Tatiana Rosnay - Boomerang

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A suivi une éducation bourgeoise, toute de raideur et de tradition. Bonjour madame, au revoir monsieur. Manières impeccables, résultats scolaires excellents, la messe tous les dimanches à Saint-Pierre-de-Chaillot. Avec prière de garder ses émotions pour soi. Interdiction aux enfants de s’exprimer. Ne jamais parler de politique, de sexe, de religion, d’argent ou d’amour. Ne jamais prononcer le nom de notre mère, ne jamais évoquer sa mort.

Notre demi-sœur, Joséphine, est née en 1982. Elle est vite devenue la préférée de notre père. Il y avait quinze ans de différence entre Mélanie et elle. À la naissance de Joséphine, j’avais tout juste la majorité. Je partageais un appartement avec un couple d’amis sur la rive gauche et étudiais à Sciences-Po. J’avais quitté l’avenue Kléber qui, depuis la mort de Clarisse, ne pouvait plus porter, pour moi, le nom de maison.

Le lendemain matin, je suis affreusement raide à mon réveil. Ce lit d’hôpital fatigué est la chose la plus inconfortable sur laquelle il m’ait été donné de dormir. Ai-je même dormi ? Je pense à ma sœur. Comment va-t-elle ? S’en remettra-t-elle ? Dans la chambre nue, je cherche ma valise et mon ordinateur portable, rangé dans sa sacoche. Ces deux objets ont survécu à l’accident. J’ai testé mon ordinateur avant de me mettre au lit hier soir, il s’est allumé comme si de rien n’était. À peine croyable. J’ai vu l’état de la voiture. Pire encore, j’étais dans cette voiture. Et de cette voiture qui n’est plus qu’une épave, moi et mon portable sommes ressortis comme des fleurs.

L’infirmière que je vois arriver n’est pas celle de la veille. Elle est plus ronde et son visage a de jolies fossettes.

— Vous pouvez aller voir votre sœur, m’annonce-t-elle avec un grand sourire.

Je la suis dans les couloirs, nous croisons des vieux à moitié endormis qui traînent la patte, puis nous prenons un escalier jusqu’à l’étage où Mélanie est étendue sur un lit, harnachée à un tas d’appareils compliqués. Sa poitrine est entièrement plâtrée, des épaules à la taille. Seul son cou dépasse, long et fin. Elle ressemble à une girafe.

Elle est réveillée. Ses yeux verts sont cerclés de grands cernes noirs, sa peau est extrêmement pâle. Je ne l’ai jamais vue si pâle. Elle a l’air différente, je ne saurais dire pourquoi ou comment.

— Tonio, murmure-t-elle dans un souffle.

Je veux être fort, jouer au grand frère costaud, mais la voir ainsi me fait monter les larmes. Je n’ose pas la toucher, j’ai peur de lui casser quelque chose. Je m’assois maladroitement sur la chaise installée près de son lit. Je me sens gauche.

— Tu vas bien ? articule-t-elle tant bien que mal.

— Je vais bien. Et toi, comment te sens-tu ?

— Je ne peux pas bouger. Ce truc me gratte à un point…

Des questions me traversent furtivement : pourra-t-elle bouger un jour ? Le docteur Besson m’a-t-elle dit toute la vérité ?

— Tu as mal ? demandé-je.

Elle secoue la tête.

— Je me sens bizarre. – Sa voix est basse et faible. – Comme si je ne savais plus qui j’étais.

Je lui caresse la main.

— Antoine. Où sommes-nous ?

— Près de Nantes. On a eu un accident sur l’autoroute.

— Un accident ?

Elle ne se souvient de rien. Je décide de ne pas lui rafraîchir la mémoire. Pas pour l’instant. Je prétends être perdu moi aussi. Cela semble l’apaiser et elle me rend ma caresse. Puis je lui dis :

— Il arrive.

Elle comprend tout de suite de qui je parle. Elle soupire et détourne la tête. Je ne la quitte pas des yeux, tel un ange gardien. Je n’ai pas regardé une femme dormir depuis Astrid. Je pouvais la regarder des heures, jamais lassé de contempler son visage paisible, le frémissement de ses lèvres, sa peau de nacre et le soulèvement léger de sa poitrine. Dans son sommeil, elle avait l’air si jeune et si fragile, comme Margaux à présent. Je n’ai pas regardé Astrid dormir depuis le dernier été que nous avons passé ensemble.

