Jean-Dominique Bauby - Le Scaphandre et le papillon

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Loin de ces raffuts, dans le silence reconquis je peux écouter les papillons qui volent à travers ma tête. Il faut beaucoup d’attention et même du recueillement car leurs battements d’ailes sont presque imperceptibles. Une respiration un peu forte suffit à les couvrir. C’est d’ailleurs étonnant. Mon audition ne s’améliore pas et pourtant je les entends de mieux en mieux. Je dois avoir l’oreille des papillons.

Dimanche

Par la fenêtre j’aperçois les façades de brique ocre qui s’éclaircissent sous les premiers rayons du soleil. La pierre prend très exactement la teinte rose de la grammaire grecque de M. Rat, souvenir de la quatrième. Je n’ai pas été, tant s’en faut, un brillant helléniste, mais j’aime cette nuance chaude et profonde qui m’ouvre encore un univers studieux où l’on côtoie le chien d’Alcibiade et les héros des Thermopyles. Les marchands de couleurs la nomment « rose antique ». Rien à voir avec le rose sparadrap des couloirs de l’hôpital. Encore moins avec le mauve qui dans ma chambre recouvre plinthes et embrasures. On dirait l’emballage d’un mauvais parfum.

C’est dimanche. Effrayant dimanche où, si par malheur nul visiteur n’a annoncé son passage, aucun événement d’aucune sorte ne viendra rompre le mol enchaînement des heures. Ni kiné, ni orthophoniste, ni psy. Une traversée du désert avec pour seule oasis une petite toilette encore plus succincte qu’à l’ordinaire. Ces jours-là, l’effet retard des libations du samedi soir, conjugué à la nostalgie des pique-niques familiaux, des parties de ball-trap ou de pêche à la crevette dont les prive leur tour de garde, plonge les équipes soignantes dans une hébétude mécanique, et la séance de débarbouillage s’apparente plus à l’équarrissage qu’à la thalassothérapie. Une triple dose de la meilleure eau de toilette ne suffit pas à masquer la réalité : on pue.

C’est dimanche. Dans le cas où l’on se fait allumer la télé, il ne faut pas rater son coup. Cela relève de la haute stratégie. Il risque en effet de se passer trois ou quatre heures avant que ne revienne la bonne âme qui pourra changer de chaîne, et parfois il vaut mieux renoncer à une émission intéressante quand elle est suivie d’un feuilleton larmoyant, d’un jeu insipide et d’un talk-show criard. Les applaudissements à tout va me cassent les oreilles. Je préfère la quiétude des documentaires sur l’art, l’histoire ou les animaux. Je les regarde sans leurs commentaires, comme on contemple un feu de bois.

C’est dimanche. La cloche sonne gravement les heures. Au mur le petit calendrier de l’Assistance publique qu’on effeuille jour après jour indique déjà août. Par quel paradoxe le temps qui est immobile, ici, mène-t-il, là, une course effrénée ? Dans mon univers rétréci les heures s’étirent et les mois passent comme des éclairs. Je n’en reviens pas d’être en août. Amis, femmes, enfants se sont dispersés au vent des vacances. Par la pensée je me glisse dans les bivouacs où ils ont pris leurs quartiers d’été, et tant pis si cette tournée me déchire un peu le cœur. En Bretagne une volée d’enfants arrive en vélo du marché. Des rires illuminent tous les visages. Certains de ces enfants ont atteint depuis longtemps l’âge des grands soucis, mais sur ces chemins bordés de rhododendrons chacun peut retrouver son innocence perdue. Cet après-midi ils iront faire le tour de l’île en canot. Le petit moteur luttera contre les courants. Quelqu’un s’allongera à l’avant du bateau en fermant les yeux et laissera traîner son bras à la dérive dans l’eau froide. Dans le Midi il faut se terrer au creux des maisons écrasées par le soleil. On remplit des carnets d’aquarelle. Un petit chat à la patte cassée cherche les coins d’ombre d’un jardin de curé et, plus loin, en Camargue, un nuage de taurillons croise au large d’un marais d’où sort le parfum du premier pastis. Partout s’accélèrent les préparatifs pour le grand rendez-vous domestique qui par avance fait bâiller de lassitude toutes les mamans mais prend pour moi l’allure d’un rite fantastique et oublié : le déjeuner.

