Frédéric Dard - San-Antonio polka

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San-Antonio polka: краткое содержание, описание и аннотация

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Sans vouloir me vanter, vous savez bien que je suis suffisamment sublime pour ne pas avoir besoin de me faire mousser, je suis un skieur de first quality. Selon Béru, je possède à fond la technique du « sale-homme géant », du « Juliénas léger » et du « rapage contrôlé ».
Et c'est peut-être grâce à ces qualités que j'ai pu éviter une catastrophe nationale !
Comment ?
Entrez dans la danse et vous le saurez. Et en avant la polka de San-Antonio.

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A l'extérieur le combat fait rage. On joue Alamo à tarif réduit.

Et zirn ! Et boum ! Et paf ! Et toc !

Prière de recracher les noyaux après usage !

Les trois assaillants viennent de ramasser la valise rouge. Vachement heureux de l'aubaine et pigeant qu'ils n'auront pas gain de cause et que le Fort-Apache de nos espions est bien défendu, ils refoulent, lestés de la valise, jusqu'à leur auto-chenille. Ils doivent se dire qu'ils n'ont pas fait le voyage pour rien, vu qu'ils ne se sont pas encore aperçus qu'il s'agit de talbins de la Sainte Blague. D'autant plus qu'une voix de store (comme dit Béru) hurle :

— La mitrailleuse, sur le toit, vite, dégagez-la !

Quincy et ses comiques troupiers rembarquent. Après tout ils ont produit leur petit effet et gagné leur journée, non ? Leur auto fonce ; tandis que des balles continuent de faire voler le sable autour d'elle.

— Eh bien, espèce d'abruti, dit la môme. Qu'attendez-vous pour la faire exploser votre bombe ? C'est le moment !

Je regarde ma montre.

— Je te demande encore cinq minutes de patience, ma gosse, pas une de plus !

— Pourquoi ?

— Je vais te faire une confidence : lorsque vous voliez au-dessus de la Méditerranée et que je vous ai raconté l'histoire de la bombe télécommandée, c'était du bidon.

Elle blêmit.

— Quoi !

— Mais à Nice j'ai eu l'idée de faire de ce mensonge une réalité. Il y a une bombe dans la valoche. Elle n'est pas à ondes courtes, mais tout bêtement à mouvement. ' Avant de quitter l'avion, je l'ai réglée pour qu'elle explose un quart d'heure après l'atterrissage. J'espérais que tu jouerais au moins mon jeu pendant quinze minutes, j'avais vu grand, hein ?

A ces mots, une colossale déflagration retentit, et vers la piste qui s'éloigne en direction du Nord, une colonne de flammes et de fumée s'élève.

— Mince, soupiré-je, on ne peut plus avoir confiance dans la fabrication d'aujourd'hui. Cette garce de bombe a explosé quatre minutes avant l'heure.

Tout en continuant de braquer Eva, je murmure en regardant le brasier :

— Il vaut mieux mourir de ça que de la scarlatine.

C'est pensé, hein ?

— Et maintenant, allons délivrer les prisonniers !

Je la pousse hors de la pièce avec le canon de mon arme. Dehors, les Noirs foncent en hurlant vers la chenillette en flammes. Ils ont raison : de cette manière j'ai ma liberté d'action.

La porte du réduit est fermée à clé, mais il n'y a qu'une différence entre Tarzan et moi : nous n'avons pas le même coiffeur. D'un coup d'épaule je démantèle le panneau of wood.

Dans la presque complète obscurité, deux masses inanimées gisent sur le plancher. J'actionne la grosse lampe à pile Houface accrochée à la cloison. Je découvre Béru et Belloise, chacun dans son rouleau de barbelés. Ils ont fini par se coucher sur les fils, à force d'épuisement. Et ils sont lacérés comme un grand-père paralysé qu'on aurait enfermé avec quatre-vingt-deux chatons espiègles.

— Béru ! Ma grosse pomme ! appelé-je doucement, mort d'appréhension.

Un soupir, et la voix du Gros :

— C'est toi, San-A ?

— C'est moi.

— Si tu ne ramènes pas une choucroute, c'est même pas la peine de m'adresser la parole ! Ces fumiers nous ont rien donné à tortorer.

— Où est Lormont ? m'inquiété-je.

— Ici ! fait une voix.

François Lormont est là, dans une robe de chambre pourpre. Il tient une mitraillette et la braque sur moi, par-dessous le bras d'Eva, de telle manière que si je tire, c'est la fille qui écope et qu'il a tout loisir de m'envoyer le brouet.

