Сорж Шаландон - Mon traître
Здесь есть возможность читать онлайн «Сорж Шаландон - Mon traître» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 2011, Издательство: J'ai Lu, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Mon traître
- Автор:
- Издательство:J'ai Lu
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 80
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Mon traître: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Mon traître»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Mon traître — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Mon traître», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
— Garde-le, m’a dit Brian.
C’était l’appel à une commémoration. Juste l’heure du rendez-vous, le lieu et la photo de James Connolly. L’Irlandais à col rond. J’ai trouvé cela extraordinaire. L’homme venait de quitter l’étui à violon de Pêr. Il était partout, partout ailleurs en Irlande. Tellement, que j’en détenais désormais ma part. Sur le quai de gare, j’ai ouvert mon étui et glissé le tract à plat, pour ne pas l’abîmer.
Le chemin du retour a été interminable. Et retrouver Paris, même un peu douloureux. Je ne suis pas rentré chez moi. Je suis passé par l’atelier. Je ne sais pas pourquoi. Je ne voulais pas attendre lundi matin. Je voulais déjà que James Connolly soit en place. Pas encore dans son cadre, mais déjà sur mon mur. Avec sa veste lourde, son gilet, sa moustache, son regard tranquille, avec un peu des collines de Belfast, du silence de Brian, des sourires de Jim, du thé de Cathy, du bruit métallique du caillou de l’enfant sur le blindé anglais, de l’accent de la dame au pied de son immeuble, de la pluie, du battement des hélicoptères, de la pauvreté des briques et du fusil. J’ai découpé soigneusement le tract pour ne garder que la photo, tout entourée de noir. Je l’ai collée au mur avec deux gouttes de vernis. J’ai tout éteint et je me suis assis. Mon atelier occupe une petite pièce au rez-de-chaussée d’un immeuble, avec une fenêtre sur la rue. C’était la nuit. Tout était sombre. Juste l’enseigne lumineuse de l’hôtel en face, rouge et verte, qui caressait le visage de James Connolly.
Une terrible beauté
J’ai revu Tyrone Meehan le dimanche de Pâques 1977, au lendemain de notre première rencontre. Je ne l’ai pas reconnu. Il était au milieu de la rue, de dos, mains dans les poches, la capuche de sa parka bleu nuit tombée sur les yeux. Il parlait à voix basse avec deux hommes. Lorsque je suis passé près d’eux, il m’a appelé.
— Fils ?
D’un geste du pouce, l’Irlandais a relevé son capuchon. Il a cligné de l’œil en souriant, avec ce léger mouvement de tête qu’ont les gens d’ici pour vous saluer. Du menton, il m’a présenté Tim Devlin et Mike O’Doyle. Il leur a dit que j’étais français, et aussi luthier. De partout, les gens saluaient notre groupe. Nous étions au début de l’après-midi. Il pleuvait. Des centaines de nationalistes arrivaient sur Falls Road. Hommes en pauvres habits du dimanche, femmes maquillées de fête. Les fillettes portaient les couleurs de la République en rubans de cheveux. C’était la première fois que je célébrais l’insurrection de Pâques 1916. L’année précédente, j’étais reparti avant la procession.
Tyrone Meehan observait la manifestation qui se mettait en place. Mike O’Doyle ne disait rien. Un grand jeune homme légèrement voûté, au visage sec et aux yeux très clairs. Il était aux aguets, il tournait sans cesse la tête. L’autre, Tim Devlin, parlait vite. Je ne comprenais pas tout. Plusieurs fois, le mot « RA » a sonné au milieu du murmure. « RA » , pour « Republican Army ». Bientôt, comme tout le monde, j’appellerais l’IRA comme ça. Un moment, Tyrone s’est dirigé vers un groupe d’hommes adossés au mur d’un pub.
— Tu viens, petit Français ?
J’ai remonté le col de mon blouson et je l’ai suivi. Il s’est approché du groupe. Il s’est penché. Un homme lui a glissé un mot, front contre front, montrant du doigt une rue en face. Alors Tyrone a hoché la tête. Il a fait son clin d’œil en me demandant d’aller au coin de cette rue, et d’attendre.
— Attendre quoi ? j’ai demandé.
— C’est une surprise, a répondu l’Irlandais, posant la main sur mon épaule.
