Carlos Zafón - L'ombre du vent

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– Comme s'il portait un masque en parchemin, disait-elle.

Clara jurait sur tout ce qu'elle avait de plus sacré qu'elle disait la vérité, et je cédais, torturé par l'image de cet inconnu à l'existence douteuse qui se permettait de caresser ce cou de cygne, et peut-être plus, allez savoir, alors que j'avais seulement le droit d'en rêver. Si j'avais pris le temps de réfléchir un peu, j'aurais compris que ma dévotion pour Clara n'était qu'une source de souffrance. Mais je ne l'en adorais que plus, à cause de cette éternelle stupidité qui nous pousse à nous accrocher à ceux qui nous font du mal.

Tout au long de l'été, je n'eus peur que d'une chose : du jour de la rentrée des classes qui m'empêcherait de passer de longues heures avec Clara.

Bernarda, qui cachait un naturel de mère poule sous une apparence sévère, finit par me prendre en affection à force de me voir tout le temps, et, à sa façon, décida de m'adopter.

– On voit bien que ce garçon n'a pas de mère, disait-elle à Barceló. Il me fait de la peine, le pauvre petit.

Bernarda était arrivée à Barcelone peu après la guerre, fuyant la pauvreté et un père qui, dans ses bons jours, la battait comme plâtre et la traitait d'idiote, de laideron et de truie, et, dans ses mauvais jours, ceux où il avait trop bu, l'acculait dans la porcherie pour la tripoter jusqu'à ce qu'elle pleure de Jours de cendre

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terreur et qu'il la laisse aller en lui disant qu'elle était une mijaurée et une imbécile, comme sa mère.

Barceló l'avait rencontrée par hasard, alors qu'elle travaillait à un étal de légumes sur le marché du Borne et, se fiant à son intuition, il lui avait offert de la prendre à son service.

– Nous ferons comme dans Pygmalion, annonça-t-il. Vous serez mon Eliza et moi votre professeur Higgins.

Bernarda, dont l'appétit littéraire se satisfaisait de la lecture de la presse dominicale, le regarda d'un air soupçonneux.

– Dites donc, on a beau être pauvre et ignorante, on sait se tenir décemment.

Barceló n'était pas exactement George Bernard Shaw ; mais s'il n'avait pas pu doter sa pupille de la diction et du port majestueux de Manuel Azaña, premier président de la République espagnole, ses efforts avaient néanmoins fini par dégrossir Bernarda et lui enseigner les manières et les façons de parler d'une domestique de province. Elle avait vingt-huit ans, mais elle m'a toujours paru en avoir dix de plus, rien que par son regard. Elle était assidue à la messe, et sa dévotion envers la Vierge de Lourdes frisait le délire. Elle se rendait tous les jours à la basilique de Santa Maria del Mar pour entendre le service de huit heures, et se confessait trois fois par semaine au minimum. M. Gustavo, qui se déclarait agnostique (ce que Bernarda soupçonnait être une affection respiratoire comme l'asthme, mais chez les Messieurs de la haute société), était d'avis qu'il était mathématiquement impossible que sa domestique commette assez de péchés pour maintenir un tel rythme de confession.

– Mais tu es bonne comme la romaine, Bernarda, disait-il, indigné. Ces gens qui voient le 60

L'Ombre du vent

péché partout ont l'âme malade, et si tu veux vraiment savoir, les intestins aussi. La condition de base du bigot ibérique est la constipation chronique.

