Сорж Шаландон - Mon traître

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Mon traître: краткое содержание, описание и аннотация

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— Il y en a partout ce soir, a dit Tyrone en enlevant son manteau.

— Partout, a souri Jim.

J’avais acheté quatre bouteilles de Guinness et une orangeade. C’est comme ça, ici. Chacun apporte ce qu’il boit. L’orangeade, c’était un petit geste en plus. Tyrone a sorti de la Harp de son sac en papier marron, une bière douce et blonde qui se boit comme de l’eau. Sheila avait une fiasque de rhum blanc dans sa poche. Le jeune homme avait acheté une bouteille de vin en mon honneur. Un flacon de marque « Piat d’Or », présenté sur l’étiquette comme « le vin le plus fameux de France ». J’avais pris un peu d’avance. Trois bières brunes depuis le début de soirée. J’étais à ma place, par terre, le dos calé contre un bras de fauteuil. La télévision était allumée. Aux informations, seules quelques images sur la marche de Pâques. Elles montraient l’IRA, pas la foule, avec un commentaire anglais sur le sectarisme et la violence. Jim a éteint le poste. Tyrone avait un verre de bière à la main, il l’a levé à hauteur de regard en me clignant de l’œil. Il faisait presque chaud. J’étais chez moi. Dans l’odeur des toasts et du thé, dans les rires qui répondaient à une histoire de Jim. Chacun son anecdote. Tout allait très vite. Je suivais avec peine. L’une des invitées, très rousse, racontait que hier matin, au petit magasin de l’angle, il n’y avait que des femmes de prisonniers, comme elle. Cinq républicaines, avec en main la même liste de produits autorisés pour le parloir des hommes. Du thé, trois oranges, deux pommes, quelques douceurs de chocolat, avec la caissière qui enregistrait sans un mot les mêmes articles à chaque fois. Quand son tour est arrivé, la rousse avait dans le panier un gros sac de bonbons.

— C’est permis, ça ? a demandé la vendeuse.

— Ah non, ça c’est pour moi, a répondu la femme.

Cathy a ri. Tyrone a levé son verre. Il a demandé des nouvelles de Paddy Nooley, libéré la veille de Long Kesh. Jim a répondu que ça allait. J’enrageais. Je comprenais un mot sur quatre. Un moment, Jim a mimé quelque chose pour moi. Il s’est levé, il s’est agenouillé et a posé sur son épaule un lance-roquettes imaginaire. Tout le monde a ri encore. C’est Cathy qui a traduit, en anglais moins vite. Paddy Nooley venait de faire neuf ans de prison pour avoir utilisé un bazooka à l’envers. C’était à la fin des années 60. Les armes manquaient. Pour rassurer leur population, le samedi soir dans les rues de Belfast, les combattants se repassaient trois ou quatre vieux revolvers d’ordonnance anglais. Tyrone Meehan m’a raconté. Une nuit, il s’était agenouillé sur Falls Road, au coin de la rue Cavendish, un Webley en main, doigt sur la détente, levé contre son visage dans la position du tireur au repos. Il attendait qu’un groupe passe devant lui, des jeunes, des vieux, des fêtards qui baissaient la voix en le voyant. Il était aux aguets, à son angle de mur. Une vieille dame lui glissait de tenir bon. Un gamin murmurait « Vive l’IRA » en levant le poing. Des hommes clignaient de l’œil. Une femme se signait. Une autre disait merci. Tyrone attendait que le groupe le dépasse, puis il quittait son poste en courant, rangeait son revolver sous sa veste, prenait les rues de traverse et donnait l’arme à un camarade qui attendait quelques dizaines de mètres plus haut. Quand ces mêmes gens parvenaient à hauteur de cette autre rue, un combattant était là, debout, masqué d’un foulard, le Webley dirigé vers le sol. Et encore, plus haut, ailleurs, jusque dans le parc, la même arme passait de gants en gants pour que cette nuit, juste avant le sommeil, une poignée de voisins croient que les armes arrivaient en Irlande par bateaux entiers.

