Frédéric Dard - Princesse Patte-en-l’air

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Princesse Patte-en-l’air: краткое содержание, описание и аннотация

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J'ai encore jamais tringlé dans la famille royale britannique, mais je suis convaincu que tu ne peux pas y trouver une princesse aussi habile tireuse, aussi survoltée du réchaud que celle de ce book !
Et pourtant, des chaudes de la craquette, y en a eu, y en a, et y en aura encore aux alentours de Buckinguam Palace ! Des terribles, malgré leurs chailles qui traînent par terre ! Des qu'ont la coquille Saint-Jacques large comme l'entrée de Westminster Abbaye, avec plein de capitaines de horse-guards batifolant du bonnet à poils entre leurs jambons ! Mais la mienne de princesse, pour ce qui est de l'entonnoir à chibres, elle est médaille d'or. Plus forcenée de l'arrière-boutique tu meurs !
Du reste, telle qu'elle est, tu meurs aussi !
Parce que cette princesse-là, elle collectionne les coups de braque, mais pas les amants ! Style Marguerite de Bourgogne en sa tour de Nesle, si tu vois le genre ?
Cela dit, faut que je t'avoue une chose : c'est pas une vraie princesse.
Et que je t'avoue encore une deuxième chose : c'est pas une vraie princesse, mais c'est une vraie salope !
Est-ce que je me fais bien comprendre ?

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Il paraît surpris.

— Où allons-nous ?

— Je vais vous faire passer par derrière afin que vous n’eussiez pas à subir dès l’arrivée l’assaut des invités, dis-je ; ils sont tellement impatients de vous voir !

Et j’ajoute :

— Avez-vous remarqué la couleur de la lune, ce soir, Mister Yamonoto Kadémaré ?

Il lève la tête afin de chercher son sosie dans le ciel. Je profite de cette somptueuse ouverture pour lui rectifier le menton d’un crochet capable de défoncer le galandage d’un hôtel de passe. Yamonoto rentre en lui-même et se dépose sur le trottoir.

— Ça consiste en quoi ? demande Bérurier.

Flegmatique comme un Anglais, le gros sac.

— Faut me ligoter ça à bloc et me le bâillonner au point de le rendre muet de naissance.

— N’ensute ?

— On le coltinera chez Maldone, du moins dans un des massifs du jardin. La nuit est douce, il ne s’enrhumera pas.

— Ça s’appelle pas des voix de fête, ce qu’on bricole là ? demande le Gravos.

— Si. Pourquoi ?

Elle vient déponner de rechef. Vue de très près, elle est fabuleusement bandante, la Sonia.

Tu crois que je mens ?

Tiens, touche ! Hein, alors ? Tu crois qu’il s’agit d’une prothèse, Blaise ? D’un gode égaré ? D’une aubergine de passage dans mon froc ? Elle te culmine le sensoriel d’un simple regard, cette frangine. M’est avis que feu Albéric a dû s’en trimbaler des géantes, façon élan du Grand Nord.

Elle regarde le gros mec à la cape noire qui se tient devant elle, puis Pinuche, puis moi.

J’interviens :

— Monsieur Yamonoto Kadémaré est consterné par le fâcheux retard de notre avion, dis-je.

— Ça c’est vrai, ça, renchérit Béru qui tient le rôle.

— Je ne savais pas que vous seriez trois ! murmure Sonia.

— Cela ne doit entraîner aucune modification dans vos préparatifs, empressé-je, nous dormons dans la même chambre. Nous sommes les assistants psychotesteurs du Maître et ne le quittons jamais.

— Ça c’est vrai ça, redit Bérurier.

Elle nous fait pénétrer dans la somptueuse maison. Un brouhaha mondain s’échappe du grand salon. On voit fourmiller des ombres élégantes à travers les carreaux biseautés des portes vitrées.

— Je suppose que vous souhaiteriez vous laver les mains avant la séance ? s’enquiert l’hôtesse.

— Ça c’est vrai, ça, réitère Alexandre-Benoît, greffé perroquet.

En montant l’escadrin, je lui chuchote dans la baffle :

— Fais gaffe ; l’accent canadien n’est pas celui de la Mère Denis !

— Et maintenant, tu es censé opérer une séance d’hypnose, sais-tu en quoi cela consiste, au moins ? je demande au Mammouth.

— Tu me prendrais-t-il pour une truffe, grand ? J’mate l’patient pleins phares. J’prends un’ voix surnaturelle et j’y s’rine un ord’ jusqu’à tant qu’il m’obéissât.

Il réfléchit.

— D’alieurs, v’sallez m’aider, les deux. Le gusman à chambrer, j’vais l’ faire se s’asseoir d’vant une tenture. V’s’rez derrière. Quand j’y aurai fait des passes magnétites en y disant d’dormir, vous y cloquez à la sournoise un coup d’contondant su’l’caramel.

— Et s’il n’y a pas d’tenture ? objecte Pinaud.

— J’ f’rai sans !

