Jean-Dominique Bauby - Le Scaphandre et le papillon

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Je regrette un peu de l’avoir regardé de haut car désormais j’envie Olivier et sa maîtrise dans l’art de se raconter des histoires. Je ne suis pas sûr de jamais acquérir une telle facilité même si je commence moi aussi à me créer de glorieux destins de substitution. À mes heures je suis coureur de Formule 1. Vous m’avez sûrement vu sur quelque circuit à Monza ou à Silverstone. La mystérieuse voiture blanche sans marque ni numéro, c’est moi. Allongé sur mon lit, je veux dire dans mon cockpit, j’enchaîne les courbes à pleine vitesse, et ma tête alourdie par le casque s’incline douloureusement sous l’effet de la gravitation. Je joue aussi les petits soldats dans une série télévisée sur les grandes batailles de l’Histoire. J’ai fait Alésia, Poitiers, Marignan, Austerlitz et le Chemin des Dames. Comme j’ai été blessé dans le débarquement en Normandie, je ne sais pas encore si j’irai faire un saut à Diên Biên Phù. Entre les mains de la kiné je suis un outsider du Tour de France au soir d’une étape d’anthologie. Elle apaise mes muscles explosés par l’effort. Je me suis envolé dans le Tourmalet. J’entends toujours la clameur de la foule sur la route du sommet et dans la descente le chuintement de l’air dans les rayons. J’ai repris un quart d’heure à tous les caïds du peloton. « J’te jure ! »

« A day in the life »

Nous voilà presque arrivés au bout du chemin, et il me reste à évoquer ce vendredi 8 décembre 1995 de funeste mémoire. Depuis le début j’ai envie de raconter mes derniers moments de Terrien en parfait état de marche, mais j’ai tant différé que maintenant le vertige me saisit à l’instant d’effectuer ce saut à l’élastique dans mon passé. Je ne sais plus par quel bout les prendre, ces heures lourdes et vaines, insaisissables comme les gouttes de mercure d’un thermomètre cassé en deux. Les mots se dérobent. Comment dire le corps souple et tiède de grande fille brune contre lequel on se réveille pour la dernière fois sans y prêter attention, presque en maugréant. Tout était gris, pâteux et résigné : le ciel, les gens, la ville harassée par plusieurs jours de grève des transports publics. À l’image de millions de Parisiens, Florence et moi entamions comme des zombies, l’œil vide et le teint las, cette nouvelle journée de descente dans un bordel inextricable. Je faisais machinalement tous ces gestes simples qui me semblent aujourd’hui miraculeux : se raser, s’habiller, avaler un bol de chocolat. Depuis des semaines j’avais fixé cette date pour essayer le nouveau modèle d’une firme automobile allemande dont l’importateur mettait à ma disposition une voiture avec chauffeur pour la journée. À l’heure prévue, un jeune homme stylé attend devant la porte de l’immeuble, adossé à une BMW gris métallisé. Par la fenêtre, j’observe la grosse berline si massive, si cossue. Avec ma vieille veste en jean, je me demande de quoi je vais avoir l’air dans ce carrosse pour cadre supérieur. Je pose le front contre la vitre pour sentir le froid. Florence me caresse doucement la nuque. Les adieux sont furtifs, nos lèvres s’effleurent à peine. Déjà je dévale l’escalier dont les marches sentent l’encaustique. Ce sera la dernière odeur des temps anciens.

I read the news today, oh boy…

Entre deux bulletins de circulation apocalyptiques, la radio passe une chanson des Beatles, « A day in the life ». J’allais écrire une « vieille » chanson des Beatles, pur pléonasme, leur dernier enregistrement remontant à 1970. À travers le bois de Boulogne, la BMW glisse comme un tapis volant, cocon de douceur et de volupté. Mon chauffeur est sympathique. Je lui expose mes plans pour l’après-midi : aller chercher mon fils chez sa mère à quarante kilomètres de Paris et le ramener en ville en début de soirée.

