Сорж Шаландон - Mon traître
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- Название:Mon traître
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- Издательство:J'ai Lu
- Жанр:
- Год:2011
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Mise Eire
Nous étions le lundi 8 octobre 1979. Sheila Meehan m’a appelé. Sa voix craintive au téléphone. Juste quelques mots. « Ils sont venus ce matin. Ils ont emmené Tyrone. » Je venais d’ouvrir mon atelier. Un grand gars m’attendait sur le trottoir, un étui à la main. C’est la première fois que je le voyais. Il jouait dans un petit ensemble baroque. Il travaillait la sonate en sol majeur pour violon et basse continue, de Haendel. Il était soucieux. Il a sorti son violon. Il me l’a tendu. Il a parlé de l’adagio. Il trouvait son mi trop clair. Il disait aussi que le sol saturait. Il le voulait plus rond, plus timbré, plus ample, débarrassé d’un grain de son trop riche qui faisait comme du sable.
— Du sable ? j’ai demandé.
— Du sable, a répété le grand gars.
C’est alors que le téléphone a sonné. La voix de Sheila. Le grand gars qui m’observait. Son violon posé sur l’établi. Ma main tremblante.
— Ils ont aussi emmené Jim et d’autres hommes de la rue.
— Je prends l’avion pour Dublin. J’arrive, j’ai dit à Sheila.
Elle n’a pas protesté. Elle a juste murmuré merci. Elle a raccroché. Je suis resté longtemps comme ça, téléphone à l’oreille, sa tonalité en marteau. « Ils ont emmené Tyrone. » La voix de Sheila longeait l’ambré du bois, la touche ébène, les filets élégants, les ouïes délicates. J’ai passé un doigt machinal sur la couche de colophane qui fanait la table d’harmonie. Le grand gars n’a rien dit. J’avais un canif en main, froid comme un oiseau mort. Je n’ai plus bougé. Il a baissé les épaules. Sans un mot, délicatement, il a repris son violon, a enveloppé la volute dans une peau de chamois et remis l’instrument dans son étui. C’était la copie ancienne d’un Guarneri del Gesù, le Cannone de Paganini. Je n’ai pas eu le temps de le regarder mieux. Le grand gars est sorti, à reculons. Il a dit au revoir. Ou rien. Je ne sais plus. Il a quitté l’atelier comme une chambre funèbre.
Lorsque je suis arrivé à Belfast, Jim venait d’être relâché. Il avait été interpellé à la maison, la veille. Cathy qui s’interposait avait été frappée d’un coup de crosse à la poitrine. La ville portait sa gueule de drame. Les soldats étaient partout. Hélicoptères, blindés, patrouilles. Il pleuvait. Pas d’enfants dans les rues. Les hommes baissaient la tête. Les femmes étaient des ombres.
— Prends-toi une chambre, c’est dangereux de rester, a dit Jim.
Un peu plus bas, dans Cavendish Street, Cathy connaissait une veuve qui louait à la journée. C’était pour quelques nuits. Une pièce minuscule avec un lit, une armoire et un crucifix. Pas de chaise, rien. La pièce sentait le pauvre et le glacé. La vieille dame faisait bouillir son eau pour la toilette. Une planche remplaçait l’une de mes vitres. Les W-C étaient dans l’arrière-cour, un trou et de la chaux.
— Ce n’est pas chauffé ? j’ai demandé.
— Bienvenue au ghetto, a souri Jim en posant mon sac sur le lit.
Cathy et Jim avaient eu raison. Les Britanniques sont passés chez eux le lendemain, et encore le jour d’après. Ils ont tout fouillé. Tout jeté sur le sol. Ils cherchaient quelque chose ou quelqu’un.
Lorsque Sheila Meehan m’a ouvert, elle a regardé la rue, derrière moi, puis elle m’a pris le bras en refermant la porte.
