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Baricco, Alessandro: Novecento

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Baricco, Alessandro Novecento

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Un jour, quelque part, il entendit parler de Novecento. Quelqu’un dut lui dire un truc dans le genre : celui-là, c’est le plus grand. Le plus grand pianiste du monde. Ça peut paraître absurde, mais ça aurait très bien pu arriver. Il n’avait jamais joué une seule note en dehors du Virginian , Novecento, mais pourtant, à sa manière, c’était un personnage célèbre, en ce temps-là, une petite légende. Ceux qui descendaient du bateau parlaient d’une musique bizarre, et d’un pianiste, on aurait dit qu’il avait quatre mains tellement il jouait de notes. De drôles d’histoires circulaient, quelques-unes vraies, parfois, comme celle du sénateur américain Wilson qui avait fait tout le voyage en troisième classe parce que c’était là que Novecento jouait quand il ne jouait pas les notes normales mais les siennes, qui ne l’étaient pas, normales. Il y avait un piano, là en bas, et Novecento y allait l’après-midi, ou tard dans la nuit. D’abord, il écoutait : il demandait aux gens de lui chanter les chansons qu’ils connaissaient, parfois quelqu’un prenait une guitare, ou un harmonica, n’importe quoi, et se mettait à jouer, des musiques venues d’on ne sait où... Et Novecento écoutait. Puis il commençait à effleurer les touches, pendant que les autres chantaient ou jouaient, il effleurait les touches et petit à petit ça devenait une vraie musique, des sons sortaient du piano – un piano droit, noir – et c’étaient des sons de l’autre monde.

Il y avait tout, là-dedans : toutes les musiques de la terre réunies ensemble. À en rester baba. Et il resta baba, le sénateur Wilson, d’entendre ça, sans même parler qu’il était en troisième classe, lui tout élégant au milieu de cette puanteur, parce que c’était une véritable puanteur, sans même en parler, donc, ils ont été obligés de le descendre de force, à l’arrivée, parce que lui, sinon, il restait là-haut à écouter Novecento pendant tout le reste des foutues années qu’il avait encore à vivre. Sans blague. C’était marqué sur le journal, mais c’était vraiment vrai. Ça s’est passé comme ça, réellement.

Bref, quelqu’un alla trouver Jelly Roll Morton et lui dit : il y a un type, sur ce bateau, au piano il fait ce qu’il veut. S’il a envie, il joue du jazz, mais s’il n’a pas envie, il te joue un truc, c’est comme vingt jazz à la fois. Jelly Roll Morton avait un fichu caractère, tout le monde le savait. Il dit : «Et il ferait comment pour savoir jouer, un type qu’a même pas assez de couilles pour descendre d’un foutu bateau ? » Et le voilà parti à rire, comme un malade, lui, l’inventeur du jazz. Les choses auraient pu en rester là, sauf qu’un gars a ajouté : «Tu fais bien de rire, parce que ce type-là, le jour où il descend, tu repars jouer dans les bordels, aussi vrai que Dieu est vrai, dans les bordels. » Jelly Roll s’arrêta de rire, il sortit de sa poche un petit pistolet à crosse de nacre, le pointa sur la tête du gars qui avait parlé, mais ne tira pas ; et lui dit : « Il est où, ce foutu bateau ? »

Son idée, c’était un duel. Ça se faisait, à l’époque. Les gars se défiaient à coups de morceaux de bravoure, et à la fin, il y en avait un qui gagnait. Des histoires de musiciens. Pas de sang, mais un sacré paquet de haine, une haine vraie, à fleur de peau. Musique, et alcool. Ça pouvait durer toute la nuit, quelquefois. C’était son idée, à Jelly Roll Morton, pour en finir une fois pour toutes avec cette histoire de pianiste sur l’Océan, toutes ces blagues. En finir, une bonne fois. Le problème, c’était que Novecento, lui, ne jouait jamais dans les ports, et ne voulait pas y jouer. Un port, c’est déjà un peu la terre, et ça ne lui plaisait pas, à lui. Il jouait où ça lui plaisait. Et ce qui lui plaisait, c’était le milieu de la mer, quand la terre n’est déjà plus que des lumières au loin, ou un souvenir, ou un espoir. Il était comme ça. Jelly Roll Morton jura tant qu’il put mais finit par payer de sa poche un billet aller-retour pour l’Europe et monta sur le Virginian, lui qui n’avait jamais mis les pieds sur un bateau sauf ceux qui descendent le Mississippi. «C’est la chose la plus stupide que j’aie jamais faite de toute ma vie », déclara-t-il, entre deux jurons, aux journalistes qui allèrent lui dire au revoir, sur le quai 14, dans le port de Boston. Puis il s’enferma dans sa cabine et attendit que la terre devienne des lumières au loin, et un souvenir, et un espoir.

