Brown, Dan - Deception point

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– 430 –

— En quoi consistent ces différences ? insista Tolland.

Xavia examina un graphique qui figurait parmi ses notes.

— Selon ce schéma, l‘une de ces différences réside dans la structure chimique des chondres eux-mêmes. Les proportions de titane et de zirconium ne sont pas les mêmes. La proportion titane-zirconium dans les chondres de l‘échantillon océanique montre une quasi-absence de zirconium. On n‘en trouve que deux parties par million.

Corky, triomphant, aboya :

— Mais les météorites ont une teneur mille fois plus élevée !

— Exactement, répliqua Xavia, et c‘est la raison pour laquelle Pollock pense que les chondres de son échantillon ne proviennent pas de l‘espace.

Tolland se pencha et chuchota à Corky :

— La NASA a-t-elle mesuré la teneur titane-zirconium de la roche de l‘échantillon Milne ?

— Bien sûr que non ! s‘insurgea Corky. Une telle mesure n‘aurait aucun sens. Cela équivaudrait, devant une voiture, à mesurer la teneur en caoutchouc des pneus avant de se prononcer sur la nature de l‘objet en question !

Tolland poussa un soupir et se retourna vers Xavia.

— Si on te donne une roche avec des chondres, tu peux mettre au point un test pour déterminer si ces inclusions sont d‘origine météorique ou si elles se rapprochent des valeurs que Pollock a trouvées sur son échantillon ?

Xavia haussa les épaules.

— Probablement, oui. La puissance du microscope électronique devrait être suffisante. Mais enfin vas-tu me dire à quoi rime tout ça ?

Tolland se tourna vers Corky.

— Donne-lui l‘échantillon.

Corky sortit à contrecœur l‘échantillon de météorite de sa poche et le tendit à Xavia. Xavia fronça les sourcils en prenant le petit disque de pierre. Elle examina la croûte de fusion, puis le fossile incrusté dans la roche.

— Mon Dieu, lâcha-t-elle, sa tête se relevant d‘un mouvement sec. Ce n‘est pas un morceau de... ?

– 431 –

— Eh si, fit Tolland, malheureusement.

106.

Seule dans son bureau, face à la fenêtre, Gabrielle Ashe ne savait quoi faire. Moins d‘une heure auparavant, elle avait quitté la NASA, tout excitée à l‘idée de relater au sénateur les aveux de Chris Harper à propos du PODS.

Maintenant, elle hésitait.

Selon Yolanda, deux journalistes indépendants d‘ABC

soupçonnaient Sexton d‘avoir accepté des pots-de-vin de la SFF.

Pour couronner le tout, Gabrielle venait d‘apprendre que le sénateur savait qu‘elle s‘était introduite dans son appartement pendant sa réunion avec les P-DG de l‘aérospatiale. Et pourtant, il n‘en avait absolument pas fait mention...

Gabrielle soupira. Son taxi était parti depuis longtemps et, avant d‘en appeler un autre, elle devait vérifier quelque chose.

Est-ce que je vais vraiment le faire ? se demanda-t-elle.

Elle fronça les sourcils, consciente qu‘elle n‘avait pas le choix. À qui se fier ? Elle ne savait plus.

Sortant de son bureau, elle emprunta un grand couloir à l‘extrémité duquel elle aperçut les portes massives du bureau de Sexton, flanquées de deux drapeaux américains. Ces portes, comme celles de la plupart des bureaux des sénateurs, étaient blindées et sécurisées par des clés classiques, une clé électronique plus un système d‘alarme.

Si elle pouvait pénétrer à l‘intérieur, ne serait-ce que pour un bref instant, elle trouverait les réponses à toutes ses questions. En avançant vers l‘entrée lourdement sécurisée, la jeune femme savait qu‘il n‘était pas question de pénétrer dans le

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bureau par la porte. Mais elle avait un autre plan. À trois mètres du bureau de Sexton, Gabrielle tourna brusquement à droite et entra dans les toilettes des dames. Les néons s‘allumèrent automatiquement, projetant une lumière crue sur les faïences blanches. Gabrielle jeta un coup d‘œil sur son reflet dans le miroir. Comme d‘habitude, son expression lui parut molle, presque délicate. Elle se sentait toujours plus forte que l‘impression qu‘elle donnait.

