Эмиль Ажар - L'angoisse du roi Salomon

Здесь есть возможность читать онлайн «Эмиль Ажар - L'angoisse du roi Salomon» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 2013, Издательство: Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

L'angoisse du roi Salomon: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «L'angoisse du roi Salomon»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

L'angoisse du roi Salomon — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «L'angoisse du roi Salomon», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— C’est vous qui avez fait ça !

— J’aurais pu dire oui c’est moi pour vous servir mais ce n’était pas assez, il avait encore besoin que je mente. J’ai remonté mon pantalon d’un geste je vous emmerde et j’ai dit :

— Vous m’avez vu ? Bien sûr que non. Vous étiez pas là. Vous êtes jamais là quand on a besoin de vous !

Je lui ai fait un bras d’honneur et je suis parti. Depuis, il me considère avec satisfaction, parce qu’il sait que c’est moi qui vais assassiner monsieur Salomon pour lui voler son liquide et ses trésors philatéliques. La seule chose qui lui manque chez moi, c’est que je ne suis pas un travailleur algérien parce qu’alors ce serait la perfection. Quand de Gaulle a balancé l’Algérie, j’ai tout de suite su ce qui allait se passer, et j’avais raison, quand on était là-bas les Algériens étaient huit millions et depuis qu’on est parti, ils sont devenus vingt millions. Vous m’avez compris. Motus, bouche cousue, parce qu’on va m’accuser de génocide, mais vingt millions, vous voyez ce que de Gaulle a fait et ce qui se prépare. Moi qui étais pour le maréchal Pétain, même que j’ai perdu un cousin dans la légion antibolchevique, je me trompe rarement. Chuck avait essayé d’interviewer monsieur Tapu pour sa thèse sur la Connerie mais ils ne sont pas allés loin sur le magnétophone, parce que Chuck avait commencé à avoir des terreurs nocturnes et à appeler au secours, tout son karaté pour durcir sa sensibilité, ça va pas chercher loin comme art martial d’autodéfense.

Monsieur Tapu était donc là, devant sa loge, avec son béret, son mégot et son air malin et renseigné, car lorsque la Connerie éclaire le monde, on sait tout et on a tout compris. Du coup, j’ai même éprouvé une bonne chaleur amicale, parce que les cons comme monsieur Tapu, on leur doit beaucoup, c’est bon pour l’angoisse de les voir et entendre, on sait pourquoi et comment, il y a une explication régionale. J’étais là, sur la huitième marche de l’escalier et j’avais la gueule tout illuminée de compréhension, de sympathie et de sacré, j’éprouvais des sentiments révérenciels, je venais dans ce temple adorer l’éternel. Monsieur Tapu parut même inquiet, tellement j’illuminais.

— Qu’est-ce qui vous prend ? me lança-t-il avec méfiance.

J’avais lu dans V. S. D. qu’on avait trouvé un crâne humain tout frais en Afrique qui remontait à huit millions d’années, alors ce n’est pas d’hier. Sauf que Chuck dit que la Connerie ne pouvait pas exister à l’époque parce qu’on n’avait pas l’alphabet.

Je me suis marré et monsieur Tapu s’est tordu de haine.

— Je ne vous permets pas ! gueula-t-il, car il n’y a rien de pire pour eux que d’être visé par le rire.

— Excusez-moi, monsieur Tapu, vous êtes notre père et mère à tous ! que je lui ai dit. Tout ce que je veux, c’est venir vous voir de temps en temps et vous contempler pour la clarté et la beauté de la chose !

Et j’ai descendu les huit marches – je dis bien huit, car après, avec la postérité historique, il y aura peut-être des doutes et des discussions là-dessus -et j’ai tendu à monsieur Tapu la main de l’amitié, vu que c’était un moment de révélation qui méritait un geste que les photographes pourraient immortaliser plus tard. Mais lui, c’était plutôt crever. Alors je suis resté là la main tendue et puis je lui ai fait comme d’habitude le bras d’honneur et je suis remonté avec le sentiment bénévole que j’avais rechargé les batteries de monsieur Tapu et j’étais content parce que ce n’est pas tous les jours qu’on peut aider un homme à vivre.

J’étais déjà au deuxième et il gueulait encore, de bas en haut, le visage et le poing levés vers moi :

— Voyou ! Malfrat ! Camé ! Sale gauchiste !

J’étais content. C’était encore un mec qui avait besoin d’assistance.

