Сорж Шаландон - Retour à Killybegs

Здесь есть возможность читать онлайн «Сорж Шаландон - Retour à Killybegs» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 2011, ISBN: 2011, Издательство: Grasset, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Retour à Killybegs: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Retour à Killybegs»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Retour à Killybegs — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Retour à Killybegs», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Maman avait soigneusement repassé mon uniforme. Une chemise vert foncé, la veste de même couleur, avec col officier fermé, pattes d’épaules, deux rangées de boutons de cuivre, un cordon blanc pour attacher le sifflet et un foulard orange. Le ceinturon était celui de mon père, et j’avais aussi hérité de sa sangle d’épaule. Le camion ennemi s’éloignait. J’épinglai l’insigne des Fianna sur mon cœur, la pique des insurgés de 1798 sur fond de soleil brûlant. Et puis nous nous sommes assis, en haut de l’escalier, à attendre les ordres. J’avais mis mon feutre à large bord sur la tête, Danny avait posé le sien sur son genou. On piquait les « Baden-Powell » par dizaines dans les boutiques de scoutisme à Dublin et à Cork. L’Irlande et la Grande-Bretagne pourchassaient notre armée secrète mais ils ne pouvaient pas interdire nos chapeaux.

Les Fianna sont sortis dans la rue presque ensemble. Danny et moi étions debout, derrière la porte d’entrée de la maison Costello. Sheila guettait derrière le rideau écarté d’un doigt. Son père avait la main sur la poignée. Il attendait. Un coup de sifflet métallique. En face, deux portes se sont ouvertes et quatre scouts sont apparus. Nous sommes sortis à notre tour. Danny nous a fait mettre en rang sur le trottoir. Nous étions dix. Et une autre dizaine en face, qui sortaient de l’impasse. Et d’autres encore qui arrivaient par Kashmir Road.

— Gauche ! Gauche ! Gauche, droite, gauche !

La voix d’un officier. Nous nous sommes mis en marche vers Falls Road. Je tremblais. C’est idiot. Je tremblais et je claquais des dents. J’avais tant rêvé à cet instant héroïque. Moi, Tyrone Meehan, défilant en uniforme et au pas. Voilà que j’avais peur. Ou froid. Je ne savais plus. J’avais mon chapeau sur les yeux et je n’osais le relever. Les filles des Cumann na gCailíní arrivaient de Leeson Street, avec leurs jupes vertes et leurs cheveux relevés. Bras droit, bras gauche, balanciers de parade. Nous progressions au milieu de l’avenue comme une armée d’enfants.

Sheila nous suivait. Dans un sac, elle portait nos vêtements civils. Chaque scout était suivi à distance par une mère, une sœur ou une amie. Quand nos drapeaux sont apparus, j’ai eu les larmes aux yeux, un rire de joie, des cris plein le ventre. Le tricolore de notre République était immense. Je n’avais encore jamais vu le vert, le blanc et l’orange flotter librement sous ce ciel. L’étendard des Fianna était superbe, frangé d’or, avec son soleil éclaboussé d’azur. Un garçon portait les couleurs nationales, une fille l’emblème des Fianna.

Nous occupions la rue. Nous l’avions arrachée aux soldats anglais, nous l’avions enlevée aux bombardiers allemands. Elle était irlandaise, cette rue. Reconquise par des gosses habillés en soldats. La population attendait sur les trottoirs, devant les portes. Autour, des hommes de l’IRA en civil donnaient des ordres brefs. Quand les drapeaux ont avancé, la population nationaliste est arrivée de partout. Emue, soucieuse, en fête ou en inquiétude. Une multitude belle et digne. Des femmes, des enfants par centaines, des hommes, des vieillards qui se prenaient pour des officiers, ordonnant aux gamins de mieux former les rangs. Une fanfare avait pris la tête du cortège. Quelques flûtes, trois tambours et des accordéons. Elle jouait God save Ireland ! en cadençant le pas. J’étais sur le côté, entre rue et trottoir, comme les autres Fianna. Notre ordre était de protéger la foule. Des loyalistes de Shankill, à quelques rues de là, et des soldats britanniques s’ils se montraient. Des hommes plus âgés portaient des crosses de hurling dans des sacs de chantier, des bâtons cloutés. Pas d’armes. C’était pour nous défendre, pas pour attaquer.

Arrivés à l’angle de Conway, l’ordre de dispersion a été donné. Brutal. Nous étions encore loin du cimetière. Deux hommes sont montés sur le toit d’un camion, mains levées, et ont hurlé à la foule de quitter la marche.

— Regagnez les trottoirs ! Tout de suite ! Ne rentrez pas seul chez vous ! Mêlez-vous à un groupe si vous êtes isolé !

— Pas plus de cinq personnes à la fois ! a hurlé l’autre.