He did not notice that the lights had changed…

Depuis qu’au mois de juillet j’ai déserté le domicile familial, Théophile et moi n’avons pas eu un vrai tête-à-tête, une conversation entre hommes. Je compte le traîner au théâtre voir le nouveau spectacle d’Arias puis manger quelques huîtres dans une brasserie de la place Clichy. C’est décidé, nous passons le week-end ensemble. J’espère juste que la grève ne va pas contrarier ces projets.

I’d like to turn you on…

J’aime l’arrangement de ce morceau quand tout l’orchestre monte en crescendo jusqu’à l’explosion de la note finale. On dirait un piano qui tombe du soixantième étage. Voilà Levallois. La BMW s’arrête devant le journal. Je donne rendez-vous au chauffeur pour 15 heures.

Sur mon bureau il n’y a qu’un message, mais quel message ! Je dois rappeler de toute urgence Simone V., ancien ministre de la Santé, ex-femme la plus populaire de France et locataire à vie de la dernière marche du Panthéon imaginaire du journal. Ce genre de coup de fil n’étant jamais dicté par le hasard, je m’enquiers d’abord de ce que nous avons pu dire ou faire pour provoquer une réaction de ce personnage quasi divin. « Je crois qu’elle n’est pas très contente de sa photo dans le dernier numéro », euphémise mon assistante. Je consulte ledit numéro et tombe sur la photo incriminée, un montage qui ridiculise notre idole plus qu’il ne la met en valeur. C’est un des mystères de notre profession. On travaille des semaines sur un sujet, il passe et repasse entre les mains les plus expertes et personne ne voit la bourde pourtant décelable par un apprenti journaliste après quinze jours de stage. J’essuie une véritable tempête téléphonique. Comme elle est persuadée que depuis des années le journal ourdit un complot à son encontre, j’ai le plus grand mal à la convaincre que, au contraire, elle y jouit d’un véritable culte. D’ordinaire ces ravaudages échoient à Anne-Marie, la directrice de la rédaction, qui montre avec toutes les célébrités une patience de dentellière alors que, côté diplomatie, je m’apparente davantage au capitaine Haddock qu’à Henry Kissinger. Quand nous raccrochons au bout de trois quarts d’heure, j’ai l’impression de n’être plus qu’un rouleau de moquette.

Bien qu’il soit de bon ton de les trouver « un peu rasoirs », mesdames et messieurs les rédacteurs en chef de groupe ne manqueraient pour rien au monde un des déjeuners que Geronimo, également surnommé Louis XI et l’ayatollah par ses supporters, organise pour « faire le point ». C’est là, au dernier étage, dans la plus vaste des salles à manger réservées à la haute direction, que le grand chef distille à petites doses les signes qui permettent de calculer la cote d’amour de ses sujets. Entre l’hommage appuyé d’une voix de velours et la réplique sèche comme un coup de griffe, il possède tout un répertoire de mimiques, grimaces et grattements de barbe que nous avons appris à décrypter au fil des ans. De cet ultime repas je ne me souviens guère, si ce n’est que j’ai bu de l’eau en guise de verre du condamné. Au menu, je crois qu’il y avait du bœuf. Nous avons peut-être contracté la maladie de la vache folle dont on ne parlait pas encore à l’époque. Comme elle incube pendant quinze ans, ça nous laisse le temps de voir venir. La seule mort annoncée était celle de Mitterrand dont la chronique tenait Paris en haleine. Passerait-il le week-end ? En fait, il lui restait tout un mois à vivre. Le vrai désagrément de ces déjeuners, c’est qu’ils sont interminables. Quand je retrouve mon chauffeur, le soir tombe déjà sur les façades de verre. Pour gagner du temps je suis repassé par mon bureau comme un voleur sans dire au revoir à personne. Il est quand même quatre heures passées.

« On va être pris dans la nasse.

— Je suis désolé.

— C’est pour vous… »

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