Сорж Шаландон - Retour à Killybegs

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Ensuite, j’ai déposé mes fleurs au hasard, comme l’enfant ses cailloux dans la peur de se perdre. Chaque fois, j’ai murmuré un mot. Debout très droit, un vieux soldat au garde-à-vous. Salut, Bobby. Salut, Jim. Je me suis assis un instant sur la tombe de Tom Williams, stèle tragique.

Les nuages enserraient les collines. La pluie griffait de noir le grès des statues. Un instant de soleil, trois rais de lumière. Puis le sombre à nouveau. Le ciel s’est refermé comme un rideau funèbre.

Je suis allé à la grille. Je me suis retourné. J’ai dit adieu à Milltown.

De l’autre côté de Falls Road, il y a le cimetière municipal. Un endroit de repos, sans cette histoire commune. On y meurt de gris, pas de tricolore. Les têtes sont basses, les cœurs ne se soulèvent pas. Là-bas, on enterre ceux qui ne sont pas nous. Et c’est là que j’irai parce que je suis un autre.

*

A la nuit tombée, j’ai décidé de me rendre à l’IRA.

Lorsque je suis passé à la maison, Sheila m’attendait, assise dans mon fauteuil. La télévision était éteinte, son silence m’a frappé. Je suis resté debout, une dernière marguerite à la main. La fleur était comme moi, tête basse. Sheila s’est levée. Je la lui ai tendue. J’allais parler, elle a plaqué le bout de ses doigts sur mes lèvres. Pas de mensonge. Nous étions convenus de la vérité ou du silence. Alors le silence lui irait. J’allais monter dans la chambre, rassembler quelques vêtements pour mon sac. Sheila me l’a tendu. Il était prêt, posé contre le fauteuil. Elle l’avait préparé. Elle ne savait rien, mais se doutait de tout. Sur le dessus, de l’argent, un sandwich d’oignons et d’œufs, une bouteille d’eau.

Et la clef de Killybegs.

Le salon était sombre, et les rideaux tirés. Sheila n’avait allumé que la petite lampe posée sur le buffet, avec « Paris », dessiné sur le socle bleu nuit. Dans la poche de mon manteau, elle a glissé la photo qui était sur le mur de notre chambre, un sourire de nous trois, avec Jack à six ans, coiffé d’un casque en plastique noir de bobby londonien. Puis elle a renoué mon écharpe. M’a tendu les gants de laine que j’avais laissés sur la table de l’entrée. Un instant, j’ai eu peur qu’elle pleure, mais elle n’a pas pleuré. Pas là, pas en face. Elle avait même un sourire pâle, ce cadeau au mourant sur son lit d’hôpital. Je l’ai enlacée. Elle m’a repoussé légèrement, puis elle a pris mes mains. Elle les a embrassées, l’une après l’autre, ses yeux au fond des miens. Elle a soupiré, plongé la main dans la poche de son gilet. Elle m’a tendu le chapelet que ma mère avait usé de ses prières, les grains noirs lustrés comme du plomb de chasse.

Maman est morte à Drogheda, le 29 septembre 1979 dans la nuit, un sourire aux lèvres. Levée le matin à 5 heures, elle avait fait le chemin à pied jusqu’à Phoenix Parc, où Jean-Paul II devait prendre la parole.

Bébé Sarah avait quarante ans, elle était entrée au couvent Sainte-Thérèse, dans le comté Meath. Avec les petites sœurs de la Visitation, elle avait fait le voyage en car et invité maman à partager leur cercle. Le temps était radieux. Elles avaient prié sous le soleil.

Le soir, elle était rentrée fiévreuse. Elle priait à voix basse. Depuis qu’elle vivait seule, des voisines la visitaient avant la nuit. Chacune son tour. Ce soir-là, maman s’était habillée pour partir. Elle avait passé sa robe de messe, noire à col blanc, enfilé des gants de dentelles et mis ses chaussures vernies. Elle s’est couchée sur son couvre-lit, le portrait de la Vierge contre sa poitrine et deux bougies allumées sur le sol. Son chapelet était resté sur la table de nuit, enfoui dans une enveloppe bleue.

« Pour Sheila Meehan, qui en a bien besoin » avait écrit maman.

La voisine l’avait retrouvée comme ça. Le médecin a dit qu’elle n’était morte de rien. Elle était morte, et c’était tout.

