Jean-Dominique Bauby - Le Scaphandre et le papillon
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Vincent doit être en train de traverser Abbeville. Si on vient de Paris en voiture, c’est le moment où le voyage commence à sembler long. À l’autoroute déserte et ultra-rapide succède une nationale à deux voies où s’entasse une file ininterrompue d’autos et de camions.
À l’époque de cette histoire, il y a plus de dix ans, Vincent, moi et quelques autres avions la chance inouïe de tenir les rênes d’un quotidien du matin aujourd’hui disparu. Industriel passionné par la presse, le propriétaire avait eu l’ultime audace de confier son bébé à la plus jeune équipe de Paris alors que s’ourdissait déjà le ténébreux complot politique et bancaire visant à lui enlever le titre qu’il avait créé cinq ou six ans plus tôt. Sans que nous le sachions, il jetait avec nous ses dernières cartes dans la bataille et nous nous y investissions à mille pour cent.
Vincent passe maintenant les carrefours où il faut laisser passer à gauche les directions de Rouen et du Crotoy et prendre le boyau qui mène à Berck à travers un chapelet de petites agglomérations. Ces giratoires égarent ceux qui n’ont pas l’habitude. Vincent, lui, ne perd pas le nord, étant déjà venu me voir plusieurs fois. Au sens de l’orientation, il ajoute, poussé à l’extrême, celui de la fidélité.
Nous étions donc sur le pont en permanence. Tôt le matin, tard le soir, le week-end et parfois la nuit, abattant à cinq la besogne d’une douzaine avec une joyeuse inconscience. Vincent avait dix grandes idées par semaine : trois excellentes, cinq bonnes et deux catastrophiques. Mon rôle était un peu de l’obliger à faire le tri contre son caractère impatient qui aurait voulu voir réalisé dans l’heure tout ce qui lui passait par la tête.
Je l’entends d’ici trépigner à son volant et pester contre les Ponts et Chaussées. Dans deux ans l’autoroute desservira Berck, mais pour l’instant c’est seulement un chantier qu’on longe au ralenti, coincé derrière des caravanes.
En fait, nous ne nous quittions jamais. Nous ne vivions, mangions, buvions, dormions, aimions, rêvions que par le journal et pour le journal. Qui a eu l’idée de cet après-midi aux courses ? C’était un beau dimanche d’hiver, bleu, froid et sec, et on courait à Vincennes. Nous n’étions turfistes ni l’un ni l’autre, mais le chroniqueur hippique nous estimait assez pour nous traiter au restaurant de l’hippodrome et nous livrer le sésame qui entrouvre la porte du monde mystérieux des courses : un tuyau. À l’entendre c’était du cousu main, du garanti sur facture, et comme Mithra-Grandchamp partait à la cote de vingt contre un, ça promettait un joli petit rapport, beaucoup mieux qu’un placement de père de famille.
Voilà Vincent qui arrive à l’entrée de Berck et qui, comme tout le monde, se demande un moment avec angoisse ce qu’il est venu foutre là.
Nous avions fait un amusant déjeuner dans la grande salle à manger qui surplombe tout le champ de courses et accueille en groupes endimanchés les gangsters, souteneurs, interdits de séjour et autres mauvais garçons qui gravitent dans l’univers du trot. Satisfaits et repus, nous tétions goulûment de longs cigares en attendant la quatrième course dans cette chaude atmosphère où les casiers judiciaires s’épanouissaient comme des orchidées.
Parvenu au front de mer, Vincent bifurque et remonte la grande esplanade sans reconnaître derrière la foule des estivants le décor désertique et glacé du Berck hivernal.
À Vincennes nous avions si bien attendu que la course a fini par partir sans nous. Le guichet des paris s’était fermé sous notre nez avant que j’aie eu le temps de sortir de ma poche la liasse des billets que la rédaction m’avait confiés. Malgré les consignes de discrétion, le nom de Mithra-Grandchamp avait effectué le tour des services et, de l’outsider inconnu, la rumeur avait fait un animal de légende sur lequel tout le monde avait voulu miser. Il ne restait plus qu’à regarder la course et à espérer… À l’entrée du dernier virage Mithra-Grandchamp a commencé à se détacher. À la sortie il comptait cinq longueurs d’avance et nous l’avons vu franchir la ligne d’arrivée comme dans un rêve en laissant son poursuivant immédiat à près de quarante mètres. Un véritable avion. Au journal ça devait exulter devant la télévision.
