Carlos Zafón - Le jeu de l'ange
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J'étais conscient du risque que j'avais pris, mais je ne m'en souciais pas. Je ne me souciais pas de me réveiller tous les jours couvert de sueur et le cœur battant la chamade comme s'il allait me défoncer les côtes. J'aurais payé beaucoup plus cher encore pour ne pas renoncer à ce contact qui, lentement et secrètement, malgré nous, nous transformait en complices. Je soupçonnais Cristina de le lire sur mes traits chaque jour qu'elle venait passer avec moi, et j'étais convaincu qu'elle ne répondrait jamais à mes avances. Il n'y avait ni avenir ni grandes espérances dans cette course qui ne nous menait nulle part, et nous ne l'ignorions ni l'un ni l'autre.
Parfois, fatigués de renflouer cette barque qui prenait l'eau de toute part, nous abandonnions le manuscrit de Vidal et nous nous risquions à parler d'autre chose que de cette proximité qui, à force de rester cachée, commençait à brûler dans nos consciences. Il arrivait que, réunissant tout mon courage, je lui prenne la main. Elle ne me repoussait pas, mais je devinais que je la gênais, qu'elle trouvait que nous agissions mal, que la dette que nous avions envers Vidal pour ses bienfaits nous liait et nous séparait en même temps. Un soir, un peu avant qu'elle parte, je saisis son visage et tentai de l'embrasser. Elle demeura immobile et, quand je me vis dans le miroir de ses yeux, je n'osai pas prononcer un mot. Elle se leva et s'en fut en silence. Je ne la revis plus pendant deux semaines et, à son retour, elle me fit promettre que cela ne se reproduirait jamais.
— David, je veux que tu comprennes que, quand nous aurons fini de travailler au livre de Pedro, nous ne nous reverrons plus comme maintenant.
— Pourquoi non ?
— Tu sais pourquoi.
Mes avances n'étaient pas la seule chose que Cristina ne considérait pas d'un bon œil. Elle n'en parlait pas, mais je soupçonnais que Vidal avait dit vrai quand il m'avait affirmé qu'elle méprisait les livres que j'écrivais pour Barrido & Escobillas. Je n'avais pas de mal à imaginer que, selon elle, j'effectuais un travail de mercenaire, sans âme, et que je bradais mon intégrité en échange d'une aumône à seule fin d'enrichir cette paire de rats d'égout parce que je n'avais pas le courage d'écrire avec mon cœur, mon nom et mes propres sentiments. Ce qui m'attristait le plus, c'est qu'au fond elle avait raison. Je caressais l'idée de renoncer à mon contrat, d'écrire un livre juste pour elle, dans le but de me gagner son respect. Si la seule chose que je savais faire n'était pas suffisamment bien pour elle, peut-être valait-il mieux revenir aux jours gris et misérables du journal. Je pourrais toujours vivre de la charité et des faveurs de Vidal.
J'étais sorti me promener après une longue nuit de travail, incapable de trouver le sommeil. Sans but précis, mes pas me conduisirent jusqu'au chantier de la Sagrada Familia. Tout petit, mon père m'y avait parfois emmené pour contempler cette Babel de sculptures et de portiques qui ne parvenait jamais à prendre son envol, comme si elle était maudite. J'aimais y revenir et vérifier que rien n'avait changé, que la ville ne cessait de s'agrandir autour, mais que la Sagrada Familia restait en ruine depuis le premier jour.
Quand j'arrivai, une aube bleue striée de lueurs rouges dessinait les tours de la façade de la Nativité. Un vent d'est balayait la poussière des rues sans dissiper l'odeur âcre des usines que l'on voyait pointer à la frontière du quartier Sant Marti. J'étais en train de traverser la rue Mallorca quand je vis les lanternes d'un tramway qui s'approchait dans la brume de l'aube. J'entendis le ferraillement de ses roues sur les rails et le bruit de la cloche avertissant de son passage dans les zones d'ombre. Je voulus courir, mais je ne pus pas. Je restai là, cloué sur place, immobile entre les rails, hypnotisé par les lumières du tramway arrivant sur moi. Je perçus les cris du conducteur et vis la gerbe d'étincelles qui jaillissait sous l'effet des freins. Et même ainsi, avec la mort à quelques mètres à peine, je ne pus mouvoir un muscle. Je sentis l'odeur de l'électricité répandue par la lumière blanche qui se refléta dans mes yeux jusqu'à ce que le phare du tramway se voile. Je m'effondrai comme un pantin et restai encore conscient quelques secondes, juste le temps de voir la roue du tramway, fumante, s'arrêter à quelque vingt centimètres de mon visage. Puis tout sombra dans le noir.
