Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
- Автор:
- Издательство:Aelred - TAZ
- Жанр:
- Год:2012
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J’étais aussi sûr de l’intégrité de Sophie que de son courage, et ces accusations imbéciles ouvrirent une faille dans notre amitié. J’ai toujours trouvé quelque bassesse chez ceux qui croient si facilement à l’indignité des autres. Mon estime pour Conrad en resta diminuée, jusqu’au jour où je compris que faire de Sophie une Mata-Hari de film ou de roman populaire était peut-être pour mon ami une manière naïve d’honorer sa sœur, de prêter à ce visage aux larges yeux fous cette beauté saisissante que son aveuglement de frère ne lui avait pas permis jusqu’ici de reconnaître en eux. Pis encore : la stupeur indignée de Chopin fut telle qu’il accepta sans discuter les explications romanesques et policières de Conrad. Chopin avait adoré Sophie ; la déception était trop forte pour qu’il pût faire autre chose que cracher sur cette idole passée à l’ennemi. De nous trois, j’étais certes le moins pur de cœur, et c’est moi seul pourtant qui faisais confiance à Sophie, moi seul qui essayais déjà de prononcer sur elle ce verdict d’acquittement que Sophie a pu en toute justice se rendre à elle-même au moment de sa mort. C’est que les cœurs purs s’accommodent d’une bonne dose de préjugés, dont l’absence compense peut-être chez les cyniques celle des scrupules. Il est vrai aussi que j’étais le seul qui gagnât plus qu’il ne perdît à cet événement, et que je ne pouvais pas m’empêcher, comme si souvent dans ma vie, de faire à ce maffieux des clins d’œil complices. On prétend que le destin excelle comme personne à serrer les nœuds autour du cou du condamné ; à ma connaissance, il s’entend surtout à rompre les fils. À la longue, et qu’on le veuille ou non, il nous tire d’affaire en nous débarrassant de tout.
À partir de ce jour, Sophie fut aussi définitivement enterrée pour nous que si j’avais ramené de Lilienkron son cadavre troué d’une balle. Le vide produit par son départ fut hors de proportion avec la place qu’elle avait semblé occuper parmi nous. Il avait suffi de la disparition de Sophie pour faire régner dans cette maison sans femmes (car la tante Prascovie était tout au plus un fantôme), un calme qui était celui du couvent d’hommes et de la tombe. Notre groupe de plus en plus réduit rentrait dans la grande tradition de l’austérité et du courage viril ; Kratovicé redevenait ce qu’il avait été aux temps qu’on croyait révolus, un poste de l’Ordre Teutonique, une citadelle avancée de Chevaliers Porte-Glaives. Quand je pense malgré tout à Kratovicé comme à une certaine notion du bonheur, je me souviens de cette période tout autant que de mon enfance. L’Europe nous trahissait ; le gouvernement de Lloyd George favorisait les Soviets ; von Wirtz rejoignait l’Allemagne, abandonnant définitivement l’imbroglio russo-balte ; les négociations de Dorpat avaient depuis longtemps enlevé toute légalité, et presque tout sens, à notre noyau de résistance obstiné et inutile ; de l’autre côté du continent russe, Wrangel remplaçant Denikine allait bientôt signer la lamentable déclaration de Sébastopol, à peu près comme un homme paraphe son arrêt de mort, et les deux offensives victorieuses des mois de mai et d’août sur le front de Pologne n’étaient pas encore venues susciter des espérances vite anéanties par l’armistice de septembre et l’écrasement consécutif de la Crimée... Mais ce résumé que je vous sers est fait après coup, comme l’Histoire, et n’empêche pas que j’ai vécu durant ces quelques semaines aussi libre d’inquiétudes que si je devais mourir le lendemain, ou vivre toujours. Le danger fait sortir le pire de l’âme humaine, et le meilleur aussi. Comme il y a généralement plus de pire que de meilleur, l’atmosphère de la guerre est, tout compte fait, la plus dégoûtante qui soit. Mais ceci ne me rendra pas injuste envers les rares moments de grandeur qu’elle a pu comporter. Si l’atmosphère de Kratovicé était mortelle aux microbes de la bassesse, c’est sans doute que j’ai eu le privilège d’y vivre à côté d’êtres essentiellement purs. Les natures comme celle de Conrad sont fragiles, et ne se sentent jamais mieux qu’à l’intérieur d’une armure. Livrées au monde, aux femmes, aux affaires, aux succès faciles, leur dissolution sournoise m’a toujours fait penser au répugnant flétrissement des iris, ces sombres fleurs en forme de fer de lance dont la gluante agonie contraste avec le dessèchement héroïque des roses. J’ai connu à peu près tous les sentiments bas, chacun au moins une fois dans ma vie, et je ne puis pas dire que je sois réfractaire à la peur. En fait de crainte, Conrad était absolument vierge. Il y a ainsi de ces êtres, et ce sont souvent les plus frêles de tous, qui vivent à l’aise dans la mort comme dans leur élément natal. On parle souvent de cette espèce d’investiture des tuberculeux destinés à mourir jeunes ; mais j’ai vu quelquefois chez des garçons destinés à la mort violente cette légèreté qui est à la fois leur vertu et leur privilège de dieux.