La voiture de Vincent se glisse sur le parking de l’hôpital. Le soleil est éclatant. C’est là qu’il faut du cran aux visiteurs pour franchir, la gorge serrée, les derniers mètres qui me séparent du monde : les portes de verre à ouverture automatique, l’ascenseur numéro 7 et le terrible petit couloir qui mène à la chambre 119. Par les battants entrebâillés on n’aperçoit que des gisants et des grabataires que le destin a rejetés aux confins de la vie. À ce spectacle certains manquent d’air. Ils doivent d’abord se perdre un peu pour arriver chez moi avec la voix plus ferme et les yeux moins embués. Lorsqu’ils se lancent, enfin, on dirait des plongeurs en apnée. J’en sais même que leurs forces ont abandonné, là, devant mon seuil : ils ont rebroussé chemin jusqu’à Paris.
Vincent frappe et rentre tout silencieusement. Du regard des autres j’ai tant pris l’habitude que je remarque à peine les petites lueurs d’effroi qui le traversent. Ou, en tout cas, elles ne me font plus autant frémir. Avec mes traits atrophiés par la paralysie j’essaie de composer ce que je voudrais être un sourire de bienvenue. À cette grimace Vincent répond par un baiser sur le front. Il ne change pas. Sa couronne de cheveux roux, ses mines renfrognées, sa silhouette trapue qui danse d’un pied sur l’autre, lui confèrent la dégaine d’un syndicaliste gallois venu voir un copain victime d’un coup de grisou. La garde à moitié baissée, Vincent avance comme un boxeur catégorie costaud-fragile. Le jour de Mithra-Grandchamp, après la funeste arrivée, il avait juste lâché : « Des cons. On est des vrais cons. Au journal ils vont nous démonter à la barre à mine. » C’était son expression favorite.
Pour être franc, j’avais oublié Mithra-Grandchamp. Le souvenir de cette histoire vient juste de me revenir en mémoire, y laissant une trace doublement douloureuse. La nostalgie d’un passé révolu et surtout le remords des occasions manquées. Mithra-Grandchamp, ce sont les femmes qu’on n’a pas su aimer, les chances qu’on n’a pas voulu saisir, les instants de bonheur qu’on a laissés s’envoler. Aujourd’hui il me semble que toute mon existence n’aura été qu’un enchaînement de ces menus ratages. Une course dont on connaît le résultat mais où on est incapable de toucher le gagnant. À propos, nous nous en sommes tirés en remboursant toutes les mises.
La chasse au canard
En sus des divers désagréments inhérents au locked-in syndrome , je souffre d’un sérieux dérèglement de mes étagères à mégots. À droite, j’ai la portugaise complètement ensablée et à gauche ma trompe d’Eustache amplifie et déforme les sons au-delà de deux mètres cinquante. Quand un avion survole la plage en tirant le calicot publicitaire du parc d’attractions régional, je pourrais croire qu’on m’a greffé un moulin à café sur le tympan. Mais ce n’est là qu’un tintamarre passager. Beaucoup plus urticant est le brouhaha permanent qui s’échappe du couloir, si, malgré mes efforts pour sensibiliser tout le monde au problème de mes esgourdes, on n’a pas fermé ma porte. Les talons claquent sur le linoléum, les chariots s’entrechoquent, les conversations se chevauchent, les équipes s’interpellent avec des voix de commis boursiers un jour de liquidation, on branche des radios que personne n’écoute et, pour couvrir le tout, une cireuse électrique donne un avant-goût sonore de l’enfer. Il y a aussi les patients terribles. J’en connais dont le seul plaisir est de réécouter toujours la même cassette. J’ai eu un très jeune voisin auquel on avait offert un canard en peluche muni d’un système de détection sophistiqué. Il émettait une musique aigrelette et lancinante dès qu’on pénétrait dans la chambre, c’est-à-dire quatre-vingts fois par jour. Le petit patient est heureusement reparti chez lui avant que je commence à mettre en pratique mon plan d’extermination du canard. Je le garde quand même sous le coude, on ne sait jamais quel cataclysme les familles éplorées sont encore capables de provoquer. La palme du voisinage extravagant revient toutefois à une malade dont les sens avaient été tourneboulés par le coma. Elle mordait les infirmières, saisissait les aides-soignants par la partie virile de leur anatomie et ne pouvait réclamer un verre d’eau sans hurler au feu. Au début, ces fausses alertes déclenchèrent de véritables branle-bas de combat puis, de guerre lasse, on finit par la laisser gueuler tout son soûl à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Ces séances donnaient au service neuro un petit côté « nid de coucous » assez excitant et, quand on a envoyé notre amie pousser ailleurs ses « Au secours, on m’assassine ! », j’en ai eu quelques regrets.
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