Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация
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Je craignais que le courage ne lui manquât subitement pour ce mauvais quart d’heure plus long que toute sa vie, ce même courage qui naît souvent tout à coup chez ceux qui ont tremblé jusque-là. Mais, lorsqu’il me fut enfin possible de m’occuper de lui, il avait déjà franchi cette ligne de démarcation idéale au-delà de laquelle on n’a plus peur de mourir. Chopin avait fourré dans la plaie un de ces paquets de pansements que nous économisions avec tant de soin ; pour les blessures moins graves, nous utilisions de la mousse séchée. Il commençait à faire nuit : Conrad réclamait de la lumière d’une voix faible, obstinée, enfantine, comme si l’obscurité était ce qu’il y avait de pire dans la mort. J’allumai une des lanternes de fer qu’on suspend dans ce pays-là sur les tombes. Cette veilleuse visible de très loin dans la nuit claire pouvait nous attirer des coups de feu, mais je m’en foutais, comme bien vous pensez. Il souffrait au point que j’ai plus d’une fois pensé à l’achever ; si je ne l’ai pas fait, ce fut par lâcheté. En quelques heures, je le vis changer d’âge, et presque changer de siècle : il ressembla successivement à un officier blessé des campagnes de Charles XII, à un chevalier du Moyen Âge étendu sur une tombe, enfin à n’importe quel mourant sans caractéristique de caste ou d’époque, à un jeune paysan, à un batelier de ces provinces du Nord dont sa famille était sortie. Il mourut à l’aube, méconnaissable, à peu près inconscient, gorgé de rhum par Chopin et par moi tour à tour : nous nous relayions pour soutenir à la hauteur de ses lèvres le verre plein jusqu’au bord, et pour écarter de sa figure un essaim acharné de moustiques.
Le jour se levait ; il fallait partir ; mais je me raccrochais sauvagement à l’idée d’une espèce de funérailles ; je ne pouvais pas le faire enfouir comme un chien dans un coin saccagé de ce cimetière. Laissant Chopin près de lui, je traversai l’alignement des tombes, trébuchant dans le demi-jour incertain sur d’autres blessés. J’allai frapper à la porte de la cure, située à l’extrémité du jardin. Le prêtre avait passé la nuit dans la cave, craignant à chaque instant une reprise de la fusillade ; il était stupéfait de terreur ; je crois bien que je le sortis de là à coups de crosse. Un peu rassuré, il consentit à me suivre, son livre à la main ; mais sitôt réintégré dans sa fonction, qui était la prière, l’indubitable grâce d’état se produisit, et la brève absoute fut donnée avec autant de solennité que dans un chœur de cathédrale. J’avais le curieux sentiment d’avoir mené Conrad à bon port : tué à l’ennemi, béni par un prêtre, il rentrait dans une catégorie de destin qu’eussent approuvée ses ancêtres ; il échappait aux lendemains. Les regrets personnels n’ont rien à voir avec ce jugement auquel j’ai souscrit à nouveau pendant chaque jour de ces dernières vingt années, et l’avenir ne me fera probablement pas changer d’avis sur la chance que représente cette mort.
Ensuite, et sauf en ce qui concerne le détail purement stratégique, il y a un trou dans ma mémoire. Je crois qu’il y a dans chaque vie des périodes où un homme existe réellement, et d’autres où il n’est qu’un agglomérat de responsabilités, de fatigues, et, pour les têtes faibles, de vanité. La nuit, ne pouvant fermer l’œil, couché sur des sacs dans une grange, je lisais un volume dépareillé des Mémoires de Retz pris à la bibliothèque de Kratovicé, et si le manque complet d’illusions et d’espérances est ce qui caractérise les morts, ce lit ne différait pas essentiellement de celui où Conrad commençait à se défaire. Mais je sais bien qu’il restera toujours entre morts et vivants un écart mystérieux dont nous ignorons la nature, et que les plus avertis d’entre nous sont à peu près aussi renseignés sur la mort qu’une vieille fille sur l’amour. Si le fait de mourir est une espèce de montée en grade, je ne conteste pas à Conrad cette mystérieuse supériorité de rang. Quant à Sophie, elle m’était complètement sortie de la tête. Comme une femme quittée en pleine rue perd son individualité à mesure qu’elle s’éloigne, et n’est plus de loin qu’une passante comme les autres, les émotions qu’elle m’avait procurées s’enfonçaient à distance dans l’insignifiante banalité de l’amour ; il ne m’en restait qu’un de ces souvenirs décolorés qui font hausser les épaules quand on les retrouve au fond de sa mémoire, comme une photographie trop floue ou prise à contre-jour au cours d’une promenade oubliée. Depuis, l’image a été renforcée par un bain dans un acide. J’étais exténué ; un peu plus tard, le mois qui suivit mon retour en Allemagne se passa à dormir. Toute la fin de cette histoire s’écoule pour moi dans une atmosphère qui n’est pas celle du rêve, ni du cauchemar, mais du lourd sommeil. Je dormais debout, comme un cheval fatigué. Je ne cherche pas le moins du monde à plaider irresponsable ; le mal que j’avais pu faire à Sophie était fait depuis longtemps, et la volonté la plus délibérée n’aurait pu y ajouter grand-chose. Il est certain que je n’ai été dans tout ce dernier acte qu’un figurant somnambule. Vous me direz qu’il y avait aussi dans les mélodrames romantiques de ces rôles muets et voyants de bourreaux. Mais j’ai l’impression très nette que Sophie à partir d’un certain moment avait pris en main les commandes de sa destinée, et je sais que je ne me trompe pas, puisque j’ai eu quelquefois la bassesse d’en souffrir. À défaut d’autres possessions, nous pouvons aussi bien lui laisser l’initiative de sa mort.
