Carlos Zafón - Le jeu de l'ange
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— Don Pedro m'a toujours traité comme un fils, acquiesçai-je. Si M. Sempere et lui n'avaient pas été là, je ne sais ce que je serais devenu.
— Il m'inquiète beaucoup.
— Il t'inquiète ? Pourquoi ?
— Tu sais que je travaille pour lui depuis des années comme secrétaire. Pedro est un homme généreux et nous sommes devenus bons amis. Il s'est très bien comporté avec mon père et avec moi. C'est pourquoi j'ai de la peine quand je le vois dans cet état.
— Dans quel état ?
— C'est ce maudit livre, ce roman qu'il veut écrire.
— Voilà des années qu'il y travaille.
— Et des années qu'il le détruit. Je corrige et tape toutes les pages. Depuis le temps que je suis sa secrétaire, il en a déchiré au moins deux mille. Il est convaincu de ne pas avoir de talent. D'être un charlatan. Il boit constamment. Parfois je le trouve dans son bureau, en haut, en train de boire et de pleurer comme un enfant…
J'en eus la gorge serrée.
— … il dit qu'il t'envie, qu'il voudrait te ressembler, que les gens lui mentent et le couvrent d'éloges parce qu'ils espèrent tous une faveur de lui, de l'argent, une aide, mais qu'il sait que son œuvre n'a aucune valeur. Devant les autres il garde la face, les beaux costumes et tout le reste, mais moi qui le vois tous les jours, je sais qu'il dépérit. Il m'arrive d'avoir peur qu'il fasse une bêtise. Je n'en ai rien dit parce que je ne savais pas à qui en parler. S'il apprenait que je suis venue en discuter avec toi, il serait furieux. Il me répète sans cesse : « N'embête pas David avec ces histoires. Il a la vie devant lui et moi je suis déjà fini. » Il passe son temps à proférer des choses de ce genre. Pardonne-moi de te raconter tout ça, mais j'ignorais à qui m'adresser…
Nous restâmes longtemps silencieux. Je me sentis envahi par un froid intense en découvrant que, pendant que l'homme à qui je devais la vie avait sombré dans le désespoir, moi, enfermé dans mon univers, je n'avais pas pris une seconde de mon temps pour m'en préoccuper.
— Je n'aurais peut-être pas dû venir.
— Au contraire. Tu as bien fait.
Cristina me regarda avec un sourire timide et, pour la première fois, j'eus l'impression que je n'étais pas un étranger pour elle.
— Qu'allons-nous faire ? demanda-t-elle.
— Nous allons l'aider.
— Et s'il ne veut pas ?
— Alors nous le ferons sans qu'il s'en aperçoive.
12.
Je ne saurai jamais si je le fis pour aider Vidal, comme je me le répétais à moi-même, ou si je désirais simplement avoir une excuse pour passer du temps auprès de Cristina. Nous nous retrouvâmes presque tous les après-midi dans la maison de la tour. Cristina apportait les feuilles manuscrites que Vidal avait écrites la veille, toujours couvertes de biffures, de paragraphes entiers rayés, d'ajouts dans tous les sens et de mille et une tentatives pour sauver ce qui ne pouvait l'être. Nous montions dans le bureau et nous nous asseyions par terre. Cristina les lisait une première fois à voix haute, puis nous discutions longuement. Mon mentor essayait d'écrire une sorte de saga épique qui embrassait trois générations d'une dynastie barcelonaise pas très différente de celle des Vidal. L'action débutait quelques années avant la révolution industrielle avec l'arrivée de deux frères orphelins dans la ville et se poursuivait à la manière d'une parabole biblique, genre Abel et Caïn. Un des frères finissait par devenir le magnat le plus riche et le plus puissant de son époque, tandis que l'autre se consacrait à l'Église et à secourir les pauvres, pour terminer ses jours tragiquement dans un épisode qui évoquait le triste sort de notre prêtre et poète Jacint Verdaguer, aveugle et persécuté pour ses opinions socialistes. Tout au long de leur vie, les frères s'affrontaient, et une interminable galerie de personnages défilait, avec force mélodrames torrides, scandales, assassinats, amours illicites, tragédies et autres péripéties inhérentes au genre, le tout se situant dans le contexte de la naissance de la métropole moderne et du monde industriel et financier. Le narrateur était un petit-fils d'un des deux frères, qui reconstituait l'histoire pendant qu'il regardait la ville brûler du haut d'une demeure de Pedralbes au cours de la Semaine tragique de 1909.
