Tatiana Rosnay - Boomerang
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Penser à Astrid me donne envie de l’appeler pour raconter ce qui est arrivé. Je sors de la chambre sur la pointe des pieds. Astrid ne décroche pas. Ma paranoïa rampante me suggère de masquer mon numéro. Je laisse un bref message. Neuf heures. Elle doit être en voiture, dans notre vieille Audi. Je connais son emploi du temps par cœur. Elle a déjà déposé Lucas à l’école, et Arno et Margaux à Port-Royal, où se trouve leur lycée. Elle se débat probablement dans les embouteillages matinaux pour atteindre Saint-Germain-des-Prés, son bureau de la rue Bonaparte, juste en face de l’église Saint-Sulpice. Elle se maquille, en se regardant dans le rétroviseur, à chaque fois qu’elle est arrêtée à un feu rouge, et les hommes des voitures voisines reluquent cette bien belle femme. Mais je suis idiot. Nous sommes mi-août. Elle est encore en vacances.
Avec lui. Ou déjà rentrée à Malakoff, avec les enfants, après une longue route depuis la Dordogne.
Quand je retourne dans la chambre de Mélanie, un vieil homme bedonnant se tient devant la porte. Il me faut quelques secondes pour comprendre que c’est lui.
Il me prend brutalement dans ses bras. Les rudes embrassades de mon père me surprennent toujours. Je n’embrasse jamais mon fils de cette manière. De toute façon, Arno arrive à l’âge où l’on déteste être pris dans les bras, mais s’il m’arrive de m’y risquer, c’est avec douceur.
Il recule d’un pas et me regarde de biais. Des yeux marron globuleux, des lèvres très rouges et plus fines qu’autrefois, aux commissures tombantes. Ses mains, où les veines saillent, semblent fragiles, ses épaules s’affaissent. Oui, mon père est un vieil homme. Je suis sous le choc. Est-ce que nos parents nous voient vieillir eux aussi ? Mélanie et moi ne sommes plus jeunes, même si nous restons ses « enfants ». Je me souviens d’une des amies de notre père, une femme extrêmement liftée, Janine. Elle nous avait dit un jour :
— C’est si étrange pour moi de voir les enfants de mon ami atteindre la quarantaine.
Ce à quoi Mélanie avait répondu en lui offrant son plus beau sourire :
— C’est encore plus étrange de voir les amies de son père devenir de vieilles dames.
Mon père a beau être quelque peu décrépit physiquement, il n’en garde pas moins l’esprit vif.
— Où diable est le docteur ? grogne-t-il. Qu’est-ce qui se passe ici, nom de Dieu ? Cet hôpital est nul !
Je ne moufte pas. J’ai l’habitude de ses éclats. Ils ne m’impressionnent plus. Une jeune infirmière arrive en courant comme un lapin pris dans les phares d’une voiture.
— Tu as vu Mel ?
— Elle dort, marmonne-t-il en haussant les épaules.
— Elle va s’en tirer.
Il me fixe, l’air furieux.
— Je la fais transférer à Paris. Il n’est pas question qu’elle reste ici. Elle a besoin de bons médecins.
Je pense aux yeux noisette de Bénédicte Besson, aux taches de sang sur sa blouse, à tout ce qu’elle a fait la nuit dernière pour sauver la vie de ma sœur. Mon père se laisse tomber sur une chaise. Il guette une réponse ou une réaction de ma part. Je ne le gratifie ni de l’une ni de l’autre.
— Redis-moi ce qui s’est passé.
Je m’exécute.
— Avait-elle bu ?
— Non.
— Comment peut-on ainsi quitter la route ?
— C’est pourtant ce qui est arrivé.
— Où est la voiture ?
— Il n’en reste pas grand-chose…
Il me dévisage, menaçant et soupçonneux.
— Pourquoi êtes-vous allés à Noirmoutier tous les deux ?
— C’était une surprise pour l’anniversaire de Mel.
— Pour une surprise…
La colère monte. Il arrive toujours à m’atteindre, je ne sais pas pourquoi je m’en étonne. Oui, il y parvient encore et moi, je me laisse faire.
