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Hugues Pagan: Vaines Recherches

Здесь есть возможность читать онлайн «Hugues Pagan: Vaines Recherches» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 1999, ISBN: 978-2-7436-0544-5, издательство: Éditions Payot & Rivages, категория: Полицейский детектив / Триллер / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Hugues Pagan Vaines Recherches

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La ville grésillait sous le soleil blanc, comme du lard rance dans une poêle. Les flics de la criminelle « B » glandaient. Ils attendaient les vacances. Au téléphone, l’homme avait adopté un ton étrange, monocorde et pénible. Il avait dit d’une seule traite : « Prévenez l’inspecteur Schneider. Je vais tuer une femme. Une femme, n’importe laquelle pour commencer. Je vais utiliser une carabine US M1 en calibre 30 x 30. Je vais la tuer maintenant, dans dix minutes… J’en tuerai d’autres, certainement. Avec la même arme. Prévenez Schneider, voulez-vous ? » Le gardien de permanence prévint Schneider. Qui cessa d’attendre les vacances.

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Soledad était en train de mourir au SAMU.

Charles le sentait aussi.

Même l’idée des Keys avait dès lors un caractère amer et dérisoire.

* * *

Muriel Lambert appelait la permanence de la Sûreté. Sa voix avait des intonations pressantes, presque pathétiques. Elle se remontait des mèches sur son front trempé de sueur. Elle voulait voir l’inspecteur principal Schneider, ou lui parler, ou à défaut avoir l’inspecteur Catala. Ou Dumont, l’inspecteur Dumont… Elle appelait depuis une cabine publique, en lisière de la ville. Les fonctionnaires de la Criminelle « B » se trouvaient sur le terrain. Le gardien de la salle de commandement avait une voix chaude et bien timbrée et s’exprimait avec une inébranlable patience, sur un ton propre à apaiser, à dédramatiser la situation.

Ils étaient dehors, mais on pouvait cependant les joindre par radio, s’il y avait vraiment urgence ou s’il s’agissait d’informations ayant trait à un crime ou un délit. Est-ce qu’il s’agissait de cela ? D’un crime ou délit ?

— Non, reconnut la femme d’un ton pénible.

Il ne s’agissait pas de cela ; il s’agissait d’un appel au secours. Un tel appel n’entrait pas dans le cadre des incriminations pénales possibles, pas plus qu’il n’entrait dans celui des fonctions judiciaires du policier. C’était un appel adressé à un homme qu’elle avait aimé, ou cru aimer, ou qu’elle croyait encore aimer, bien qu’il fût maintenant avec une autre femme, plus jeune et tellement plus belle.

Tout ça n’avait rien à voir avec la Criminelle « B ».

— Voulez-vous essayer vers dix-neuf heures trente ? suggéra le policier.

Elle consulta machinalement sa montre.

Il était dix-neuf heures.

— Dix-neuf heures trente ? Oui, fit la femme.

— Essayez à ce moment-là, conseilla le policier. Vous avez des chances que Schneider soit rentré.

— Je vous remercie, murmura Muriel Lambert.

Elle savait que sa voix était presque inaudible. Elle en avait marre de faire des efforts et raccrocha au jugé. Matthieu était parti. L’inspecteur de l’Administrative ne lui avait pas caché, que si Matthieu Lambert ne revenait pas de lui-même au domicile conjugal, il serait extrêmement peu probable qu’on le retrouvât et que même dans ce cas-là son adresse ne lui serait pas communiquée, en l’absence d’une décision de justice.

Elle quitta la cabine, la robe de soie lui collant à la peau comme un drap mouillé, singulièrement indiscret, et remonta dans sa voiture. L’autoradio était branché sur la station locale. Elle avait envie d’entendre autre chose, un des blues comme les aimait Schneider, ou rien… Elle alluma une cigarette qu’elle avait prise dans son sac ouvert sur le siège du passager.

La rue était déserte, encore engoncée de chaleur qui montait du bitume.

La fumée lui brûla le palais.

Muriel Lambert éteignit l’autoradio à dix-neuf heures seize, quatorze minutes avant que le chef d’antenne envoyât le bulletin d’informations locales.

Et elle attendit…

* * *

L’homme attendait dans la pénombre. Il faisait agréablement frais, bien que l’atmosphère de la pièce fût lourde et poussiéreuse et très confinée. L’homme avait revêtu un léger complet en alpaga sombre, une chemise neuve et arborait une cravate de tricot bleu pétrole. Il portait des boots de chevreau noir, impeccablement cirées.

