Сорж Шаландон - Mon traître
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- Название:Mon traître
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- Издательство:J'ai Lu
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- Год:2011
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— Je t’aime bien, fils, a dit Tyrone en posant la main sur mon épaule.
— Moi aussi, j’ai répondu en souriant.
— Ah bon ? Et pourquoi ça ? il a demandé.
Et puis il a eu son rire. C’est la première fois que je l’entendais. Un rire en cascade, formidable, sans retenue. Un rire que j’essaierai d’imiter sans jamais y parvenir. Un rire qui me réveille encore la nuit maintenant qu’il est mort.
*
En rentrant à Paris, j’ai compris. En me réveillant le jour d’après. En marchant dans la rue, cet avril 1977. En regardant le ciel pour rien. En croisant ceux qui ne savaient pas. J’étais différent. J’étais quelqu’un en plus. J’avais un autre monde, une autre vie, d’autres espoirs. J’avais un goût de briques, un goût de guerre, un goût de tristesse et de colère aussi. J’ai quitté les musiques inutiles pour ne plus jouer que celles de mon nouveau pays. Je me suis mis à lire. Tout. Tout sur l’Irlande. Rien que sur l’Irlande. Irlande. Irlande. Irlande. Je cherchais ce mot à travers les lignes des journaux, dans l’encre des livres, je le lisais sur les lèvres, dans les yeux, partout. J’ai su qu’en gaélique, Armée républicaine irlandaise se disait « Óglaigh na- hÉ ireann ». J’ai fêté la Saint-Patrick. Je me suis coloré les cheveux en vert. J’ai lu le livre de Kells, les raids vikings, les batailles de Toirrdelbach Ua Briain, roi de Munster. J’ai appris les invasions normandes, la résurgence gaélique, la conquête des Tudor, la colonisation de l’Ulster, les rébellions écrasées une à une, la sauvagerie de Cromwell, la défaite de James II le catholique. J’ai découvert les lois pénales, la Grande Famine, le Home Rule. J’ai lu en anglais la guerre d’indépendance, la guerre civile, la guerre au Nord. J’ai lu Flann O’Brien, O’Flaherty, Beckett, Kavanagh, O’Casey, Behan, Wilde, Synge, Swift. J’ai essayé de lire Joyce. J’ai découpé un poème de William Butler Yeats. Je l’ai collé à côté de James Connolly, sur le mur de mon atelier.
« Now and in time to be
Wherever green is worn
Are changea, changea utterly
A terrible beauty is born. »
J’ai décidé que la Guinness serait mon eau de vie. J’ai eu du mal, d’abord. Cette amertume, ce goût de lourd, de terre et de brûlé. L’onctueux de sa crème, la pinte interminable. Avec Jim et Cathy, à la table du Thomas Ashe, je faisais comme si. Je buvais sans aimer. C’était un rituel. J’avais décidé de trouver désormais la bière noire à mon goût. À Falls Road, je m’étais acheté un béret à pompon en tricot de laine blanche. Et aussi une Claddagh ring, la bague d’appartenance vieille de 400 ans. Elle montre un cœur couronné enserré par deux mains. La pointe du cœur de métal dirigée vers votre cœur murmure que vous êtes pris. La pointe du cœur de métal dirigée vers l’extérieur soupire que vous êtes libre. Jim porte la Claddagh, Cathy aussi. Tyrone a une vieille Claddagh en argent. J’observe les doigts dans les pubs, dans les rues. Je laisse traîner ma main sur les tables pour que mon cœur soit vu. Dans les années 70, des paramilitaires loyalistes protestants ont coupé quelques doigts qui portaient cette bague parce qu’elle disait le catholique irlandais. C’était leur jeu. Comme graver le mot Papiste au couteau, dans le dos d’un gamin raflé au hasard de la rue. Un soir, dans le métro parisien, j’ai remarqué une femme qui lisait. Une Claddagh brillait à son annulaire. J’en ai eu les lèvres sèches et les jambes mortes. J’ai posé ma main sur la barre d’appui face à elle, en tapotant l’acier avec l’or de ma bague, mais elle n’a pas levé la tête.