— Pour mourir, il suffit de le demander, disait souvent ma mère.

Lorsque j’ai ouvert la porte de notre maison pour sortir, Sheila n’a pas bougé.

Ne te retourne pas, Tyrone. Ne regarde plus rien. Referme ta vie sans bruit. La nuit. Ma rue. Mon quartier. Les premières ivresses au loin. Le papier gras plaqué sur ma jambe par la pluie. L’odeur de Belfast, cet écœurement délicieux de pluie, de terre, de charbon, de sombre, de malheur. Tout ce silence gagné sur le tapage des armes. Toute cette paix revenue. J’ai croisé mes pubs, mes traces, mes pas. J’ai poussé la grille du square où avait été érigé le mémorial au 2 e bataillon de la brigade de Belfast. Le drapeau prenait le vent comme au mât d’un navire. Sur le marbre noir, la liste de nos martyrs.

Vol. Jim O’Leary

1937-1981

Mort au combat

J’ai prononcé son nom. Et d’autres encore.

Deux silhouettes gravées les entouraient. Deux soldats de l’IRA, tête haute, mains posées sur la crosse de leur fusil et canon sur le sol. Du doigt, j’ai caressé la pierre pour l’entendre. Lorsque j’étais enfant, paume contre leur écorce, j’écoutais le vieil orme et le grand sapin de mon père. J’interrogeais les briques tièdes et noires de la cheminée, le bois de pin gras qui tapissait le Mullin’s. Je me croyais sorcier.

J’ai sonné. Mike O’Doyle m’a ouvert. Il a vu mon sac. Il a hoché la tête.

— J’arrive, m’a-t-il dit.

Il ne m’a pas fait entrer.

Par la porte ouverte de son salon, je l’entendais téléphoner. Abbie, ma petite filleule, a entrouvert le rideau de la fenêtre. Elle devait être à genoux sur le canapé. Elle m’a vu, reconnu, m’a fait un petit signe de la main en souriant.

— C’est parrain Tyrone !

J’ai pu lire mon nom sur ses lèvres.

Mike était face au mur, téléphone à l’oreille. Il enfilait son blouson d’une main. La petite a cogné la vitre avec son index. Elle m’a fait signe d’entrer en agitant les doigts. J’ai secoué la tête. Non ma chérie. Il est tard. Je ne peux pas. Je lui ai fait sa grimace favorite, main en longue-vue sur l’œil et bouche de pirate avec mes dents gâtées. Elle a ri, s’est retourné pour le dire à son père. Il a levé une main impatiente. Alors, elle a ouvert le rideau davantage. D’un geste large, elle m’a montré le sapin de Noël, installé dans l’angle de la pièce. Il clignotait lentement. J’ai souri, retenu un sanglot. Quel beau sapin, petite Abbie. J’ai levé le pouce. Elle a applaudi. Mike a rangé son portable. Il s’est approché de sa fille, m’a regardé. Lui dans cette chaleur, ce bonheur si violent. Et moi dans ma nuit glacée, mon hiver. Une vitre nous séparait. Un rideau de dentelle blanche, retenu par une main d’enfant. Mike le sombre, Abbie la lumineuse. Celui qui sait, et celle qui ignore.

— Notre revanche sera la vie de ces enfants.

Je l’avais dit sur la tombe de Danny. Et c’était fait, Abbie.

Lorsque Mike a tiré le rideau sur les yeux de sa fille, j’ai fermé les miens. Je garderais cet instant. Cette insouciance, cette innocence, et cet amour pour moi.

*

La première voiture s’est arrêtée sur le trottoir, feux éteints, entre la porte d’entrée des O’Doyle et la rue, comme le faisaient les blindés britannique pour masquer une arrestation. J’ai reconnu Rorry, un gars du quartier de Short Strand. C’est lui qui conduisait. Il avait laissé le contact. A côté de lui, Cormac Malone, membre du Comité central de Sinn Féin et ami de toujours. Sa présence m’a rassuré. J’étais entre les mains du parti, pas livré à l’armée. Aucun des deux n’a tourné la tête. Ils regardaient devant, concentrés comme sur une autoroute par temps de pluie. Peter Bradley était assis à l’arrière. « Pete le tueur », qui avait passé plus de temps dans les cachots anglais que dans son salon.

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