Сорж Шаландон - Mon traître
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- Название:Mon traître
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- Издательство:J'ai Lu
- Жанр:
- Год:2011
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Mise Éire. Voilà. Presque, j’étais l’Irlande aussi. Un peu d’elle. Pour Tyrone Meehan, pour les gars sous les couvertures, pour cette dame de colère, pour mon homme à col rond. En leur honneur à tous.
*
Jim m’a appelé le jeudi 6 décembre 1979. Je l’ai noté, un point d’interrogation inquiet sur mon agenda. Quelques jours plus tôt, Tyrone Meehan avait été condamné à un an et demi de prison. Il a fallu que je me concentre. Lorsque Jim parle, je regarde ses gestes, ses lèvres, ses yeux. Je lis son corps tout autant que ses mots. Au téléphone, Jim n’est plus qu’une langue étrangère, un accent heurté, sauvage. Il m’a demandé si j’écoutais attentivement. J’ai dit oui. Il m’a dit que je devais rencontrer quelqu’un dans un café de la rue Saint-Lazare, face à la gare. Il m’a dit que je le connaissais de vue, que c’était aujourd’hui, à 14 heures. Il m’a dit merci et il a raccroché.
J’étais seul à l’atelier. Je réparais une mandoline plate au dos d’acajou pyrogravé. Je savais tout de cet instrument. Exactement, je savais. Il était en palissandre de Rio, avec repères de touches et liserés de nacre alternés sur le pourtour. Il devait dater des années 50. Je lisais et relisais la signature collée à l’intérieur. « René Gérome. Maître Luthier à Mirecourt. » René Gérome, né en 1910. Mirecourt, ma ville d’apprentissage. Je savais comment prendre la mandoline en main, la déshabiller corde à corde, soigner la fissure invisible qui courait dans son dos. Tout cela, je savais. C’était la vie, ma vie. Ma vie de silence et de bois. Ma vie de vernis frais, de casse-croûte rillettes cornichons à midi avec un verre de côtes. Ma vie d’homme tranquille, quitté par sa femme il y a cinq ans parce qu’elle rêvait tout autrement. Parce qu’elle était vive et drôle, parce qu’elle parlait, parce qu’elle dansait, parce qu’elle était brune, parce qu’elle trouvait tout trop étroit chez moi, tout trop terne et trop gris. Parce qu’un archet de pernambouc ne disait rien sous ses doigts. Parce que voilà, pourquoi. Tout cela je savais. Mais pas le reste. Je ne connaissais rien de ce qui allait venir. Du rendez-vous une heure plus tard près de la gare Saint-Lazare. De ce qui allait se passer. De qui serait là. De ce qu’on allait me demander. J’étais certain que tous avaient ressenti cela la première fois. Tous. Même Connolly sur mon mur. Même Jim, même Tyrone Meehan, même les plus courageux de tous. « A terrible beauty is born. » C’est une peur terrible, d’abord. Ce moment où l’on quitte le silence d’une mandoline blessée pour sortir dans la rue et marcher, marcher, marcher en respirant par petites craintes sèches. Ce moment précis, là, maintenant, cet instant de plomb où la vie s’engage. Je suis sorti. J’ai fermé la porte de mon atelier. J’ai baissé le rideau de fer qui protège la fenêtre. Je suis sorti dans ma vie de décembre. Je partais pour l’hiver.
Je marchais vers autre chose que les choses connues. J’étais inquiet et seul. « Mise Éire ? » Tu parles ! Qui est l’Irlande, ici ? Je ne vois pas. Juste un luthier tête basse, avec du vernis au bout des doigts, qui marche pressé vers la gare. Juste un homme, fait de trois fois rien, qui demande au courage de lui tendre la main.
*
Avant l’Irlande, je ne savais rien des codes et des mystères. Avant l’Irlande, je ne connaissais rien à l’ombre. A Mirecourt, chaque apprenti de la rue Basse avait un sobriquet. Dans mon atelier, j’ai connu « Le peu », un jeune homme trop simple pour la lutherie. « Dix grammes », un gamin si maigre que sa tête était comme le crâne d’un mort. Il y avait « Pied-de-roi », qui calculait précisément à l’œil et au millimètre. Et puis aussi « Crémone », qui disait que tout était mieux en Italie. Après quelques semaines, mon maître d’apprentissage m’a appelé « Doute-de-rien ». Il était tellement content de la formule qu’il l’a répétée trois ou quatre fois en riant.
