Frédéric Dard - À prendre ou à lécher

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À prendre ou à lécher: краткое содержание, описание и аннотация

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On navet jamais vu ça.
Ben maint'nant on l'a.
Et croye-moi, on a eu chaud aux plumes.
L'péril jaune, merci bien : j'sais à présent d'quoi t'il retoume !
Quant aux p'tites gonzesses de Bangkroche, tu r'passeras ! Pas une seule qui fusse t'à ma pointure !
C't'un monde ! Comme j'dis : « Quand on veut faire pute professionnelle, faut s'assurer au prélavable qu't'es capab' d'héberger l'aillent ; même quand y l'est monté comm' un seigneur, dont c'est mon cas ; qu'autrement sinon ça d'vient d'l'abusement d'confiance, moi j'trouve.
Enfin, viens quand même av'c nous en Taillelande ; si t'aimes pas le bouddha, on t'fera faire des massages. Alexandre-Benoît Bérurier.

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Il a l’air finaud, Bérurier, sur le ringe, avec les deux petits boxifs ahuris et l’arbitre k.o. à ses pieds ! Ah, l’Enflure ! Inconscient dans ses élans. Spontané jusqu’à la témérité. Il pavoise, brinde à la foule. Je crois même, dans le brouhachose, l’entendre péter d’allégresse. Oui : il louffe de satisfaction souveraine, le Chérubin.

Et les deux motards l’aperçoivent et s’empressent.

Que force m’est d’invernir aussi.

De la manière suivante : deux points à la ligne.

Je m’annonce en voltige au pied du praticable. Je cloque une manchette à la nuque du second poulardin. Ça lui fait un effet bœuf. Il tombe, le nez sur les marches.

Le premier a dégainé et menace Béru par-dessus les cordes. Je le cramponne par une cheville et l’arrache. Il se télescope la gogne contre l’estrade, houla houlalala.

— Taillons la route ! crié-je à mon pote.

Ce qu’il y a de bon, avec LE public, c’est qu’il accepte argent comptant ce qu’on lui propose. Il croit toujours, LE public, à l’infaillibilité du programme. Sur scène, un acteur peut réciter une fable de La Fontaine en pleine tirade du Cid (U.N.A.T.I.) ou bien les stances à Sophie, se déculotter, déféquer dans le piano ou autre, il continue d’applaudir, LE public. Bravo, bonno ! Encore !

Là, pas un instant il ne doute que c’est du textuel, very serious . Non : il acclame. Viva ! Bien réussi, supergags ! Encore ! Again ! Again !

On disparaît sous les ovations.

On furque, on bifurque. Et puis on aperçoit un car de police. On rebrousse, on débrousse. Faut se garer des taches. Vite, vitissimo !

— Par ici ! me crie le Mastar.

Il vient d’apercevoir la montreuse de crocodiles, assise sur le pas de la porte d’une roulotte automobile, plus plantureuse que jamais dans un peignoir de soie à ramages, à marrage et à amarrage.

Mon pote se présente à la personne :

Good après-midi, my bioutifoule Mistress ! il lui gazouille. You permette-me qu’j’déballe mes outils ?

Il entre.

Moi pareil.

— Refermons la porte, à cause des mouches, dit-il. L’obèse pue le rance, le musc, le parfum d’épicerie de campagne. Notre intrusion la déconcerte.

Le gars Béru me désigne, puis se montre, poitrine bombée, se la martelant du poing.

Voui are des touristes, ma pretty ! Your numérous is very superbus. Canne you me brin’quer un orthographe for my collection ?

Chose impétueuse (je voulais écrire impensable, et puis le mot impétueux m’est venu, alors j’ai respecté ce jaillissement) : la chère femme comprend la requête du Mammouth.

Elle prend un bloc de correspondance, une pointe chinetoque (y a pas de bic en Extrêmorient) et se met à tracer : une petite pagode, un tréteau, un épouvantail stylisé, une bannière de procession, un panneau signalant du verglas sur la route, des virgules de chiottes publiques, un hippocampe, une autre pagode un peu plus confortable que la première, un poste de télé surmonté de son antenne, une tente coiffée d’un drapeau, un vélo sans roues, une baguette de sourcier, une braguette de sorcier, une plaquette de saucier et le signe pi.

Avec un beau sourire pareil à une raie du cul à l’horizontale, elle tend ce texte au Gros.

— Cinq sous véru moche, remercie mon faire-valoir. Je vérifille pas s’il y aurait des fautes, mon trognon.

