Jean-Christophe Grangé - La Forêt des Mânes

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La Forêt des Mânes: краткое содержание, описание и аннотация

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Jeanne Korowa n'a fait qu'une erreur. Elle cherchait le tueur dans la forêt. C'était la forêt qui était dans le tueur. Comme l'enfant sauvage au fond de l'homme.

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Jeanne s’approcha.

Señora ? Por favor…

La silhouette ne répondit pas. Jeanne avait été trompée par le contre-jour. La femme ne leur tournait pas le dos : elle leur faisait face. Jeanne expliqua qu’ils voyageaient à bord de la barge. Qu’ils étaient des journalistes français. Qu’ils menaient une enquête sur les lieux oubliés des dictatures argentines.

L’ombre ne répondait pas.

Jeanna fit encore un pas en avant. Elle ne distinguait pas clairement les traits de la femme mais remarqua qu’elle n’était pas indienne.

Quelques secondes encore, puis :

— Je travaillais ici. Je soignais les gens. Je réparais ceux qu’on démolissait.

Le timbre était en cohérence avec l’immobilité du corps. C’était une voix pétrifiée. Une voix minérale. Fixée par les années et la sédimentation. Mais la femme avait conservé l’accent de Buenos Aires.

— Vous… vous étiez médecin ?

— Infirmière. J’étais l’infirmière en chef de la base. Je m’appelle Catarina.

Jeanne espérait découvrir ici des indices. Elle avait trouvé mieux. Un témoin. Une mémoire. Pour une raison inconnue, cette femme n’avait jamais voulu quitter la forteresse.

— Des enfants sont nés ici, non ?

Jeanne ne pouvait gaspiller ses chances en préliminaires inutiles. L’infirmière répondit sans hésitation, de son ton mécanique :

— Campo Alegre avait un hôpital. Un dispensaire où on soignait les torturés. Pour les maintenir en vie. Une salle était réservée aux femmes sur le point d’accoucher. Une maternité clandestine.

Catarina n’avait pas dû croiser un Blanc depuis des années. Elle n’avait peut-être même jamais été interrogée par un membre d’une quelconque commission. Mais son rôle était celui-ci : livrer son message avant la mort.

Plus qu’un témoin, Catarina était une pythie.

Jeanne discernait mieux ses traits. Ses orbites étaient si creusées que les yeux s’étaient noyés au fond. Toute chair en avait disparu. Rongée par le temps. La jungle. La folie…

— On attendait qu’elles soient mûres, poursuivit l’infirmière.

— Comment étaient-elles traitées ?

— Mieux que les autres. Les militaires tenaient aux bébés. Mais elles étaient menottées. Elles portaient un bandeau sur les yeux jour et nuit. Et elles étaient aussi interrogées, c’est-à-dire torturées, jusqu’au dernier moment. Des chiens les surveillaient. Ces femmes étaient en enfer. Elles donnaient la vie en enfer.

— Vous connaissiez leur nom ?

— Jamais de nom. Seulement des numéros. Elles n’étaient que des mères porteuses. Les bébés non plus n’avaient pas de nom. Ils disparaissaient aussitôt. Les médecins ou les militaires se chargeaient du reste. Etat civil, bulletin de naissance… Ces enfants ne naissaient vraiment qu’une fois adoptés.

— Au moment de l’accouchement, un médecin assistait la mère ?

La femme ricana.

— Ce n’était pas le genre de Campo Alegre. Pas du tout. Les officiers étaient ennuyés par ces femmes enceintes. Ils ne pouvaient pas les violer. Il fallait s’occuper d’elles. Ils n’en tiraient aucun plaisir. Alors, ils avaient mis au point un jeu.

— Un jeu ?

Depuis le début de l’entrevue, Catarina n’avait pas bougé, les deux mains posées sur les genoux. Sa chevelure blanche et ses doigts exsangues dessinaient des taches roses dans la pièce rouge.

Soudain, Jeanne comprit la vérité. L’immobilité de l’infirmière. Son maintien cambré. Ses orbites sans lumière. Elle était aveugle. Lui avait-on arraché les yeux ? Mystérieusement, cette cécité correspondait à son rôle de prêtresse. Dans le monde antique, les devins, les conteurs étaient souvent aveugles. Homère, Tirésias…

— Ils prenaient des paris sur le sexe de l’enfant. Quand la femme était sur le point d’accoucher, ils l’emmenaient dans un pavillon spécial. Ils y avaient installé une machine agricole.

