent balles dans le panier en disant qu’il en rajouterait un de mieux si j’arrêtais de faire du bruit en soufflant dans mon tuyau. J’ai dit que des réflexions comme ça il pouvait les garder pour sa radasse. Et ça a merdé juste après.

Le patron l’a appelé pour le second set, il a juste eu le temps de me raconter la fin de sa morsure, la tétanie générale, son épaule qui pisse le sang, et Jordan qui part avec la fille sans qu’aucun individu présent ne s’avise de le retenir.

En sortant, je me suis passé la main dans le cou. Minuit et demi. La rue des Lombards turbine à fond, avec les prototypes bien définis des zonards de tous bords, les marqués, les griffés, les relookés. Je croise le modèle courant, la trentaine, tee-shirt et jean noir, avec quelques variantes, anneau discret à l’oreille ou queue de rat derrière la nuque, blouson Perfecto, boots en cuir patiné. Ceux qui s’embrassent en pure amitié virile et s’entrechoquent les lunettes noires. J’ai l’impression qu’ils sont des milliers comme ça, sévissant dans tous les secteurs, c’est le gros de la troupe, l’anonyme de base, couleur nuit d’été. Je n’ai que vingt-cinq ans mais j’arrive pourtant à passer en revue tout l’historique d’un des mythes vestimentaires de cette jeunesse fin de siècle : le sacro-saint blouson Perfecto. Noir, épais, clouté, zippé en diagonale. Et ça me fait de la peine de voir ce qu’il est devenu. Elle est loin l’époque où le blouson noir était synonyme de voyou, où les motards faisaient peur, où l’on divorçait du corps social rien qu’en osant porter l’écorce squameuse du rebelle. Aujourd’hui c’est le tout-venant, même pas nostalgique, qui se l’offre et se l’exhibe, persuadé de faire partie de l’autre bord. Bientôt les douairières du XVI e, bientôt le modèle Dior. Même les vrais durs hésitent à les taxer dans le métro, quand c’est eux qu’on a bel et bien dépossédés de leur dernier oripeau.

Il y a bien quelques polos pastel à cette terrasse de pizzeria, à l’angle. Il faut bien se persuader que c’est l’été, même la nuit, quitte à frissonner des bras. Mister Laurence n’aime pas que j’épingle les gens sur leur tenue, que je catégorise, que je catalogue. N’empêche qu’un soir on s’est bel et bien fait traiter de « New-wave cools tendance Blake et Mortimer » dans une fête de couturier branché.

Mister Laurence n’existe plus puisqu’il est hors de ma vue. Comment va-t-il se débrouiller, lui, dehors, à ma place, avec du fric en poche et l’épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je me fais beaucoup plus confiance qu’à lui pour jouer les fouineurs. Lui, c’est un roublard, un faiseur, un grandiloquent, le mec qu’est pas né le bon siècle, il aurait été un formidable marquis libertin qui pérore aux festins des pavillons de chasse. Une espèce de Chateaubriand pénétré de nostalgie au bord d’une falaise, avec une brise lui rabattant les cheveux sur les yeux. Ou même un thermidorien qui réclamerait des têtes comme on commande à boire. Et c’est bien ce sens inné de l’esbroufe qui nous sauve la mise et nous ouvre parfois les portes. Mais le sens pratique, l’intuition, le réflexe analytique : zéro. Nul. Il est incapable de faire le rapprochement entre un pansement et un mouchoir, un tueur à gages et un étui à violon, une plaque d’eczéma et une huître un mois sans R. Sans parler du pire : sa faculté d’oublier sur-le-champ ce qu’on lui explique. Pour ça, je le hais. Combien de soirées ratées pour avoir oublié ce qu’il a noté dans le carnet, et oublié le carnet, et oublié l’endroit où il l’a laissé.

« J’ai une mémoire de brocante », il aime à dire.

— Alors, ce chili, tu le veux ou pas ?

Grosjacot, essoufflé, qui m’a sûrement pisté dans tout le coin. Au point où j’en suis, autant avaler quelque chose pour me lester l’estomac. Qui sait encore ce que la nuit me réserve de clopes à jeun et d’alcool aigre.

— Tu crois quand même pas que je me suis piqué une suée pour te servir la bouffe ? Jean-Marc a laissé un message, il a entendu parler de ton gars comme quoi il traînait dans un rade de la rue Tiquetonne. À pinces, t’y es en dix minutes. C’est le H.L.M.

— J’imagine, y en a pas d’autres. Comment il a su ça ?

— Un client du 1001 qui vient de lui dire. Sympa, le chinois, de penser à toi.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les morsures de l'aube»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les morsures de l'aube» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


libcat.ru: книга без обложки
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Malavita encore
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Quelqu'un d'autre
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Romanesque
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Tout à l’ego
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Nos gloires secrètes
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - La Maldonne des sleepings
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - La Commedia des ratés
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Homo erectus
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Malavita
Tonino Benacquista
Отзывы о книге «Les morsures de l'aube»

Обсуждение, отзывы о книге «Les morsures de l'aube» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x