Le trente avril, par un jour de brume blonde et de lumière tendre, nous abandonnâmes mélancoliquement Kratovicé devenu indéfendable, avec son triste parc transformé depuis en terrains de jeux pour ouvriers soviétiques, et sa forêt ravagée où rôdaient encore jusqu’aux premières années de la guerre les seuls troupeaux d’aurochs survivant à la préhistoire. La tante Prascovie s’était refusée à partir, et nous l’avions abandonnée aux soins d’une vieille servante. J’ai appris par la suite qu’elle avait survécu à tous nos malheurs. La route était coupée derrière nous, mais j’avais l’espoir d’opérer ma jonction avec les forces antibolcheviques au sud-ouest du pays, et je parvins en effet à joindre cinq semaines plus tard l’armée polonaise encore en pleine offensive. Je comptais, pour m’aider à effectuer cette trouée désespérée, sur la révolte des paysans du district épuisés par la famine ; je ne me trompais pas ; mais ces malheureux ne furent pas en mesure de nous ravitailler, et la faim et le typhus emportèrent leur quote-part avant notre arrivée à Vitna. J’ai dit tout à l’heure que le Kratovicé des débuts de la guerre, c’était Conrad, ce n’était pas ma jeunesse ; il se peut aussi que ce mélange de dénuement et de grandeur, de marches forcées et de chevelures de saules trempant dans les champs inondés par les rivières en crue, de fusillades et de soudains silences, de tiraillements d’estomac et d’étoiles tremblant dans la nuit pâle comme jamais depuis je ne les ai vues trembler, c’était pour moi Conrad, et non la guerre, et l’aventure en marge d’une cause perdue. Quand je pense à ces derniers jours de la vie de mon ami, j’évoque automatiquement un tableau peu connu de Rembrandt que le hasard d’un matin d’ennui et de tempête de neige me fit découvrir quelques années plus tard à la Galerie Frick, de New York, où il me fit l’effet d’un fantôme portant un numéro d’ordre et figurant au catalogue. Ce jeune homme dressé sur un cheval pâle, ce visage à la fois sensible et farouche, ce paysage de désolation où la bête alertée semble flairer le malheur, et la Mort et la Folie infiniment plus présentes que dans la vieille gravure allemande, car pour les sentir toutes proches on n’a même pas besoin de leur symbole... J’ai été médiocre en Mandchourie, et je me flatte de n’avoir joué en Espagne que le rôle le plus insignifiant possible. Mes qualités de chef n’ont donné pleinement qu’au cours de cette retraite, et vis-à-vis d’une poignée d’hommes auxquels me liait mon seul pacte humain. Comparé à ces Slaves qui s’engloutissaient tout vivants dans le malheur, je représentais l’esprit de géométrie, la carte d’état-major, l’ordre. Au village de Novogrodno, nous fûmes attaqués par un détachement de cavaliers cosaques. Conrad, Chopin, une cinquantaine d’hommes et moi, nous nous trouvions retranchés dans le cimetière, séparés du gros de nos troupes cantonnées dans le hameau par un large vallonnement à peu près pareil à la paume d’une main. Sur le soir, les derniers chevaux ennemis disparurent dans les champs de seigle, mais Conrad blessé au ventre agonisait.
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