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Hugues Pagan: Vaines Recherches

Здесь есть возможность читать онлайн «Hugues Pagan: Vaines Recherches» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 1999, ISBN: 978-2-7436-0544-5, издательство: Éditions Payot & Rivages, категория: Полицейский детектив / Триллер / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Hugues Pagan Vaines Recherches

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La ville grésillait sous le soleil blanc, comme du lard rance dans une poêle. Les flics de la criminelle « B » glandaient. Ils attendaient les vacances. Au téléphone, l’homme avait adopté un ton étrange, monocorde et pénible. Il avait dit d’une seule traite : « Prévenez l’inspecteur Schneider. Je vais tuer une femme. Une femme, n’importe laquelle pour commencer. Je vais utiliser une carabine US M1 en calibre 30 x 30. Je vais la tuer maintenant, dans dix minutes… J’en tuerai d’autres, certainement. Avec la même arme. Prévenez Schneider, voulez-vous ? » Le gardien de permanence prévint Schneider. Qui cessa d’attendre les vacances.

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Schneider l’avait veillée avec un sentiment de plénitude et de souffrance mélangées, presque insupportables, puis il s’était levé sans bruit, avait allumé la chaîne, la jeune femme dormait dans la chambre à côté, il avait bu deux William Lawson’s sans que la souffrance s’atténue un instant.

Quand donc l’avait-il rencontrée ? À cette soirée à Nice ? Quel vêtement portait-elle, que lui avait-elle dit d’autre que bonsoir, avait-elle déjà son sourire qui l’épuisait et le laissait sans force et plein d’une intolérable tristesse ?

Schneider se massa longuement les tempes, puis il retira le casque.

À la lumière d’un spot placé dans les étagères, il composa un numéro de téléphone. Charles Catala répondit immédiatement.

— Quelque chose ?

— Oui, fit Schneider avec difficulté.

— Le flingueur ?

— Oui. Je passe vous prendre dans un quart d’heure.

— D’accord, répondit le jeune homme. Qu’est-ce qui se passe ?

— Des vérifications à faire…

Schneider raccrocha. Il s’habilla rapidement, boucla son ceinturon. Son visage était froid et inexpressif. Ils procéderaient aux vérifications et ils établiraient qui était le flingueur. La clé du mystère se trouvait dans le tiroir personnel de Schneider, dans son bureau au commissariat central. Elle n’avait pas cessé de s’y trouver depuis le début.

Il était deux heures dix.

* * *

Le téléphone sonna sur l’établi. Bubu annonçait, l’air blasé :

— Full aux as par les dames…

Il avait déposé le mince paquet de cartes sur la table, les figures contre le formica. Le contenu de trois boîtes d’allumettes de ménage s’entassait non loin de sa main droite, ce qui rendait raison de son extrême placidité. L’un des inspecteurs avait branché les grands ventilateurs suspendus dans l’obscurité aux poutrelles métalliques du garage. Il faisait donc raisonnablement frais.

Le colosse ne bougea pas.

— Décroche, ordonna l’un des deux flics, celui qui avait un .357 contre le flanc gauche.

— Pas tout de suite.

Ils comprirent que l’homme comptait les sonneries. À neuf, l’appareil se tut. Alors seulement, Bubu se souleva de sa chaise et se déplaça avec une agilité de chat autant que le lui permettait la chaîne des menottes et se posta près du téléphone. L’autre inspecteur avait déjà décroché l’écouteur et allumé le magnéto-cassette au micro plaqué par une ventouse sur le flanc de l’appareil.

La grosse pendule électrique murale au-dessus de l’établi marquait deux heures cinquante. Bubu décrocha dès la première sonnerie. La voix était celle d’un homme jeune et calme, au ton passablement amusé. Dans la patte du colosse, le combiné ressemblait fort à un jouet d’enfant. La voix dit :

— C’est moi. Tu laisses la grille ouverte, derrière.

— D’accord, grommela Bubu. Vous arrivez quand ?

— Ce soir.

— D’accord, répéta Bubu. Vous prenez le même emplacement ?

— Oui.

— Je vous laisse la clé comme d’habitude.

— Okay, enregistra la voix.

Ils raccrochèrent ensemble.

L’inspecteur reposa l’écouteur sur sa fourche. Bubu le regarda dans les yeux :

— Vous direz à Schneider que j’ai joué le jeu comme il faut, non ?

Le flic secoua les épaules. Il avait un visage agréable, gâché par l’expression méprisante de sa bouche. Il fit :

— On va voir… Tu peux nous avoir enflés. (Il ajouta :) Si c’est du zinc, ou si le tordu nous chie du poivre, c’est sûr que tu vas morfler un maximum.