Il s’approche du sujet et le prend dans ses bras. La femme est tellement surprise qu’elle parvient à soulever tour à tour ses sourcils et ses paupières. Un bref instant nous avons le privilège de voir ses yeux qui ressemblent à deux noyaux d’olives noires dans un compotier empli de crème vanille.

— Tu sais qu’t’es plutôt mon genre, mon trognon ? susurre le Câlin.

Ses mains s’égarent. Il les répartit sur tout le pourtour de la dompteuse de sac Hermès. J’en vois une sur la croupe, une autre au balcon, une troisième entre les cuisses, une quatrième dans le cou…

— J’m’en ressens pour toi, ma gosse, poursuit le Mastar. Sana, soye gentlemant, mon gars, détourne-toi, pas l’intimider ; ell’ est p’t-être encore jeune fille, cette vachasse, après tout. Faut pacifier les appâts rances.

Afin de lui donner satisfaction, je vais m’embusquer au petit fenestron de la roulotte.

Une opération de grande envergure se développe sous mes yeux. Les bagnoles de police ne cessent d’arriver et prennent position au centre du parc d’attractions (avant).

Les poulets fourmillent, maintenant. Par escouades, ils se mettent à explorer les environs, les abords, les pourtours, les parages. Quand ils vont passer aux détails, on risque d’être coincés dans la pagode roulante à miss Croco.

Heureusement, Bérurier est en train de la gagner à notre cause.

Il souffle, il s’évertue…

Il fait si bien qu’il déracine, celui de qui la tête au ciel était voisine…

Tant qu’à le voir triquer avec un tel visage… Elle a poussé un cri, la montreuse, lorsque lui-même s’est mué en montreur, pour lui montrer, non pas un saurien, un reptile, ou un aurochs adulte, mais l’éléments clé de sa virilité.

Oui : un grand cri pareil à un Stuka de la Dernière fonçant en piqué sur les troupes anglo-franco-anglaises [6] Je dis anglo-franco-anglaises vu que les Anglais se tiraient les premiers. pliant bagages à Dunkerque.

Elle tombe à genoux dans sa roulotte, faisant tanguer celle-ci. Le Mastar croit que c’est pour une bonne manière, en fait c’est pour une action de grasse. La montreuse qui appartient à la secte des Jak Chi-Brak vénère le paf. D’ailleurs, il existe une statuette de phallus sur une espèce de sorte d’autel aménagé dans un coin de sa maison roulante. Des petites ampoules multicolores lui composent un arc de lumière et, partant, de triomphe.

Le chibre en question est en bois de goumier. Il est de la taille de mon poignet, à peu près, avec une jolie tête pimpante qui semble coiffée d’un casque helvétique.

Mais c’est de la gnognotte de sansonnet en comparaison de celui de Sa Majesté. Aussi, la dame aux crocodiles plonge-t-elle recta en semi-catalepsie en découvrant ce que Mister Bigzob vient de lui déballer de son bénouze.

Elle se prosterne en marmonnant des litanies du Docteur Gustin. Et puis risque deux doigts du milieu de la main, ceux dont le sens tactile est le moins développé, par respect pour la chose ainsi proposée. Se reprosterne, et récite à fond de train une série d’oraisons (dont elle a l’âge).

Ces démonstrations ne font pas l’affaire du Dodu, lequel aspire à un épanchement franc et massif. Magnanime, il oblige le petit sujet à se relever, lui désigne son lit-grabat. Enfin, avec une belle autorité de mâle habitué à être comblé, il ouvre à doubles battants les portes de la félicité. Las, pour énorme qu’elle soit, la chère personne n’en n’est pas moins étroite du centre d’hébergement. Comme précédemment, il ne reste plus à Béru qu’à trouver un torchon pour essuyer son échec. Mais sa tentative généreuse a porté le comble aux transports spirituels de Madame. Elle se remet à genoux, invoque, psalmodie, titube du verbe et du regard, flatte de la main onctueuse, récite, propose une indicible ferveur.

Bérurier soupire :

— Bon, pisque t’es pas apte à limer, donne-nous au moins à bouffer, ma gosse !

Il traduit en anglais, puis en gesticulant moderne. La poupée gonflable nous déballe alors des nourritures équivoques, très féculentes, qui malodorent selon moi, mais sur lesquelles néanmoins nous nous jetons car nous sommes à la limite de l’épuisement.

Elle nous prend pour des messagers du dieu Chibrak descendus sur la terre. Se répand en vivats rectaux, à la mode de Kan : trois pets brefs, un pet long.

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