Frédéric Dard - J'suis comme ça

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J'suis comme ça: краткое содержание, описание и аннотация

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Y'en a d'autres qui sont autrement, mais moi, que voulez-vous, j'suis comme ça !
Vous le savez, je suis habitué aux coups les plus durs et les plus vaches.
Mais celui qui m'arrive sur le coin de la hure est le plus bas que j'aie jamais encaissé : ON A KIDNAPPE FELICIE !
Si vous n'avez jamais vu un San-Antonio féroce, un San-Antonio effrayant de colère, vous allez être servis.
Avec Béru, on s'est bien juré que le premier des ravisseurs de ma mère qui nous tombera sous la paluche aura droit à une concession au Père-Lachaise…
Qu'on se le dise !

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Ledit regard s’abaisse progressivement, grâce à un système de treuil, jusqu’au rectangle imprimé qui lui est proposé.

Son expression me prouve qu’il lit parfaitement le français car il cille drôlement.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demande-t-il avec un accent bizarre.

— Vérification d’identité ! dis-je, voulez-vous monter dans notre voiture, je vous prie ?

Il a un mince sourire de l’espèce protectrice.

— Pas du tout. Je veux bien vous montrer nos passeports, mais je ne vois pas la nécessité de monter pour ce faire dans une auto.

Entre nous et le reste je suis un peu t’embêté car je n’ai pas le droit d’embarquer un citoyen, surtout étranger, sans mandat. Et je vous parie une course de chevaux contre un portrait de Fernandel que ce Monsieur le sait et entend user de ses droits.

Son pote lui pose une question dans un dialecte auquel je ne comprends rien. M’est avis que ça n’est pas du suisse allemand ainsi que je le pensais primitivement. C’est de l’europe centralien.

Le blond aux lunettes donne une ligne d’explications à son acolyte, lequel nous balance une œillade acérée.

— Je vous somme de monter dans cette voiture ! répété-je en enfouillant ma carte.

Cette fois assez plaisanté, les potes. J’en ai classe de me laisser manœuvrer par cette organisation fantôme. Pour une fois qu’elle est moins fantôme, il s’agit de trouver l’ouverture et de foncer. S’ils ne veulent pas monter de bon gré, ils monteront de mal gré.

— Et moi je vous prie de ne pas insister, riposte l’enfoiré. Si vous insistiez, Monsieur le commissaire, vous vous attireriez beaucoup de gros ennuis.

— Moins gros, certainement que ceux qui vous attendent ! Suivez-nous !

— Non !

C’est alors que, perdant patience, la tête et toute prudence, le fantasque Bérurier prend les choses en main, comme disait un médecin de mes relations, spécialiste des maladies vénitiennes.

Il tapote l’épaule du blond. Ce dernier, surpris par cet attouchement qui se manifeste sur sa face nord, se retourne et mon Béru lui met une mandale que la fédération de boxe n’a jamais homologuée. Il s’agit d’un coup de poing, natürlich, mais d’un genre particulier.

Cela part de bas en haut en décrivant un mouvement en vrille. C’est accompagné d’une rotation de tout le corps, d’une pesée de tout l’individu et, comme le bicarbonate, c’est destiné à l’estomac.

Le doré à lunettes blondes pousse un cri d’indien sur la route Nationale de la Guerre. Quelque chose comme « Hug, mon frère au visage pâlot » et il tombe à genoux. Réaction du copain ?

Très curieuse. Le zig à la casquette sort un flingue à canon long commako. Du chouette bijou pour soirées mondaines. Et ça n’est pas un modèle d’exposition. Il s’en sert, le salingue. Faut le voir défourailler à toute vibure.

Zim-boum-boum, ça claque par trois fois. Bravissimo qui est prompt comme les clercs lui a heureusement mis une manchette sur le bras. Néanmoins une balle atteint notre pote Mathias qui vacille.

Ça fait un drôle de cri chez tous les empannés du secteur. Les dames hurlent ! Les gosses pleurent ! Les messieurs s’accroupissent derrière leurs tableaux de bord. Notre mitrailleur comprend qu’il n’aura pas le dessus et il s’élance à travers champs.

Mais Béru n’est pas une lavasse. Il a défouraillé dans l’intervalle et son composteur se met à fonctionner. Lui aussi crache trois valdas bien ajustées. L’homme à la casquette fait une cabriole de lapin et culbute dans les labours.

— Mets les poucettes à l’autre ! crié-je au Gros en courant vers sa victime.