Es-tu vraiment sûre de vouloir aller jusqu‘au bout ?

s‘interrogea-t-elle.

Gabrielle savait que Sexton attendait avec impatience son arrivée pour un débriefing complet. Mais elle comprenait aussi que Sexton l‘avait cyniquement manipulée. Gabrielle Ashe n‘aimait pas être utilisée. Ce soir, le sénateur ne lui avait pas tout dit, loin de là. Mais que lui avait-il caché exactement ? Les réponses se trouvaient dans son bureau, juste de l‘autre côté de la cloison des toilettes.

— Cinq minutes, fit Gabrielle à haute voix pour se galvaniser elle-même.

Elle passa sa main sur l‘encadrement du placard à balais et fit tomber une clé sur le sol. Les femmes de ménage de l‘immeuble, employées de l‘État, s‘évaporaient chaque fois qu‘il y avait une grève, laissant les toilettes sans papier parfois pendant des semaines. Les employées de Sexton, lasses d‘être toujours à court de fournitures, avaient pris les choses en main et s‘étaient procuré une clé de rechange pour les « urgences ».

Ce soir, c‘en est une, songea Gabrielle.

Elle ouvrit le placard. L‘intérieur était bourré de balais, de serpillières et de dizaines de rouleaux de papier-toilette. Un mois plus tôt, à la recherche de serviettes en papier, Gabrielle avait fait une découverte peu ordinaire. Incapable d‘atteindre l‘étagère la plus haute, elle s‘était servie de l‘extrémité d‘un balai pour faire tomber un rouleau. En le ramenant vers elle, elle avait heurté un carreau de céramique qui était tombé à terre.

Quand elle était montée sur un escabeau pour le remettre en place, quelle n‘avait pas été sa surprise en entendant la voix du sénateur Sexton !

– 433 –

D‘après l‘écho, elle avait compris que le sénateur parlait tout seul. Il devait se trouver dans sa salle de bains privée, laquelle n‘était apparemment séparée de ces toilettes pour dames que par une cloison en fibre de verre sur laquelle étaient posés des carreaux de faïence.

Mais ce que Gabrielle était venue chercher aujourd‘hui allait exiger un tout autre effort... Elle ôta ses chaussures, grimpa sur les étagères du placard, déplaça une plaque de fibres de verre du faux plafond et se hissa à la force des bras. Tant pis pour la sécurité nationale, songea-t-elle en se demandant combien de lois fédérales et régionales elle était sur le point d‘enfreindre.

Rampant sur le faux plafond, elle arriva bientôt au-dessus des toilettes du sénateur Sexton, où elle redescendit après avoir de la même façon déplacé une plaque, posant son pied sur le lavabo de porcelaine avant de sauter à terre. Retenant sa respiration, elle poussa la porte du bureau de Sexton. Ses tapis orientaux étaient doux et tièdes sous ses pieds.

107.

À cinquante kilomètres de là, un Kiowa noir armé de missiles filait à toute allure au ras des forêts de pins du nord du Delaware.

Delta 1 vérifia les coordonnées enregistrées dans le système de navigation.

Bien que le système de transmission embarqué de Rachel et le mobile de Pickering fussent encryptés pour protéger le contenu de leurs communications, ce n‘était pas le décryptage du contenu qui intéressait les hommes de la Force Delta. Ce qu‘ils voulaient, c‘était connaître sa position. Le GPS et la triangulation par ordinateur leur avaient permis d‘établir les

– 434 –

coordonnées de la transmission, une tâche beaucoup plus simple que de décrypter le contenu de l‘appel.

Delta 1 s‘était toujours amusé en pensant que la plupart des utilisateurs de portables ignoraient que, si un responsable le décidait, une table d‘écoute gouvernementale pouvait, chaque fois qu‘ils appelaient, détecter leur position n‘importe où sur terre avec une marge d‘erreur de trois mètres – un petit défaut que les industriels de la téléphonie mobile omettaient toujours de préciser. C‘était un jeu d‘enfant pour les commandos de retracer les coordonnées des appels entrants de Pickering, une fois obtenues les fréquences de réception de son mobile.

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