Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация
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J’avais fait quelques pas vers elle, fasciné malgré tout par cette créature revêtue pour moi du double prestige d’être à la fois une mourante et un soldat. Si j’avais pu m’abandonner à ma pente, je crois que j’aurais balbutié des mots de tendresse sans suite, qu’elle se fût certes donné le plaisir de rejeter avec mépris. Mais où trouver des mots qui ne fussent pas depuis longtemps faussés au point d’être devenus inutilisables ? Je reconnais d’ailleurs que tout ceci n’est vrai que parce qu’il y avait en nous quelque chose d’irrémédiablement buté qui nous interdisait de faire confiance aux mots. Un véritable amour pouvait encore nous sauver, elle du présent, et moi de l’avenir. Mais ce véritable amour ne s’était rencontré pour Sophie que chez un jeune paysan russe qu’on venait d’assommer dans une grange.
Je posai maladroitement les mains sur sa poitrine, comme pour m’assurer que son cœur battait encore. Je dus me contenter de répéter une fois de plus :
— Je ferai mon possible.
— N’essayez plus, Éric, dit-elle en se dégageant, sans que je sache s’il s’agissait de ce geste d’amant ou de ma promesse. Cela ne vous va pas.
Et, s’approchant de la table, elle agita une sonnette oubliée sur le bureau du chef de gare. Un soldat parut. Quand elle fut sortie, je m’aperçus qu’elle avait fauché ma boîte de cigarettes.
Personne sans doute ne dormit ce soir-là, et Chopin moins que les autres. Nous étions censés partager le maigre divan du chef de gare ; toute la nuit, je le vis aller et venir dans la chambre, promenant après lui sur le mur son ombre d’homme gras écroulé à force de malheur. Deux ou trois fois, il s’arrêta devant moi, posa la main sur ma manche, et hocha la tête, puis reprit d’un pas lourd son va-et-vient résigné. Il savait comme moi que nous nous serions déshonorés pour rien si nous avions proposé à nos camarades d’épargner cette seule femme, et une femme dont personne n’ignorait qu’elle avait passé à l’ennemi. Chopin soupira. Je me tournai du côté du mur pour ne pas le voir ; j’aurais eu du mal à me retenir de l’engueuler ; pourtant, c’était lui surtout que je plaignais. Quant à Sophie, je ne pouvais penser à elle sans éprouver au creux de l’estomac une espèce de nausée de haine qui me faisait dire tant mieux à sa mort. La réaction venait, et je me cognais la tête à l’inévitable comme un prisonnier au mur de sa cellule. L’horreur pour moi n’était pas tant la mort de Sophie que son obstination à mourir. Je sentais qu’un homme meilleur que moi eût trouvé un expédient admirable, mais je ne me suis jamais fait d’illusions sur mon manque de génie du cœur. La disparition de la sœur de Conrad liquiderait au moins ma jeunesse passée, couperait les derniers ponts entre ce pays et moi. Enfin, je me rappelais les autres morts auxquelles j’avais assisté comme si l’exécution de Sophie eût été justifiée par celles-là. Puis, songeant au peu de prix de la denrée humaine, je me disais que c’était faire beaucoup de bruit autour d’un cadavre de femme sur lequel je me serais à peine attendri, si je l’avais trouvé déjà froid dans le corridor de la fabrique Warner.
Le lendemain matin, Chopin me devança sur le terre-plein situé entre la gare et la grange communale. Les prisonniers groupés sur une voie de garage avaient l’air un peu plus morts que la veille. Ceux de nos hommes qui s’étaient relayés pour les garder, épuisés par cette corvée supplémentaire, semblaient presque également à bout de forces. C’est moi qui avais proposé qu’on attendît jusqu’au jour ; l’effort auquel je m’étais cru obligé pour sauver Sophie n’avait eu d’autre résultat que de leur faire passer à tous une mauvaise nuit de plus. Sophie était assise sur une pile de bois ; ses mains pensives pendaient entre ses genoux écartés ; et les talons de ses épais souliers avaient machinalement creusé des marques sur le sol. Elle fumait sans arrêt ses cigarettes filoutées ; c’était son seul signe d’angoisse, et l’air frais du matin donnait à ses joues de belles couleurs saines. Ses yeux distraits ne parurent pas s’apercevoir de ma présence. Le contraire m’eût sans doute fait crier. Elle ressemblait tout de même trop à son frère pour que je n’eusse pas l’impression de le voir mourir deux fois.
