Jean-Christophe Grangé - La Ligne noire

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Il existe, quelque part en Asie du Sud-Est, entre le tropique du Cancer et la ligne de l'Equateur, une autre ligne. Une ligne noire jalonnée de corps et d'effroi…
Jean-Christophe Grangé, 42 ans, est l’auteur de thrillers devenus mythiques
(1994),
(1998),
(2000) et
(2003), best-sellers internationaux traduits dans une trentaine de pays notamment aux Etats-Unis où
sort chez Harper Collins à ’l'automne 2004. Biographie de l'auteur

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Khadidja bondit de son lit et secoua, à tâtons, son frère et ses sœurs, qui dormaient à côté d’elle. Leurs corps étaient inanimés, comme s’ils étaient passés, directement, du sommeil à la mort. Khadidja hurla, les frappa, les souleva et parvint à les arracher de l’asphyxie. Elle ouvrit la fenêtre, leur ordonna de rester là, à respirer — sans bouger.

Elle sortit et se glissa dans les ténèbres du couloir. S’appuyant à peine aux murs brûlants, elle avança à tâtons vers « leur » chambre. Elle chancelait, son corps tremblait dans la chaleur, mais sa tête était vaillante. Elle n’était déjà plus dans le temps présent : elle était dans l’avenir. Elle se jurait, au plus profond d’elle-même, de ne jamais lâcher les siens — les « petits ».

La porte était-elle vraiment rouge, incandescente, comme dans son souvenir ? Non. C’était une déformation de sa mémoire. D’ailleurs, elle l’avait ouverte d’un coup d’épaule, sans même se brûler. En revanche, à l’intérieur, les flammes se tordaient en cercles rageurs. Assis dans son lit, son père brûlait vif, apparemment indifférent au feu qui lui rongeait le visage. Le bras ouvert sur un fix, il restait immobile. Overdose. Une cigarette allumée avait fait le reste.

Khadidja chercha sa mère. Elle l’aperçut, blottie auprès de son mari, les cheveux crépitants. Elle se dit : « Ils ont rien senti, ils ont pas souffert » et, juste à ce moment, leurs corps s’affaissèrent, s’enfoncèrent à l’intérieur du lit, perdant toute matérialité. Peut-être n’était-ce qu’une hallucination, une autre déformation des larmes et des flammes… Comme cette dernière image, qui meurtrissait sa mémoire : le bras ouvert de son père se détachant du buste, tombant sur le sol comme une bûche au fond de l’âtre.

Quand elle se réveilla, elle était allongée dans un lit d’hôpital et respirait par un masque translucide. Un médecin lui parlait, d’un ton affecté. Son frère et ses deux sœurs étaient sauvés, mais il fallait aller reconnaître les corps de ses parents. N’était-elle pas l’aînée ? Deux jours plus tard, on ouvrit devant elle un tiroir réfrigéré. Ils se tenaient enlacés : impossible de les désolidariser ; deux masses noirâtres, collées ensemble par un réseau de fibres fondues.

Face à ces charognes carbonisées, Khadidja éclata en sanglots. Une véritable crise nerveuse. On l’évacua, on la consola, on la couvrit de paroles réconfortantes. Mais c’était la haine qui la submergeait. La rage, l’amertume accumulées depuis si longtemps qui explosaient enfin. Une fureur redoublée face à ces formes méconnaissables. Ils se tenaient encore en deçà de tout jugement, de toute accusation. Ils les laissaient seuls au monde, et échappaient encore à leurs responsabilités. Putains de salopards ! Elle se calma dans le couloir de la morgue. Elle se souvenait encore de la voix du médecin. Juste de ça — pas de son visage. Une voix douce, qui l’exhortait au calme. Toujours ce ton de merde. Et la vanité des mots.

Elle crut en avoir fini avec les deux monstres. Elle se trompait. Le psychologue l’avertit : un tel choc — il parlait d’un « hématome de l’affect » — ne se résorbe pas facilement. Il avait raison. À son insu, le feu s’était emparé d’elle. D’abord, elle était brûlée. Elle ne s’en était même pas rendu compte. Son avant-bras gauche conserva longtemps une peau de tortue, aux plissures minérales. Mais elle était aussi brûlée à l’intérieur. Chaque nuit, le feu revenait. Son père la regardait, avec ses pupilles en flammes. Et son bras tombait, encore et encore, lui cassant ses rêves, lui brisant le ventre. Personne ne le voyait, mais elle brûlait vive. Pendant des années, Khadidja fut convaincue d’appartenir à une génération post-atomique, comme les contaminés d’Hiroshima, dont les gènes eux-mêmes étaient grillés, et qui ne pouvaient produire que des cancers et des enfants-monstres.

