Jean-Dominique Bauby - Le Scaphandre et le papillon

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Enfin, va pour un pendu, le sport national des classes de septième. Je trouve un mot, un autre, puis cale sur un troisième. En fait, je n’ai pas la tête au jeu. Une onde de chagrin m’a envahi, Théophile, mon fils, est là sagement assis, son visage à cinquante centimètres de mon visage, et moi, son père, je n’ai pas le simple droit de passer la main dans ses cheveux drus, de pincer sa nuque duveteuse, d’étreindre à l’en étouffer son petit corps lisse et tiède. Comment le dire ? Est-ce monstrueux, inique, dégueulasse ou horrible ? Tout d’un coup, j’en crève. Les larmes affluent et de ma gorge s’échappe un spasme rauque qui fait tressaillir Théophile. N’aie pas peur, petit bonhomme, je t’aime. Toujours dans son pendu, il achève la partie. Encore deux lettres, il a gagné et j’ai perdu. Sur un coin de cahier il finit de dessiner la potence, la corde et le supplicié.

Céleste, elle, exécute des cabrioles sur la dune. J’ignore si on doit y voir un phénomène de compensation, mais, depuis que pour moi soulever une paupière s’apparente à l’haltérophilie, elle est devenue une véritable acrobate. Elle pratique les pieds au mur, le poirier, le pont renversé, et enchaîne roues et sauts périlleux avec une souplesse de chatte. À la longue liste des métiers qu’elle envisage pour son avenir, elle a même ajouté funambule, après maîtresse d’école, top-model et fleuriste. Ayant avec ses pirouettes conquis le public du Beach Club, notre show-woman en herbe entame un tour de chant au grand désespoir de Théophile qui déteste par-dessus tout qu’on puisse se faire remarquer. Aussi renfermé et timide que sa sœur est démonstrative, il m’a cordialement haï le jour où à son école j’ai demandé et obtenu la permission de tirer moi-même la cloche de la rentrée. Nul ne peut prédire si Théophile vivra heureux, en tout cas il vivra caché.

Je me demande comment Céleste a pu se constituer un tel répertoire de chansons des années soixante. Johnny, Sylvie, Sheila, Clo-Clo, Françoise Hardy, par une star de cet âge d’or ne manque à l’appel. À côté des gros tubes connus de tous, des standards inusables tel ce train de Richard Antony qui en trente ans n’aura jamais vraiment cessé de siffler à nos oreilles, Céleste chante des succès oubliés qui traînent dans leur sillage des nuages de souvenirs. Depuis l’époque où inlassablement je mettais ce 45 tours de Claude François sur le Teppaz de mes douze ans, je n’avais pas dû réentendre « Pauvre petite fille riche ». Pourtant, dès que Céleste fredonne, assez faux d’ailleurs, les premières mesures de cette rengaine, me reviennent avec une précision inattendue chaque note, chaque couplet, chaque détail des chœurs ou de l’orchestration, jusqu’au bruit de ressac qui couvre l’introduction. Je revois la pochette, la photo du chanteur, sa chemise à rayures et à col boutonné qui me semblait un rêve inaccessible car ma mère la trouvait vulgaire. Je revois même le jeudi après-midi où j’ai acheté ce disque à un cousin de mon père, un doux géant qui tenait une minuscule boutique dans les sous-sols de la gare du Nord, une éternelle gitane maïs fichée au coin de la bouche. « Si seule sur cette plage, pauvre petite fille riche… » Le temps a passé et les gens se sont mis à disparaître. Maman est morte la première puis Clo-Clo s’est électrocuté, et le gentil cousin, dont les affaires avaient un peu périclité, a lâché la rampe en laissant une inconsolable tribu d’enfants et d’animaux. Mon placard est rempli de chemises à col boutonné, et je crois que le petit magasin de disques a été repris par un marchand de chocolats. Comme le train pour Berck part de la gare du Nord, un jour je demanderai peut-être à quelqu’un d’aller vérifier en passant.