C’était toujours Michel qui se chargeait dans ces occasions du rôle de bourreau, comme s’il ne faisait que continuer ainsi les fonctions de boucher qu’il avait exercées pour nous à Kratovicé, quand il y avait par hasard du bétail à abattre. Chopin avait donné l’ordre que Sophie fût exécutée la dernière ; j’ignore encore aujourd’hui si c’était par excès de rigueur, ou pour donner à l’un de nous une chance de la défendre. Michel commença par le Petit-Russien que j’avais interrogé la veille. Sophie jeta un rapide et oblique coup d’œil sur ce qui se passait à sa gauche, puis détourna la tête comme une femme s’efforçant de ne pas voir un geste obscène qui se commet à son côté. Quatre ou cinq fois on entendit ce bruit de détonation et de boîte éclatée dont il me semblait n’avoir pas mesuré jusque-là toute l’horreur. Soudain, Sophie adressa à Michel le signe discret et péremptoire d’une maîtresse de maison qui donne un dernier ordre au domestique en présence de ses invités. Michel s’avança, courbant le dos, avec la même soumission ahurie qu’il allait mettre à l’abattre, et Sophie murmura quelques mots que je ne pus deviner au mouvement de ses lèvres.
— Bien, mademoiselle.
L’ancien jardinier s’approcha de moi et me dit à l’oreille du ton bourru et déprécatoire d’un vieux serviteur intimidé, qui n’ignore pas qu’il se fera renvoyer pour avoir transmis un message pareil :
— Elle ordonne... Mademoiselle demande... Elle veut que ce soit vous...
Il me tendit un revolver ; je pris le mien, et j’avançai automatiquement d’un pas. Durant ce trajet si court, j’eus le temps de me répéter dix fois que Sophie avait peut-être un dernier appel à m’adresser, et que cet ordre n’était qu’un prétexte pour le faire à voix basse. Mais elle ne remua pas les lèvres : d’un geste distrait, elle avait commencé à déboutonner le haut de sa veste, comme si j’allais appuyer le revolver à même le cœur. Je dois dire que mes rares pensées allaient à ce corps vivant et chaud que l’intimité de notre vie commune m’avait rendu à peu près aussi familier que celui d’un ami ; et je me sentis étreint d’une sorte de regret absurde pour les enfants que cette femme aurait pu mettre au monde, et qui auraient hérité de son courage et de ses yeux. Mais ce n’est pas à nous qu’il appartient de peupler les stades ni les tranchées de l’avenir. Un pas de plus me mit si près de Sophie que j’aurais pu l’embrasser sur la nuque ou poser la main sur son épaule agitée de petites secousses presque imperceptibles, mais déjà je ne voyais plus d’elle que le contour d’un profil perdu. Elle respirait un peu trop vite, et je m’accrochais à l’idée que j’avais désiré achever Conrad, et que c’était la même chose. Je tirai en détournant la tête, à peu près comme un enfant effrayé qui fait détoner un pétard pendant la nuit de Noël. Le premier coup ne fit qu’emporter une partie du visage, ce qui m’empêchera toujours de savoir quelle expression Sophie eût adoptée dans la mort. Au second coup, tout fut accompli. J’ai pensé d’abord qu’en me demandant de remplir cet office, elle avait cru me donner une dernière preuve d’amour, et la plus définitive de toutes. J’ai compris depuis qu’elle n’avait voulu que se venger, et me léguer des remords. Elle avait calculé juste : j’en ai quelquefois. On est toujours pris au piège avec ces femmes.
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