Сорж Шаландон - Mon traître
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- Название:Mon traître
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- Издательство:J'ai Lu
- Жанр:
- Год:2011
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Je ne suis resté que trois heures à Belfast. Le temps de marcher vers le centre-ville, puis Castle Street, puis Falls Road. Ici encore, tout était en dimanche. Avec cet air épais de tourbe et de charbon. L’odeur de Belfast. En hiver, en automne, en été même lorsque la pluie glace, je ferme les yeux et j’écoute l’odeur de cette ville. Un mélange d’âtre brûlant, de lait pour enfant, de terre, de friture et d’humide. Près des grandes tours de Divis, j’ai vu ma première patrouille anglaise. J’ai vu mon premier fusil. Le soldat était jeune, accroupi dans un jardin, derrière la grille d’une maison. Je me souviens de son regard, une lueur morne entre peur et ennui. Il a regardé mon étui à violon. J’ai ressenti quelque chose de prodigieux et de ridicule. J’étais content d’être là. Fier de me savoir là où les choses se passent. Dublin me semblait loin. Un autre pays, presque. Deux hélicoptères salissaient le ciel bas. Des blindés passaient sans cesse. J’étais dans Lower Falls Road. Les rues gardaient intactes les plaies de 1969. Pour terroriser la population catholique, la foule protestante s’était massée à l’est, en pleine nuit, avant de se ruer sur le quartier à la lumière des torches. Les habitants ont été chassés, leurs demeures brûlées. Il y a eu des morts. Six ans après, les blessures étaient béantes. De longues rues noircies, des maisons sans toit murées de parpaing. Un désert de briques calcinées, de poutrelles tordues, de bois noirs et d’ordures. A un angle de rue, j’ai vu deux enfants surgir, courir, lancer une pierre contre la carapace grise d’un blindé et s’enfuir.
— Vous cherchez quelque chose ? m’a demandé une femme.
Elle portait un cabas, un foulard sur la tête, elle me voyait perdu. Je lui ai dit que j’étais français. Les deux gamins sont ressortis de leur ombre de mur. Et aussi un grand type au pantalon trop court.
— Un Français, a dit la femme.
Les enfants m’ont demandé si j’étais journaliste. J’ai répondu que non. Ils voulaient que j’ouvre mon étui à violon. Le grand type m’a conseillé de le faire. La femme s’est rapprochée. Nous étions au milieu de la rue, au pied d’un grand mur brûlé, dans le vent. Il a commencé à pleuvoir. J’ai ouvert mon étui. Quelques gouttes se sont écrasées sur le vernis du bois. Au loin, une sirène d’alarme. J’ai rangé mon violon. Le grand type m’a demandé si je voulais boire un thé. Je l’ai regardé. Une balafre blanche rayait son front. Il avait le nez cassé. J’ai dit oui. Sa maison était à quelques pas de là.
— Cathy, je ramène un Français, a dit Jim O’Leary. C’est elle qui nous a ouvert la porte. Elle a souri.
J’étais le bienvenu. Comme ça. Le bienvenu pour rien, juste le bienvenu. Je me suis assis dans le fauteuil de Jim. Avec mes quelques mots d’anglais, j’ai expliqué Dublin, mon anniversaire, mon métier. Cathy et Jim écoutaient avec attention. Ils m’ont demandé ce que je pensais de la situation. Je n’ai pas su répondre. Jim a dit que j’avais bien le temps de comprendre. Tout était simple, intime, chaleureux. Jim m’a montré une harpe en bois, posée sur la cheminée. Une sculpture avec les mots Long Kesh 1973 gravés sur le socle. Il m’a dit qu’il avait fait de la prison. Que cette harpe était un souvenir de captivité, un travail d’atelier. Au-dessus de la cheminée, il y avait une photo d’enfant, agrandie, dans un cadre de bois sombre. C’est Cathy qui m’a parlé de Denis. Jim était adossé au mur, il écoutait sa femme raconter leur enfant. Denis avait été tué en octobre 1974, juste derrière, au coin de leur rue. L’émeute grondait. Des centaines de jeunes nationalistes attaquaient les blindés anglais partout. Briques, bouteilles enflammées. Il faisait nuit. Denis était allé acheter une pinte de lait, de l’autre côté de l’avenue. Une dizaine d’enfants poursuivaient un blindé en lui jetant des pierres. Denis a traversé l’agitation en courant. Le blindé s’est brusquement arrêté. Un soldat est sorti par les portes arrière. Il s’est agenouillé, il a épaulé son fusil et il a visé les enfants. Il a tiré deux balles plastique. Des projectiles cylindriques gris crème, douze centimètres de long, trois centimètres de rayon, lourds, compacts et durs. Jim a entendu les détonations trop proches. Il est sorti de la maison en courant. Il est arrivé au coin de la rue au moment où les enfants se dispersaient. Denis était contre le trottoir, couché sur le ventre. Une balle l’avait frappé au-dessus de l’œil. Il avait le visage enfoncé. Le blindé était reparti. D’autres enfants le bombardaient d’une autre rue. Lorsque l’ambulance est venue, Denis tenait toujours l’argent du lait serré dans sa main. Les médecins n’ont rien pu. Le fils de Cathy et Jim O’Leary est mort à l’hôpital Victoria le 10 octobre 1974, après six jours d’agonie.
