Сорж Шаландон - Retour à Killybegs
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- Название:Retour à Killybegs
- Автор:
- Издательство:Grasset
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:105422
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
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Et puis j’ai posé le cahier sur la table ronde. Un cahier d’enfant, avec une couverture vert pays. Je l’ai lissé longtemps du plat de la main, avant même de l’ouvrir. J’ai hésité. Je voulais écrire Le journal de Tyrone Meehan sur la couverture, mais j’ai trouvé ça trop prétentieux. Confessions , non plus, ne me plaisait pas. Ni Révélations . Alors je n’ai rien noté du tout. J’ai ouvert le cahier, écrasant la pliure du poing.
A la sixième pinte, j’ai écrit quelques mots sur la première page de droite :
« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L’IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n’ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j’en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j’enrage. N’écoutez rien de ce qu’ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m’avoir connu. Personne n’a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd’hui, c’est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu’après moi, j’espère le silence. »
J’ai daté : Killybegs, le 24 décembre 2006. J’ai signé. Et puis je suis rentré.
J’ai remonté la rue, dépassé les frontières du village. Je suis retourné dans la maison humide et noire, le sliotar de Tom serré dans la poche. Je n’étais pas ivre, j’étais vertigineux, soulagé, inquiet. Je venais de commencer mon Journal.
4
Avec la guerre, nous savions que vivre dans le nord de Belfast deviendrait difficile. Ça a commencé en août 1941, par quelques pierres, jetées contre la porte. L’inscription « salauds d’Irlandais » tracée au noir sur l’atelier de Lawrence. Une nuit de septembre, nous avons éteint une bouteille incendiaire, lancée à travers le salon. Plus haut, dans Sandy Street, une famille catholique a décidé de partir pour la République. Et puis deux autres aussi, qui habitaient Mills Terrace. Chaque nuit, des protestants se faufilaient dans notre quartier et barbouillaient les façades. « Dehors les traîtres papistes ! », « Catholique = IRA ». Lawrence gardait un gourdin près de son lit. Séanna glissait sa crosse de hurling sous le matelas. Mais nous n’étions pas prêts pour la bataille.
La famille Costello s’est repliée sur le quartier de Beechmount juste après Noël. En trois voyages. Ils ont pris leur temps. J’ai embrassé Sheila pour la deuxième fois. Leur maison a brûlé la nuit même.
Les loyalistes nettoyaient leurs rues. Ils étaient protestants, britanniques, en guerre. Nous étions catholiques, irlandais, neutres. Des pleutres ou des espions. Ils disaient qu’en République d’Irlande, les villes restaient éclairées la nuit pour indiquer à la Luftwaffe le chemin de Belfast. Ils disaient qu’en Irlande du Nord, nous étions la Cinquième colonne, les artisans de l’invasion allemande. Accusés de préparer des terrains d’atterrissage secrets pour leurs avions et leurs paras. Nous étions des étrangers. Des ennemis. Nous n’avions qu’à repasser la frontière ou nous entasser dans nos ghettos.
Mais Lawrence refusait de partir. En 1923, ses parents avaient tenu bon, peu à peu entourés de maisons désertes aux fenêtres aveugles. Un soir, le frère de maman a parlé plus que de raison. Il a dit que nous étions partout chez nous en Irlande, de Dublin à Belfast, de Killybegs au 19 Sandy Street. Il a dit que les étrangers, c’étaient eux. Les protestants, les unionistes, ces descendants de colons, installés dans nos maisons et sur nos terres par l’épée de Cromwell. Il a dit que nous avions droit aux mêmes droits qu’eux, et aux mêmes égards. Il a dit que c’était une question de dignité. Et moi je l’ai écouté. Et j’ai entendu mon père. Et j’ai aimé mon père dans la colère de mon oncle. Lawrence Finnegan, c’était Patraig Meehan moins l’alcool et les coups.
