Brown, Dan - Deception point

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1 Dan Brown Deception point Deception point 2001 2 Si cette - фото 1

– 1 –

Dan Brown

Deception point

(Deception point)

2001

– 2 –

―Si cette découverte est confirmée, il s‘agira sûrement d‘un des plus formidables mystères de notre univers jamais dévoilé par la science. Ses implications

sont

aussi

immenses

et

impressionnantes que ce que l‘on pouvait envisager. Même si elle permet de répondre à certaines de nos questions les plus anciennes, cette découverte en pose d‘autres, plus fondamentales encore.‖

Président Bill Clinton, lors de la

conférence de presse consacrée à la découverte de la météorite LH84001, le 7 août 1996.

– 3 –

Prologue

Dans cette contrée désolée, la mort pouvait survenir sous de multiples formes. Le géologue Charles Brophy endurait les rigueurs de cette splendeur sauvage depuis des années, pourtant, rien ne pouvait le préparer à y subir un sort aussi barbare et peu naturel que celui qui l‘attendait.

Les quatre chiennes huskies qui tiraient sur la toundra le traîneau chargé de son matériel de sondage ralentirent soudain leur course et dressèrent la tête vers le ciel.

— Hé là ! Qu‘est-ce qui vous prend ? s‘écria Brophy en sautant à bas du traîneau.

Un hélicoptère de transport à deux rotors émergeait des gros nuages menaçants, frôlant les falaises glaciaires avec une précision toute militaire.

C‘est curieux, se dit le géologue. Il n‘avait jamais vu d‘hélicoptère aussi près du pôle Nord. L‘appareil se posa à une cinquantaine de mètres de lui, soulevant une pluie de neige glacée. Les huskies poussèrent de longs gémissements inquiets.

La porte à glissière s‘ouvrit et deux hommes descendirent.

Vêtus de combinaisons blanches isolantes, le fusil à l‘épaule, ils s‘avancèrent vers Brophy d‘un pas décidé.

— Professeur Brophy ? fit l‘un d‘eux.

— Comment connaissez-vous mon nom ? s‘enquit le géologue stupéfait. Qui êtes-vous ?

— Prenez votre radio.

— Pardon ?

— Faites ce que je vous demande.

Totalement abasourdi, Brophy sortit sa radio de la poche de sa parka.

— Vous allez transmettre un message urgent. Baissez la fréquence à cent kilohertz.

– 4 –

Cent kilohertz ? Il n‘en croyait pas ses oreilles. On ne reçoit rien à si basse fréquence.

— Il y a eu un accident ?

Le deuxième homme leva son arme et la pointa sur lui.

— Pas le temps d‘expliquer. Obéissez !

D‘une main tremblante, Brophy régla la fréquence de transmission.

Le premier inconnu lui tendit une fiche de carton, portant quelques lignes manuscrites.

— Transmettez ce message. Immédiatement.

Brophy parcourut le texte des yeux.

— Je ne comprends pas. Cette information est fausse. Je n‘ai pas...

L‘homme appuya le canon de son fusil contre sa tempe. Le géologue transmit le communiqué d‘une voix fébrile.

— Bien, dit le premier homme. Maintenant, montez dans l‘hélicoptère avec vos chiens et votre matériel.

Toujours maintenu en joue, Brophy força ses huskies à hisser le traîneau sur la rampe qui menait dans le fond de l‘appareil. Dès qu‘ils furent installés, l‘hélicoptère s‘arracha à la glace et se dirigea vers l‘ouest.

— Mais qui êtes-vous ? répéta Brophy, en sueur sous sa parka.

Il n‘obtint pas de réponse.

Ils prenaient de l‘altitude et le vent s‘engouffrait par la portière ouverte. Toujours attachés à leur traîneau chargé, les chiens poussaient des cris plaintifs.

— Fermez au moins la porte ! demanda le géologue. Vous ne voyez pas qu‘ils sont terrifiés ?

Les inconnus ne réagirent pas.

