Сорж Шаландон - Retour à Killybegs
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- Название:Retour à Killybegs
- Автор:
- Издательство:Grasset
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:105422
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
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Les infirmiers ont chargé Declan dans une ambulance. En face, des gamins effaçaient le sang du martyr en raclant leurs chaussures sur le goudron.
C’était juste avant guerre. La famille Finley a quitté le ghetto pour se réfugier dans l’ouest de Belfast. Comme tant d’autres. Encore, et encore, et encore. Venant du nord et de l’est de la ville, les catholiques arrivaient par centaines et s’entassaient dans les catacombes de brique.
Je respectais Daniel, mais il me faisait peur. A la boxe, il cognait sec. Un jour, il a saigné du nez, un flot. Il a enlevé ses gants, s’est essuyé à deux mains, puis il a barbouillé le visage de celui qui avait porté le coup. A pleins doigts poisseux sur le regard terrorisé. J’étais content d’être dans son camp, dans celui de la République irlandaise, de James Connolly, de Tom Williams, dans celui de mon père. Je plaignais sincèrement les gars qui nous avaient en face.
*
Un samedi de février 1942, j’ai participé à ma première opération militaire. Depuis quelques mois, le Commandement du Nord avait collecté toutes les armes disponibles, cachées en République depuis la guerre d’indépendance. Des volunteers passaient la frontière de nuit pour fournir le matériel aux quatre bataillons de Belfast. Nous étions des enfants. Nous ne savions pas grand-chose de ce grand déménagement national. Et c’est bien après la guerre que nous avons appris l’ampleur des transports clandestins. Près de douze tonnes d’armes, de munitions et d’explosifs avaient été déplacées à travers champs sur ordre du Conseil de l’Armée républicaine, à pied, en camion, en charrette, à dos de femmes et d’hommes, sans que les armées britannique et irlandaise s’en doutent.
Ce soir-là, Tom Williams est venu chercher deux Fianna au local.
— Tu sais siffler, Tyrone ?
J’ai dit oui, bien sûr, depuis toujours.
— Siffle.
J’ai porté les index à mes lèvres.
Mon père adorait mon sifflet, ma mère le détestait. A Killybegs, c’était le signal de la bande de Meehan, quand nous fondions sur Timy Gormley et sa troupe. Le père Donoghue disait que seul le cri du diable pouvait ainsi percer l’oreille humaine.
J’ai sifflé.
Tom n’a pas eu l’air surpris. Il a simplement hoché la tête.
— En cas de danger, je veux qu’on t’entende jusqu’à Dublin.
Daniel sifflait sans doigt. Il retroussait sa lèvre supérieure et collait la langue à ses dents.
— Danny et Tyrone, a ordonné le lieutenant Williams en prenant la porte.
Lui et moi avons reçu une dizaine de tapes dans le dos. Les autres garçons étaient contents pour nous, et fiers aussi, probablement.
Dans la rue, une femme et une fille attendaient notre sortie. Je connaissais la première, une combattante de Cumann na mBan, l’organisation de femmes de l’IRA. La jeune devait appartenir aux Cumann na gCailíní, les scoutes républicaines. Tom a marché devant, nous l’avons suivi en silence. Cinq ombres dans la rue.
— Tyrone.
Le chef avait murmuré. Sans s’arrêter, d’un geste du menton, il m’a indiqué l’angle des rues O’Neill et Clonard, me lançant un sliotar blanc bordé de noir. Je l’ai cueilli d’une seule main. Sans réfléchir. Une balle de hurling dédicacée par l’équipe d’Armagh. Pourquoi ? Me donner contenance ? Pas de question, pas de doute. Il faut comprendre d’un regard ou rester au local. J’ai pris ma position, et j’ai jeté le sliotar contre le mur, le faisant rebondir dans ma paume comme un gamin qui fait passer le temps.
Tom a continué sa route.
— Danny.
Daniel Finley s’est posté face à moi, de l’autre côté de la route, regard tourné vers Odessa Street. Un vélo l’attendait, renversé contre le mur, roues en l’air et chaîne déraillée. Mon camarade s’est agenouillé, comme s’il la réparait. La jeune fille est descendue avec son officier jusqu’au coin de Falls Road, et ils sont restés là, sous un porche, comme une mère et sa fille.
