Frédéric Dard - San-Antonio chez les Mac

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San-Antonio chez les Mac: краткое содержание, описание и аннотация

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Connaissez-vous Stinginess Castle ?
Au fin fond des Highlands, en Ecosse, ce château se dresse sur une colline dans les brumes britanniques.
Un nouveau fantôme le hante depuis quelques temps. Et un fantôme de poids ! Il a pour nom BERURIER !
Et si vous saviez ce que le Gros et votre valeureux San-Antonio magouillent dans ce château de cauchemar, vous en auriez la chair de poule. Un renseignement : si vous entendez un craquement dans la pièce d'à côté pendant que vous lisez ce chef-d'œuvre, ne cherchez pas, c'est le fantôme de quelque Mac !

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— Ne touchez à rien ! enjoins-je.

Madame Hector est une petite vioque grassouillette avec une poitrine comme celle d’un pigeon. Elle a une merveilleuse verrue à aigrette sur le nez et elle pleure en faisant un bruit de pneu qui se dégonfle.

— Allons dans le hall, décidé-je.

Je referme la lourde.

Étrange société que la nôtre, mes frères ! Je les contemple tous les trois et je ressens une vague envie de rigoler. Ils sont cocasses.

— Vous êtes combien de domestiques ici ?

— Quatre, dit Albert. Il ne manque que ma femme.

— Allez la chercher !

Il s’éclipse.

— Vous êtes la cuisinière ? je demande à la femme du portier.

— Oui.

Hector murmure :

— Autrefois j’étais brigadier de gendarmerie.

Pourquoi ce renseignement ? Est-ce pour me fournir une attestation de moralité ? Est-ce pour me montrer qu’il est un peu de la partie et qu’étant données les circonstances…

— Dans la soirée, M. Olivieri a reçu des visites, n’est-ce pas ?

— Mais non, personne, affirment en chœur les conjoints.

— Enfin, bon Dieu ! Il n’a pas été trucidé par téléphone !

Le gardien secoue la tête avec une véhémente obstination.

— Personne n’a sonné, personne n’est entré. Ou alors y aurait fallu que ça soye en passant par-dessus la grille, et vous avez peut-être remarqué comment qu’elle est pointue ?

— Il y a une autre entrée, ici ?

— Celle du service.

— Qui se trouve ?

— Derrière la maison. Vers l’office.

— Quand Albert et sa femme sont allés au cinéma, ils sont passés par où ?

— Par le service, naturellement.

Les intéressés rappliquent. La femme de chambre est une blondasse à la figure consternée de taches de rousseur (Béru dixit). Elle cache dans les plis arachnéens d’une chemise en nylon transparent deux seins en goutte d’huile qui ont tendance à se faire la paire !

— Mais, c’est pas possible ! Je ne peux pas le croire, fait-elle. Où est-il, je veux le voir !

— Un moment ! coupé-je.

Elle m’avise, se ravise, et salue d’un petit hochement de tête effarouché.

— Lorsque vous êtes sortis tous les deux, attaqué-je, vous avez pris par la porte de service. L’avez-vous refermée derrière vous ?

— Naturellement, proteste Albert.

— À clé ?

— Ben voyons…

Son épouse légitime et marquée de roux lève le doigt comme une écolière demandant la permission d’aller au petit endroit.

— Oui ? invité-je.

— Je voudrais vous dire une chose : lorsqu’on est revenus, la porte n’était pas fermée à clé. J’ai rien dit à Albert pour ne pas me faire enguirlander, car j’ai pensé que c’était p’t’être moi qui avais oublié de fermer en m’en allant. Mais je suis sûre que non maintenant !

Elle apporte de l’eau à mon moulin, cette nana. Je la remercie d’un sourire bienveillant qui la trouble jusqu’en ses profondeurs.

Olivieri a, dans le courant de la soirée, reçu un coup de fil de gens qu’il voulait recevoir clandestinement. Il les a fait entrer chez lui par le service afin de ne pas attirer l’attention du gardien et de sa femme. La visite s’est terminée par son assassinat et les visiteurs sont repartis par le même chemin, en tirant seulement la porte sur eux.

— Parfait, murmure l’éminent San-Antonio (l’éminent se grise) maintenant nous allons changer de chapitre… Votre maître était amateur de whisky, à ce que je crois ?

Ils me regardent, éberlués, car ma question en un pareil instant est vraiment saugrenue.

