Jean-François Parot - L'énigme des Blancs-Manteaux

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L'énigme des Blancs-Manteaux: краткое содержание, описание и аннотация

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En 1761, le jeune Nicolas Le Floch quitte sa Bretagne natale pour entrer au service de M. de Sartine, chef des affaires secrètes de Louis XV. Devenu l'un des espions du lieutenant général de police, Nicolas va vite découvrir la cruauté des hommes et la brutalité des complots : à Paris, dans le monde du crime, tout tourne autour du jeu, de la débauche et du vol qui communiquent par d'innombrables labyrinthes. Son premier meurtre le plonge au cœur des perversités de la capitale : un commissaire corrompu, une épouse ex-pensionnaire d'une maison de plaisir, un cadavre rue des Blanc-Manteaux, un bourreau médecin légiste à la morgue de la Basse-Geôle...
Et si tout cela le conduisait trop près du roi et de Mme de Pompadour ?
Une enquête qui fait revivre le Paris du XVIIIe siècle, son atmosphère, ses rues, ses passants, ses rites, ses crimes et ses mystères.

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JEAN-FRANÇOIS PAROT

L’ÉNIGME DES BLANCS-MANTEAUX

Sur l’auteur

Jean-François Parot est diplomate et historien de formation. Pour écrire les aventures de Nicolas Le Floch, commissaire au Châlelet dans la France de Louis XV, il s’est appuyé sur sa solide connaissance du Paris du XVIIIe siècle. Le Crime de l’hôtel Saint-Florentin est le cinquième volume de cette série au succès sans cesse grandissant.

Du même auteur aux Éditions / 0/18

Les enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet

L’énigme des Blancs-Manteaux, n° 3260

L’homme au ventre de plomb, n° 3261

Le fantôme de la rue Royale, n° 3491

L’Affaire Nicolas Le Floch, n° 3602

Le crime de l’hôtel Saint-Florentin, n° 3750

À Madeleine et à Édouard

LISTE DES PERSONNAGES

Nicolas Le Floch : chargé d’une enquête par le lieutenant général de police de Paris.

Chanoine François Le Floch : tuteur de Nicolas Le Floch.

Joséphine Pelven : gouvernante du chanoine Le Floch.

Marquis Louis de Ranreuil : parrain de Nicolas Le Floch.

Isabelle de Ranreuil : fille du marquis.

M. de Sartine : lieutenant général de police de Paris.

M. de La Borde : premier valet de chambre du roi.

Guillaume Lardin : commissaire de police.

Pierre Bourdeau : inspecteur de police.

Louise Lardin : épouse en secondes noces du commissaire Lardin.

Marie Lardin : fille d’un premier lit du commissaire Lardin.

Catherine Gauss : ancienne cantinière, cuisinière des Lardin.

Henri Descart : docteur en médecine.

Guillaume Semacgus : chirurgien de marine.

Saint-Louis : ancien esclave noir, domestique de Semacgus.

Awa : compagne de Saint-Louis, cuisinière de Semacgus.

Pierre Pigneau : séminariste.

Aime de Noblecourt : ancien procureur.

Père Grégoire : apothicaire du couvent des Carmes déchaux.

La Paulet : tenancière de maison galante.

La Satin : fille prostituée.

Bricart : ancien soldat.

Rapace : ancien boucher.

La vieille Émilie : ancienne prostituée, marchande de soupe.

Maître Vachon : tailleur.

Commissaire Camusot : chef du Département des jeux.

Mauval : âme damnée du commissaire Camusot.

Père Marie : huissier au Châtelet.

Tirepot : mouchard.

Charles Henri Sanson : bourreau.

Rabouine : mouche.

Prologue

Prudens futuri temporis exitum

Caliginosa nocte premil Deus...

« Un Dieu prudent cache tout ce qui est futur sous une nuit ténébreuse.. »

Horace

Dans la nuit du vendredi 2 février 1761, un équipage avançait péniblement sur la voie qui conduit de la Courtille à la Villette. La journée avait été sombre et, à la tombée du jour, de lourds nuages avaient éclaté en pluie et en tourmente. Quiconque aurait eu l’idée improbable de surveiller cette route eût remarqué ce chariot tiré par un cheval étique. Sur le banc, deux hommes, enveloppés de capes dont les pans noirs étaient à demi éclaires par la lueur d’un méchant falot, fixaient l’obscurité. Le cheval dérapait sur le sol détrempé et s’arrêtait toutes les dix toises. Déséquilibrés par les secousses des ornières, deux tonneaux s’entrechoquaient sourdement.