Paddy Nooley était plombier, et assez bricoleur. Il avait construit un bazooka avec un tube d’acier. Il s’était aperçu que le calibre de son arme était de la taille exacte d’un paquet de gâteaux qu’il adorait. Des gâteaux ronds, dentelés, au beurre et au citron. Il lui fallait une bourre pour maintenir la charge de son arme. Il a glissé quatre paquets dans le lance-roquettes. Les gâteaux d’un côté, le projectile de l’autre. Et puis tout est allé très vite. Paddy Nooley était jeune. C’était sa deuxième opération. Le fort britannique surveillait l’entrée du ghetto nationaliste d’Ardoyne. L’unité de l’IRA est arrivée de nuit. Ils étaient quatre. C’est Paddy qui devait ouvrir le feu. Le soldat irlandais s’est agenouillé sur le trottoir et il a tiré sur l’ennemi.

Jim mimait la scène. Cathy s’essuyait les yeux en me traduisant doucement. Elle riait. Tyrone riait. Sheila riait. Je riais pour faire comme eux.

— Après l’explosion, les Britanniques sont sortis dans la cour.

Il y avait des miettes de gâteaux partout à l’intérieur du fort. Sur le toit, le grillage, les barbelés, la guérite de surveillance. La rue sentait la poudre et le lait caillé. Paddy Nooley s’est relevé. Il était tout tremblant. En ouvrant le feu, il s’était trompé de sens. Il avait inversé la position de l’arme. La roquette avait frappé un mur derrière lui et il avait bombardé les Anglais de gâteaux. Il était tellement stupéfait qu’il n’a pas bougé. Il est resté comme ça, le tube à ses pieds, en regardant le mur éventré et les gens qui hurlaient aux fenêtres, jusqu’à ce que les soldats l’arrêtent.

— Remarque, Snoopy n’a pas fait mieux, a dit Tyrone en se servant une bière.

Snoopy était sur une moto, derrière Jack qui conduisait. Snoopy venait d’abattre un policier dans Casde Street. Jack remontait Falls Road en zigzaguant entre les voitures. Au moment de prendre le chemin de Whiterock, devant un barrage anglais, Snoopy a tendu la main droite. Comme quand on va tourner. Le pistolet en main.

— Jack, c’est le fils de Sheila et Tyrone, m’a dit Cathy. Il a pris vingt ans.

— C’est la vie, a lâché Tyrone pour parler d’autre chose.

Et puis il a chanté. Comme ça, sans prévenir. Il a fermé les yeux et il a chanté, assis sur son coin de canapé.

« You may travel far far front jour own native home

far away o’er the mountains far away o’er the foam

But of ail the fine places that l’ve ever been

There’s none to compare with the Cliffs of Doneen. »

C’est Cathy qui a chanté ensuite. Une chanson en gaélique que je n’ai pas comprise. Puis Jim a chanté. Et aussi une femme de prisonnier. Je me suis levé et j’ai ouvert mon étui à violon. J’ai attendu, mon instrument sur les genoux. J’étais vraiment chez moi pour la première fois. Sans danger, sans tension, sans paroles retenues, sans voix basse, sans regards mouvants, sans rien d’autre qu’eux, et leur confiance en moi.

— A toi, fils, a dit Tyrone.

Cathy me regardait. Jim buvait lentement. Le jeune homme finissait mon vin. Sheila distribuait ses cigarettes, trois par trois, en éventail entre ses doigts. Je frissonnais. J’avais déjà joué ici ou là, pour Jim ou dans un pub, mais pas comme ça. Pas avec ce silence en face. Pas avec Tyrone Meehan qui avait mis son menton dans sa paume de main. Pas après ces histoires, ces chansons, ces rires partagés. J’étais le luthier français. J’osais à peine. J’ai posé l’archet sur les cordes. J’ai fermé les yeux. Je voulais le mieux, le plus beau d’entre tout. J’avais la bouche sèche. J’ai joué O’Keefe’s Slide, un morceau traditionnel. J’ai laissé faire mes doigts. Tout n’était pas juste. Et peu m’importait. Et peu leur importait, je crois. Ils ont applaudi fort. Tyrone Meehan a levé le pouce pour dire que c’était bien. Plus tard, dans la cuisine, il m’a dit que la chambre de Jack était libre et que je ne devais pas hésiter. Si Jim et Cathy avaient un problème pour me loger, le lit de son enfant prisonnier m’était ouvert.

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