A l’angle, j’ai retrouvé Mike. Il parlait avec une vieille femme qui lui tenait le bras. Les républicains arrivaient de partout. Des familles entières, des landaus par dizaines. Je regardais chaque visage, chaque sourire, chaque drapeau, chaque revers arborant le lys en papier, symbole des insurgés. J’avais épingle le mien la veille pour aller au club. Mon lys de Pâques était fripé, terni, il portait le trou d’aiguille de l’année dernière mais je n’en voulais pas un autre. Un vieil homme me l’avait offert. C’était le sien. Il l’avait enlevé de son revers et épingle sur le mien. Parce que j’étais français et que je repartais avant la manifestation. Porter ce symbole vert blanc orange a été mon premier geste d’appartenance.
La pluie avait cessé. Au milieu de la rue, massés sur les trottoirs, montés sur les poteaux, les grilles, les toits, des milliers d’Irlandais patientaient. Lorsque les blindés britanniques sont apparus, la foule les a hués. C’est tout. On ne jette pas de pierres ce jour-là. Simplement, on honore James Connolly et ses camarades à cols ronds. Dans le haut-parleur d’une Land Rover, un policier a dit que le rassemblement était illégal. « S’il vous plaît, dispersez-vous », ordonnait aussi une pancarte, fixée sur le toit du véhicule. Des hommes ont craché par terre. Des enfants ont fait des doigts d’honneur. A côté de moi, une femme a crié aux policiers qu’ils retournent d’où ils venaient.
— Je suis ici chez moi ! a hurlé un homme.
C’était la routine. Les Britanniques rappelaient que la marche était interdite mais ne l’empêchaient pas. Trop d’enfants, trop de vieillards, trop de monde pour disperser violemment. Les blindés sont repartis, dans un bruit raclant de moteur diesel et de ferraille.
Au moment de l’immense clameur, je tournais le dos à la rue. La foule applaudissait quelque chose, derrière moi que je ne voyais pas. Les drapeaux se sont agités avec force, des hommes ont tendu le poing, des centaines d’enfants ont hurlé leur joie.
— IRA ! IRA !
Le premier soldat de la République irlandaise était à quelques mètres de moi. Le premier. C’était le premier. J’en verrais d’autres et d’autres, mais c’était celui-là. Il portait un béret noir, des lunettes noires, une cravate noire, une veste noire sanglée d’une large ceinture blanche, un pantalon noir, une chemise blanche et des gants blancs. Il ouvrait la marche à sa compagnie. Une vingtaine de femmes et d’hommes, qui remontaient la ruelle sur trois rangs, les uns derrière les autres.
— Gauche ! Gauche ! Gauche, droite, gauche ! ordonnait l’officier.
J’avais les poings fermés. Les yeux brouillés. Je ne pensais rien. Je regardais la joie, les rires, les mains agitées et cette marche de guerre. Je me laissais faire. Sans ces uniformes noirs à l’avance pressée, la foule aurait semblé accueillir une parade de carnaval, ou une course de vélo, ou bien célébrer un chanteur populaire. Rien ne disait le drame. La rue avait changé. Le quartier tout entier. Tout ce qui faisait la tristesse, le désarroi, tout ce qui empestait la peur et la mort, tout cela s’était éteint dans le pas des soldats.
Derrière la petite troupe, les habitants se rangeaient pour la manifestation. Sur trois rangs, comme les clandestins. Trois longues files, sans banderole ni slogan. Le silence était revenu. La foule était sévère, solide, belle et fière. Face aux blindés britanniques, elle semblait tellement fragile avec ses poings levés, ses insultes enfantines et ses yeux de colère. Mais quand les combattants ont pris la tête de leur peuple, les fronts se sont levés. A mes côtés, un vieil homme a placé sa canne sous son bras, comme une badine d’officier. Un autre répétait « nos gars sont là » en clignant de l’œil tout autour. Sur les trottoirs, les enfants ne parlaient plus. Je les observais, immobiles, regard immense et bouche ouverte devant ce cadeau. Cathy et Jim n’étaient pas arrivés. Ils faisaient comme des centaines d’autres, attendant au coin de leur rue que la manifestation passe pour la rejoindre. Et aujourd’hui, bien des années après ce dimanche-là, je frissonne toujours en observant le cérémonial répété chaque année pour célébrer la prise de la grande poste de Dublin. La foule obstinée qui remonte Falls Road, nourrie en silence, rue après rue, pard’autres et d’autres encore.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Mon traître»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Mon traître» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Mon traître» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.