Сорж Шаландон - Retour à Killybegs
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- Название:Retour à Killybegs
- Автор:
- Издательство:Grasset
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:105422
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Joseph Byrne, l’ange du père Donoghue. Le gamin qui chantait pour notre petite cohorte en lambeaux dans les tourbières. Joshe, le leprechaun , le lutin qui disait les grâces, qui priait pour nous, qui avait tenu tête aux frères Gormley sans jamais retrousser les manches.
— Il veut vous rencontrer. Il m’a dit de vous passer le message.
— Il veut me rencontrer ? Mais pourquoi ? Pour faire quoi ?
J’avais haussé le ton. C’était de l’inquiétude.
Le curé a quitté ma table. Rendez-vous à Ste Mary, demain mercredi ? C’était un ordre. Le jour d’après, Joshe partirait pour Belfast. J’ai dit oui, d’accord, évidemment. Pour le voir, pas pour être entendu. Pour être tout à fait certain que Dieu ne le martyrisait pas.
7
Oncle Lawrence est mort le 17 mars 1942, jour de la Saint-Patrick. Un toit a brusquement cédé sous son poids. Il a glissé et chuté en arrière, sur la nuque, les yeux au ciel et les bras écartés. Le jour de son enterrement, j’ai eu l’impression que toute l’Irlande était là. Derrière le joueur de cornemuse en kilt safran, maman ouvrait la marche, une maigre couronne entre les mains. Ensuite allaient Róisín, Mary, Áine, petit Kevin, Brian, Niall et Séanna. Moi, je portais bébé Sara, au premier rang des hommes.
Lawrence Finnegan n’appartenait pas à l’IRA mais le Mouvement lui avait fait l’honneur du drapeau. Il était porté par un Fianna, courbé sous le vent. Nous étions des centaines. Beaucoup de visages venus d’ailleurs. Séanna et Tom Williams ont aidé à soulever le cercueil, pas moi. Il est passé d’épaules en épaules sans que personne me fasse signe. J’étais trop jeune, ou trop petit, juste bon à accompagner les morts. Je n’étais pas triste. Pourtant la tristesse, en Irlande, c’est ce qui meurt en dernier. Je marchais avec les voisins, les amis, les anciens prisonniers, je suivais les soldats de l’IRA, trois longues colonnes noires étirée sur l’avenue. J’étais fier de cette foule, heureux d’appartenir à la fois aux Meehan et aux Finnegan. Fier aussi de marcher dans les pas de l’officier Williams, mon chef.
Des mères du quartier murmuraient que Tom Williams avait trop de douleurs en lui. Des pères disaient que face à ces yeux-là, la mort reculerait. Les sourcils froncés, toujours, avec des sillons de peine. Lorsqu’une émotion le suffoquait, il devenait terne. Il était douloureux. Il respirait mal. Un asthme d’enfance qui l’étouffait. Une fois, je l’ai fait rire. J’ai su que petit Tom se cachait derrière cette mélancolie.
Le soir de l’enterrement, lui et moi avons parlé de notre mort à tous. De sa sœur, Mary, foudroyée par une méningite à trois ans. De sa mère, Mary elle aussi, partie à vingt-neuf ans en accouchant d’une fille, morte à son tour six semaines plus tard.
— C’est la faute à la misère, pas la faute à la vie, disait Tom.
Alors nous avons parlé de la misère. De la Grande Famine. Des enfants sans chaussures dans la boue. De la lèpre du pain, qui suinte au coin des bouches mal nourries. De mon père mort de givre. Nous avions une colère commune. Et de la haine, aussi. Comme nous, Tom Williams avait fui son quartier. Une bombe loyaliste jetée sur un groupe d’enfants qui jouaient dans un parc. Il y avait eu des morts. Et c’est Terry Williams, son oncle, qui avait été emprisonné pour avoir défendu sa rue. Mais pas les tueurs protestants. C’était injuste. Tout était injuste. Nous étions seuls au monde, notre guerre balayée par une autre guerre que la nôtre. Le monde entier détournait les yeux. Il fallait compter sur nous seuls, sur nous-mêmes. Tom était au chômage, comme tous les hommes de nos quartiers. Comme Séanna et moi l’aurions été si oncle Lawrence ne nous avait pas laissé sa boutique, ses balais-brosses, ses truelles, ses hérissons de ramoneur. Jamais il n’y aurait de travail pour nous dans ce pays.