Présentations au « mage ». Son Excellence, l’ambassadeur des Pays-Bas (extrêmement bas) et médème ; le docteur Chioli de l’Université des Sciences abruptes de Rome et la signora ; le comte Hambank, de Hanovre, et sa fille ; le peintre Dizzi Kisgrouïe, de New York, l’inventeur de l’expression sur tessons de bouteilles, accompagné de son modèle préféré, la belle Utérus de Cabinces ; Mme Bourrafon, une riche veuve d’origine française, et sa dame de compagnie. Enfin, Martin Maldone, bien sûr, beau sexuagénaire aux cheveux rares mais blonds, au regard pervenche, ainsi que son épouse Kamasutra-Solange, une splendide Hindoue qui porte un tatouage au front et un diam’ d’au moins dix carats à la narine droite qui fait songer à un furoncle étincelant.

Martin Maldone nous congratule. Il dit au mage que sa « modeste demeure » (tu parles, Charles !) est à sa disposition, qu’il le remercie vivement d’avoir accepté la proposition de leur club et tout ça, et le reste, très classe, bêcheur un brin, seizième déclaveté, si tu vois le genre ?

On nous propose du champagne, des petits fours. Le bonheur du mage fait peine à voir. Il biche le plateau des mains du serveur, s’installe dans un fauteuil en le tenant sur ses genoux qui peuvent avantageusement remplacer une table, et se met à détruire les amuse-gueules méthodiquement, les engloutissant par rangées : les toasts au caviar, ceux au saumon, ceux aux œufs mimosa, ceux aux anchois, ceux à l’anguille fumée. Il vide sa coupe à chaque bouchée, la tend au loufiat qui, ayant pigé la manœuvre, demeure en faction auprès de lui, le magnum de Krug à la main.

Moi, pendant ce temps, je fais la converse. Je parle des connaissances inouïses de Mister Yamonoto Kadémaré, ses exploits, sa modestie, sa complète décontraction. Faut pas craindre de baliser.

Lorsque l’intéressé s’est enfin sustenté, il rend le plateau vide, rote comme un lion en rut, époussette les miettes qui le saupoudrent et se lève.

Il est pompette, Béru, ce qui ne laisse pas de m’inquiéter.

— Mesdames les enlaidies et messieurs les gentelmants, commence-t-il, j’tiens à c’que l’espérimentation dont j’sus venu faire ici portasse ses fruits. Aussi, j’va-t-il solliciter à chacun et même à chacune d’laisser flotter les rubans. Faut qu’on va tous s’sentir bénaise, mes chers amis, si on voudra obtiendre du résultat. C’est pourquoive, j’vous d’mande d’ déconnectionner. Posez-vous pas de problo. Si les esclaves voudront bien s’retirer, qu’on restasse ent’ nous.

« Voilà, y caltent. Banco ! Maint’nant, mes assistants, les professeurs César et Antonius va tirer un canapé d’vant la lourde, pas qu’on soye interrompus. C’est slave ! Bravo, mes amis. Si vous voudriez éteind’ les loupiotes qu’on baignasse dans les pénombes… Voualâ ! Attendez, on bornique d’trop ! Rallumez-moi c’te petite lampe friponne, là-bas, su’ la ch’minée. L’abat-jour rose doive donner une p’tite clarté appropriante. Mercille, professeur César ; v’s’avez presque l’air d’un bel homme dans cett’lumière délicate. »

Chose étrange, il paraît « habité », le Gros, en cet instant de haute saugrenance. Les hommes, y a qu’à les investir pour qu’ils se transcendent. Tu fais Truman Président des U.S.A. et il te carbonise Hiroshima ; t’élis Jean XXIII pape pour, vraisemblablement un bref intérim, et il te refond l’Église. La « mission », y a que ça qui leur remue le cul ! Fais-les plus grands qu’il ne sont et ils le deviennent pour tout de bon ! Lui, tu lui dis : « T’es mage » et IL EST mage ! On lui assure : « T’as the don », et il fait comme si ; il donne à croire, à accroire ; convainc !

Le voilà debout, dos à la porte barricadée, surveillant son auditoire en attente qui trempe dans la pénombre. On espère tout de lui, alors il peut tout se permettre. C’est une circonstance privilégiée.

Il dit, d’une voix morte qui ne lui ressemble pas :

— J’en voye une certaine de parmi vous qu’un malheur guette. J’ai l’regret d’y annoncer un deuil !

Il s’approche de Sonia, pose sa dextre sur les yeux de la jeune femme. De son autre main, il lui parcourt le corps : seins, ventre, pubis, en murmurant :

— Mouais, mouais… Mais l’malheur s’ra bien supporté.

Je contemple la Wesmüler. Elle est pâle, stupéfaite. Y a de l’incrédulité épais comme ça sur ses traits. Ma pomme qui pense si merveilleusement, au point que Blaise Pascal, à mon côté, aurait paru demeuré profond, je me laisse forcer par une évidence : Sonia est au courant de la mort de son vieux . Que ce mage y fasse allusion aussi directement l’étourdit de surprise. Ainsi, ce gros homme a-t-il véritablement un don de voyance ? Ah ! fabuleux Béru, connard madré qui sait si tant admirablement et d’instinct faire montre d’à-propos. D’emblée, il gagne son hôtesse à sa cause !

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