— Par exemple ! balbutié-je.

— Défouraille ! Défouraille, mec ! tonne le Gros. C'est lui le patron ! Je sais tout !

— Taisez-vous, espèce d'ignoble braillard gronde Lormont. Et vous, mon bon commissaire, remettez donc votre aune à Eva.

Je hoche la tête.

— Bien joué, Lormont.

— N'est-ce pas ?

Je tends mon arme à Eva ; mais, au moment où elle s'en empare, je balance un magnifique coup de pied dans la lampe qui s'éteint. Affolé, Lormont lâche sa rafale. C'est peut-être le roi des combinards, mais pour ce qui est de l'artillerie légère il n'est pas des plus doués ! Il commet l'imprudence d'arroser jusqu'au bout du chargeur, alors que le gars San-A, fils extrêmement réussi de Félicie, a pris la sage précaution d'exécuter un saut de côté. Au bout de quelques secondes le magasin est vide. Comme en tendant mon arme à Eva j'ai, mine de rien, placé le cran de sûreté, je suis à mon aise pour m'expliquer avec ces messieurs-dames. D'un formidable soufflet je fais éternuer son rouge à lèvres à la môme. Me voici face à face avec Lormont. Il saisit sa seringue par le canon. Au style je reconnais le joueur de golf consommé. Mais avant qu'il ne prenne ma hure pour une balle, il a droit à un coup de tatane dans le tiroir aux bijoux de famille.

Ça lui coupe la chique, le souffle et l'envie de bouffer de la cantharide. Il hurle et se courbe en deux. Sa frime de fumelard se trouve au bon niveau. L'avoinée que je lui mets endormirait tous les encaisseurs de la Banque de France. Je finis de le mettre K.O. d'un terrible coup de 42 fillette dans l'opaline et pour lui c'est le couvre-feu. Un coup de boule dans le museau de la môme Eva et elle repart à dame !

Je n'ai plus qu'à délivrer mes deux lascars. Ils sont plus engourdis, ces dégourdis, que le monsieur qui vient de passer cent vingt ans à l'intérieur d'une banquise. Ils saignent par tous les porcs (Béru surtout).

Mais après quelques mouvements, ça va un chouïa mieux.

— Et ma choucroute ? demande le vorace.

On dirait son frère, tant il a maigri. Il s'est laissé glisser au moins trente livres pendant son séjour ici !

— On va t'en offrir une tellement grosse que ce ne sont pas des garçons de restaurant, mais des garçons d'écurie qui te la feront bouffer !

Un coup de périscope, au loin, me montre les hommes de Lormont, dansant de joie autour du brasier, tout là-bas.

— Si vous avez un brin de force, traînez-moi ces deux personnages jusqu'à l'avion, leur dis-je. Moi, j'ai encore un petit turbin à faire.

— Quoi t'est-ce ?

— Mettre le feu à ce nid de serpents à sonnettes ! Des documents s'y trouvent. Ils brûleront avec le reste, je n'ai pas le temps de les chercher, et comme, en fait, ce ne sont que des photos de documents…

— Si par hasard tu dénichais un bout de pain et — de saucisson, larmoie le Gros en s'attelant aux jambes d'Eva.

Boum !

Nous sursautons. Je regarde Riri. Il tient mon revolver tout fumant à la main. Lormont, le crâne éclaté, fait une grosse tache sur le plancher.

— Belloise, nom de Dieu ! hurlé-je.

— La première fois que j'ai du raisin sur les pognes, m'sieur le commissaire, balbutie-t-il, mais je regrette rien. Ce que ce salingue a pu nous faire endurer, c'est rien de le dire ! Et puis quoi ! ajoute-t-il, après tout, on m'avait chargé de le buter, non ? J'aurais dû le faire plus tôt ! Rien de tout cela ne se serait produit et j'aurais encore ma petite Lydia !

EPILOGUE

Tout en mastiquant, non pas son saucisson — car je n'en ai pas trouvé — mais son gigot froid, le Gros — ou plutôt, le Nouveau Maigre — regarde sous lui par un hublot.

— C'est bon ? lui demande Pinaud, attendri devant cet appétit farouche.

— Ça manque de mayonnaise, mais y a des circonstances où que la gourmandise c'est de la superflue ! répond philosophiquement Boulimique 1, roi des Estomacs et empereur des Intestins.

Il ajoute, désignant le sol :

— L'avantage de ces maisons de bois, c'est qu'elles flambent bien quand c'est qu'on y met le feu !

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