Le visage du gamin a souri longtemps sur le mur, en face de leur maison. Il y avait d’autres fresques sur les briques du quartier. Des peintures guerrières. Des soldats clandestins fusils haut. Les visages des héros de la République. Pearse, Plunkett, mon grand homme à col rond. Et puis il y avait Denis O’Leary, son regard de gosse qui accueillait ses parents chaque matin sur le seuil de la rue. La peinture murale a été refaite une fois, une autre, et puis le temps a passé. Un matin, lorsque Jim est sorti, des jeunes républicains tournaient la peinture dans leurs seaux. C’est eux qui entretenaient la mémoire des murs. Le sourire de Denis était pâle. Ses cheveux blonds, gris de pluie. Comme ils le faisaient dans tous les ghettos nationalistes, les policiers passaient en trombe et jetaient des sacs de peinture colorée sur les œuvres fragiles. Deux explosions bleues souillaient le front de Denis et une autre, jaune, s’étalait en tache au-dessous de son œil. Jim s’est avancé vers les jeunes. Il a regardé son fils maculé, et puis le ciel, et puis la rue. Il a mis les poings dans ses poches. Il a dit qu’il fallait laisser ça comme ça. Que cela suffisait. Que le mur finirait bien par reprendre ses briques. Qu’il fallait laisser le sourire de son fils s’en aller doucement.
Jim écoutait Cathy me parler de Denis. Il avait un autre visage. Elle avait un autre visage aussi. Quelque chose de plomb dans les yeux, dans le front, dans la voix, même. Une dureté infinie. Ces visages, j’apprendrais à les connaître, d’année en année et de colères en drames. Je les verrais partout. Je les reconnaîtrais. Devant moi, chaque Irlandais portera un jour ce masque de guerre. Cathy a posé un baiser sur le bout de ses doigts. Elle a effleuré la photo de leur fils. Et puis elle m’a souri. Tout en elle était redevenu silencieux.
Nous avons échangé nos adresses. Cathy et Jim étaient venus à Paris en voyage de noces. Ils connaissaient Montmartre, le Moulin-Rouge et La Joconde. Jim m’a serré la main sur le seuil. Alors que je tournais au coin de sa rue, d’un sifflement bref, il a arrêté une voiture amie. Deux mots au chauffeur, accoudé à sa fenêtre.
— Je te présente Brian. Il te raccompagne.
Jusqu’à la gare, Brian n’a rien dit. J’étais assis à côté de lui. Je regardais ses tatouages. Sur ses avant-bras, le tricolore de la République, les lettres I.R.A., tatouées en bleu et le dessin d’une harpe couverte de ronces. Nous avons doublé des blindés britanniques, croisé des patrouilles. Jim m’avait conseillé de ne pas parler français en cas de contrôle. De faire comme eux devant les soldats. Comme tous les Irlandais. La mauvaise tête et les yeux ailleurs, mains dans les poches, front bas, lèvres closes.
En arrivant à la gare, j’ai remarqué la poignée de tracts glissée dans le vide-poche de la voiture. L’un d’eux était presque tombé. Il pendait à l’extérieur. Je l’ai pris.
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