Сорж Шаландон - Retour à Killybegs

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*

Je me suis retrouvé dans la rue, le 20 décembre à 9 heures, après quatre jours d’interrogatoire. Ils ne m’ont pas frappé, ni même rudoyé. Ils renonçaient.

— On arrête, Tyrone, m’a dit Mike après avoir éteint la caméra.

— Je suis libre de partir ?

— C’est ça.

Alors j’ai marché. Sur le port, vers la ville. J’avais des lunettes noires, et la casquette enfoncée comme quand j’étais soldat. Ma photo avait traîné dans les journaux. Elle errait encore, en bas de page. Deux visages accolés, le jeune Tyrone et le salaud. Le gamin lumineux, au milieu d’autres combattants, son sourire de contrebande à la prison de Crumlin. Et le vieillard hébété, entre Mike et Eugene, terne, dépeigné, lèvres sèches, regard désert, entouré de micros comme les fusils d’un peloton. Une boule d’angoisse. A cette heure, du nord au sud de l’Irlande, des costauds de comptoir rêvaient de me trouer la peau. Les pubs bruissaient de mon nom, des yeux me recherchaient. D’autres juraient m’avoir connu. Ils étaient interviewés en boucle sur la chaîne nationale.

— Vous ne vous êtes vraiment douté de rien ?

Sheila avait caché 150 euros dans mon sac. Trois billets de 50, pliés dans la serviette en papier de mon sandwich. J’ai pris un bus jusqu’au centre de Dublin. Mal au ventre, à la tête. Je n’avais jamais été rassuré par cette ville, j’y étais devenu une menace. J’ai décidé de rejoindre le Donegal en car. Pas de gare à traverser, moins de passage que dans le train. Une fois assis, on y est à l’abri. Le premier « Bus Éireann » partait à 13 heures. Je me suis installé tout au fond, à gauche, pour éviter le grand rétroviseur du chauffeur. J’ai mangé l’œuf aigre et les oignons, le pain mou de Sheila. A quelques sièges de moi, j’ai vu ma photo déployée. Je me suis tassé sur le siège. Il fallait que je dorme.

J’ai fermé les yeux à Navan. Quelques minutes seulement. Virginia, Cavan. Mon pays défilait en silence. A chaque arrêt je me tournais contre la vitre, le front dans la main. Ballyconnell, Ballyshannon, le chauffeur s’amusait des moutons sur la route. D’un arbre tombé. De cette touriste américaine montée à Pettigo, qui photographiait l’intérieur du car.

— En Irlande, le droit à l’image, c’est un euro par passager ! a murmuré le chauffeur au micro.

Elle a rougi, s’est excusée comiquement. Avant que les rires ne la rassurent.

Nous avons traversé Donegal. La nuit tombait. Je sentais battre en moi les frontières de l’enfance. Presque cinq heures de route.

— Killybegs ! Upper Road, a crié le chauffeur.

C’était un petit roux, avec de drôle de lunettes bleues. Un paysan, qui les aurait empruntées à un étudiant de Trinity College. J’ai remonté la travée en silence. Mon écharpe relevée sur la bouche. J’étais le seul à descendre. Il n’avait pas ouvert la porte. J’ai été obligé de me retourner, de le regarder. Il a actionné la manette.

— Bonne chance, a dit le chauffeur.

J’étais sur le marchepied, je me suis retourné. Il m’observait. J’ai hoché la tête. On dit au revoir, à son passager. A bientôt. J’espère qu’on ne va pas avoir la pluie. Mais pas « bonne chance ». Je n’ai pas répondu. Il a hoché la tête et refermé la porte derrière moi.

J’ai traversé le village. Marché vers la maison de mon père. J’étais courbé, douloureux des jambes, fatigué de tout. La nuit n’était pas tombée tout à fait quand je suis arrivé dans le chemin de terre. Le grand sapin, le vieux toit d’ardoise. Jeté dans les ronces, il y avait un seau de goudron et un large pinceau.

Traître !

L’inscription barrait la façade.