— Elle a adoré, dis-je en forçant le trait. Nous avons passé là-bas trois jours merveilleux. C’était…
Je m’interromps. J’ai un ton de gamin excédé. Exactement ce qu’il voulait. Sa bouche se tord comme quand il savoure sa victoire. Mélanie fait-elle semblant de dormir ? Je suis sûr que derrière la porte, elle écoute chacun des mots que nous prononçons.
Après la mort de Clarisse, notre père s’est refermé sur lui-même. Il est devenu dur, amer et toujours pressé. Difficile de se souvenir du vrai père, celui qui était heureux, qui souriait et riait, qui s’amusait à nous tirer les cheveux et nous préparait des crêpes le dimanche matin. Même quand il était débordé et rentrait tard, il prenait du temps pour nous, à sa façon. Il participait à nos jeux, nous emmenait au bois de Boulogne, ou nous conduisait à Versailles pour une balade dans le parc du château et une partie de cerf-volant.
Il ne nous montre plus jamais qu’il nous aime. Plus depuis 1974.
— Je n’ai jamais supporté Noirmoutier.
— Pourquoi ?
Pour toute réponse, il lève ses sourcils broussailleux.
— Robert et Blanche aimaient bien cet endroit, non ? demandé-je.
— Oui. Ils ont failli y acheter une propriété.
— Je sais. Une grosse maison, près de l’hôtel. Avec des volets rouges. Au milieu des bois.
— Les Bruyères.
— Pourquoi ont-ils renoncé finalement ?
Il hausse les épaules, mais ne me répond toujours pas. Il ne s’est jamais entendu avec ses parents. Mon grand-père Robert détestait être contredit et même si Blanche se montrait plus souple, elle n’était certainement pas une mère câline. De sa sœur Solange, il ne se sentait pas proche non plus.
Mon père est-il devenu un homme dur parce que ses parents ne lui ont pas manifesté assez d’amour ? Suis-je un papa doux et gentil (trop gentil et trop doux, se plaignait Astrid à chaque conflit avec Arno) parce que j’ai peur de briser les ailes de mon fils comme mon père a brisé les miennes ? Je me moque de passer pour un faible, de toute façon, je serais incapable de reproduire l’éducation sévère de mon père.
— Comment va ton bon à rien d’adolescent ?
Il ne demande jamais de nouvelles de Margaux ou Lucas. Sans doute parce que Arno est l’aîné et qu’il le considère comme l’héritier de notre nom.
Le visage pâle et pointu d’Arno m’apparaît. Ses cheveux en pétard, raidis par le gel, ses longs favoris – c’est la mode ! – qui lui tombent sur les oreilles, son piercing au sourcil gauche. Sa barbe approximative. L’ado type. Un enfant dans un corps d’homme.
— Il va bien. Il est avec Astrid en ce moment.
Je regrette immédiatement d’avoir prononcé le nom de mon ex. Je sais que je vais avoir droit à une tirade de mon père. Comment ai-je pu la laisser partir avec un autre homme, comment ai-je pu accepter ce divorce, ne savais-je pas quelles en seraient les conséquences, pour moi, pour les enfants ? Est-ce que je manque à ce point de fierté, de couilles ? Avec mon père, tout finit par trouver son explication à cette hauteur, les couilles. Alors que j’encaisse le coup et qu’il s’apprête à armer son prochain swing, le docteur fait son apparition. Les sourcils de mon père reviennent à leur place et sa mâchoire se contracte.
— Vous allez me dire exactement ce qu’il en est, mademoiselle, et tout de suite.
— Bien, monsieur, répond-elle très sobrement.
Alors qu’il ouvre la porte de la chambre de Mélanie, je croise le regard du docteur et je saisis un clin d’œil, à mon grand étonnement.
Il se conduit en vieil homme exaspérant. Mais il n’effraie personne. Il n’est plus l’avocat impressionnant à la langue aiguisée. Et, d’une certaine manière, cela m’attriste.
— J’ai bien peur que votre fille ne soit intransportable pour le moment, dit patiemment le docteur Besson, dont seuls les yeux trahissent l’impatience.
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