Nous apprenions à faire un fond de violon en bois blanc. Le peu et Pied-de-roi étaient penchés sur l’établi. J’ai entendu passer notre maître. Il portait une marmite cabossée. Je me souviens d’une odeur caramel et aussi d’autre chose, un bouquet de peinture chaude et d’encaustique dorée. Je me suis retourné. J’ai demandé ce qu’il transportait. Il ne m’a pas répondu.
— Du vernis, a répondu Crémone sans lever la tête.
Quand le maître d’apprentissage est revenu, je lui ai demandé comment il faisait son vernis. Je l’ai regardé comme ça, bien droit, une lime en main. Il a eu l’air stupéfait. Je me souviens. J’étais fier de sa surprise. Alors il a appelé « Pays » , un vieux vernisseur qui avait demandé que sur sa tombe soit inscrit : « Né et mort à Mirecourt ». Il lui a dit de m’expliquer le vernis, de ne rien me cacher. Le vieil ouvrier a eu le même regard surpris que mon maître. Et puis il a hoché la tête en souriant. Le soir même, en compagnie du Premier Ouvrier, Pays m’a demandé de noter sur un papier, d’apprendre par cœur puis de jeter la formule. Je me souviens. J’avais gardé ma venotte, le tablier bleu nuit que je porte encore aujourd’hui. J’étais assis sur une caisse posée sur le trottoir, devant notre atelier. Le Premier Ouvrier et le vernisseur étaient debout, une cigarette en main. C’était le printemps. Je me souviens d’une lumière de soir. Pays a parlé. Il a dit que la recette devait être établie dans cet ordre-là. Deux cents grammes de terre vosgienne d’après pluie, creusée en un petit volcan. Ni caillou, ni herbe, juste la glaise et l’eau du ciel. Deux jaunes d’œufs, cassés au-dessus de la motte. Cinq grammes de brique recueillis avec l’ongle contre le mur de l’atelier Bourlier, dans le haut de la ville. Un godet d’urine tiède, pissée à minuit, debout, un jour où l’on a mangé du poisson. L’urine, c’était le secret, la différence entre la coloration des ondes de l’érable chez nous et chez Bourlier, par exemple. Ensuite, il fallait faire cuire, quatre heures et sans cesser de tourner.
Un vendredi midi, il y a eu du poisson à l’atelier. Il pleuvait. Pays s’est penché au-dessus de moi en disant que c’était le bon jour. Le soir, j’ai ramassé une belle motte de terre. J’ai tourné longtemps autour du luthier Bourlier, avant de gratter son mur avec l’ongle. Et puis j’ai pissé, debout, dans ma tasse, aux douze coups de minuit. Après, j’ai mélangé la terre et les œufs, la brique et la pisse dans ma gamelle de repas. Je suis allé à mon réchaud et j’ai tourné, avec une lime, tourné sans arrêt, les yeux brûlants de sommeil.
Le lendemain, le maître d’atelier a inspecté nos fonds de bois blanc. Celui de « Pied-de-roi » était légèrement bombé, presque parfait. Au doigt, on ne pouvait deviner la ligne entre les deux pièces collées. « Le peu » avait eu du mal avec ses coins et l’arrondi qui recevait les éclisses. « Crémone » était content de lui et mécontent du bois vosgien. Quand le maître est arrivé à mon ouvrage, il n’a vu qu’une seule pièce découpée. L’autre était un rectangle de bois, juste un patron tracé au crayon.
— C’est tout ? a demandé mon maître.
J’ai hoché la tête. J’ai montré la gamelle. Elle contenait un bloc, dur comme un caillou brûlé.
— Tu as passé plus de temps là-dessus que sur ton fond ?
J’ai réfléchi. J’ai répondu oui. Mon maître a soupiré. Il m’a dit que ce que j’avais fait n’était rien. Surtout pas un vernis. Que c’était une confiture d’orgueil. Il m’a dit que cette recette était une farce, une leçon pour l’apprenti. Il m’a dit que je ne doutais de rien. « Tu seras Doute-de-rien ! » , a ri mon maître. Et puis il a cogné le fond de ma gamelle contre le mur de l’atelier. La pierre est tombée. J’ai mis une heure à récurer le fer cabossé. Et je suis retourné à mon fond de bois blanc.
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