Après un virage incliné à mille deux cents mètres d‘altitude, l‘appareil survola une enfilade de gouffres et de crevasses. Les deux hommes se levèrent brusquement. Sans un mot, ils tirèrent le traîneau vers la porte. Épouvanté, Brophy assista à la lutte de ses chiens contre l‘énorme poids qui les entraînait. L‘instant d‘après, ils disparaissaient dans le vide en hurlant.

– 5 –

Il était déjà debout, criant son indignation, lorsque les deux hommes s‘emparèrent de lui et le tirèrent vers la porte.

Tétanisé, il joua des poings pour tenter d‘écarter les mains puissantes qui le poussaient vers l‘extérieur.

Le combat était inégal. Quelques secondes plus tard, il plongeait à la rencontre des précipices glacés.

– 6 –

1.

Le restaurant Toulos, à proximité de la colline du Capitole, propose un menu politiquement incorrect, où le veau de lait côtoie le carpaccio de cheval, et paradoxal pour un lieu où le tout-Washington se retrouve au petit déjeuner. Ce matin-là, le restaurant était bondé ; on entendait les assiettes et les couverts s‘entrechoquer, les machines à espresso siffler, et les téléphones portables sonner sans arrêt.

Le maître d‘hôtel sirotait furtivement une gorgée de son bloody mary matinal quand la femme entra ; il se tourna vers elle avec un sourire professionnel.

— Bonjour ! fit-il. Puis-je vous aider ?

Elle était séduisante, âgée d‘environ trente-cinq ans, vêtue d‘un pantalon de flanelle grise à pinces, d‘une veste de tailleur stricte sur un chemisier Laura Ashley en soie ivoire. Elle se tenait très droite. Son menton légèrement relevé, mais sans arrogance, attestait de son assurance.

Sa chevelure châtain clair était coiffée dans le style le plus tendance de Washington, celui de la présentatrice télé : une multitude de boucles cascadait jusqu‘à ses épaules. Une coiffure assez longue pour être sexy, mais assez courte pour vous rappeler que vous aviez affaire à une professionnelle intelligente.

— Je suis en retard, fit-elle d‘un ton un peu gêné. J‘ai rendez-vous avec le sénateur Sexton.

Le maître d‘hôtel tressaillit involontairement. Le sénateur Sedgewick Sexton était un habitué du restaurant et l‘un des plus célèbres hommes politiques du pays. La semaine précédente, il avait écrasé les douze candidats républicains lors du « Super Tuesday », le jour le plus important des primaires du Parti. Il était donc virtuellement le candidat républicain à la présidence.

– 7 –

Nombreux étaient ceux qui pensaient que le sénateur avait de très grandes chances, à l‘automne suivant, de ravir la Maison Blanche au Président en place, enlisé dans les difficultés. Ces dernières semaines, on avait vu le visage de Sexton s‘étaler sur la plupart des couvertures des grands magazines nationaux, et son slogan de campagne clamait un peu partout dans le pays :

« Arrêtons de dépenser sans compter, un sou est un sou ! »

— Le sénateur Sexton déjeune dans son box, fit le maître d‘hôtel, et vous êtes... ?

— Rachel Sexton, sa fille.

Quel idiot je fais, pensa l‘employé. La ressemblance crevait les yeux. Même regard pénétrant, même prestance aristocratique, même air policé réservé à l‘élite de vieille souche.

Le bon ton qui avait façonné l‘allure et les manières du sénateur s‘était clairement transmis à sa progéniture, et pourtant Rachel Sexton semblait porter ces dons avec une grâce et une modestie que son père aurait pu imiter.

— Bienvenue au Toulos, mademoiselle Sexton.

En précédant la fille du sénateur à travers la salle à manger, le maître d‘hôtel était embarrassé par la multitude de regards masculins qui la suivaient, certains discrets, d‘autres plus insistants. Rares étaient les femmes qui prenaient leur petit déjeuner au Toulos et plus rares encore celles qui ressemblaient à Rachel Sexton.

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