Mon oncle ne buvait plus depuis dix ans. Un soir, en rentrant de Derry, il avait renversé sa voiture, heurtant un poteau, puis un arbre et roulant dans le fossé. Hilda et lui revenaient de chez le médecin. Les analyses de sa femme n’étaient pas bonnes. Ils n’auraient pas d’enfant, jamais. Rien d’autre qu’elle et lui, chaque matin, chaque soir, tous les jours de la vie. Et il en serait ainsi jusqu’à ce que l’un parte et que l’autre le suive. En chemin, ils avaient bu pour oublier. Ils avaient traversé la frontière en criant, hurlant adieu aux Brits par la fenêtre ouverte. Et vive la république ! Et revoilà enfin le pays ! Et il a dérapé sur son sol. La voiture s’est retournée. Lawrence a vécu. Hilda est morte. Depuis, mon oncle avait remplacé l’ivresse par le silence.
*
Nous étions en train de faire nos prières du soir lorsque les protestants sont entrés dans Sandy Street, le dimanche 4 janvier 1942. Ils ont fracassé notre porte à coups de hache et jeté des torches dans l’entrée. Lawrence a basculé le canapé pour nous protéger. Les filles sont descendues du premier étage en hurlant. Maman tenait bébé Sara par une jambe, tête en bas. Séanna avait sa crosse de hurling en main, mon oncle a crié. Qu’il ne bouge pas, qu’il ne tente rien, qu’il se cache avec nous derrière les coussins de velours.
— Demain, vous dégagez les lieux ! a hurlé un homme.
Je ne l’ai pas vu. Je n’ai vu personne. J’avais la tête entre les genoux et les yeux fermés. Mes sœurs, mes frères, ma mère à mes côtés, assis par terre, bras et jambes emmêlés. Ils sont entrés. Ils ont brisé les fenêtres, déchirant les croisillons de papier collant qui nous protégeaient des bombes allemandes. Ils ont cassé la soupière de Galway. Ils ont déchiré la photo du pape Pie XII. Ils ont tout abîmé, tout piétiné. Ils sont montés à l’étage en nous évitant, courant à gauche et à droite de notre abri. Nous étions onze, les uns sur les autres, réfugiés entre un canapé renversé et le mur. C’est-à-dire nus, exposés et sans force. Ils auraient pu nous tuer, ils ne l’ont pas fait. Ils nous ont enjambés, ignorés. Ils ne parlaient pas. Ils saccageaient le familier sans un mot. Ils n’étaient que le bruit de leurs pas et de leurs souffles. Ils ont même arraché la tête de Dodie Dum’, le doudou de bébé Sara. Ils ont tout désolé, et puis ils sont partis.
— Demain ! a encore hurlé la voix.
Séanna est sorti le premier, sa crosse à la main et les larmes aux yeux. Il était le plus vieux des Meehan, le chef de famille, et il avait failli. Il ne restait que lui pour remplacer le père et il ne l’avait pas fait. Il était dans la rue déserte et hurlait aux salauds, son bâton de bois pour rien. Lawrence jetait des seaux d’eau sur les flammes qui léchaient les rideaux du salon. Le feu grondait dans la chambre des filles. Nous n’avions plus le choix. Il était l’heure. Nous avions tenu jusque-là, quelques mois, quelques jours en plus. La plupart de nos voisins avaient renoncé. Nous étions les derniers, presque. Je revois mon oncle ramener Séanna dans notre maison hostile, la main sur sa nuque. Lui dire qu’il fallait maintenant sauver ce qui pouvait l’être. Et aussi que lui, Séanna, nous avait protégés. Que protéger était mieux que tuer. Que tous, nous lui devions la vie. Je me souviens du visage de mon frère. Il regardait mon oncle. Essayait de comprendre ce qui venait de lui être dit. Et puis il s’est rué au premier étage pour arracher des vêtements au brasier.
Plus tard, alors que le toit brûlait, Séanna est ressorti dans la rue avec les derniers sacs. Áine, petit Kevin et Brian l’ont entouré lentement. Mon frère s’est accroupi. Il les a serrés contre lui, enlacés tous ensemble, une brassée d’enfants effrayés qui lui disait je t’aime.
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