Jeanne essaya de déglutir. Pas moyen. Elle pressentait, dans son dos, Féraud qui était comme paralysé.

— Pourquoi une… machine agricole ?

— Pour les vibrations. Ils attachaient la femme dessus et faisaient tourner le moteur. Ils provoquaient l’accouchement. Ils avaient installé une table de jeu face à la machine, pour parier. On entendait les hurlements des femmes. Les rires des officiers. Les trépidations du moteur qui couvraient tout. Un pur cauchemar.

— Que faisaient-ils de l’enfant ?

— Je vous l’ai dit : un médecin prenait la relève.

— Et… la femme ?

— Exécutée. Sur place. La détonation de l’arme, c’était le premier bruit que le bébé entendait.

Jeanne rassembla ses pensées. Encore une ou deux questions, et la femme se tairait. Elle retournerait à son monde de fantômes.

— En 1972, vous étiez déjà là ?

— J’étais là.

— Vous vous souvenez d’un accouchement à cette époque ? Avant le début de la dictature ?

— Le premier du genre. Les soldats ont étrenné leur machine avec cette femme.

— Vous connaissiez son nom ?

— Je vous le répète : jamais de nom.

— Et l’enfant ?

Joachim. Il a été adopté par un homme de la caserne. Garcia. Un bon à rien. Un saoulard.

— Vous savez ce qui s’est passé ensuite dans cette famille ?

— Garcia a tué sa femme et s’est suicidé, en 1977. Le gamin a fui. Plus tard, on a raconté qu’il avait survécu dans la jungle. Qu’il était retourné à la vie sauvage. Mais la vie sauvage, c’était ici. À Campo Alegre.

— Quelques années plus tard, on a pourtant retrouvé l’enfant. Vous vous en souvenez ?

— Je me souviens d’Alfonso Palin. Il est venu chercher le gamin. En 1982. Mais Joachim était parti avec un jésuite du village.

— Vous saviez qu’il s’agissait de son fils biologique ?

— Il y a eu des rumeurs. On disait que Palin avait couché avec la mère du gosse, à Buenos Aires. Il voulait récupérer l’enfant. Pellegrini, qui dirigeait la base militaire, crevait de trouille. Palin avait déjà démontré de quoi il était capable.

— Comment ça ?

Catarina hocha la tête. Un coup de rasoir vint couper le bas de son visage. Une sorte de sourire. Mais ses yeux noirs ne changeaient pas d’expression. Ils ne le pouvaient pas : aucune partie molle. Ils se réduisaient aux cavités osseuses des orbites.

— Quand il a appris ce qu’on avait fait à sa maîtresse, il a retrouvé les soldats et les a exécutés. Une balle dans la nuque pour chacun.

— Pellegrini n’a rien dit ?

— Pellegrini n’avait qu’une chose à faire : retrouver l’enfant. Le donner à Palin. Et prier pour que l’amiral ne revienne plus jamais.

Jeanne connaissait la suite.

Elle fit un signe à Féraud, dont la silhouette disparaissait dans l’obscurité. Il était temps de partir. Temps de retrouver l’annexe avant la nuit totale.

Alors qu’ils franchissaient le seuil, Jeanne ne put s’empêcher de demander :

— Vos yeux, que s’est-il passé ?

Catarina ne répondit pas aussitôt. Ses mains se crispèrent sur ses genoux.

— Un châtiment.

— Les soldats ?

— Pas les soldats. Moi.

Elle leva les poings et les appuya sur ses orbites vides.

— Un matin, j’ai décidé que j’en avais assez vu. Je suis allée dans les cuisines. J’ai trouvé une cuillère. Je l’ai désinfectée à la flamme et j’ai… opéré. Depuis, je vis avec les Indiens.

Jeanne salua la femme à voix basse et poussa Féraud dans le couloir, qui trébucha sur une racine et faillit s’étaler.

— Attendez.

Jeanne s’immobilisa dans l’encadrement de la porte.

— Vous, où allez-vous ? demanda l’infirmière.

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