Tonino Benacquista - Les morsures de l'aube

Здесь есть возможность читать онлайн «Tonino Benacquista - Les morsures de l'aube» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1992, ISBN: 1992, Издательство: Éditions Rivages, Жанр: Триллер, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Les morsures de l'aube: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les morsures de l'aube»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Il est resté un bon moment devant le miroir sans tain pour assister à l'agonie de la fête. Le moment noir, détestable, l'heure des traînards impénitents, l'heure perdue ou les esprits dégèlent et ou la première lueur du jour est la pire des sentences. Ne jamais se lever. Ou ne jamais se coucher. Le doute le plus célèbre du monde. Est-il noble de se lever le matin en sachant déjà tous les emmerdements qui vont suivre ? Est-il lâche d'aller se coucher, de dormir jusqu'à en crever, et dire au revoir à tout ce qui nous bouffe l'existence ? C'est là la question.

Les morsures de l'aube — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les morsures de l'aube», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Je sors cinq cents balles de ma poche. C’est là que, contre toute attente, Étienne, le plus sérieusement du monde, me prend le billet au niveau des tabourets, et me dit :

— Ça je sais faire.

Il pose le billet sur le comptoir avec le bout des doigts dessus, rappelle le gars. Qui ne voit que le coin écorné du Pascal.

— Jordan dit que vous faites les meilleurs Bloody Mary de Paris.

Il hésite, tergiverse une seconde et rafraîchit une coupe de champagne en y faisant tournoyer des glaçons.

— Votre gars est venu me tester, un soir. Il avait vu ma photo dans un magazine où j’expliquais ma méthode. Il a goûté sans broncher. Et depuis, il revient. C’est un habitué sans habitudes. Des fois à l’ouverture, des fois tard, il n’a pas de règle.

— Toujours seul ?

— La plupart du temps. Une fois je l’ai vu avec une dame. Je m’en souviens parce que je me suis fait la réflexion qu’ils étaient bien assortis, tous les deux, question allure générale. Un beau couple. Surtout elle.

— Belle ?

— Oui. On aimerait dire autre chose, mais à part « belle », je vois pas. Faut dire qu’elle avait un genre. Ah çà !

— Un genre ?

— Bah… oui… Je sais pas comment dire… un genre…

— Le genre qui croise et qui décroise ? je demande.

— … Qu’est-ce que vous voulez dire ?

— Le genre pute, quoi.

Le gars se redresse en haussant les épaules, Étienne lui laisse le billet puis donne un coup de pied dans mon tabouret.

— Gardez la monnaie.

Le serveur part encaisser.

— Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Y avait qu’à le laisser venir tout doux, imbécile. Envoie un autre bifton.

Plié en quatre, entre deux doigts, en direction du gars. Qui s’approche doucement, malgré tout.

— On avait oublié le pourboire. Cette fille, elle avait un prénom ?

— Non. Mais pour répondre à votre copain, elle n’avait pas du tout l’air d’une pute.

— Il a déjà payé par chèque ? Carte bleue ?

— Que du liquide. On ne prend pas la carte bleue.

— O.K. ! On vous remercie, dit-il en faisant glisser le billet dans sa main.

Je me suis levé en léchant les dernières gouttes de bourbon, et j’ai passé la porte western, sans Étienne, qui parlait encore au type avant de me rejoindre dehors.

— Qu’est-ce que tu lui as dit ?

— Le principal. Qu’on avait encore des pourboires dans le genre s’il avait la bonne idée de nous appeler en voyant radiner Jordan.

— Mais nous appeler où ?

— Devine, banane. Au 1001 Nuits , et Jean-Marc saura bien se démerder pour faire suivre. Sur ce, je me casse, on se partage le territoire, je file vers la rue Fontaine, toi tu fais ce que tu veux, j’appellerai Jean-Marc vers deux heures, fais-en autant si t’as quelque chose.

J’ai envie de lui demander où il a appris tout ce sketch. Mais ce n’est pas encore le bon soir. Avant de me planter là, il tend la main, bien plate, paume en l’air. J’hésite à comprendre.

— Trois, dit-il en remontant le col de son blouson.

En laissant échapper un soupir, je sors trois billets de cinq cents balles. C’est dans le besoin qu’on reconnaît ses potes.

* * *

Moi, je descends la rue Réaumur pour rejoindre les Halles. Et Bertrand, il est où ? Par habitude, j’ai pensé à notre boîte aux lettres, place des Vosges. J’avais inventé ce truc au cas où on se perdrait au hasard de nos dérives personnelles. N’ayant ni l’un ni l’autre aucun vrai point de ralliement dans Paris, on se laissait des billets au creux d’un panneau de sens interdit, du type : « café de la mairie, 17 heures, jeudi ». Un système efficace jusqu’à ce qu’on connaisse Jean-Marc et le 1001.