Tout s’est passé trop vite. Daniel courbé sur son vélo, les rues désertes. Deux voitures se sont arrêtées. Huit hommes sont descendus en courant, les bras lourds. L’IRA. Quatre ont tourné dans Odessa, les autres sont passés devant moi.
— Salut Tyrone, m’a soufflé un gars.
Je ne l’ai pas reconnu, pas même regardé. Je surveillais mon coin d’Irlande, ma rue de brique, mon carré de petit soldat. J’ai seulement vu l’acier des canons, accroché par la lumière d’une fenêtre aux rideaux mal tirés. Des fusils. Les fusils de la guerre. Les armes de la République. Je n’avais jamais vu leur métal, jamais imaginé le bois de leur crosse et ils me passaient à portée, par brassées, enveloppés dans des couvertures grises.
Des portes se sont ouvertes. Les hommes sont entrés dans les logements, les arrière-cours, les jardins minuscules. Les voitures reparties. Tom est revenu seul. Il est passé à ma hauteur. Son visage, ses yeux baissés, son dos pressé. Il sifflait God Save Ireland ! Il est remonté vers Clonard. J’étais presque déçu. J’avais imaginé un clin d’œil ou un mot. En face, Daniel redressait son vélo et s’en allait aussi. La onzième fois qu’il était sentinelle. Il savait comment tout cela se finissait.
— Tu peux m’appeler Danny, m’a lancé Finley sans un regard.
Alors j’ai quitté mon mur. J’ai mis le sliotar dans ma poche et je suis retourné à Dholpur Street. Je marchais différemment. J’étais un autre. J’ai croisé un couple, une femme et son enfant, une jeune fille, qui portait son masque à gaz en bandoulière, comme un sac à la mode. Ils ne m’ont pas remarqué. Alors que j’étais un Fianna, un guerrier irlandais. Un soldat de l’IRA, presque. Dans quelques jours, à dix-sept ans, j’irais rejoindre Tom Williams et les autres. C’est moi qui serais dans la rue, courant dans la nuit froide avec mon fardeau de bataille. Moi qui frôlerais un Fianna auxiliaire en short et bouche ouverte. Moi qui lui glisserais son prénom en confidence. Moi qu’il regarderait s’évanouir dans notre obscurité. Ce serait moi, Tyrone Meehan. Et je sifflerais God save Ireland !
*
Pour l’instant, assis par terre ou adossé au ring, j’étudiais. J’avais quitté l’école catholique pour rejoindre l’enseignement républicain. Des professeurs allaient de cumann en cumann pour éduquer les Fianna. J’avais tout à apprendre de l’histoire de notre pays. Je ne connaissais de notre combat que les gestes de mon père et ses mots trébuchant d’alcool. Si je savais les grandes dates et les noms glorieux, c’était sans en saisir le sens. Mon credo était enfantin : « Brits out ! » Les Britanniques dehors. Mon père m’avait laissé cette certitude en héritage, rien de plus.
Ce jour-là, nous étions tendus, et le groupe divisé. Notre professeur était une femme. Depuis une heure, elle expliquait que notre parti, notre armée, notre peuple, n’étaient pas concernés par la guerre qui saccageait l’Europe. Mais que, peut-être, nous pouvions y gagner quelque chose. Sur le tableau improvisé – des ardoises collées sur un plateau de bois – elle avait écrit la phrase prononcée en 1916 par James Connolly, syndicaliste, soldat et martyr irlandais. « Nous ne servons ni le roi, ni le kaiser mais l’Irlande ! » Le jour de Pâques, alors que les Britanniques se battaient aux côtés des Américains et des Français dans les tranchées de la Somme, alors que les protestants d’Irlande du Nord avaient rejoint en masse l’armée du roi, hachés par milliers en première ligne, les républicains irlandais se rebellaient au cœur même de Dublin. Une poignée de braves, les armes à la main. « Trahison ! Vous nous avez planté un couteau dans le dos ! » avaient hurlé les Anglais.
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