Les dernières maisons des faubourgs disparurent et, avec elles, les quelques rares lumières. La pluie cessa et la lune apparut entre deux nuées, jetant une lumière livide sur une campagne envahie par les masses incertaines du brouillard. Des collines couvertes de ronciers s’élevaient maintenant de part et d’autre du chemin. Le cheval, depuis quelque temps déjà, encensait et tirait nerveusement sur les rênes. Une odeur tenace flottait dans l’air froid de la nuit, dont l’insistance douceâtre fit bientôt place à une épouvantable puanteur. Les deux ombres avaient rabattu leurs manteaux sur leurs visages. Le cheval s’arrêta, poussa un hennissement étranglé, ouvrit grands ses naseaux, cherchant à identifier la vague immonde. Flagellé de coups de fouet, il refusa de repartir.

— Je crois bien que cette carne va nous lâcher ! s’écria le nommé Rapace. Pour sûr qu’elle sent la viande. Descends, Bricart, prends-la par le mors et tire-nous de là !

— J’ai déjà vu cela à Bassignano en 1745 quand je servais au Royal Dauphin avec le père Chevert. Les bestiaux qui tiraient les canons refusaient d’avancer devant les cadavres. C’était en septembre, il faisait chaud et les mouches...

— Arrête, on connaît tes campagnes. Tords la gueule à la bête, et dépêche-toi. Vois comme il récalcitre ! s’exclama l’homme en frappant à deux reprises sur la croupe décharnée.

Bricart grommela et sauta à bas du chariot. Il toucha le sol, s’y enfonça et dut s’aider des deux mains pour tirer de la boue le pilon de bois qui terminait sa jambe droite. Il s’approcha de la bête affolée, qui tenta une dernière fois de marquer son refus. Bricart saisit le mors, mais l’animal désespéré balança sa tête qui frappa l’homme à l’épaule. Il chut de tout son long, égrenant à nouveau un chapelet d’horribles jurons.

— Il n’avance plus. On va devoir décharger ici. On ne doit plus être très loin.

— Je ne peux pas t’aider avec cette boue ; cette foutue jambe me lâche.

— Je vais descendre les tonneaux et on les roulera près des fosses, dit Rapace. En deux fois, ce sera fait. Tiens le cheval, je vais en reconnaissance.

— Ne me laisse pas, gémit Bricart, je n’aime pas l’endroit. C’est vrai qu’ici on pendait les morts ?

Il massait sa jambe blessée.

— Il est beau, l’ancien des batailles ! Tu parleras quand nous aurons fini. Nous irons au bouchon chez Marthe. Je te paierai le guinguet et la boucaneuse avec, si le cœur t’en dit ! Ton grand-père n’était pas né qu’on ne pendait déjà plus ici. Maintenant, c’est le bétail mort en ville et ailleurs. L’équarrissage, c’était à Javel et maintenant c’est à Montfaucon. Tu sens pas l’infection ? En été, quand ça tourne à l’orage, même à Paris le nez vous grouille, jusqu’aux Tuileries !

— C’est vrai que ça pue et je sens comme des présences, murmura Bricart.

— Ferme-la. Tes présences, c’est des rats, des corbeaux et des mâtins, gras à faire peur. Toute cette chienlit se dispute les carcasses. Il n’est pas jusqu’aux raclures de crève-la-faim qui ne viennent ici se tailler de quoi garnir leurs pots. Rien que d’y penser, cela m’assèche. Où as-tu caché le cruchon ? Ah ! le voilà.

Rapace en but de longues gorgées avant de le tendre à Bricart qui le vida goulûment. Quelques couinements aigus retentirent.

— Tiens, les rats ! Mais assez bavardé, prends le falot et reste avec moi, tu m’éclaireras. Pour moi, la hache et le fouet : on peut faire des rencontres, sans compter la casse prévue...

Les deux hommes se dirigèrent avec précaution vers des bâtiments qui venaient de surgir sous le faisceau de là lanterne.

— Aussi vrai que je m’appelle Rapace, voilà l’équarrissage et les cuves à suif. Les fosses à chaux sont plus loin. Des murs de pourriture sur des toises et des toises, tu peux m’en croire.

À quelques pas de là, accroupie derrière une carcasse, une ombre avait interrompu la tâche qui l’occupait quand le hennissement du cheval, les jurons des deux hommes et la lueur du falot l’avaient alertée. Elle avait tremblé, croyant dans un premier temps que c’étaient les hommes du guet. Ils patrouillaient de plus en plus souvent afin de débusquer, sur ordres du roi et du lieutenant général de police, les malheureux qui, tenaillés par la faim, venaient disputer aux charognards quelques morceaux du festin.

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