Сорж Шаландон - Retour à Killybegs

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— Trahir ? Mais trahir qui ? Trahir quoi ? expliquait la maîtresse.

Nous n’étions pas alliés avec les Britanniques mais occupés par leurs soldats, torturés par leurs policiers et emprisonnés par leur justice. Cette guerre les affaiblissait et nous renforçait donc.

Nous l’écoutions. La prise de la Grande Poste par les insurgés, la déclaration d’indépendance proclamée sur ses marches, la répression féroce, l’écrasement, le poteau d’exécution pour nos chefs un à un. Cet échec sanglant qui n’en était pas un. Ce feu mal éteint allait incendier le pays tout entier.

Nous avions le droit de poser des questions. Et c’est Danny Finley qui a levé le doigt. Il a demandé s’il n’y avait pas une différence entre 1916 et 1942, entre une boucherie impérialiste et une guerre mondiale, entre le kaiser Guillaume II et Adolf Hitler. Il a demandé si, comme l’Irlande tout entière, l’IRA n’aurait pas dû rester neutre. Je me souviens de cet instant. Nous étions une vingtaine dans le local de Kane Street.

— Tu veux donner des leçons à l’IRA, Finley ? a demandé un Fianna.

Et ils se sont mis à parler tous à la fois. Notre rôle n’était pas de critiquer mais d’obéir. Le Conseil de l’Armée, le Commandement du Nord, le Comité central du parti, tous ces gens savaient ce qui était bon pour l’Irlande. J’avais sorti le sliotar de Tom. Je le roulais entre mes paumes. Danny ne cédait pas.

— Et qu’est-ce qui se passera si un combattant de l’IRA tue un soldat américain par erreur ? Vous pouvez me dire ce qui se passera ?

— Pourquoi l’IRA tuerait un Américain ?

— Parce qu’ils sont trente mille, parce qu’ils sont partout, dans les villes, à la campagne. Vous imaginez ? Un combattant républicain qui se trompe de cible ? Un óglach qui vise un soldat anglais et descend un Yankee qui distribuait du chocolat et des biscuits aux gamins ?

— Tu vois trop de films, Danny !

J’ai levé la main. Je lui venais en aide.

— Mon père était socialiste et républicain, il voulait combattre les franquistes en Espagne. Aujourd’hui, Franco et Hitler sont main dans la main et nous, nous sommes où ?

— Tu sais qui était le chef de la colonne Connolly des Brigades internationales ? m’a demandé l’enseignante.

Bien sûr, je le savais. Mon père ne l’avait jamais rencontré mais il en avait longtemps parlé comme de son futur chef.

— Avec Frank Ryan, on va écraser les fascistes irlandais, les chemises bleues, tous ces fumiers de Britanniques ! disait mon père.

Pour lui, « Britannique » était l’autre nom du salaud. Dans la rue, au pub, un gars qui le provoquait était un Britannique.

— Frank Ryan, j’ai répondu.

— Et sais-tu où est Frank Ryan aujourd’hui ?

Non. Je ne le savais pas. Emprisonné en Espagne ou mort, très probablement.

— A Berlin, a dit le professeur.

J’étais sidéré. Lui, le socialiste, l’internationaliste, le rouge, à Berlin ?

Je restai bouche ouverte.

— Un problème posé à la Grande-Bretagne est une solution apportée à l’Irlande, a encore dit notre enseignante.

Nous étions des gamins. Je regardais le visage de mes amis. Nous voulions nous battre pour la liberté de notre pays, honorer sa mémoire, préserver sa terrible beauté. Peu importaient nos pactes et nos alliances. Nous étions prêts à mourir les uns pour les autres. Mourir, vraiment. Et certains d’entre nous allaient tenir promesse.

Je n’ai plus posé de question. Et Danny a gardé les siennes.

Lui et moi allions faire la guerre aux Anglais, comme nos pères la faisaient. Et nos grands-pères aussi. Poser des questions, c’était déjà déposer les armes.

A la fin février 1942, un homme de l’IRA m’a confié mon premier pistolet.