— Oui, assez, se décide enfin Albert.

— D’où recevait-il ce whisky ?

— Directement de la fabrique. Il avait un amis écossais qui le lui fournissait. Je crois qu’il le payait moins cher et qu’il le trouvait meilleur que les autres marques.

— J’aimerais voir ce whisky…

Albert hoche la tronche.

D’un pas silencieux, il va au salon et revient avec une bouteille de Mac Herrel à peine entamée. J’ôte le bouchon et je goûte l’alcool. Celui-ci est de bon aloi, pas d’erreur.

— Il n’y en a pas d’autre ?

— Si, à la cave… On nous en a livré la semaine dernière.

— Qui ?

— La S.N.C.F…

— Eh bien ! Allons à la cave.

Ils pigent de moins en moins, ces braves mecs.

À deux heures du mat’ un flic les réveille, leur fait découvrir l’assassinat de leur patron, puis sans plus s’occuper du meurtre se met à leur parler de whisky… Avouez que c’est un peu beaucoup pour des videurs de pots de chambres à gages ?

C’est toujours Albert, le grand, le gourmé Albert qui me pilote.

Nous passons par l’office, descendons un escalier de pierre et déambulons au sous-sol. La cave à vin est fraîche, voûtée, bien rangée. Sur tout un côté de vénérables bouteilles font dodo dans leurs casiers répertoriés. Dans le fond s’empilent des caisses de champagne et de liqueurs.

Albert se cabre brusquement, comme tout à l’heure dans le bureau, lorsqu’il a découvert que son patron avait avalé son extrait de naissance.

Il me bigle péniblement comme s’il ne se rappelait plus l’orthographe de son blaze.

— Et alors, fais-je, vous avez des vapeurs, Albert ?

— C’est insensé, dit-il…

— Quoi donc ?

— Tout à l’heure, il y avait quatre caisses de scotch ici et elles ont disparu !

Je lui saisis le bras.

— Vous dites, mon cher baron ?

— Je vous jure que c’est la vérité, monsieur le commissaire. Je suis descendu avant le dîner pour chercher une bouteille de Bourgogne et elles y étaient… Là, vous voyez… [3] Peut-être serez-vous surpris par l’abondance des points de suspension dans ma prose ? C’est une preuve de confiance que j’accorde à mon lecteur.

Là, c’est du vide. Un carré de terre où l’on distingue les traces laissées par les angles d’une lourde caisse qu’on a traînée.

— Ces caisses étaient ouvertes ?

— Une seule. M. Olivieri avait offert six bouteilles de whisky à un de ses amis.

— À M. Petit-Littré, l’éditeur ?

L’esclave ouvre des vasistas grands comme des ronds de serviette.

— Comment le savez-vous ? balbutie-t-il.

Un sourire mystérieux est ma réponse.

CHAPITRE III

Dans lequel je prends une grande décision et un gros coéquipier

Quatre heures ! Et le Vioque est là, dans la lumière verte de son réflecteur de bureau, impec, rasé, cravaté, manucuré, amidonné, attentif.

Je viens de lui faire un compte rendu minutieux des événements et il est songeur. Il y a de quoi.

— En somme, résume-t-il, cet Olivieri avait reçu des bouteilles de scotch contenant de l’héroïne. Il l’ignorait puisqu’il en a offert à un ami. Les bouteilles en question servaient à la contrebande de ce stupéfiant ?

— C’est évident, Ceux qui les réceptionnaient devaient ensuite récupérer l’héroïne grâce à quelques combinaison chimique que Favier se fera un plaisir de nous expliquer. Peut-être en faisant évaporer le whisky ? Ou peut-être aussi les drogués absorbent-ils le whisky tel que, ce qui corse l’effet ?

— C’est génial, admet le Tondu en se caressant la coupole.

Il y a un silence.

— Poursuivons notre raisonnement, décide le Dabe, ces caisses de whisky truqué ont été envoyées à la suite d’une erreur à Olivieri.

— Les contrebandiers se sont aperçus de la méprise et ont voulu les récupérer. Les choses ont mal tourné pour Olivieri. Ils l’ont tué et se sont emparés des caisses.

Dans le fond, l’affaire est simple à piger.

— Cette histoire concerne le Yard, soupire le Vioque avec regret, je téléphonerai au chief inspector Morrisson sitôt qu’il fera jour.

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