La première chose qui me surprit fut que j'avais personnellement ébauché ce thème devant Vidal quelques années plus tôt, en manière de suggestion pour l'aider à jeter les fondations de son roman en gestation, celui dont il promettait toujours qu'il finirait par l'écrire. La deuxième fut que Vidal ne m'avait jamais avoué qu'il avait décidé de s'en servir ni qu'il y avait travaillé pendant des années, pourtant les occasions n'avaient pas manqué. La troisième fut que le roman, tel qu'il se présentait, était un total et gigantesque fiasco : pas un seul élément ne fonctionnait, en commençant par les personnages et la construction du récit, en passant par l'atmosphère et la dramatisation, et en terminant par le langage et un style qui évoquaient les efforts d'un amateur dont les prétentions n'avaient d'égales que les loisirs dont il disposait.
— Qu'en penses-tu ? demandait Cristina. Tu crois que c'est arrangeable ?
Je préférai lui taire que Vidal m'avait soufflé mon idée et, pour ne pas l'inquiéter encore davantage, je souris et pris l'air affirmatif.
— Ça nécessite un peu de travail. C'est tout.
Quand la nuit commençait à tomber, Cristina s'asseyait devant la machine et, à nous deux, nous récrivions le livre de Vidal lettre par lettre, ligne par ligne, scène par scène.
Le fil conducteur tel que l'avait prévu Vidal était si vague et si insipide que je préférai revenir à celui que j'avais improvisé quand je lui en avais suggéré l'idée. Lentement, nous entreprîmes de ressusciter les personnages en les désossant de l'intérieur et en les reconstruisant de pied en cap. Pas une seule scène, un seul moment, une seule ligne, un seul mot ne survivait à notre intervention, pourtant, à mesure que nous avancions, j'avais le sentiment que nous rendions justice au roman que Vidal portait dans son cœur et qu'il avait voulu écrire, mais sans savoir s'y prendre.
Cristina me disait que parfois, quand, des semaines après avoir cru écrire une scène, Vidal la relisait dans la version finale tapée à la machine, il était surpris de sa qualité et de la plénitude d'un talent auquel il avait cessé de croire. Elle craignait qu'il ne finisse par découvrir nos agissements et m'exhortait à rester plus fidèle à l'original.
— Ne sous-estime jamais la vanité d'un écrivain, et particulièrement celle d'un écrivain médiocre, lui répliquai-je.
— Je n'aime pas t'entendre parler ainsi de Pedro.
— J'en suis désolé. Moi non plus.
— Tu devrais peut-être ralentir un peu le rythme. Tu n'as pas bonne mine. Ce n'est plus Pedro qui m'inquiète, maintenant, c'est toi.
— Voilà au moins un résultat positif.
À la longue, je m'habituai à vivre pour savourer ces instants partagés avec elle. Mon propre travail ne tarda pas à s'en ressentir. Je ne sais pas où je trouvais le temps de travailler à La Ville des maudits alors que, dormant trois heures par jour et me dépêchant au maximum pour respecter les délais fixés par mon contrat, il ne m'en restait plus. Barrido & Escobillas avaient pour règle de ne lire aucun livre, pas plus ceux qu'ils publiaient que ceux de la concurrence, mais la Poison, elle, les lisait, et elle en vint vite à soupçonner quelque chose d'anormal.
— On dirait que tu n'es pas toi ! lui arrivait-il de s'exclamer.
— Bien sûr que je ne suis pas moi, chère Herminia. Je suis Ignatius B. Samson.
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