Patrick Suskind - Le parfum

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Baldini était à ce point occupé par son indignation intérieure et par le dégoût de son époque qu’il ne comprit pas bien ce que cela pouvait signifier quand Grenouille, soudain, reboucha tous les flacons, retira l’entonnoir de la bouteille à mélanger et, prenant celle-ci d’une main par le goulot et la bouchant du plat de sa main gauche, la secoua énergiquement. La bouteille avait déjà fait plusieurs pirouettes dans les airs et son précieux contenu avait déjà été plusieurs fois précipité comme de la limonade du fond au goulot et du goulot au fond, quand Baldini émit un cri de rage et d’effroi :

— Halte ! proféra-t-il d’une voix éraillée. Maintenant, ça suffit ! Arrête immédiatement ! Basta ! Pose tout de suite cette bouteille sur la table et ne touche plus à rien, tu m’as compris, plus à rien ! Il fallait que je sois fou pour seulement prêter l’oreille à tes sornettes. Ta façon de manipuler les choses, ta grossièreté, ton incompétence effarante me montrent bien que tu n’es qu’un bousilleur d’ouvrage, un bousilleur et un barbare, et par-dessus le marché un béjaune insolent et pouilleux. Tu ne serais même pas fichu de faire de la limonade, ni même d’être le dernier des vendeurs d’eau de réglisse, sans même parler d’être parfumeur ! Considère-toi comme bien heureux, sois reconnaissant et satisfait si ton maître veut bien que tu continues à patauger dans le tannin ! Ne te risque plus jamais, tu m’entends, plus jamais à franchir le seuil d’une parfumerie !

Ainsi parlait Baldini. Mais tandis qu’il parlait encore, l’espace tout autour de lui était déjà saturé d’« Amor et Psyché ». Il y a une évidence du parfum qui est plus convaincante que les mots, que l’apparence visuelle, que le sentiment et que la volonté. L’évidence du parfum possède une conviction irrésistible, elle pénètre en nous comme dans nos poumons l’air que nous respirons, elle nous emplit, nous remplit complètement, il n’y a pas moyen de se défendre contre elle.

Grenouille avait reposé la bouteille, retiré de son goulot sa main humectée de parfum, qu’il avait essuyée sur le bas de sa veste. Les deux pas qu’il fit en arrière et le mouvement gauche qu’il eut pour ployer l’échine sous l’algarade de Baldini déplacèrent assez d’air pour répandre tout alentour le parfum qui venait de naître. Il n’en fallait pas davantage. Certes, Baldini continuait à fulminer, à tempêter et à pester ; mais à chaque respiration, la fureur qu’il affichait trouvait moins d’aliment en lui. Il avait obscurément le sentiment d’être réfuté, et c’est pourquoi la fin de son discours fut d’une véhémence aussi extrême que creuse. Et lorsqu’il se tut, et qu’il eut gardé le silence un moment, il n’avait plus besoin que Grenouille dise :

— C’est fait.

Il savait déjà.

Mais néanmoins, bien qu’il fût baigné maintenant de tous côtés par des flots d’« Amor et Psyché », il s’avança vers la vieille table de chêne, afin de procéder à un essai. Il tira un petit mouchoir de dentelle, frais et blanc comme neige, de la poche de son habit, de la poche gauche, le déploya et y fit tomber quelques gouttes puisées dans la bouteille à mélanger avec la longue pipette. Il agita le mouchoir, bras tendu, pour l’aérer, puis, d’un geste gracieux qu’il savait si bien faire, le fit passer sous son nez en respirant le parfum. Tandis qu’il l’expirait par saccades, il s’assit sur un tabouret. Son visage, l’instant d’avant encore écarlate sous le coup de son accès de fureur, devint soudain tout pâle.

— Incroyable, chuchota-t-il pour lui-même, Dieu du Ciel, c’est incroyable...

Et il ne cessait de fourrer son nez sur le mouchoir, et de le renifler, et de secouer la tête, et de murmurer :

— Incroyable.

C’était « Amor et Psyché », sans le moindre doute possible, « Amor et Psyché », le mélange génial et détesté, copié avec une précision telle que Pélissier lui-même n’eût pas fait la différence avec son produit.

— Incroyable...

Le grand Baldini était affalé, petit et pâle, sur son tabouret et il avait l’air ridicule, avec son petit mouchoir à la main, qu’il pressait sous son nez comme une vieille fille enrhumée. Maintenant, pour le coup, il avait perdu sa langue. Il ne disait même plus « incroyable », il se contentait, avec un léger hochement de tête ininterrompu, de fixer des yeux le contenu de la bouteille en émettant un monotone :

— Hum-hum-hum..., hum-hum-hum..., hum-hum-hum...