Les chevilles croisées, étendu dans le fauteuil, il fumait une Pall Mall et parlait de temps à autre dans le micro, revenait en arrière et reprenait un mot, une intonation, et peu à peu la cassette s’emplissait, il avait brisé la deuxième poupée, et qu’avait-elle dit ? Qu’il n’était pas un homme ? Non, ce n’était pas exactement ça, une phrase, bien que le flic ne fût pas mort, il avait pris sa dépouille, l’élégance nerveuse et désinvolte de l’ancien officier parachutiste dont le père avait déjà trouvé la mort à bord de son Corsaire usé jusqu’à la trame, éparpillé quelque part dans le matin clair au-dessus de ce qui ne tarderait pas à s’appeler le Viêt-Nam, une phrase humiliante, mais l’homme ne parvenait pas à se rappeler laquelle, il se souvenait seulement du visage exaspéré de la femme, de l’expression de ses yeux, quelque chose dans ce goût-là.

Il n’y avait plus d’hommes.

Seulement des ombres.

Tout cela n’avait plus grand sens.

L’homme se leva, alluma le tuner et l’ampli.

Désœuvré, il tripota pensivement son GP .35 et finit par le glisser dans la ceinture, derrière.

Des ombres dans la nuit. Il restait quatre minutes avant le bulletin d’informations locales.

Trois minutes.

CHAPITRE XVIII

Cheroquee portait une robe d’hôtesse en soie noire dont le décolleté mettait en valeur sa merveilleuse poitrine brune et ferme, et des mules à talons effilés. Le visage et les épaules de la jeune femme étaient très bronzés et ses yeux ainsi que ses pommettes souriaient. Elle se sentait très tentante. Schneider était rentré à huit heures dix avec Charles sur les talons, les deux policiers s’étaient occupés sur la terrasse à allumer le barbecue, Schneider avait fait griller des côtes d’agneau, seulement vêtu d’un pantalon de treillis délavé.

Cheroquee avait fait des croquettes de pommes de terre, de la salade de fruits et mis la table. Charles fumait, les pieds sur une chaise de jardin. Schneider avait branché le jet rotatif au milieu de la pelouse. Ils avaient mangé dehors, puis Charles avait pris congé.

Il faisait nuit, une nuit un tout petit peu moins accablante que les précédentes. Schneider était étendu sur un transat et fumait une Pall Mail. Il sentit la jeune femme s’accroupir à son côté. Elle avait la peau brûlante.

— À quoi penses-tu, Claude ?

— Au type. (Il tourna la tête vers son visage, délicatement modelé par la lumière issue de la baie du living, tamisée par les voilages. Cheroquee avait un beau visage mat et plein d’Indienne, elle aurait pu dire la bonne aventure sans que personne s’en étonnât. Schneider se sentit le cœur entre les dents.) Tu as écouté la radio ?

— Oui, fit la jeune femme en bougeant un peu sur les talons.

— Qu’est-ce que tu en dis ?

— Je ne sais pas. Il a vraiment fait ce qu’il a dit ?

— Oui, murmura Schneider.

— Il a dit : « Prévenez l’inspecteur Schneider… » ?

— Oui.

— La voix ne te dit rien ?

— Rien du tout…

Le poste portable grésillait dans la pénombre, quelque part derrière eux. Cheroquee enlaça les épaules du policier. Ils écoutèrent la nuit un bon moment, persuadés qu’ils entendaient la même chose, un peu de vent se leva et fit remuer le feuillage des érables, il y eut quelques bouffées miellées de tilleul. La jeune femme posa son visage contre le torse de Schneider. Elle dit :

— J’ai besoin de toi, Claude. (Plus douloureusement, elle ajouta :) Tellement besoin… Je ne te demande pas de m’aimer. Je te demande de rester. Seulement rester… Ne t’en va pas, Claude. Jamais…

Le policier écrasa sa cigarette à tâtons.

— Tu ne parles pas beaucoup, murmura la jeune femme. Tu ne veux pas me parler ?

Schneider l’écarta avec une surprenante douceur. Il était un homme en creux aussi fugitif et silencieux qu’un rêve passant — et pour certains un mauvais cauchemar. Il ne savait pas parler. Il se leva du transat, s’assit par terre à côté de la jeune femme, dont la poitrine se soulevait et s’abaissait précipitamment.

— Difficile, murmura Schneider.

Elle avait les doigts très frais et caressa les cicatrices sur le torse mince, brun et musclé. Schneider portait sur lui la trace de ses démons. Il avait un rictus amer plaqué aux lèvres, comme si le contact tendre et minéral des doigts provoquait en lui une espèce de souffrance. Il secoua la tête et répéta :

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