Le destin boucla sa boucle au petit village de Kovo, au confluent de deux cours d’eau aux noms imprononçables, peu de jours avant l’arrivée des troupes polonaises. La rivière était sortie de son lit à la fin des grandes crues de printemps, transformant le district en un îlot détrempé et boueux où nous étions du moins à peu près protégés contre toute attaque venant du nord. Presque toutes les troupes ennemies établies dans ces parages avaient été rappelées à l’ouest pour faire face à l’offensive polonaise. Comparés à ce pays, les environs de Kratovicé étaient une région prospère. Nous occupâmes à peu près sans difficulté le village aux trois quarts vidé par la famine et les exécutions récentes, ainsi que les bâtiments de la petite gare inutilisée depuis la fin de la Grande Guerre, où des wagons de bois pourrissaient sur des rails rouillés. Les restes d’un régiment bolchevique durement éprouvé sur le front de Pologne se trouvaient cantonnés dans les anciens ateliers de la filature établie à Kovo avant la guerre par un industriel suisse. À peu près démunis de munitions et de vivres, ils en étaient pourtant encore assez riches pour que leurs réserves nous aidassent par la suite à tenir jusqu’à l’arrivée de la division polonaise qui nous sauva. La filature Warner était située en plein terrain inondé : je vois encore cette ligne de hangars très bas sur le ciel fumeux, léchés déjà par les eaux grises de la rivière dont la crue tournait au désastre depuis les derniers orages. Plusieurs de nos hommes se noyèrent, dans cette boue où l’on enfonçait jusqu’à mi-ventre, comme des chasseurs de canards sauvages dans un marécage. La tenace résistance des Rouges ne céda qu’à une nouvelle hausse des eaux, emportant une partie des bâtiments minés par cinq ans d’intempéries et d’abandon. Nos hommes s’acharnèrent comme si ces quelques hangars pris d’assaut les aidaient à régler un vieux compte avec l’ennemi.
Grigori Loew fut l’un des premiers cadavres que je rencontrai dans le corridor de la fabrique Warner. Il avait gardé dans la mort son air d’étudiant timide et de commis obséquieux, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir sa dignité à lui, qui ne manque guère à aucun mort. J’étais destiné à retrouver tôt ou tard mes deux seuls ennemis personnels en possession de situations infiniment plus stables que la mienne, et qui anéantissaient à peu près toute idée de vengeance. J’ai revu Volkmar au cours de mon voyage en Amérique du Sud ; il représentait son pays à Caracas ; il avait devant lui une brillante carrière, et, comme pour rendre toute velléité de vengeance plus dérisoire que jamais, il avait oublié. Grigori Loew était encore plus hors d’atteinte. Je le fis fouiller sans trouver dans ses poches un seul papier qui me renseignât sur le sort de Sophie. Par contre, il avait sur lui un exemplaire du Livre d’Heures de Rilke, que Conrad aussi avait aimé. Ce Grigori avait été probablement le seul homme dans ce pays et à cette époque avec qui j’aurais pu causer agréablement pendant un quart d’heure. Il faut reconnaître que cette manie juive de s’élever au-dessus de la friperie paternelle avait produit chez Grigori Loew ces beaux fruits psychologiques que sont le dévouement à une cause, le goût de la poésie lyrique, l’amitié envers une jeune fille ardente, et finalement, le privilège un peu galvaudé d’une belle mort.
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