— Vite, c’est infesté, a-t-elle simplement dit. Tyrone était détenu à la prison de Crumlin. Sheila ne savait pas quand ni pourquoi il serait jugé. Elle m’a demandé de faire attention. Elle a dit que les soldats parlaient d’un « Français » . Quelqu’un avait entendu cela. Il faudrait peut-être que j’évite de venir à Belfast pendant quelque temps. Elle ne savait trop. Je ne savais pas. Elle m’a proposé un thé. J’ai refusé. Elle m’a demandé où j’allais dormir. Elle a hoché la tête. Elle m’a dit qu’on pourrait peut-être se revoir demain après-midi au cimetière de Milltown. Elle devait fleurir la tombe de son père. Elle avait peur. Elle préférait que je ne reste pas. Elle avait quelque chose à me donner. Une enveloppe marron, large et épaisse, qu’elle avait cachée sous un coussin du canapé. C’est Tyrone qui l’avait préparée pour moi avant son arrestation. Voilà. Elle a secoué la tête. Non, elle ne savait pas ce qu’il y avait dedans. Elle ne voulait pas savoir. Elle me l’a tendue. Elle m’a demandé de ne pas l’ouvrir ici, de la glisser sous mon blouson. Elle a pris ma main. Elle souriait triste. Elle avait des larmes. Elle m’a dit de faire attention. De prendre soin de moi. Et puis me l’a redit, soulevant le rideau. Elle s’est penchée contre la fenêtre. Elle a regardé la rue. Elle m’a fait signe. Elle a ouvert la porte en mettant sa main dans mon dos. Il pleuvait toujours. J’ai glissé l’enveloppe sous mon blouson. J’ai cherché un taxi collectif, ces vieux taxis londoniens rachetés par le Mouvement républicain. Mais aucun taxi noir ne roulait sur Falls Road. Les bus ne circulaient pas non plus. La nuit tombait. Je ne croisais que des peurs. Pour la première fois de ma vie nouvelle, j’aurais aimé ne pas être ici. Le vent a plaqué une page de journal mouillé sur ma cuisse. Un blindé est passé, un deuxième. Des cris. Bruits de bouteilles cassées, de pierres sur la ferraille. J’ai rentré la tête. J’étais là, marchant vite, avec ma veste trop juste, mon pantalon trop court.
— Ne bouge plus ! a crié un type.
Ce n’était pas une voix d’ici. Pas l’accent de ces rues. Tête basse, je m’étais jeté dans un barrage de l’armée britannique. Des dizaines d’hommes casqués embusqués au coin des maisons, sur les trottoirs, dans les jardinets, qui arrêtaient les voitures et les gens. Cinq Irlandais étaient face à un mur, front contre la brique, mains levées et jambes écartées. Un soldat s’est approché de moi. A distance, il m’a demandé de lever lentement les mains à mon tour. J’ai pensé à Jim, qui avait été torturé quatre jours par la police au centre d’interrogatoire de Castlereagh. Son nez avait été brisé, sa mâchoire aussi. Il est resté dans une pièce allumée jour et nuit. On l’a empêché de dormir. On ne l’a pas nourri. J’ai pensé à Tyrone, qui avait été battu par des supplétifs de l’armée. Battu à en perdre ses dents, les cheveux arrachés par poignées et les yeux fermés par les hématomes. J’ai pris peur.
— Français, j’ai dit.
— Reporter ?
— Non, touriste.
— Touriste ?
L’enveloppe marron est tombée sur la rue. A mes pieds. Bien lourde.
— Ne touche à rien. Mets-toi à genoux. Garde les mains levées.
J’ai tout bien fait. Mains levées, à genoux, tête baissée.
Le soldat a soulevé l’enveloppe du bout de son brodequin.
— C’est quoi, ça ?
— Je suis français, je parle mal anglais.
Deux autres soldats sont venus près de moi. Et aussi un policier en uniforme vert. C’est lui qui a pris l’enveloppe. Il l’a tenue à bout de gant et s’est engouffré dans un blindé Saracen qui bloquait l’avenue. J’étais toujours à genoux. J’écoutais les ordres métalliques dans les radios. Les voitures qui repartaient. Les voix sèches. Les insultes hurlées par une fenêtre en face. J’ai attendu.
— Laissez-le partir, a dit le policier.
Il m’a tendu l’enveloppe ouverte. Je me suis relevé.
— Pour le tourisme, il vaut mieux l’Espagne, a ri un jeune soldat.
J’ai souri aussi. Je tremblais. Je voulais être chez moi, dans mon atelier, un canif à la main dans les copeaux d’érable. Je tremblais. Je rêvais de plonger mon canif dans la nuque d’un soldat. Je tremblais. Jamais je n’avais ressenti une telle colère. Jamais de toute ma vie. Ils avaient frappé Cathy à coups de crosse, ils avaient emprisonné Tyrone Meehan le juste, ils avaient fusillé mon grand homme à col rond, et ils m’avaient souri. Je m’en voulais d’avoir rendu cette moue de politesse. J’aurais dû rester poings blancs et regard clos. Ou alors me dresser, comme un chien, lèvres retroussées, menaçant, relever le front, le menton, les haïr de silence. Je n’étais pas encore du courage d’ici. Je tremblais. J’ai repris ma route en marchant moins vite. Les hommes casqués occupaient chaque rue. J’aurais aimé avoir un sauf-conduit pour dire que ça y était, que c’était fait, que j’avais été arrêté, que c’était tout pour aujourd’hui. J’ai donné mon nom deux fois encore. A un policier qui me tenait en joue. A deux soldats qui ont fouillé l’enveloppe.
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