13.
J'ouvris les yeux. Des colonnes de pierre grosses comme des arbres montaient dans la pénombre vers une voûte nue. Des rais de lumière poussiéreuse tombaient en diagonale et laissaient entrevoir des rangées interminables de grabats. Des petites gouttes d'eau se détachaient d'en haut comme des larmes noires qui explosaient au sol en déclenchant un écho sonore. L'ombre empestait le moisi et l'humidité.
— Bienvenue au purgatoire.
Je me redressai et me tournai pour découvrir un homme vêtu de haillons qui lisait un journal à la lumière d'une lanterne et arborait un sourire auquel manquait la moitié des dents. La première page du journal annonçait que le général Primo de Rivera avait assumé tous les pouvoirs de l'État et inaugurait une dictature en gants de velours pour sauver le pays de l'hécatombe imminente. Ce journal datait d'au moins six ans.
— Où suis-je ?
L'homme m'examina par-dessus le journal, intrigué.
— Au Ritz. Vous ne reconnaissez pas l'odeur ?
— Comment suis-je arrivé ici ?
— En morceaux. On vous a apporté ce matin sur une civière et vous avez cuvé votre cuite jusqu'à maintenant.
Je tâtai ma veste et constatai que tout mon argent avait disparu.
— Ce que c'est que le monde ! s'exclama l'homme devant les nouvelles du journal. Il est vrai qu'aux stades les plus avancés du crétinisme l'absence d'idées est compensée par l'excès d'idéologies.
— Comment sort-on d'ici ?
— Si vous êtes tellement pressé… Il y a deux manières, la définitive et la temporaire. La définitive, c'est par le toit : un bon saut, et vous vous libérerez de toute cette saloperie pour toujours. La sortie temporaire est par là, au fond, où vous trouverez cet idiot, le poing levé et les pantalons sur les chevilles, qui fait le salut révolutionnaire au premier chien coiffé qui passe. Mais si vous prenez ce chemin-là, tôt ou tard vous reviendrez ici.
L'homme au journal m'observait d'un air amusé, avec cette lucidité que seuls manifestent par moments certains cerveaux dérangés.
— C'est vous qui m'avez volé ?
— Vous m'offensez. Quand on vous a apporté, vous étiez déjà proprement nettoyé, et moi je n'accepte que les titres négociables en Bourse.
Je laissai cet hurluberlu sur son grabat avec son journal antédiluvien et ses discours prophétiques. La tête me tournait encore, et j'eus beaucoup de difficulté à faire quatre pas en ligne droite, mais je parvins à gagner, sur les côtés de la grande voûte, une porte qui donnait sur quelques marches. Une mince clarté filtrait en haut de l'escalier. Je montai quatre ou cinq paliers et sentis une bouffée d'air frais qui entrait par une grosse porte. Je sortis à l'extérieur et compris enfin où j'avais échoué.
Devant moi s'étendait un lac qui surplombait les arbres du parc de la Citadelle. Le soleil se couchait déjà sur la ville, et les eaux couvertes d'algues ondulaient comme une grande flaque de vin. Le Réservoir des eaux avait l'aspect d'un gros fort ou d'une prison. Il avait été construit pour alimenter les pavillons de l'Exposition universelle de 1888, mais, avec le temps, ses entrailles de cathédrale laïque avaient fini par servir d'abri aux moribonds et aux indigents qui n'avaient pas d'autre lieu où se réfugier quand la nuit ou le froid devenaient trop rudes. Le grand bassin suspendu sur la terrasse était désormais un étang marécageux et trouble qui se vidait lentement par les fissures de l'édifice.
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