Robert Heinlein - Une porte sur l'été

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Une porte sur l'été: краткое содержание, описание и аннотация

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Daniel B. Davis s’aperçoit que sa fiancée et son meilleur ami l’ont trahi et évincé de son usine de fabrication de robots. Il décide de fuir vers l’avenir, en compagnie de son chat, Petronius le Sage, même si cela doit l’obliger à quitter Ricky, une petite fille qu’il aime tendrement.
Daniel choisit la route du « long sommeil », c’est-à-dire celle de l’hibernation artificielle. Mais son chat disparaît et c’est seul qu’il affronte le bond dans le temps. Par quel miracle, trente ans plus tard, Rocky est-elle âgée de vingt ans à peine et Petronius le Sage, présent dans ce monde du futur ?

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L’homme et la femme, l’un comme l’autre, ne portaient sur eux qu’une teinte bronzée et uniforme. Rien de plus. Et ils semblaient trouver que c’était bien suffisant ; en tout cas, ils n’étaient pas le moins du monde embarrassés.

— Procédons par ordre. Je vous ai demandé comment vous étiez arrivé ici ? (Il leva les yeux :) Votre parachute n’est pas resté accroché dans les arbres, n’est-ce pas ? De toute façon, que faites-vous ici ? Il est interdit d’entrer, c’est propriété privée. Et pourquoi un pareil déguisement ?

Mes vêtements me semblaient tout à fait courants surtout quand on considérait leurs propres costumes. Je ne répondis pas. Autres temps, autres mœurs. Je sentais que j’allais au-devant d’ennuis de toutes sortes.

La jeune femme posa une main sur le bras de son compagnon.

— John, dit-elle doucement, il me semble qu’il est blessé.

Il la regarda et me dit vivement :

— C’est vrai ?

— Je ne crois pas, répondis-je, en faisant un effort surhumain pour me relever. Quelques contusions, peut-être… Heu… pourriez-vous me dire quel jour nous sommes ?

— Hein ? Mais c’est le premier dimanche de mai. Le 3 mai, je crois.

— Écoutez, j’ai pris un terrible coup sur la tête. Je ne sais plus où j’en suis. Le combien sommes-nous, en quelle année, je veux dire ?

— Comment ?

J’aurais dû me taire jusqu’à ce que j’aie pu voir un calendrier ou un journal quelconque, mais il me fallait savoir immédiatement.

— Quelle année, s’il vous plaît ?

— Quel sacré coup vous avez dû prendre ! Nous sommes en 1970.

Son regard erra de nouveau sur mes vêtements.

J’eus peine à supporter le choc du soulagement.

J’étais à bon port. J’avais réussi ! J’avais réussi !

— Merci, merci mille fois. Vous ne pouvez vous rendre compte !…

Il eut l’air de vouloir appeler à l’aide. J’ajoutai donc avec quelque nervosité :

— Je suis sujet à des attaques d’amnésie. Une fois, j’ai perdu pied pendant cinq ans…

— Vous sentez-vous assez bien pour répondre à certaines questions ?

— Ne le tracasse pas, mon chéri, dit la jeune femme doucement, il a l’air convenable. Je crois qu’il s’est simplement trompé.

— Nous verrons. Eh bien ?

— Je me sens très bien, à présent. J’ai été un peu étourdi, mais ça va mieux.

— O.K. Comment êtes-vous venu ici ? Et pourquoi ce déguisement ?

— A vous dire vrai, je ne sais trop comment je suis arrivé là. Et j’ignore absolument je suis. Ces attaques me viennent si subitement… Quant à mon déguisement… disons que c’est de l’excentricité. Comme pour vous… La façon dont vous êtes habillés… je veux dire déshabillés…

Il consentit à sourire.

— Évidemment ! Mais il se trouve que c’est quand même à vous de donner des explications. Vous n’avez rien à faire ici, tandis que nous, nous sommes chez nous. Vous êtes sur les terrains du Club naturiste de Denver.

* * *

John et son épouse Jenny étaient de ces gens à la fois raffinés, impossibles à choquer et cordialement accueillants au point qu’ils auraient volontiers invité un tremblement de terre à prendre une tasse de thé en leur compagnie. John, visiblement peu convaincu par mes explications vaseuses, aurait aimé poursuivre ses investigations, mais Jenny le retint.

Il me lança encore un coup d’œil.

— Si je vous ramène au club, tout le monde me posera un tas de questions…

Je contemplai mes vêtements. Je me sentais vaguement mal à l’aise d’être habillé alors qu’ils ne l’étaient pas. J’avais l’impression de n’être pas très convenable…

— Dites-moi, John, croyez-vous que la situation serait simplifiée si je me débarrassais de mes vêtements, moi aussi ?