Je connaissais le plus vieux. Il nous avait enseigné la Grande Famine.

Je sifflais, bras écartés pour disperser la marche.

— Faites passer le mot ! Ne courez pas ! Marchez sur les trottoirs !

Danny Finley a escaladé le camion.

— Les Fianna se changent ici, tout de suite ! Et chacun rejoint son cumann !

Sheila est arrivée en courant. Elle a déversé le sac d’habits sur le trottoir. Nous lui passions nos uniformes. Chemise, veste, pantalon. J’étais en caleçon dans la rue. Je m’en fichais. Elle a fourré ce vert rebelle dans sa musette. Elle a écrasé nos chapeaux. Autour de nous, les gens s’éparpillaient en murmurant. La rue n’avait pas peur. Elle était inquiète. Que s’était-il passé ? Pourquoi arrêter la marche au milieu de la commémoration ? Une jeune femme est arrivée vivement à hauteur de Sheila. Elle lui a pris son fardeau des mains, sans un mot ni un regard. Puis l’a caché sous son manteau en s’accrochant au bras d’un homme. Ils ont traversé l’avenue. Elle marchait avec peine, une main sur son ventre comme une future mère. Et lui semblait la rassurer. Je ne connaissais pas cette femme, ni cet homme. Mais je savais que notre sac serait ce soir au local, arrivé là par des rues détournées, et de mains inconnues en mains inconnues.

Depuis mon arrivée à Belfast, ces images me rassuraient. Elles étaient simples, et belles. Comme ces portes ouvertes au passage de nos fuites. Ce thé de nuit, offert par une femme qui nous avait surpris dans son jardin. Cette confession, mimée à genoux par un curé, lorsque les policiers m’avaient poursuivi dans son église. Comme ce pull noir, jeté sur mes épaules par un voisin, alors que je faisais le guet dans une rue de novembre.

— Là où il est, mon fils n’en a plus besoin.

Go raibh maith agat.

J’ai remercié en gaélique. L’homme a souri. Il m’a regardé mieux.

— Ça par exemple ! Un renfort de l’Etat libre !

Et puis il a ri, nouant les manches de laine tricotée sur mon torse.

Un avion de reconnaissance anglais survolait notre quartier. Les enfants lui ont fait des doigts d’honneur, espérant qu’il percute le barrage de ballons captifs qui dominait la ville. Falls Road était retournée à sa maigre circulation. Les trottoirs étaient encombrés de familles. En quelques minutes, plus de Fianna, de rebelles, de manifestants. Seulement des habitants se hâtant pour le thé.

*

Tom Williams venait d’être capturé par les Britanniques, et cinq hommes de la compagnie C avec lui. Le 2 e bataillon de la brigade de Belfast perdait l’un de ses chefs. Nous étions rassemblés au local, autour du ring désert. Par précaution, Danny n’avait allumé qu’une veilleuse. Les nouvelles arrivaient de partout. Elles couraient le quartier, de plus en plus mauvaises.

Pour protéger notre manifestation, Tom et ses soldats avaient ouvert le feu sur une patrouille de police, dans Kashmir Road. Tom a été blessé. Il avait donné l’ordre de repli, mais les policiers les avaient poursuivis comme des chiens de meute. Dans Cawnpore Street, nos hommes ont profité des portes ouvertes. Un policier est entré de force dans une maison. Il s’appelait Patrick Murphy, c’était un catholique. Il habitait Falls Road et avait neuf enfants. Tout le monde le connaissait. Il a été abattu au milieu du salon.

— C’était un salaud de policier ! a hurlé Danny Finley.

Mais quand même, c’était un catholique.

— Un putain de traître ! a encore grogné Danny.

Nous avons hoché la tête, mais nos cœurs de Fianna étaient déroutés. L’IRA venait d’assassiner l’un des nôtres. Ou presque. Un chômeur catholique qui nourrissait sa famille comme il le pouvait.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Retour à Killybegs»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Retour à Killybegs» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Benoît Duteurtre - Le Retour du Général
Benoît Duteurtre
Sorj Chalandon - Return to Killybegs
Sorj Chalandon
Stanislas Lem - Retour des étoiles
Stanislas Lem
Сорж Шаландон - Mon traître
Сорж Шаландон
STEFAN WUL - RETOUR A «0»
STEFAN WUL
libcat.ru: книга без обложки
Sorj Chalandon
Danilo Clementoni - Nous Sommes De Retour
Danilo Clementoni
Вальтер Скотт - Ivanhoe. 4. Le retour du croisé
Вальтер Скотт
Вальтер Скотт - Ivanhoe. 3. Le retour du croisé
Вальтер Скотт
Астгик Симонян - Gaghant Bab. Le Retour de Riguel
Астгик Симонян
Отзывы о книге «Retour à Killybegs»

Обсуждение, отзывы о книге «Retour à Killybegs» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x