Сорж Шаландон - Retour à Killybegs

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*

Lorsque le camion de Lawrence est arrivé dans Dholpur Lane, les habitants sont venus à notre rencontre.

— Les familles de Sandy Street ! a crié un gamin.

Il était 4 heures du matin, le 6 janvier. Les portes se sont ouvertes presque ensemble, comme si le quartier nous attendait. Les femmes avaient enfilé un manteau sur leurs vêtements de nuit. Des hommes ont baissé le hayon arrière pour sortir ce qui restait de nous. Nous avions pu sauver deux matelas, quatre chaises, la table de la cuisine et des vêtements.

Je portais un matelas sur la tête. Il pliait derrière, devant, oscillant à chacun de mes pas et cachait mes yeux. Brian, Niall et Séanna transportaient la table. Róisín, Mary et Áine étaient chargées des sacs d’habits. Petit Kevin tirait une chaise sur la rue. Maman avait bébé Sara pour fardeau, et aussi notre Vierge en plâtre, qu’elle tenait serrée contre son enfant. Une femme les a enveloppées dans une couverture.

Une vingtaine de jeunes garçons se sont précipités vers nous avec des charrettes à bras. Ils ont empilé les sacs, la table, les chaises. Un jeune homme leur donnait des ordres brefs. Ils l’appelaient Tom. J’ai pensé à un officier déployant ses soldats.

— Tu veux de l’aide ?

J’ai regardé Tom sans répondre. Un grand type brun, à peine plus âgé que moi. Il a soulevé le matelas de ma tête et nous l’avons porté ensemble jusqu’au numéro 17, une porte noire et rouge qui avait été ouverte pour nous.

Mon oncle était défait. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Adossé au lampadaire orangé, il regardait son ombre sur le trottoir. Il semblait indifférent à tout. Quelques hommes l’entouraient. L’un d’eux avait mis une main sur son épaule. Lawrence nous avait sortis du brasier. Et maintenant que nous étions sauvés, il reprenait son souffle. Il avait froid et peur. Son visage était couvert de fumée et de suie, comme lorsqu’il rentrait du travail après avoir combattu les cheminées. Il était seul. Il avait tout perdu.

Tom a déposé le matelas dans un coin de la pièce. Il l’avait porté seul, et je l’avais suivi. Je regardais notre nouvelle rue, les visages des voisins, les Vierges rassurantes contre les fenêtres glacées.

— Ce n’est pas grand, mais ça vous permettra de souffler, a dit Tom.

Le garçon avait les poings sur les hanches. Il regardait partout à la fois, comme s’il surveillait le quartier.

— On ne craint rien ici, n’est-ce pas ? lui a demandé ma mère.

Il a souri. Ici ? Jamais rien ne nous arrivera. Nous étions chez nous, au cœur du ghetto. Protégés par notre nombre et notre colère.

— Et aussi par l’IRA, a encore souri notre hôte.

L’IRA. J’ai frémi. Lawrence l’a remarqué. Il a eu un haussement d’épaules et m’a demandé de l’aider à porter la table au lieu de rester les bras morts.

L’IRA. Ce n’était plus trois lettres noires, bavées sur notre mur à la peinture haineuse. Ce n’était plus une condamnation entendue à la radio. Ce n’était plus une crainte, une insulte, l’autre nom du démon. Mais c’était un espoir, une promesse. C’était la chair de mon père, sa vie entière, sa mémoire et sa légende. C’était sa douleur, sa défaite, l’armée vaincue de notre pays. Jamais je n’avais entendu ces trois lettres prononcées par d’autres lèvres que les siennes. Et voilà qu’un gaillard de mon âge osait les sourire en pleine rue.

L’IRA. Soudain, je l’ai vue partout. Dans ce fumeur de pipe chargé de couvertures. Ces femmes en châle, qui nous entouraient de leur silence. Ce vieil homme, accroupi sur le trottoir, qui réparait notre lampe à huile. Je l’ai vue dans les gamins qui aidaient à notre exil. Je l’ai vue derrière chaque fenêtre, chaque rideau tiré pour tromper les avions. Je l’ai vue dans l’air épais de tourbe. Dans le jour qui se levait. Je l’ai sentie en moi. En moi, Tyrone Meehan, seize ans, fils de Patraig et de la terre d’Irlande. Chassé de mon village par la misère, banni de mon quartier par l’ennemi. L’IRA, moi.