Lorsque je me penche sur le mitrailleur, je ne puis que constater le décès. Il en a bloqué une avec le bulbe rachidien, ce qui est mauvais pour le calcul mental. Je le fouille. Dans ses poches je trouve un passeport délivré par la République de Pleurésie [3] Cet État ne figure que sur mon Atlas personnel. Du moins sous ce nom. Il en a un autre qu’une légitime prudence me recommande de ne pas révéler. au nommé Léleska Cétesky, 46 ans, natif de Morovak. Son portefeuille contient du fric français, du pognon suisse, de l’artiche américain et du pognon anglais. Ce monsieur pouvait changer de patelin sans être démuni.

Je rafle le blot. Puis je reviens à la Nationale qui prend des allures de kermesse.

Les rois du volant qui se morfondaient n’en reviennent pas de ce film de suspense. Ça jacasse ferme. Les dames glapissent que c’est horrible ; les enfants mugissent qu’ils ont les chocottes ; et leurs papas les rassurent en leur disant qu’ils sont là !

— Comment ça se passe ? demandé-je à Mathias.

Il est torse nu et Bravissimo examine sa blessure. Plus de sapeur que de mâle, comme disaient les Milanaises lorsque les troupes de Napoléon the first radinaient.

D’ailleurs le diagnostic de Béru est formel :

— La balle a traversé en acétone, explique-t-il. Elle lui a frôlé la glande tyrolienne de l’épaule sans toucher l’homme aux plates.

On désinfecte avec un flacon de cognac obligeamment prêté par une dame généreuse. Le Gros en profite pour se désinfecter les amygdales qu’il a encrassées.

Je cherche Bravissimo du regard. Je m’aperçois qu’il s’est occupé du blond à lunettes d’or.

— Barrons-nous ! soufflé-je aux portugaises de mes deux autres troupiers.

Afin de calmer les anxieux, je leur montre ma carte et j’explique que l’homme abattu est un malfaiteur international.

Une fois dans la camionnette je sonne les. gendarmes pour leur raconter le rodéo, et je leur demande de faire fissa.

— Je démarre ? demande Bravissimo.

— Vas-y. Roule jusqu’à notre autre bagnole, j’espère que les dépanneurs l’auront rechaussée.

Béru et moi nous encadrons le type blond.

— J’ai fouillé la Carmen, m’avertit Bibendum.

— Quelle Carmen, il y avait une femme avec eux ?

— Leur bagnole, quoi !

— Tu veux dire la Mercédès ?

— Ouais, fais excuse, se renfrogne l’Enflure, je cause pas espagnol.

Le blond a repris ses esprits. En un tournemain, j’ai ratissé son passeport. Comme son défunt camarade, il vient de la Pleurésie. Lui se blaze Errare Humanumest et à la rubrique profession, j’ai la surprise de lire « diplomate ».

Je montre au Gros.

— Moi je fume que ça après les banquets, rigole ce refuge de la couennerie humaine.

Je saisis Humanumest par la tignasse pour l’obliger à tourner la tronche vers moi.

— Je crois que nous allons bavarder, lui dis-je. Nous avons des tas de choses à nous dire.

— Moi je ne crois pas, rétorque-t-il sans se départir de son flegme.

Long regard éloquent du Gros qui s’y connaît en hommes et qui a déjà compris que nous sommes tombés sur un coriace.

J’appelle Bravissimo.

— On est encore loin de ma chignole ?

— Non, la voici.

— O.K.

Nous stoppons et je décide :

— Nos pistes s’écartent, les gars. Bravissimo va emmener Mathias au prochain hôpital qui doit être celui de Saulieu, ensuite il rentrera sur Pantruche.

« Moi, je reste avec Béru et le client jusqu’à ce que nous ayons eu ensemble une conversation sérieuse, car j’ai une petite idée…

— Une fois n’est pas coutume, plaisante Bérurier-la-Noix qui aime assez user de mon esprit lorsque l’occasion se présente.

Poignées de pognes. Transbordement jusqu’à la 15. Je me mets au volant, le Gros et Humanumest s’installent à l’arrière.

Désireux de fuir pour un instant la civilisation, je chope un petit chemin de terre à quelques encablures. Celui-ci est sillonné d’ornières profondes et notre embarcation tangue beaucoup, mais le chemin mène à un bois accueillant où nous pourrons bavarder à loisir avec notre prisonnier.

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