Il se saisit d’un poste portable, appela la salle de commandement afin qu’on fît prévenir Schneider que le client avait appelé, mais ce fut la voix froide et calme, vaguement lasse, du policier qui intercepta la communication et répondit en direct. Le colosse s’était rassis à la table.

Entre ses gros doigts boudinés, les brèmes paraissaient animées d’une vie propre — et singulièrement autonome et complexe.

CHAPITRE XX

Schneider avait retiré l’enveloppe du tiroir. Il avait demandé à Charles un escargot de ruban adhésif et entrepris de reconstituer le puzzle. Il ne lui avait guère fallu qu’une ou deux minutes pour y parvenir. Il s’agissait d’un cliché noir et blanc, format 13 x 18. Muriel Lambert souriait vaguement à l’objectif et son regard était un peu flou. Schneider lui avait passé un bras autour des épaules et paraissait penché sur elle. La main gauche du policier reposait à plat sur la table et il avait une cigarette entre les doigts.

Schneider contemplait l’image, le visage totalement fermé.

Charles se tenait silencieux en face de lui, les pouces dans les passants du jean. Schneider leva les yeux.

— Vous pensez que c’est lui ?

— Oui, fit Schneider.

Il alluma une cigarette.

— Ça remonte à quand ? demanda Charles.

— Bientôt dix ans.

— Et vous pensez que…

— Oui, coupa Schneider avec lassitude. Ça remonte à dix ans, mais il a pu tomber dessus il y a quinze jours. Il s’est monté toute une construction mentale, à moins que ça ait seulement servi de détonateur.

— Vous le connaissez ?

— Oui.

— Bien ?

— Je croyais…

— Bon tireur ?

— Le pire que j’aie jamais connu, murmura Schneider. La simple vue d’une arme lui donnait envie de dégueuler… (Le policier se massa les tempes.) La simple vue d’une femme aussi. La simple vue de lui-même…

Schneider décrocha le téléphone.

Muriel Lambert lui répondit presque aussitôt, d’une voix qui laissait entendre qu’elle non plus n’avait pas dormi, avec une promptitude qui signifiait qu’elle avait attendu à côté de l’appareil.

Une expression de souffrance crispait les traits du policier.

Il était trois heures vingt.

Sur l’appui de fenêtre, la radio crachotait sans discontinuer.

* * *

Il semblait que la nuit fût devenue un peu moins noire ; on distinguait les contours des collines autour de la combe et les buissons avaient une espèce d’éclat laiteux, à moins que les yeux de l’homme se soient accoutumés à l’obscurité. La fille avait remis son short et son boléro. Elle fumait et la braise de la cigarette modelait par instants son visage dont les orbites demeuraient cependant larges, sombres et creuses, comme celles d’une tête de mort.

Elle dit :

— On rentre ?

L’homme opina silencieusement. Il était penché en avant pour mettre le contact. La femme jeta un bras par-dessus le dossier afin de récupérer son sac, ses doigts tâtonnèrent et saisirent ce qui devait être l’une des anses. Elle tira et il y eut un choc métallique qui retentit dans l’habitacle, lorsque la crosse pliable de la carabine frappa contre quelque chose. L’homme se redressa, masse sombre et menaçante, la fille avait déjà la main sur la poignée de portière, l’homme lança un bras qui lui manqua le cou. Avant même qu’il ait pu l’en empêcher, elle était dehors.

Il entrevit sa silhouette hésitante, alluma les phares et démarra.

Sauf à s’avancer dans le sous-bois, elle ne pouvait pas lui échapper.

Le break cahota dans les ornières.

Si elle s’enfonçait dans les fourrés, il disposait d’une torche puissante et elle n’avait pas assez d’avance pour qu’il se sentît vraiment inquiet. Il attira d’une main la carabine contre lui, l’arma d’un geste. La femme courait pieds nus.

Elle ne pouvait pas aller très loin.

Lorsque le break fut sur elle, elle se jeta de côté, l’homme entrevit de nouveau sa silhouette. Elle essayait de gravir un pierrier parsemé d’épineux. Il stoppa, saisit simultanément la torche et la carabine, fourra un chargeur supplémentaire dans sa poche. Il avait la bouche sèche mais son pouls s’était à peine accéléré. Le faisceau lumineux tâtonna, remonta et intercepta l’image de la femme. L’homme tira une volée de balles à la hanche, presque sans viser. La femme tomba sur les genoux, se releva et recommença à monter, en s’aidant des bras.

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