Mais ce soir, tout ceci est de l’ordre de la nostalgie. Déjà. Je ne peux pas m’empêcher de me faire le film : une séquestration humide. Bertrand reçoit un coup de botte chaque fois qu’il insulte un geôlier. Il dispute un croûton de pain à un rat qui a une meilleure liberté de mouvement. Pourtant, la seule chose dont je sois sûr à propos du séquestreur, c’est qu’il n’a pas menti une seule fois la nuit dernière. Tout ce que je dis est vrai mais je ne dis pas tout.

Les Halles. Jean-Marc a passé quelques coups de fil à ses collègues, les physionomistes. L’un d’entre eux a remis Jordan tout de suite. J’ai quand même une chance dans mon malheur, j’aurais pu pister un petit châtain buvant de la bière dans un verre à bière, en portant le récipient à ses lèvres, et en l’inclinant afin d’en avaler quelques gorgées. Autre chance, j’ai un contact sérieux avec les physionomistes. Qu’est-ce qu’on peut rêver de mieux ?

J’aime bien ces gars-là, je les préfère aux videurs. Le physionomiste n’a pas à faire le gros dos ni à fréquenter les dojos. Le physionomiste est payé pour son regard, son flair et sa mémoire. C’est lui qui détermine les quotas d’entrée et crée ainsi l’étiquette de la boîte. Il fait le tri dans les classes sociales, les ethnies, les célibataires, et les quatre ou cinq sexes qui font le genre humain. Il pourra aussi bien laisser un cadre à la porte, malgré son pognon, mais faire entrer un zigoto avec une superbe fille à son bras. Il va admettre trois blacks sans le sou et laisser dehors un acteur qui monte si celui-ci a la fâcheuse habitude de se poudrer dans les toilettes. Il a mémorisé toutes les silhouettes qui sont à l’intérieur et toutes celles qui sont interdites de séjour. Un soir, Jean-Marc a essayé de m’expliquer le cocktail idéal : 40 % de gens qui consomment régulièrement, 10 % de filles qui arrivent en bande, 20 % de toutes les ethnies possibles, 10 % de danseuses et danseurs acharnés, 10 % de têtes connues, et parmi elles, la jet-set, mais aussi les noctambules patentés, les traînards comme nous, parce qu’ils font partie du décor. Et 10 % d’inclassables. Il y en a. Bertrand et moi, au début, on est souvent restés sur le pas de la porte en criant à l’injustice et à l’arbitraire. Deux célibataires qui fouillent leurs fonds de poches, c’est tout ce qu’il faut virer sur le champ. L’entrée en boîte peut tenir du privilège, de la loterie, mais rarement de la compassion du physionomiste.

Au cœur des Halles, pas loin du Forum, la rue des Lombards. Autant commencer par celle-là, vu qu’il y a une demi-douzaine d’endroits où l’on sert des Bloody Mary. À commencer par le Banana où Grosjacot est serveur. On avait fait sa connaissance le soir d’une fête où un magazine de mode avait loué l’endroit pour lancer le numéro 0. Au rez-de-chaussée, un restaurant, des photos d’Elvis et de Robert Mitchum, des cheese-burgers à la carte, des onions rings, et toutes ces tex-mexicaneries, tapas cent balles, qui font semblant de ne plus être des plats de pauvres. En bas, du rock. C’est le son des p’tits gars qui répètent I can’t get no dans leur garage en attendant de signer un label. J’aperçois Grosjacot, les bras chargés de tacos et de chips au maïs qui menacent de lui échapper quand il me voit.

— Tu tombes bien, j’suis dans la merde, Antoine…

— Qu’est-ce qui t’arrive ?

— J’en peux plus, j’suis à la recherche d’un mec blafard qui boit du Bloody Mary.

— Laisse tomber, je sais que Jean-Marc t’a appelé ce matin. T’as de l’humour, Grosjacot, c’est ce qui te sauve.

— Grosjacot est mort, à force de servir de la bouffe grasse sans air conditionné, il a maigri de dix kilos, Grosjacot. Appelez-moi Joe Gracos.

— Jordan, tu connais ?

— Non. Mais si t’as faim, je peux te servir un chili qu’un client a pas terminé. C’est gratuit. T’aimes bien les trucs gratuits. Y’a même de quoi partager avec Mister Laurence.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les morsures de l'aube»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les morsures de l'aube» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


libcat.ru: книга без обложки
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Malavita encore
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Quelqu'un d'autre
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Romanesque
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Tout à l’ego
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Nos gloires secrètes
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - La Maldonne des sleepings
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - La Commedia des ratés
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Homo erectus
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Malavita
Tonino Benacquista
Отзывы о книге «Les morsures de l'aube»

Обсуждение, отзывы о книге «Les morsures de l'aube» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x