C’est dimanche. Je scrute les volumes qui s’empilent sur le bord de la fenêtre et forment une petite bibliothèque assez inutile puisque aujourd’hui personne ne viendra m’en faire la lecture. Sénèque, Zola, Chateaubriand, Valery Larbaud sont là à un mètre, cruellement inaccessibles. Une mouche toute noire se pose sur mon nez. Je tortille la tête pour la désarçonner. Elle se cramponne. Les combats de lutte gréco-romaine qu’on a vus aux Jeux olympiques n’étaient pas aussi féroces. C’est dimanche.

Les demoiselles de Hong Kong

J’ai adoré voyager. Par chance, j’ai pu emmagasiner au cours des années assez d’images, d’effluves, de sensations pour pouvoir partir les jours où par ici un ciel couleur ardoise interdit toute perspective de sortie. Ce sont des vagabondages étranges. L’odeur rance d’un bar new-yorkais. Le parfum de misère du marché de Rangoon. Des bouts du monde. La nuit blanche et glacée de Saint-Pétersbourg ou l’incroyable incandescence du soleil à Furnace Creek dans le désert du Nevada. Cette semaine, c’est un peu particulier. Chaque matin à l’aube je m’envole pour Hong Kong où se tient le séminaire des éditions internationales de mon journal. Je continue à dire « mon journal », malgré le caractère devenu abusif de cette formulation, comme si ce possessif constituait un de ces fils ténus qui me rattachent au monde qui bouge.

À Hong Kong j’ai un peu de mal à trouver mon chemin car, au contraire de beaucoup d’autres, je n’ai jamais visité cette ville. À chaque occasion une fatalité malicieuse m’a tenu à l’écart de cette destination. Quand je ne tombais pas malade la veille du départ, j’égarais mon passeport ou un reportage m’appelait sous d’autres cieux. Le hasard en somme m’interdisait de séjour. Une fois j’ai laissé ma place à Jean-Paul K. qui n’avait pas encore passé plusieurs années dans un cachot de Beyrouth à se réciter le classement des grands crus de bordeaux pour ne pas devenir fou. Ses yeux riaient derrière ses lunettes rondes lorsqu’il m’a apporté un téléphone sans fil, ce qui était alors le comble du dernier cri. J’aimais bien Jean-Paul, mais je n’ai jamais revu l’otage du Hezbollah, sans doute honteux d’avoir choisi pour ma part à cette époque de jouer les utilités dans un univers de falbalas. Maintenant c’est moi le prisonnier, lui l’homme libre. Et comme je ne connais pas tous les châteaux du Médoc j’ai dû me chercher une autre litanie pour meubler les heures les plus creuses. Je compte les pays où l’on édite mon journal. Il y a déjà vingt-huit contrées dans cette ONU de la séduction.

À propos, où êtes-vous, mes chères consœurs, inépuisables ambassadrices de notre french touch ? Toute la journée dans le salon d’un hôtel, vous avez planché en chinois, en anglais, en thaï, en portugais, en tchèque pour essayer de répondre à la plus métaphysique des interrogations : qui est la femme Elle ? Je vous imagine maintenant égaillées dans Hong Kong, à travers les rues dégoulinantes de néons où l’on vend des ordinateurs de poche et des bols de soupe aux nouilles, trottinant sur les traces de l’éternel nœud papillon de notre président-directeur général qui mène tout le monde au pas de charge. Mi-Spirou, mi-Bonaparte, il ne s’arrête que devant les plus hauts gratte-ciel en les toisant d’un air si crâne qu’on dirait qu’il va les avaler.

Où va-t-on, mon général ? Sautons-nous à bord de l’hydrofoil qui mène à Macao pour aller brûler quelques dollars en enfer ou bien montons-nous au bar Felix de l’hôtel Peninsula décoré par le designer français Philippe S. ? Une poussée de narcissisme me fait opter pour la deuxième proposition. Moi qui déteste être pris en photo, j’ai mon effigie dans cet estaminet aérien et luxueux, reproduite sur le dossier d’une chaise parmi des dizaines d’autres figures parisiennes dont Philippe S. a fait tirer le portrait. Évidemment l’opération a eu lieu quelques semaines avant que le destin ne me transforme en un épouvantail à moineaux. Je ne sais pas si mon siège a plus ou moins de succès que les autres, mais surtout n’allez pas raconter la vérité au barman. Ces gens-là sont tous superstitieux et il n’y aurait plus aucune de ces ravissantes petites Chinoises en minijupe pour venir s’asseoir sur moi.

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