Rien n’avait été forcé. La clef a actionné la serrure. J’ai laissé les volets clos, j’ai mis le loquet et la chaîne. Il restait une dizaine de bougies sur l’étagère, et une bouteille d’alcool pour la lampe. J’ai allumé un reste de chandelle. Je ne voulais pas qu’on voie la lumière de la route. Je ne me suis pas déshabillé. J’ai gardé mon écharpe, ma casquette, mes gants. La cheminée attendrait demain. Je me suis couché comme ça, avec mes chaussures, enfoui sous nos draps et ceux du lit de Jack. J’ai ouvert ma fiasque de vodka. Moitié vide. J’ai tout bu, d’un trait. Pour allumer mon feu. J’ai écouté le silence. L’hiver de mon enfance, avec Noël au loin. J’ai salué mon retour. Les malheurs de ma mère. Les poings de mon père. J’ai revu mes frères, mes sœurs, entassés dans le grand lit, par terre sur les paillasses. J’ai compté leurs ombres dans l’obscurité. Salut à tous, mes amours. La nuit va être longue. La plus longue nuit qu’un homme ait vécue. Et même s’il se relève, le jour ne viendra plus. Ni le printemps, ni l’été, rien d’autre que la nuit.

22

Killybegs, mercredi 4 avril 2007

L’explosion m’a réveillé cette nuit à 3 heures. Violente, en échos fracassés. La foudre. Un arbre frappé dans la forêt. J’étais en sueur. J’ai rallumé le feu, passé un gilet sur mon pyjama. Et puis j’ai bu une bière en regardant les flammes.

Hier soir, en me couchant, j’ai chantonné. Ma voix m’a surpris. J’étais assis sur le lit, une biographie de James Connolly posée sur la couverture. J’ai tendu l’oreille, comme si quelqu’un d’autre était entré dans la pièce. Bière, vodka, fébrilité, ivresse. J’ai chantonné comme on s’oublie. Je me suis couché. J’ai lu. Une page pour aider le sommeil. Blessé par l’ennemi et soigné par l’ennemi, Connolly ne tenait pas debout le jour de son exécution. Alors il a été fusillé sur une chaise. Le 12 mai 1916, jour du supplice, le chirurgien qui avait sauvé sa jambe lui a demandé s’il voulait bien prier pour lui. Et aussi pour ceux qui allaient le mettre à mort.

— Oui, monsieur, a répondu Connolly, je prierai pour tous les braves qui font leur devoir selon ce qu’ils ont compris de la vie.

J’ai relu cette phrase, en prononçant chaque mot à voix haute.

« Selon ce qu’ils ont compris de la vie. »

Connolly avait prié pour ses bourreaux, parce qu’ils croyaient faire leur devoir. Je me suis levé, j’ai déchiré la page. Je l’ai collée dans le cahier. Ensuite, j’ai bu une bière. La dernière, celle qui précède toujours la suivante. C’était une blonde légère comme de l’eau. Je l’agaçais à la vodka. J’en buvais des pintes, versant l’alcool et la bière à parts égales.

Je me suis couché ivre, puis me suis réveillé terrorisé. Ce n’était pas la foudre. Un cri déchiré, d’acier et de ferraille. Pas loin de la maison, dans le chemin, peut-être. J’ai pris une lampe de poche et la crosse de Séanna, ma main crispée sur sa dragonne. Il faisait nuit. Il n’y avait rien dehors, moi seul. J’ai fait le tour de la maison. Du bruit dans mon dos. Le bruissement de la forêt. Un renard, ou un mulot en chasse.

— Je suis là !

J’ai hurlé.

— Tyrone Meehan est là !

Le vent marin jouait avec mes cheveux.

— Je vous attends, salauds !

J’ai interrogé le ciel. Il ne parlait pas d’orage. La lune caressait les murets de pierre et le haut des collines. J’avais été réveillé par une explosion de nuit, un fracas de mémoire. Ces remords en cahots qui déchirent les rêves.

Je suis rentré. J’ai ouvert la bouteille de vodka. Coule, coule, coule. Voilà, comme ça. La capsule gazeuse d’une boîte de bière. J’ai mélangé jusqu’au bord. Encore ivre d’hier, déjà ivre d’aujourd’hui. Et qui pour me juger ? Ici, je parle avec les rats. J’ai des amis cloportes. Je partage mon pain avec les fourmis soldats. Des unités entières, qui marchent sous mes ordres. Dans la maison de mon père, c’est moi qui commande. J’ai ouvert les rideaux, la fenêtre en grand. Je voulais qu’on me voie du milieu de la nuit. Dans quelques heures, il y aurait une clarté blanche à l’horizon. Les premiers oiseaux. La lumière qui pardonne. Encore un nouveau jour et je serais vivant.

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