L’été où notre mariage s’est brisé, Astrid et moi avions loué une maison carrée et blanche sur l’île grecque de Naxos. Nous avions déjà décidé de nous séparer en juin (enfin, Astrid avait décidé de me quitter pour Serge…), mais nous n’avions pas pu annuler nos billets d’avion et de bateau. Alors nous étions partis malgré tout, pour ce qui fut l’épreuve finale d’un mariage déjà défunt. Nous n’avions encore rien annoncé aux enfants et jouions la comédie des parents normaux. Nous affections un air si faussement enthousiaste que les enfants s’étaient doutés de quelque chose.

Pendant les trois semaines que dura ce supplice, j’ai eu envie de me tirer une balle dans la tête. Astrid passait son temps à lire sur le toit en terrasse, dans le plus simple appareil, et obtint rapidement un intense bronzage chocolat qui me rendait malade parce que je savais que bientôt Serge y promènerait ses grosses mains. Moi, je restais assis sur la terrasse du bas qui surplombait Orkhos et Plaka. La vue était splendide et je la contemplais dans une demi-ivresse, due à l’alcool autant qu’à ma profonde tristesse. La tache brune de l’île de Paros semblait à quelques brasses, la mer resplendissait d’un bleu ultramarine, moucheté d’éclats blancs et mousseux dessinés par un vent violent. Quand je me sentais trop désespéré ou trop soûl, ou les deux, je titubais sur le chemin abrupt et poussiéreux menant à une crique et me jetais, littéralement, dans l’eau. Un jour, une méduse m’a piqué, mais j’étais si perdu que je l’ai à peine sentie. C’est Arno qui a remarqué plus tard une méchante zébrure rouge sur ma poitrine, comme si l’on m’avait fouetté.

Un été en enfer. Pour ajouter encore à mon inconfort psychologique, la sérénité de nos petits matins était gâchée par le bruit exaspérant de bulldozers et de marteaux-piqueurs qui sévissaient un peu plus haut sur la colline où un Italien assouvissait sa folie des grandeurs en bâtissant une villa tout droit sortie d’un film de James Bond. C’était, sur l’étroit chemin qui longeait notre maison, un va-et-vient incessant de camions déblayant des débris ou de la terre. Je restais affalé, inerte, sur la terrasse à respirer la fumée de leurs pots d’échappement. Les chauffeurs étaient sympathiques et me saluaient à chaque passage, tandis que leurs moteurs monstrueux grondaient à quelques mètres de mon petit déjeuner. Que je n’arrivais pas à avaler.

Pour couronner le tout, il fallait veiller à ne pas gaspiller l’eau de la citerne, il y avait des coupures d’électricité tous les soirs, les moustiques étaient de véritables vampires des Carpathes et Arno avait brisé les toilettes high-tech, tout en marbre et suspendues, simplement en s’asseyant dessus. Chaque nuit, je partageais le lit de celle qui serait bientôt mon ex-femme, je la contemplais dans son sommeil et pleurais sans bruit. Elle ne cessait de me chuchoter, comme une mère patiente avec un enfant récalcitrant : « Antoine, c’est juste que je ne t’aime plus comme avant », puis elle me prenait très maternellement dans ses bras alors que moi, je frissonnais de désir pour elle.

Comment cela est-il possible ? Comment une chose pareille arrive-t-elle ? Comment un homme peut-il surmonter une telle épreuve ?

J’avais présenté Astrid à Mélanie, dix-huit ans auparavant. Astrid était attachée de presse dans une maison concurrente de la sienne. Elles étaient vite devenues bonnes amies. Je me souviens qu’elles offraient un contraste intéressant : Mélanie, petite, délicate, brune, et Astrid, blonde, les yeux bleu pâle. La mère d’Astrid, Bibi, est suédoise, originaire d’Uppsala, décontractée et artiste, et pour tout dire, totalement excentrique. Mais charmante. Le père d’Astrid, Jean-Luc, est un nutritionniste célèbre, un de ces types bronzés, à la minceur insultante, dont la seule présence vous rabaisse à l’état de loque confite de cholestérol. Obsédé par son transit intestinal, il saupoudre des fibres sur à peu près tout ce que Bibi cuisine.

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