Très vite, je me suis dit que j’irais à Belfast deux fois par an. Une fois pour Pâques, une autre fois en août, pour la marche célébrant l’anniversaire de l’Internement sans procès des suspects républicains, en août 1971. Lorsque Cathy et Jim n’étaient pas là, je dormais chez Tyrone. J’étais moins à l’aise avec Sheila et lui, mais j’y avais mes habitudes. J’allais chercher le charbon dans l’arrière-cour. Je remplissais le poêle au matin froid. Je dormais à l’étage, dans le lit de leur fils. C’est moi aussi qui fermais la grille en fer forgé de l’escalier séparant le rez-de-chaussée du premier étage. Une nuit, j’avais oublié. Je m’étais couché tard, j’avais un peu bu. Je ne trouvais plus la clef. C’est la seule fois où j’ai vu Tyrone en colère. Il m’a expliqué que cinq catholiques étaient morts comme ça, à cause de leur grille oubliée. Les commandos loyalistes avaient enfoncé les portes d’entrée à coups de hache et s’étaient rués à l’étage en tirant sur les lits.
— Avec la grille, ils sont bloqués en bas. Alors ils lâchent une rafale dans l’escalier mais tu t’en sors, avait dit Tyrone.
De plus en plus souvent, c’est lui qui venait me chercher à la gare ou à l’aéroport. Et c’est aussi lui qui me raccompagnait. Quand nous arrivions à hauteur d’un contrôle de l’armée, il me demandait de ne pas parler. Surtout pas en français. De ne donner ni mon nom, ni la réponse aux deux questions posées : « D’où venez-vous ? », « Où allez-vous ? ». Alors je faisais comme lui. Je ne répondais rien. Le plus longtemps possible. Jusqu’à ce qu’il m’encourage du regard à avouer le luthier français.
— Salauds !
Comme Jim, Tyrone crachait ce mot tout le temps. Quand il croisait une patrouille écossaise, quand il observait un hélicoptère au-dessus de sa ville, quand un drapeau anglais flottait en haut d’un mât, quand le Premier ministre apparaissait à la télévision. Il disait salauds et il crachait. Alors je me suis mis à cracher aussi. Même à Paris, sans y prendre garde. En remontant les rues comme si elles étaient miennes. J’avais un mouvement d’épaules rentrées, le pas long, les poings dans les poches, le col relevé et je crachais.
— Quand je t’ai vu, j’ai cru que tu étais irlandais, m’a dit un jour une fille de Belfast avant que je ne lui parle.
Je me suis regardé au hasard d’une vitrine. J’avais la veste en tweed un peu juste, le pantalon trop court, le regard clair et l’air d’ici. Irlandais. Je me suis aimé comme ça. Je ressemblais à l’un d’eux, à force, sans le vouloir, sans faire exprès, sans rien changer à mon attitude. Je retrouvais en moi quelque chose qui sommeillait depuis toujours. Quelque chose de moi sans que je le soupçonne. Un instant, j’ai songé vivre à Belfast, tout quitter, renoncer au peu que j’avais en France. Travailler le bois et le vernis ici même, dans l’une de ces petites maisons de brique. Devenir encore plus, plus encore. M’engager. Aider le combat de la République.
— Non.
— Pourquoi pas ?
— Parce que tu es plus utile comme tu es, a répondu Tyrone.
— Comme je suis ?
— Comme tu es.
— Je suis quoi, pour toi ?
— Un luthier français. Un gars bien. Et un ami.
Ce jour-là, Tyrone Meehan a fait une chose terrible. Il m’a pris par les épaules. Il m’a regardé bien en face et m’a demandé de ne jamais oublier cela. Je n’étais pas irlandais. Je ne serais jamais irlandais. Je lui apportais, à lui, à Sheila, à Jim, à Cathy, à tous, autre chose que ce qu’ils s’apportent les uns les autres de rue en rue. Il m’a dit avoir besoin de cette différence. De cette façon d’être qui n’était pas d’ici. Il m’a regardé en me disant de rester ce que j’étais. En disant qu’il ne laisserait jamais personne se servir de moi. Je pense qu’il savait. Il ne m’a rien dit d’autre, mais je pense qu’il savait. Il se doutait que j’aiderais bientôt les combattants de la République. Je les aiderais peu, d’ailleurs. Ici et là. Des choses de rien pour me rapprocher davantage. Je crois qu’il savait. Qu’il voulait me préserver de moi, me garder de mes élans et de ma colère naïve. Nous étions l’automne 1979, quelques semaines avant qu’il ne soit arrêté de nouveau. Tyrone Meehan m’a mis en garde. Tyrone Meehan m’a protégé de lui.
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