XIV

J’ai trouvé monsieur Salomon habillé comme si c’était le grand jour. Il était vraiment fringué avec la dernière élégance, un costume qui pouvait lui servir encore cinquante ans et même davantage, si l’endroit n’était pas trop humide et suffisamment étanche. Monsieur Salomon fut content lorsqu’il vit que j’admirais le tissu.

— Je l’ai fait faire tout spécialement à Londres.

J’ai tâté.

— C’est du solide. Ça va vous durer encore cinquante ans.

C’est plus fort que moi. Je ne peux pas m’empêcher de tourner autour du pot. Dès que je me retiens de dire quelque chose d’un côté, ça sort de l’autre. J’ai essayé de me rattraper.

— Ils ont trouvé une vallée en Équateur ou les gens vivent jusqu’à cent vingt ans, dis-je.

En dehors du coiffeur et de la manucure qui venaient le préparer, il y avait là encore un petit mec avec une serviette en cuir. Sur le bureau, il y avait des documents avec la signature de monsieur Salomon. Il paraît qu’il y a des personnes qui refont leur testament tout le temps, car ils ont peur d’oublier quelque chose. Je me suis toujours demandé ce que monsieur Salomon allait faire du taxi après sa mort. Il y a peut-être une loi pour les taxis qui sont laissés seuls au monde sans propriétaire. La radio a dit que l’on a trouvé un clochard à moitié bouffé dans une cabane à la campagne, mais pour les véhicules à quatre roues ils ont sûrement prévu quelque chose. J’essaye toujours de m’habituer à l’idée mais je n’y arrive jamais. Les anciens avaient des fétiches et ils apportaient des poulets et des légumes pour les amadouer, mais c’étaient des croyances. Je n’arrive pas à me faire à l’idée, et pas seulement pour les vieilles personnes et monsieur Salomon que j’aime tendrement, mais pour tous les terminus. Chuck m’explique que j’ai tort d’y penser tout le temps. Il dit que la mortalité est un truc sans issue et que c’est pas la peine. Ce n’est pas vrai. Je n’y pense pas tout le temps, au contraire, c’est la mortalité qui pense à moi tout le temps.

— Je viens d’acheter la collection Frioul, m’annonça monsieur Salomon en m’indiquant les documents et les albums sur le bureau. Elle n’a pas grande valeur sauf le cinq centimes rose de Madagascar, une pièce rarissime. Et ils ne voulaient pas le vendre séparément.

Et c’est alors que monsieur Salomon a dit quelque chose d’énorme et de vraiment royal. Vous allez croire que j’exagère mais écoutez ça :

— Pour moi les timbres-poste sont aujourd’hui la seule valeur-refuge.

Valeur-refuge. Il l’a vraiment prononcé. Il se tenait là, déjà manucuré, coiffé et taillé, très droit, avec ses quatre-vingt-quatre ans et son costume en tissu anglais spécialement fait pour durer encore cinquante, et il m’observait avec bonhomie de son regard noir de défi, tellement au-dessus de tout ça et souverain, que la mortalité ne pouvait pas se permettre. Chuck dit que c’est ce qu’on appelle dans l’armée l’action psychologique, pour faire reculer l’ennemi. Puis il est allé jusqu’au bureau, il a pris une enveloppe et il l’a levée à la lumière, pour me montrer. C’était vrai. Ça ne se discute pas. C’était bien le cinq centimes rose de Madagascar.

— Monsieur Salomon, je vous félicite.

— Mais oui, mon petit Jean, il suffit de réfléchir. Le timbre-poste est aujourd’hui la seule valeur-refuge…

Il tenait toujours l’enveloppe levée et il m’observait avec la petite lueur dans son regard noir. Chuck dit qu’avec l’humour juif, on peut même se faire arracher les dents sans douleur, c’est pourquoi les meilleurs dentistes sont juifs en Amérique. Selon lui, l’humour anglais n’est pas mal non plus comme arme d’autodéfense, c’est ce qu’on appelle les armes froides. L’humour anglais vous permet de rester un gentleman jusqu’au bout même quand on vous coupe les bras et les jambes, et que tout ce qui reste de vous c’est un gentleman. Chuck peut parler de l’humour pendant des heures parce que c’est un angoissé, lui aussi. Il dit que l’humour juif est un produit de première nécessité pour les angoissés et que peut-être monsieur Tapu n’est pas sans avoir raison quand il dit que je me suis enjuivé, parce que j’ai attrapé du roi Salomon cette angoisse qui me fait rire tout le temps.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «L'angoisse du roi Salomon»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «L'angoisse du roi Salomon» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «L'angoisse du roi Salomon»

Обсуждение, отзывы о книге «L'angoisse du roi Salomon» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x