« Bravo, Céleste ! s’exclame Sylvie. — Mman, j’en ai marre », bougonne aussitôt Théophile. Il est cinq heures. Le carillon dont le ton me paraît d’ordinaire si amical prend des airs de glas pour annoncer l’instant de la séparation. Le vent fait voler un peu de sable. La mer s’est retirée si loin que les baigneurs ne sont plus que des points minuscules à l’horizon. Avant la route, les enfants vont se dégourdir les jambes sur la plage et nous restons seuls, Sylvie et moi, silencieux, sa main serrant mes doigts inertes. Derrière ses lunettes noires qui reflètent un ciel pur, elle pleure doucement sur nos vies explosées.

Nous nous retrouvons dans ma chambre pour les ultimes effusions. « Comment ça va, mon pote ? » s’enquiert Théophile. Le pote a la gorge serrée, des coups de soleil sur les mains et le coccyx en bouillie d’être trop resté au fauteuil, mais il a eu une merveilleuse journée. Et vous, jeunes gens, quelle trace garderez-vous de ces excursions dans mon infinie solitude ? Ils sont partis. La voiture doit déjà filer sur Paris. Je m’abîme dans la contemplation d’un dessin apporté par Céleste qu’on a tout de suite mis au mur. Une sorte de poisson à deux têtes, avec des yeux bordés de cils bleus et des écailles multicolores. Toutefois, l’intérêt de ce dessin ne réside pas dans ces détails mais dans sa forme générale qui reproduit de façon troublante le symbole mathématique de l’infini. Le soleil rentre à flots par la fenêtre. C’est l’heure où ses rayons éclatants vont tomber pile sur ma tête de lit. Dans l’émotion du départ, j’ai oublié de leur faire signe de fermer le rideau. Il viendra bien un infirmier avant la fin du monde.

Paris

Je m’éloigne. Lentement mais sûrement. Tout comme le marin dans une traversée voit disparaître la côte d’où il s’est lancé, je sens mon passé qui s’estompe. Mon ancienne vie brûle encore en moi mais se réduit de plus en plus aux cendres du souvenir.

Depuis que je suis domicilié à bord de mon scaphandre, j’ai tout de même fait deux voyages éclairs à Paris en milieu hospitalier pour recueillir les avis des sommités du monde médical. La première fois l’émotion m’a submergé quand par hasard l’ambulance est passée devant l’immeuble ultra-moderne où j’exerçais naguère ma coupable industrie de rédacteur en chef dans un fameux hebdomadaire féminin. J’ai d’abord reconnu l’immeuble voisin, une antiquité des années soixante dont un panneau annonçait la destruction, puis notre façade tout en miroir où se reflétaient les nuages et les avions. Sur le parvis il y avait quelques-unes de ces figures familières que l’on croise tous les jours pendant dix ans sans pouvoir y mettre un nom. Je me dévissais la tête pour voir si un visage mieux connu passait par là, derrière la dame au chignon et le costaud en blouse grise. Le destin n’en a pas voulu ainsi. Peut-être quelqu’un a-t-il regardé passer mon carrosse depuis les bureaux du cinquième étage ? J’ai versé quelques larmes devant le bar-tabac où j’allais parfois prendre un plat du jour. Je peux pleurer assez discrètement. On dit alors que j’ai l’œil qui coule.

La deuxième fois que je suis allé à Paris, quatre mois plus tard, j’étais devenu presque indifférent. La rue avait ses atours de juillet, mais pour moi nous étions toujours en hiver et c’était un décor filmé qu’on me projetait derrière les vitres de l’ambulance. Au cinéma on appelle cela une transparence : la voiture du héros fonce sur une route qui défile sur un mur du studio. Les films d’Hitchcock doivent beaucoup de leur poésie à l’utilisation de ce procédé quand il était encore imparfait. Ma traversée de Paris, elle, ne m’a fait ni chaud ni froid. Pourtant rien ne manquait. Les ménagères en robe à fleurs et les adolescents sur roulettes. Le ronflement des autobus. Les jurons des coursiers en scooter. La place de l’Opéra sortie d’un tableau de Dufy. Les arbres à l’assaut des façades et un peu de coton dans le ciel bleu. Rien ne manquait, sauf moi. J’étais ailleurs.

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