On ne peut pas dire que Novecento s’intéressait beaucoup à cette histoire. D’ailleurs, il ne comprenait pas vraiment. Un duel ? Et pourquoi ? Mais ça l’intriguait. Il avait bien envie d’entendre comment diable il pouvait jouer, l’inventeur du jazz. Il ne disait pas ça pour plaisanter, il y croyait vraiment : que Jelly Roll était l’inventeur du jazz. À mon avis, il se disait qu’il allait apprendre quelque chose. Quelque chose de nouveau. Il était comme ça, Novecento. Un peu comme le vieux Danny : il avait aucun sens de la compétition, ça lui était complètement égal de savoir qui gagnait : c’était le reste qui l’étonnait. Tout le reste.

À 21 h 37, le deuxième jour de navigation, avec le Virginian lancé à vingt nœuds sur sa route vers l’Europe, Jelly Roll Morton se présenta dans la salle de bal des premières classes, extrêmement élégant, tout habillé de noir. Chacun savait exactement ce qu’il avait à faire. Les danseurs s’immobilisèrent, nous, à l’orchestre, on posa nos instruments, le barman servit un whisky, les gens firent silence. Jelly Roll prit le whisky, s’approcha du piano et regarda Novecento dans les yeux. Il ne dit rien, mais on entendit : « Bouge-toi. »

Novecento se bougea.

«Vous êtes celui qui a inventé le jazz, c’est ça ?

— Ouais. Et toi t’es celui qui peut pas jouer sans l’Océan sous les fesses, c’est ça ?

— Ouais. »

Les présentations étaient faites. Jelly Roll s’alluma une cigarette, la posa en équilibre sur le bord du piano, s’assit, et commença à jouer. Ragtime. Mais comme une chose qu’on n’aurait jamais entendue avant. Il ne jouait pas, il glissait. C’était comme une combinaison de soie qui glisserait doucement le long du corps d’une femme, mais en dansant. Il y avait tous les bordels de l’Amérique dans cette musique, mais les bordels de luxe, ceux où même les filles du vestiaire sont belles. Jelly Roll termina en brodant de petites notes invisibles, tout là-haut là-haut, à la fin du clavier, comme une petite cascade de perles tombant sur un sol de marbre. La cigarette était toujours là, à moitié consumée, mais avec la cendre encore tout accrochée. Comme si elle avait préféré ne pas tomber, pour ne pas faire de bruit. Jelly Roll prit la cigarette au bout des doigts, il avait des mains c’étaient des papillons, comme j’ai dit, il prit la cigarette et la cendre resta accrochée, elle ne voulait toujours pas tomber, peut-être qu’il y avait un truc, je n’en sais rien, mais en tout cas elle ne tombait pas. Il se leva, l’inventeur du jazz, il s’approcha de Novecento, lui mit sa cigarette sous le nez, avec sa jolie cendre bien droite, et lui dit :

« À ton tour, marin. »

Novecento sourit. Il s’amusait bien. Sans blague. Il s’assit au piano et fit la chose la plus stupide qu’il pouvait faire. Il joua Reviens mon petit canard , une chanson d’une imbécillité sans fin, un truc de mômes, il l’avait entendu chanter par un émigrant des années auparavant et ça ne lui était plus sorti de la tête, il l’aimait vraiment, cette chanson, je ne sais pas ce qu’il lui trouvait mais il l’aimait, il la trouvait terriblement émouvante. Évidemment, c’était difficile d’appeler ça un morceau de bravoure. Même moi j’aurais pu la jouer, c’est dire. Il joua ça avec un peu d’effets de basses, et un écho quelque part, en rajoutant deux-trois fioritures à lui, mais bon, c’était une chanson stupide et ça l’est resté. Jelly Roll faisait la tête du type à qui on a volé tous ses cadeaux de Noël. Avec deux yeux de loup, il foudroya Novecento et se rassit au piano. Il envoya un blues à faire pleurer un mécano allemand, tu aurais dit qu’il y avait tout le coton de tous les nègres du monde là-dedans, et que lui, il était en train de le ramasser, avec ces notes-là. Un truc à y laisser ton âme. Tout le monde se leva : ça reniflait, ça applaudissait. Jelly Roll n’esquissa même pas un salut, rien, on voyait qu’il en avait déjà plein les couilles de toute cette histoire.

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