J’ai tendu la main à Tom. Comme deux hommes qui concluent un marché. Il l’a regardée, m’a regardé, a hésité. Et puis il a souri une fois encore. Sa paume était glacée, ses doigts fermes.

— Tyrone Meehan, j’ai dit.

Nous étions au milieu de la rue. J’aurais aimé me voir à cet instant. J’ai eu la certitude que cette main tendue était mon premier geste d’homme.

— Tom Williams, a dit Tom.

Il m’a regardé un instant et il a ajouté :

— Lieutenant Thomas Joseph Williams, compagnie C, 2 e bataillon de la brigade de Belfast de l’Armée républicaine irlandaise.

Il a ri de mes yeux immenses.

— J’ai dix-neuf ans. Appelle-moi simplement Tom.

*

J’ai rejoint l’IRA le 10 janvier 1942, quatre jours après notre arrivée à Dholpur Lane. Enfin, pas l’IRA. Pas tout à fait. J’étais trop jeune. Personne dans le quartier ne nous connaissait. Etre chassé par les loyalistes n’était pas suffisant pour instaurer la confiance. Comme Tom avant moi, comme de nombreux volunteers de l’IRA, j’ai d’abord rallié les Na Fianna hÉireann , les scouts de la République. Depuis 1939, les Fianna étaient très affaiblis. Interdits en République et en Irlande du Nord, pourchassés, internés des deux côtés de la frontière. Ceux qui avaient goûté aux prisons britanniques disaient que les geôles irlandaises n’avaient rien à leur envier.

Chaque quartier républicain avait sa propre unité de jeunes. L’IRA était divisée en brigades et en bataillons, nous étions rassemblés en cumann .

Notre local de Kane Street était minuscule et sombre. Une table, quelques chaises et un ring de boxe. Cela ressemblait à une salle de sport, pas à un quartier général républicain. Je passais mon temps entre les cordes, poings levés à hauteur des yeux. Nous apprenions à cogner sans hésiter et à recevoir sans gémir. Notre chef s’appelait Daniel « Danny » Finley, un gars sans émotion, sans chaleur ni mot de trop. Il avait mon âge. Sa famille avait fui le quartier de Short Strand après le lynchage de Declan, son frère jumeau. Il rentrait du lycée, en uniforme catholique, avec sa cravate verte rayée d’ocre et le blason de St. Comgall. Le trottoir était encombré de gravats. Il avait hésité, puis traversé la rue, passé la frontière invisible qui séparait les deux communautés. Et marché en face, sur le trottoir protestant. Il ne provoquait rien ni personne. Il faisait un détour pour éviter l’éboulement d’une façade.

Un camion de transport de bois est passé dans la rue. Sur les planches empilées, une dizaine de lycéens protestants en blazer bleu. L’un d’eux a hurlé.

— Hé ! Un putain de Taig !

Taig. Catho de merde. Saleté de papiste. L’insulte préférée des loyalistes en culottes courtes. Declan a retraversé la rue en courant, il a heurté le trottoir. Il est tombé en hurlant. Les bleus se sont rués. Il s’est protégé, couché sur le côté, les yeux fermés, la tête entre ses poings, les genoux plaqués contre son torse. Un enfant dans un ventre de mère. Coups de genoux, de poings. Un jeune a sauté à pieds joints sur sa tête. Un autre a jeté un bloc de béton sur sa poitrine. Et puis ils sont partis en courant, rattrapant le camion au carrefour et sautant sur le plateau de bois en chantant.

— Chez nous ! Chez nous ! Nous sommes ici chez nous !

Un homme a timidement ouvert sa porte, d’autres se sont avancés vers la victime. Une femme est sortie avec un verre d’eau. Tous catholiques, tous de ce trottoir-ci. De l’autre côté de la rue, des adultes regardaient.

Declan Finley est mort. Le visage écrasé et les poings serrés. Lorsque les secours sont arrivés, le sang du garçon était marron, épais, mélangé à la poussière. Aidé de sa canne, un vieil homme s’est accroupi, il a trempé la main droite dans la flaque et il a traversé la rue, paume levée. Sur le trottoir d’en face, une centaine de silencieux. Ils se sont écartés. Le nationaliste a barbouillé leur trottoir avec soin. Un homme s’est avancé, deux autres l’ont retenu. Le vieux est reparti en leur tournant le dos.

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