Le feu provoqua d’autres ravages. Elle avait seize ans : elle ne pouvait obtenir la garde de son frère et de ses sœurs. Elle fit une demande de majorité anticipée : refusée. Ils se retrouvèrent dans des foyers différents. Khadidja s’acharna : chaque week-end, elle courait à Trappes, où vivait son frère, puis à Melun, où ses sœurs l’attendaient. Cela ne servit à rien. Au bout de deux années, alors qu’elle avait enfin dix-huit ans, ils étaient devenus des étrangers. Sans se l’avouer, chacun comprenait que ces entrevues ne leur rappelaient que des mauvais souvenirs. Les raclées. La dope. L’incendie. Et les deux tortionnaires qui avaient gâché leur enfance.

Khadidja les abandonna à leur destin. Pour leur bien. Même si cela avait donné le pire. La dernière fois qu’elle avait vu Samir, son petit frère, c’était au parloir de la prison de Fresnes, où il avait été incarcéré pour un casse dans un hôpital. Le temps de la visite, il ne lui avait parlé que d’un concours de rap auquel il participait dans la taule. Khadidja n’écoutait pas : elle l’observait et cherchait en vain, sur ce visage de brute, les traces du petit Samir qu’elle avait aimé, cajolé, protégé — celui à qui il manquait toujours des dents et qu’elle appelait son « p’tit gruyère d’amour ». Elle était repartie, en sachant qu’elle ne reviendrait plus.

Le feu se refermait sur ses pas.

Une voix l’interpella. Khadidja cligna les yeux : la moitié de la salle s’était vidée. Elle suivit l’assistante en vacillant, perdue encore dans ses souvenirs. Le bureau de sélection n’était pas plus brillant que la salle d’attente : fatras de cartons, mobilier défraîchi, effluves de tabac froid.

Derrière une table en fer, deux types à casquette de base-ball discutaient à voix basse, vautrés sur leur siège, considérant les composites éparpillés devant eux. Ils ressemblaient à deux adolescents épuisés par la masturbation, devant une collection de vieux Play boy. Khadidja tendit son book, sans un mot — il y avait longtemps qu’elle n’usait plus sa salive.

Les hommes regardèrent ses photos. Elle ne voyait que la visière de leurs casquettes. L’une exhibait le « N » et le « Y » entremêlés du sigle de New York. L’autre portait le logo de la marque Budweiser. Dans l’univers de la mode, à une certaine altitude, la tendance beauf est une valeur sûre. L’équivalent de l’ironie, mais dans un monde sans humour.

Les deux types finirent par ricaner. Khadidja sursauta :

— Qu’est-ce qu’il y a ?

L’un des deux releva la tête : peau bronzée, barbe de trois jours. Il attrapa l’un des composites glissés dans le book et lut le nom inscrit :

— Tes photos, c’est pas terrible, Khadidja.

— « Ra-did-ja », reprit-elle en accentuant la première syllabe. Ça se prononce « Ra-did-ja ».

— Ouais, d’accord, souffla-t-il en se frottant la nuque. Mais enfin, ton book, c’est l’catalogue de La Redoute…

— Qu’est-ce que vous lui reprochez ?

— Les cadres, le maquillage, toi. Tout.

Khadidja sentit le feu revenir, crépiter sous sa peau :

— Qu’est-ce que je dois faire ?

— Change de photographe.

— C’est mon agence qui…

— Eh ben, change aussi d’agence. Pour les sourcils, tu comptes faire quelque chose ?

— Les sourcils ?

— Je t’explique : il y a des machines. Y a aussi la cire. Ou la pince à épiler. Mais tu peux pas garder cette forêt au-dessus des yeux.

L’homme ne riait plus. Sa voix était voilée de lassitude. Khadidja devait être la cinquantième fille qu’il humiliait depuis le matin. À ses côtés, l’autre feuilletait toujours les photographies, faisant claquer les pages.

Elle eut un éclair : elle revit son père, recroquevillé sur le canapé du salon, passant ses après-midi à claquer les pages des magazines, de la même façon, les yeux fixes, attendant l’heure de sa dose…

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