Au bout d’un moment, Grenouille s’approcha de la table, comme une ombre.

— Ce n’est pas un bon parfum, dit-il. Il est très mal composé, ce parfum.

— Hum-hum-hum-..., dit Baldini en hochant la tête.

Non qu’il approuvât, mais il était dans un tel état de désarroi et d’apathie qu’on aurait pu lui dire n’importe quoi : il aurait dit « hum-hum-hum » et hoché la tête. Et d’ailleurs il continua à hocher la tête et à murmurer « hum-hum-hum » sans faire aucunement mine d’intervenir quand Grenouille, pour la seconde fois, se mit à mélanger, versa pour la seconde fois l’esprit-de-vin de la bonbonne dans la bouteille à mélanger, allongeant ainsi le parfum qui s’y trouvait, quand pour la seconde fois il fit couler, apparemment au petit bonheur et en n’importe quelle quantité, le contenu des flacons dans l’entonnoir. Ce n’est que vers la fin de l’opération (Grenouille, cette fois, ne secouait pas la bouteille, mais la faisait tourner doucement, comme un verre de cognac, peut-être par égard pour la sensibilité de Baldini, peut-être parce que le contenu lui en paraissait cette fois plus précieux) et alors que le liquide, achevé par conséquent, tournait en rond dans la bouteille, que Baldini émergea de son assoupissement et se leva, mais à vrai dire sans cesser de tenir son mouchoir devant son nez, comme s’il voulait se cuirasser contre une nouvelle agression.

— C’est fait, Maître, dit Grenouille. Maintenant, c’est un fort bon parfum.

— Oui-oui, c’est bon, c’est bon, répondit Baldini avec un geste las de sa main libre.

— Vous ne voulez pas faire un essai ? continuait Grenouille en gargouillant. Vous ne voulez pas, Maître ? Un essai ?

— Plus tard, à présent je ne suis pas d’humeur à faire un essai... J’ai d’autres soucis en tête. Va-t’en, maintenant, va !

Et il prit son chandelier, alla vers la porte et gagna la boutique. Grenouille le suivit. Ils arrivèrent dans l’étroit couloir qui menait à l’entrée de service. Le vieux traîna les pieds jusqu’à la porte, tira le verrou et ouvrit. Il s’effaça pour laisser sortir le garçon.

— Vous voulez bien maintenant que je travaille chez vous, Maître, vous voulez bien ? demanda Grenouille.

Il était déjà sur le seuil et était de nouveau tassé sur lui-même, avait de nouveau l’air d’une bête aux aguets.

— Je ne sais pas, dit Baldini, j’y réfléchirai. Va.

Et Grenouille avait disparu, tout d’un coup, avalé par l’obscurité. Baldini restait planté là, regardant dans le noir d’un œil rond. De la main droite, il tenait le chandelier, dans la gauche le mouchoir, comme quelqu’un qui saigne du nez : mais en fait il avait peur, ni plus ni moins. Il se dépêcha de verrouiller la porte. Puis il ôta le mouchoir qui lui protégeait le visage, le fourra dans sa poche et retraversa la boutique jusqu’à l’atelier.

Le parfum était si divinement bon que Baldini en eut immédiatement les larmes aux yeux. Il n’avait pas besoin de faire un essai dans les règles, il se tenait juste debout devant la table de travail où était la bouteille à mélanger, et il respirait. Le parfum était magnifique. Comparé à « Amor et Psyché », c’était comme une symphonie comparée au crincrin esseulé d’un violon. C’était davantage encore. Baldini ferma les yeux et vit monter en lui les souvenirs les plus sublimes. Il se vit, jeune homme, traverser le soir les jardins de Naples ; il se vit dans les bras d’une femme aux boucles noires et vit la silhouette d’un bouquet de roses sur le rebord de la fenêtre, par où soufflait une brise nocturne ; il entendit des chants d’oiseaux qui se faisaient écho et la musique lointaine d’une taverne du port ; il entendit un chuchotement à son oreille, il entendit un « je t’aime » et sentit la volupté lui hérisser le poil, là, maintenant, à cet instant même ! Il ouvrit brusquement les yeux et poussa un grand soupir de plaisir. Ce parfum n’était pas un parfum comme on en connaissait jusque-là. Ce n’était pas un parfum qui vous donne une meilleure odeur, pas un sent bon, pas un produit de toilette. C’était une chose entièrement nouvelle, capable de créer par elle-même tout un univers, un univers luxuriant et enchanté, et l’on oubliait d’un coup tout ce que le monde alentour avait de dégoûtant, et l’on se sentait si riche, si bien, si libre, si bon...

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