En entendant de tels blasphèmes, Bernarda se signait cinq fois de suite. Plus tard, dans la nuit, elle récitait une prière particulière pour l'âme polluée de M. Barceló qui, comme Sancho Pança, avait le cœur bon mais le cerveau pourri par toutes ses lectures. De Pâques aux Rameaux, Bernarda se trouvait des fiancés qui la battaient, lui soutiraient le peu de sous qu'elle plaçait à la caisse d'épargne et, tôt ou tard, la laissaient en plan. Chaque fois qu'une de ces crises se produisait, elle s'enfermait dans sa chambre, au fond de l'appartement, pleurait des jours durant et jurait qu'elle allait se suicider avec de la mort-aux-rats ou avaler une bouteille d'eau de Javel. Barceló, après avoir dépensé des trésors de persuasion, s'affolait pour de bon et se résignait à appeler le serrurier de garde pour ouvrir la porte de la chambre et le médecin de famille pour administrer à Bernarda un somnifère de cheval. La pauvre se réveillait deux jours plus tard, et le libraire lui achetait des roses, des bonbons, une robe neuve et l'emmenait au cinéma voir un film de Cary Grant, qui selon elle était l'homme le plus beau de l'Histoire, après José Antonio, le fondateur de la Phalange.

– Vous savez qu'on dit que Cary Grant est de la jaquette ?... chuchotait-elle, en grignotant des chocolats. Comment est-ce possible ?

– Sottises, affirmait Barceló. Les croquants et les paltoquets passent leur vie à jalouser les autres.

– Comme Monsieur parle bien. On voit qu'il a été à cette université du Sorbet.

– De la Sorbonne, corrigeait Barceló, sans acrimonie.

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Il était très difficile de ne pas aimer Bernarda.

Sans que personne lui ait rien demandé, elle faisait pour moi de la couture et des petits plats. Elle reprisait mes habits, me peignait, me coupait les cheveux, m'achetait des vitamines et du dentifrice, et elle me fit même cadeau d'un flacon en cristal rempli d'eau bénite rapportée de Lourdes en autocar par sa sœur qui vivait à San Adrián del Besós. Parfois, tandis qu'elle explorait mes cheveux à la recherche de lentes ou autres parasites, elle m'entretenait à voix basse.

– Mademoiselle Clara est une des merveilles du monde, et que Dieu me fasse tomber morte si jamais je la critique, mais ce n'est pas bien que le petit monsieur s'obsessionne avec elle, si vous comprenez ce que je veux dire.

– Ne t'inquiète pas, Bernarda, nous sommes juste amis.

– C'est bien ça qui me tracasse. Pour illustrer son propos, Bernarda se mettait alors à me raconter une histoire qu'elle avait entendue à la radio, où il était question d'un garçon qui était tombé amoureux de son institutrice et à qui un sortilège justicier avait fait perdre les cheveux et les dents, tandis que sa figure et ses mains se couvraient de champignons vengeurs, une sorte de lèpre du libidineux.

– La luxure est un vilain péché, concluait Bernarda. Croyez-moi.

M. Gustavo, malgré les plaisanteries dont il me gratifiait, voyait d'un bon œil ma dévotion pour Clara et mon enthousiasme à lui tenir lieu de chevalier servant. J’attribuais sa bienveillance au fait qu'il devait me trouver inoffensif. Soir après soir, il continuait à me faire des offres alléchantes pour s'approprier le roman de Carax Il me disait qu'il en avait discuté avec des collègues de la confrérie des libraires d'ancien et que tous étaient d'accord : un 62

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Carax, aujourd'hui, pouvait valoir une fortune, spécialement en France. Je lui disais toujours non, et il se bornait à sourire d'un air matois. Il m'avait donné un double des clefs de l'appartement pour que je puisse entrer et sortir sans dépendre de sa présence ou de celle de Bernarda. Du côté de mon père, c'était une autre paire de manches. Avec les années, il avait surmonté ses réticences congénitales à aborder tous les sujets qui le préoccupaient vraiment. L'une des premières conséquences de ce progrès fut qu'il finit par manifester la réprobation que lui inspiraient mes relations avec Clara.

– Tu devrais fréquenter des amis de ton âge, comme Tomás Aguilar que tu oublies et qui est un garçon formidable, et non une femme qui est en âge de se marier.

– Quelle importance peut avoir notre âge, si nous sommes bons amis ?

Ce qui me chagrina le plus fut son allusion à Tomás, parce qu'elle était juste. Cela faisait des mois que je n'allais plus me promener avec lui, alors que nous avions été inséparables. Mon père m'observa d'un air réprobateur.

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