Il a allumé une cigarette. M’en a tendu une entre trois doigts, la première de ma vie. Alors je l’ai prise. Pour cligner les yeux dans la fumée comme le font les adultes. Il observait la rue, assis sur un perron. Comme lui, j’avais desserré ma cravate noire et ouvert mon col. Il m’a parlé de Pâques et il était inquiet. Il n’avait que deux ans de plus que moi mais je n’arrivais pas à lui reconnaître cette jeunesse. Tom Williams avait le visage marqué et le regard d’un veuf. Jamais je n’entendrais autant de blessures dans la voix d’un autre homme.
*
Les Britanniques avaient interdit tout rassemblement le dimanche de Pâques 1942. Mais nous avions décidé de désobéir. Personne ne nous empêcherait de célébrer l’insurrection de 1916 et de rendre grâce aux héros de la République.
Le Mouvement avait prévu trois processions illégales à Belfast, protégées par les Fianna en uniformes. Quand je lui ai demandé ce que nous ferions si la police intervenait, Tom a souri.
— Ils seront bien assez occupés avec nous, a répondu mon chef.
J’ai ouvert grands les yeux. Je voulais savoir ce que l’IRA préparait.
— Tu veux notre organigramme aussi ?
J’ai rougi. Secoué la tête, aspirant une grande brûlure de fumée pour me taire.
— Chacun son rôle, Tyrone Meehan.
Et puis il s’est levé. Doigts à la tempe, il m’a salué comme un soldat. En face, deux óglachs ont quitté leur mur d’obscurité pour protéger ses pas.
— Salut Fianna ! a lancé Tom Williams.
Je l’ai regardé s’éloigner dans Bombay Street, avec trois ombres pour lui seul. Il a tourné au coin. Il sifflait God save Ireland ! . J’ai serré le sliotar blanc. J’ai eu peur pour nous tous.
Le dimanche de Pâques, maman nous a habillés pour la messe. Je portais une vieille chemise blanche de Séanna. Et Niall, l’un de mes pantalons. Mon uniforme de Fianna était caché sous la couverture de Sara, dans la poussette. La rue était déserte et tendue. Un peu partout dans les ghettos nationalistes, les portes amies s’ouvraient aux scouts rebelles. Nous nous préparions deux par deux, dans les arrière-cours, cachés dans les penderies, les établis, les préaux d’école, les réduits de pub. Lorsque nous sommes arrivés devant l’épicerie Costello, Sheila a ouvert la porte. Ma famille s’est regroupée autour de la poussette comme pour consoler la petite. Ils me dissimulaient. Je me suis glissé chez les Costello tandis que les Meehan continuaient leur chemin vers l’église.
Danny Finley était en haut des escaliers. Il s’habillait en silence, sous le regard d’un Jésus triste. Assise sur les marches, Sheila me regardait enfiler mon short noir. Je rougissais. Je l’aimais. Les temps étaient trop timides pour oser, et la ville savait tout de ses enfants. Une main qui en prenait une autre et voilà des dizaines de doigts tendus. Ce n’était ni méchant, ni moqueur. Mais l’impression qu’il y avait toujours un jugement derrière le rideau. Les Britanniques surveillaient nos gestes, l’IRA surveillait notre engagement, les curés surveillaient notre pensée, les parents surveillaient notre enfance et les fenêtres surveillaient nos amours. Rien ne nous cachait jamais.
— Brits ! Brits ! a hurlé une jeune voix dans la rue.
Sheila s’est levée d’un coup et a dévalé les escaliers. Danny a continué d’enfiler sa chemise. Le calme était sa façon de paniquer.
— Merde, il manque un bouton à la manche, a grogné mon camarade.
Il avait raccommodé un genou de son pantalon.
Dehors, un blindé à haut-parleur répétait que tout rassemblement était illégal. Que manifester en temps de guerre était un acte de trahison. Au début des hostilités avec l’Allemagne, les camions militaires rôdaient dans nos quartiers pour appeler les jeunes catholiques sous l’uniforme anglais. Peu ont répondu à l’appel. En mai 1941, plus de deux cent mille nationalistes en âge de se battre avaient fui Belfast, des milliers d’autres couchaient dans les champs ou les collines autour de la ville pour échapper aux sergents recruteurs. Nos pères, nos mères, nos familles manifestaient dans les rues par milliers chaque jour pour refuser que leurs fils meurent pour le roi. Le 27 mai, Londres renonçait à la conscription obligatoire en Irlande du Nord. Et seuls les protestants d’Ulster partirent se battre pour leur drapeau.
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