Tom Williams nous avait postés partout dans le quartier. En signe de reconnaissance, les filles avaient un nœud vert dans les cheveux. Les garçons, l’écharpe rouge et blanche du club de foot de Cliftonville. C’était un jour de semaine. Le stade de Solitude était fermé.

— Il n’y a pas match aujourd’hui les gars ! disaient des hommes rieurs, en nous voyant remonter gravement les trottoirs.

Les soldats républicains pouvaient surgir à tout moment. Nous les attendions, postés aux carrefours. Moi, j’étais sous ce porche, adossé contre le mur d’une maison inconnue. Lorsque le gars de l’IRA est arrivé, j’ai sursauté. Il courait, main sous son manteau, cravate jetée sur son épaule. Il m’a tendu un revolver. Il venait de blesser un soldat d’une balle dans le cou. J’ai pris l’arme à deux mains, enfouie dans mon pantalon, plaquée contre la ceinture. J’ai traversé la rue. Tout mon corps palpitait. Après quelques mètres, une femme est venue à ma hauteur. Je ne la connaissais pas. Elle portait un ballon de foot dans un panier d’osier. Elle me l’a tendu sans un mot. Puis elle a pris ma main. J’ai eu un peu honte. Moi, Fianna de seize ans, en service actif, promené par cette mère comme un enfant.

— Quelqu’un vous prendra en charge. Laissez-vous conduire, avait dit Tom.

Les blindés encerclaient le quartier. Aux barrages, les policiers fouillaient les hommes, bras levés. Un militaire nous a fait signe d’avancer, elle avec son panier, moi avec mon ballon. Devant lui, la femme m’a traité de bon à rien. Une voix très aiguë, violente, désagréable. Chaque jour, elle maudissait le ciel d’avoir mis un tel idiot au monde. Le Britannique a hésité. Il m’a lancé un regard désolé, à la fois bienveillant et complice. Le geste de deux enfants malheureux qui se sont reconnus. Il nous a fait signe de passer. Et je lui ai rendu son sourire. Pas pour lui échapper, mais pour le remercier.

Cette preuve d’humanité m’a longtemps poursuivi. Et dérangé longtemps. Sous ce casque de guerre, il ne pouvait pas y avoir un homme, mais seulement un barbare. Penser le contraire, c’était faiblir, trahir. Mon père me l’avait enseigné. Tom me le répétait. J’ai marché plus vite, la main de cette femme dans la mienne, ma mère de guerre, son enfant de combat. Et je n’ai rien dit de cette rencontre, jamais. Ni raconté ce regard, ni avoué mon sourire.

Nous sommes entré au Donegal’s, un pub de Falls. La salle était bondée. Dès qu’il nous a vus, le patron a ouvert la porte blindée qui donnait sur la cour où deux hommes m’attendaient, assis sur les fûts de bière. J’étais bras ballants. L’un d’eux a ouvert mon manteau. Quand il a vu la crosse de l’arme, il a pâli.

— Sale con ! a-t-il murmuré, en sortant le revolver avec précaution.

L’autre type a secoué la tête.

— Qu’est-ce que j’ai fait ?

Le premier m’a regardé. C’est comme s’il réalisait ma présence.

— Qui ? Toi, Fianna ?

— Rien bonhomme, tu as été parfait, a répondu l’autre.

Puis il s’est retourné pour manœuvrer l’arme.

Je me suis retrouvé dans la rue, le ventre nu, sans ce poids mortel entre peau et chemise. Je claquais des dents. J’avais eu le temps de voir le revolver. L’homme de l’IRA me l’avait tendu chien levé, prêt à tirer. Je l’avais pris sans précaution, fourré dans mon pantalon comme une revue libertine à montrer aux copains. Mon doigt avait heurté le pontet, frôlé la détente. La moindre pression et le coup partait. J’avais marché comme ça quinze bonnes minutes, son canon écrasé sur mon sexe. La mort rôdait. Elle avait renoncé. J’avais dû la faire sourire.

5

Killybegs, lundi 25 décembre 2006

Ce matin, deux policiers irlandais sont venus me voir. Ils étaient embarrassés. J’étais ivre. Je leur ai proposé d’entrer pour une vodka, ou le thé de Noël. Ils ont refusé. Leur voiture était garée sur le chemin, en lisière de forêt.

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