— Très bonne idée !

— Mon chéri, nous pourrions le présenter comme un invité, enchaîna Jenny.

— Humm…, oui. Va promener ta jolie anatomie, mon amour, et dis à ceux que tu rencontreras que nous attendons quelqu’un venu de… d’où dirons-nous, Danny ?

— Disons de Californie. De Los Angeles. C’est de là que je viens en réalité.

Je faillis lâcher « Grand Los Angeles » et me rendis compte que j’aurais à surveiller mon vocabulaire. Le cinéma n’était plus le « circorama ».

— De Los Angeles. Parfait. C’est tout ce qu’il nous faut. Nous n’employons pas les noms de famille, ici, sauf dans des cas exceptionnels. Vas-y, chérie. Parles-en comme d’une chose tout à fait naturelle. D’ici une demi-heure, nous nous retrouverons à la grille. Rapporte mon sac de voyage.

— Pourquoi, chéri ?

— Pour y mettre ce costume de carnaval. Il est assez époustouflant, même pour un excentrique.

Je m’élançai aussitôt vers les buissons afin de m’y déshabiller. J’avais à faire vite. Une fois Jenny partie, je n’avais pas de raison de feindre encore une pudeur excessive. Mais que faire des 20 000 dollars d’or (au cours de 1970 !) qui m’encerclaient la taille ?

Une fois déshabillé, j’entortillai mes vêtements autour de l’or, et tâchai de me comporter comme si le poids en était tout à fait normal. John Sutton lança un coup d’œil à ce baluchon sans souffler mot. Il m’offrit une des cigarettes qu’il portait dans une bandelette autour de la cheville. C’était une marque que je ne m’étais plus attendu à revoir jamais.

Je la secouai machinalement, mais elle ne s’alluma pas… Il me tendit son briquet.

— Maintenant que nous sommes seuls, vous n’avez rien de particulier à me dire ? demanda-t-il tranquillement.

Je réfléchis tout en fumant.

Cet homme avait le droit de savoir. Pourtant, il ne croirait certainement pas la vérité… A sa place, je n’aurais pas cru. Et ce serait encore pire s’il me croyait. Cela susciterait précisément ce dont je ne voulais à aucun prix. Je suppose que, si j’avais été un authentique, honnête et légitime voyageur dans le temps, engagé dans une recherche scientifique, j’aurais cherché la publicité, amené des preuves indiscutables, mais tel n’était pas le cas. Ma position quelque peu équivoque était celle d’un citoyen fourré dans une aventure sur laquelle il ne désire pas précisément attirer l’attention publique. J’étais simplement à la recherche d’une porte sur l’été, recherche que je voulais aussi discrète que possible.

— Vous ne me croiriez pas si je vous disais, John…

— Mmmm. Peut-être bien. Néanmoins, j’ai vu de mes propres yeux un homme tomber du ciel sans se faire aucun mal. Il porte de curieux vêtements. Il ne semble savoir ni où il est ni le jour de l’année… Danny, j’ai lu Charles Fort comme la plupart des gens, mais je ne m’attendais pas à rencontrer un cas semblable à ceux dont il parle. La chose étant, je ne crois pas que l’explication soit des plus simples. Alors ?

— Quelque chose dans votre façon de vous exprimer, John, me donne à penser que vous êtes avocat. Est-ce que je me trompe ?

— Non. Vous avez raison. Pourquoi ?

— Puis-je vous demander une consultation ?

— Dois-je comprendre que vous voulez me consulter à titre professionnel ?

— Si vous tenez à la formule, oui. Je vais probablement avoir besoin de vos conseils.

— Allez-y. Je vous écoute.

— Bon. J’arrive en droite ligne du futur. Voyage transtemporel.

Pendant plusieurs minutes, il ne dit mot.

— Vous avez raison, je ne vous crois pas. Restons-en aux crises d’amnésie. Ou, si vous préférez, je ne tiens pas à vous croire. Pas plus que je n’ai envie de croire aux revenants ni à la réincarnation ni à ces histoires de perception extra-sensorielle. J’aime les choses simples que je suis capable de comprendre. Je crois que la majorité des gens me ressemble. Aussi mon premier conseil sera-t-il de vous prier de considérer toute cette conversation comme nulle et non avenue. (Il se retourna :) Je pense qu’il serait bon que nous brûlions ces vêtements. Je vous trouverai autre chose à porter. Sont-ils combustibles ?

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